lundi 31 décembre 2012

L'ART ROYAL


L'alchimie

L'alchimie est probablement, avec la magie rituelle, la plus ancienne science de l'humanité. Le renouveau qu'elle connaît aujourd'hui est un paradoxe avec le matérialisme mélangé d'incrédulité qui caractérise notre pensée actuelle. Quelle victoire éclatante pour cette discipline dite "empirique"!... Empirique?

Pour le seul pays de France, les bibliothèques régionales et nationales regorgent de plusieurs milliers d'ouvrages, manuscrits ou imprimés, dont certains n'ont jamais été traduits en français contemporain ou étudiés. Empirique? Cette véritable science qui donna naissance aux alcaloïdes, sels, acides, bain-Marie, eaux-de-vie et tant d'autres éléments chimiques encore en cours dans notre chimie moderne.

Qu'est ce que "l’Art Royal"

L'étude de cette science hermétique, appelée "Art Royal", fait des adeptes de plus en plus nombreux au sein d'une élite cultivée et de haut niveau technologique qui pourrait être tout sauf des farceurs. Nous sommes loin des images populaires de souffleurs à longues robes sombres et chapeaux pointus. Notre époque est celle des ouvertures et des secrets enfin révélés et cette situation recule considérablement l'exploration des domaines humains encore obscurs.

L'étude de la science hermétique était autrefois réservée à une caste et une élite loin de l'état de crédulité montré habituellement tel que: rois, papes, personnages politiques ou scientifiques... en un mot: ceux qui s'évertuaient à traquer les alchimistes, et surtout à entretenir la conspiration du silence imposée par la propriété de pouvoirs qu'ils savaient illimités dans la matière et la maîtrise de la durée.

L'étude de l'Art Royal est maintenant un peu plus accessible, en raison d'une grande divulgation littéraire, aux "curieux de nature" prêts à fournir l'effort nécessaire et surtout la remise en question de leurs modes de pensée et connaissances chimiques ou spirituelles afin de s'affranchir de leurs limites. 

L’Arcane majeure

Si l'arcane majeure passe effectivement par la production matérielle de l'argent-lune ou de l'or-soleil, il est évident que si le but se résumait à cette seule opération, ce serait un résultat bien mince... au sens Philosophique du mot! L'alchimie est en réalité l'accès à la connaissance ultime de l'univers, aussi incroyable et inacceptable que cela puisse paraître. A ce sujet, la sélection des chercheurs "Amoureux de la Vraie Science" se réalise d'elle-même. Celui qui est attiré par la seule production de "teintures minérales" s'égarera dans le labyrinthe ténébreux des textes, dont il ne mesurera jamais ni la portée, ni le sens profond et dont il ne sortira qu'à grand peine ou totalement écœuré.

Le "Philosophe de Nature" ne désirant que la seule science obtiendra, en gage de sa persévérance, la transmutation matérielle. Ce chercheur d'absolu aura à cœur de "pressentir", au delà de la transmutation de la matière, une véritable transsubstantiation physique, débouchant sur l'accès à des secrets de la nature, généralement inaccessibles à notre vision du sens commun.

Le secret de la matière 


Percer le secret de la matière n'est pas chose facile, et si ténu est le fil d'Ariane dans les méandres du grand dédale alchimique, que rares sont les élus parvenant à le découvrir, pour protéger leurs travaux et leur vie, les "philosophes de nature" utilisèrent une langue cryptée extrêmement obscure. Il semble aussi que, pour embrouiller un peu plus l'écheveau, le système de chiffrage varie aussi d'un chercheur à l'autre... Aussi, la première épreuve à subir est-elle de surmonter les difficultés pour accéder aux clés de lecture. Cette science est établie sur une base cabalistique évidente et il va de soi que la transmission des bases de données ne peut "s'entendre que de bouche à oreille... sous peine de perdre sa "substantielle moelle".

Le fabuleux secret est si précieux qu'il doit être à tout prix dissimulé des yeux néophytes et, s'il est parfois nécessaire pour les initiés de s'en entretenir, ce ne sera qu'au travers d'énigmatiques images, allégories, discours métaphysiques et propos équivoques destinés à brouiller les pistes.

Prenons, par exemple, les trois éléments d'alchimie les plus usités : le "soufre" désignera l'élément masculin, fixe et actif. Le "mercure" sera l'aspect féminin, volatil et passif. Enfin le troisième: le "sel" ou "arsenic", qui sera le liant ou lien relationnel ou encore le fruit des deux précédents. Notons aussi que "sel" vient, en alchimie, du mot "sceller": fermer, mais aussi signer...

Chaîne et livre muet

Il semblerait que chaque ouvrage, comme lié à une invisible chaîne, ne puisse qu'éclairer un autre ouvrage qui lui-même contient ce que les autres ne possèdent pas. À ce sujet, le ‘Mutus Liber’ est inflexible : « Lis, lis, lis, relis, travaille et tu trouveras ». Ultime et utile conseil contenu seulement à la dernière feuille de ce "livre muet"!

Pour rester au début de cet ouvrage rare, il sera utile d'en lire les chiffres, nombres et lettres en les retournant. Ainsi 21-11-82. NEG donnera pour information GEN. 28-11-12.

Ce groupe nous informe que l'auteur place symboliquement ses travaux sous un rapport biblique et particulièrement en ce qui concernera la GENèse... les chiffres nous informent sur les livres, chapitres et versets en question... idem pour les deux autres informations NEG. (autre chapitre de la genèse) et TUED qui signifie DEUTéronome...

Comme on peut le voir, le premier obstacle à surmonter est de se familiariser subtilement avec les termes alchimiques, tout en restant d'une vigilance de chaque instant. En effet, il est facile de débuter par les ouvrages les plus clairs et les plus accessibles, mais il faut une prudence proportionnée à la facilité, car il est à craindre, dans ce domaine, que ces textes cachent, en vérité, les tromperies et les pièges les plus insidieux. Nous en avons un exemple flagrant en ce qui concerne "Entrée Ouverte au Palais Fermé du Roi" d'Eyrénée Philalète, qui reste une des œuvres les plus ambiguës en ce domaine.

Cette pénombre secrète, ce mystère entretenu, donnent le prétexte à présenter le Grand Œuvre comme une chimère ou un mirage utopique. C'est cet aspect du problème qu'utilisent de nombreux "savants" pour démontrer l'extravagance de l'alchimie.

La conclusion de cette joute livresque est résumée par un antique sage grec qui affirmait : « J'ignore tant de choses que je puis dire: je sais seulement que je ne sais rien! Ce qu'on nomme la science a souvent des préjugés infiniment plus difficiles à vaincre que l'ignorance elle-même. » 

Jeux des mots...

Quasiment tous les écrits alchimiques disponibles aujourd'hui passent sous silence la première phase de l'œuvre, ou alors l'éclairent de descriptions débridées et fantaisistes. C'est le cas pour la matière première, affublée des termes: dragon, pierre des philosophes, mercure, dissolvant... en tous les cas, rien de concret ou d'opérationnel !

Ce handicap est majeur, car même si l'on comprend le processus, il est impossible à mettre en "œuvre" sans la matière de base. La mise en œuvre pour rendre "opérative" cette matière primordiale passe par des épreuves symbolisant les 7 travaux d'Hercule et s'achevant par la conquête de la toison d'or des "Philosophes de science". Il faut effectivement la patience, la persévérance, la motivation d'un "hercule" pour accomplir les travaux à travers les premiers processus, qui ne peuvent se réaliser sans la connaissance entière des éléments de base, tels que les quatre bases primaires: Eau > Aqua, Terre > Terra, Air > Aer et Feu > Ignis... Ils s'opposent deux par deux pour former la ‘Croix d'Éléments’ appelée ‘Contraria’!

Temps et patience! Le procédé, outre le travail au "fourneau", ne se "réalise" (au sens noble du mot) vraiment qu'en accord rigoureusement parfait avec le "sel" de l'esprit, dont nous reparlerons plus tard. Il n'est pas simple, de prime abord, de comprendre le procédé de captage, en quantité nécessaire de "l'Esprit Substantiel", sans lequel rien ne saurait être entrepris... qui ne soit l'Art Royal! Cet "esprit" n'est autre que le feu enté sur le minéral cubique de la maîtrise suprême régissant l'univers. Cet "esprit" issu du soleil réduit et inhibe la matière.

Tout ceci n'est que le travail "initial". Initial est ici à prendre au sens étymologico-symbolique, à savoir: Initial, qui commence aussi après avoir vécu l'initiation, l'ouverture, la re-naissance, la clarté. L'art d'alchimie n'est jalonné que d'ombres et de clartés.

Solve et Coagula

Ensuite? Cyliani nous dit : « maintenant que tu as passé les travaux d'Hercule et que tu possèdes les matières, ce n'est plus qu'un travail de femme ou d'enfant attentif et soigneux ».

Ce ne sont plus que cuisson et veille d'entretien. Dès cet instant, toute l'oeuvre philosophique ne se résume plus qu'à Solution et coagulation! Si l'on a bien su lire, car on ne peut en dire plus, il est aisé de concevoir que la pierre générée imite à la perfection l'univers de sphères. La genèse nous conforte sur ces événements générant la séparation du chaos des éléments, l'épais du subtil, pour qu'enfin reculent les ténèbres devant la lumière...
Pour dépasser le premier obstacle, il est indispensable de s'abstenir de toutes conceptions habituelles et ordinaires. Pour appréhender les multiples opérations, il est nécessaire de suivre rigoureusement l'évolution établie par la nature elle-même. : « Que la nature soit ton guide, que ton art la suive pas à pas; car tu t'égares loin d'elle » - Michel Maïr (Emblème XLII)

Mais que de temps perdu dans l'acquisition, hypothétique, de l'ensemble indispensable des connaissances nécessaires à la réalisation du grand magistère. Que de temps perdu à parcourir le dédale des ouvrages avares de vérités opératives... mais larges de détails allégoriques creux et redoutablement vide d'instruction. Que de temps perdu et de déceptions devant ces volumes qui pourtant offraient toutes garanties de vérité.

Le tangible et les trois règnes

Le moment est arrivé de révéler les opérations jusque là soigneusement occultées. Malgré ce qui peut se dire, il est encore possible d'accéder au magistère de la transmutation.

Nous sommes en mesure de produire les répertoires complets, clairs et précis, sur les unités de poids et de mesures, temps et quantités. Nous pouvons aussi donner de nombreuses descriptions de travaux compréhensibles par l'adepte attentif. A titre indicatif, nous pouvons fournir un détail qui bouleverse tous les travaux, sens de recherches, et préceptes admis et établis à ce jour dans ce domaine.

Faisant momentanément abstraction de la phase spirituelle, il est possible de réduire à ce simple tableau les règnes terrestres et les sciences qui leur correspondent: Règnes: Minéral - Végétal - Animal.

Il est entendu que le règne humain est compris dans le règne dit "animal", dont il se veut le plus beau fleuron, car nous sommes dotés de l'élément le plus fabuleux: l'esprit! Cet esprit qui nous fait "pensants" et donc doués d'intelligence.

À ces règnes correspondent leurs travaux essentiels :

-Minéral > Alchimie > Transmutation de l'impure et lourde matière et un matériau noble et pur.
-Végétal > Spagyrie > Transmutation du principe passif en principe actif.
-Animal > ?????

Si l'on regarde à présent les écrits concernant ces travaux hermétiques, nous constatons qu'il en existe près d'un millier en ce qui concerne l'alchimie, pas plus d'une douzaine pour la spagyrie et... aucun pour cette science sans nom!

Science "innommée"

Du tableau précédent nous pouvons déjà dégager quelques conclusions provisoires :

Il apparaît que l'homme, très vite, s'est attaché à étudier et pratiquer l’alchimie, ainsi qu'à produire des écrits en grandes quantité sur ce domaine, pourtant, semble-t-il, bien hasardeux. Ces écrits, en outre, sont assez obscurs ; nous l'avons vu précédemment.

Puis, il y a cette seconde science découlant de la précédente : la spagyrie.

En ce qui concerne cette dernière, les écrits que l'on peut se procurer sur ce sujet sont assez accessibles et permettent des travaux extrêmement intéressants et productifs. Curieusement il y a très peu d'ouvrages...

Quant à la troisième science... elle n'a pas de nom, ni d'ouvrages! Peut-on dire qu'il s'agisse de cette fameuse science ‘innommée’ dont parlent à mots très couverts quelques rares initiés? Pourtant, si une telle science existe, et si l'on imagine la courbe suivante: moins il y a d'écrits, plus ce travail est réalisable et accessible, nous devrions en trouver au moins une forme de mémoire.

De constat nous pouvons dégager deux solutions :

1) Aucun travaux, aucune recherche sur cette voie! Dans ce cas, il est évident qu'il n'y aurait eu aucun écrit. Mais lorsque l'on connaît l'état d'esprit des chercheurs en alchimie, il est impossible d'imaginer qu'aucun d'entre eux ne se soit aventuré dans cette direction ou en ait tenté la moindre approche... C'est impossible!

2) Il y eut des travaux. Celui (ou ceux) qui explora ce sentier très étroit aboutit à une telle révélation, que jamais il n'osa révéler ou engager plus loin la recherche sur cette voie Sur-Royale (au sens alchimique bien entendu). À moins que l'initié, s'il n'y en eut jamais un seul, n'ait craint le bûcher au Moyen-âge, ou tout autre mode de destruction à notre époque... ou la damnation et l'errance dans les confins du châtiment universel et de son cloaque.

Un petit document manuscrit

Maintenant, grâce à la découverte d'un petit document manuscrit au fond d'une bibliothèque municipale, nous avons la certitude que ce "trajet" fut réalisé dans des conditions optimum... et conduit à bonne fin. La vie, ou plutôt la durée de vie de certains personnages, ayant pratiqué à haut niveau des travaux "chimiques", nous autorise à croire qu'ils réussirent l'étape ultime du Grand Œuvre : la panacée universelle. Cette dernière garantissait à celui qui l'ingurgitait une durée de vie considérablement augmentée, sauf accident violent, ou blessure irrémédiable telle que décapitation. En un mot, la fontaine de jouvence. Car enfin, qu'est-ce que le vieillissement, sinon la destruction lente des cellules humaines?

Le fait de bloquer ce processus équivaut à arrêter le vieillissement. Puis, en intensifiant la procédure, il y a restructuration des cellules et... vie extrêmement prolongée!


La troisième voie d'alchimie innommable est ni plus ni moins que la réalisation de la panacée universelle tirée... D'UNE TEINTURE MÈRE HUMAINE, soit la résolution de tous les maux du corps et de l'esprit! La méthode?...

Elle serait redoutable de simplicité. Il suffirait de prendre de la materia prima d'origine humaine et de la traiter simplement par la voie, et alchimique et spagyrique. Ce qui est tout à fait réalisable. Réalisable, oui mais!!! Car il y a heureusement un "mais"! Et il se résume à une question extrêmement simple: quel est le nom de cette "materia prima humaine"???

Notre pire ennemi...

Il est maintenant possible d'accéder, sans trop de risques, à cette science sans nom. Seul celui qui a médité peut s'y aventurer, en considérant auparavant qu'à tout moment notre pire ennemi nous guette dans cette démarche merveilleuse : nous-même!

Un seul faux pas sur cette voie et la précipitation dans le sacrilège est immédiate et irréversible. Que le néophyte y songe à plusieurs fois avant d'en réclamer le processus opératoire correspondant.

Car comment imaginer l'aboutissement de cette recherche fulgurante lorsqu'on imagine déjà les conséquences de l'alchimie sur l'esprit et de la spagyrie sur la matière ? Il faut en conclure, et peut-être à ce stade, déjà, sommes-nous allés trop loin, par le fait que cette quête est innommable en se répercutant sur les cinq sens formant la quintessence!

Les sens donnent la sensitivité. Cette dernière, ne l'oublions pas, est une partie seulement de la préhension, du sentiment, et de la compréhension. Cette voie est la seule véritable ouverture sur le mystère de l'esprit et de la matière, les deux étant liés à la génération de nos cellules et à l'amplification des pouvoirs de défense de notre corps. En dire plus, ici, serait franchir inconsidérément les frontières autorisées...


L’ART ROYAL

L’alchimie est la pratique de l’Art Royal. Pourquoi le dit-on Royal ?

Parce que les alchimistes du moyen âge cherchaient dans l’opération alchimique, l’obtention ou la naissance du Regulus, ou petit roi, enfant du mariage symbolique du Soleil et de la Lune, germe de la pierre philosophale.

Cette union symbolique des deux pôles, on la retrouve dans les noces chymiques de Christian Rosenkreutz. Elle figure le mariage intime des deux matières, c’est à dire du Soleil et de la Lune, du masculin et du féminin sacrés et sur un plan concret opératif, l’union de Mars et de Vénus. Cette union pour les alchimistes, aboutira à la production d’un petit roi ou Regulus, et qui donnera naissance au processus de l’Art Royal.

L’alchimie est plus un art qu’une technique. Elle est l’art de l’amour, art hermétique, sublimé par l’observation respectueuse et pénétrante du vivant. Pénétrante, car il est une force qui pénètre tout ce qui vit et dans laquelle toute vie, toute matière trouve l’aliment qui lui est propre. La chimie, qui s’intéresse aux processus est exotérique, lors que l’alchimie, d’essence spirituelle, est ésotérique et hermétique.

Pratiquer l’alchimie, c’est mettre en œuvre ce merveilleux dessein qui consiste à extraire de toute matière, minérale, animale ou végétale, le principe de vie, l’étincelle divine au cœur de toute chose. Une fois la matière dissoute, elle est coagulée de façon subtile en une autre forme, qui lui donne un autre aspect et fait d’elle un organisme vivant participant à l’Œuvre divin. Car ce qui anime subtilement la matière, c’est l’étincelle d’esprit qu’elle recèle.

Du monde minéral au monde spirituel, l’apparente dureté des formes ou la subtilité de l’être n’est qu’une question de dosage ; dosage de l’étincelle divine, qui enlumine le minéral ou illumine l’esprit, sur une échelle progressive qui va du gris foncé au blanc étincelant. Cela les alchimistes le savent et mettent en œuvre le principe du solve coagula, pour dissoudre et recréer sans cesse ; pour modifier, grâce à la loi des correspondances, les dosages d’esprit et de matière, à l’intérieur du monde des formes par l’action du soufre, du mercure et du sel, c’est à dire de l’esprit, du corps et de l’âme du monde. Les alchimistes appliquent cette action aux formes subtiles, comme aux formes grossières, à l’esprit, comme à la pierre.

L’alchimie est ainsi un dialogue permanent du vivant avec le vivant. Elle dissout et recompose la matière après lui avoir fait subir une série de purifications. Elle effectue ce processus autant de fois que nécessaire jusqu’à obtention d’une substance qui reflète l’équilibre le plus parfait entre matière et esprit : la pierre philosophale.

Ainsi, la connaissance alchimique est-elle la capacité à faire vibrer notre être en harmonie l’être qu’on désire contacter ou connaître, qu’il s’agisse d’un être minéral, végétal, animal ou encore humain. L’alchimiste insuffle l’esprit dans la matière, que ce soit le corps minéral grossier d’une pierre brute, ou le corps astral d’un être humain. C’est pourquoi en alchimie, l’oratoire, n’est jamais loin du laboratoire.

L’alchimiste est donc conduit au travers de sa pratique à porter un autre regard sur la nature afin de « Délivrer l’esprit par la matière et délivrer la matière par l’esprit ».

Mais comment pratiquer l’alchimie demande le disciple ? C’est très simple lui répond le Maître : « Regarde la nature. Tu me dis que tu la connais déjà, que tu la regardes chaque matin par ta fenêtre, en te promenant dans la forêt, ou dans ton jardin… Non. C’est autre chose que je te demande. Lorsque tu ouvres ta fenêtre le matin, regarde les arbres sans cligner des yeux. Tu ne penseras à rien d’autre qu’à garder les yeux ouverts sans que tes paupières ne cherchent à faire concurrence aux ailes des papillons. Ainsi, tu évacueras les perturbations du mental.

Au bout de quelques temps, une minute complète parfois, une éternité ! Tu verras se dessiner autour des arbres comme un halo subtil. Puis peu à peu, quand les larmes commenceront à couler, tu ne te contenteras plus de voir ce halo, tu verras progressivement se dégager de chaque plante, de chaque brin d’herbe, comme une aura d’énergie subtile qui fera monter vers toi toute la force de la terre. Et cette aura se mêlant à la tienne, tu ne distingueras bientôt plus les formes pour n’en retenir que la vie. Cette force vibrante, colossale, qui élèvera bientôt les vibrations de ton corps jusqu’au point central de la Création, tu la garderas en toi, et lorsque dans ton laboratoire tu procéderas à l’opération, tu remercieras sans cesse le Créateur de te faire accéder avec autant de simplicité au principe vivant de toute chose.

C’est ainsi que toute opération, tu ne pourras conclure que par une prière ; une prière à l’âme du monde, prière au principe vibratoire de toute chose, à la Force sacrée de l’univers qui dynamise et ordonne toute Création en insufflant son feu divin à travers la matière et les âmes. C’est pour cela que tu ne pourras distinguer en leur essence l’alchimie opérative, voie humide ou voie sèche, de l’alchimie spirituelle ou voie brève qui est le principe même de toute initiation ».

Ainsi parle le Maître à son disciple, car avant de savoir, il s’agit de percevoir…

Dans le règne minéral, la pierre philosophale transmute le plomb en or, dans le règne végétal elle accélère la fabrication des élixirs et sur le plan humain elle devient être de feu, par lequel la nature spirituelle se renouvelle. 


De façon similaire à la "Transmutation par le Tarot", l’alchimie aborde les phénomènes de l’intérieur vers l’extérieur, donc de l’essence vers l’apparence formelle. Ainsi, Art royal et "Art de la Taromancie" fusionnent-ils totalement en leur principe.

Oswald Wirth auteur, entre autres d’un ouvrage consacré à l’Art Royal, définit la mission du Tarot comme rejoignant pleinement la cohérence alchimique au travers de l’alchimie spirituelle.

Initiation donc, et travail ; travail sur la Connaissance avec des outils symboliques, et travail sur soi qui est méditation, travail sur les éléments et l’alchimie intime du corps spirituel, qui est alchimie du feu céleste.

« Ora et Labora », Prie et travaille, devise des premiers alchimistes mais également règle de vie des bénédictins, dont ceux-ci n’ont sans doute pas la paternité...

Qu’on soit ou non dans la foi, qu’il s’agisse de prière d’initié ou de méditation, le travail sur soi est incontournable pour faire fructifier les germes de l’initiation, quelle qu’en soit l’école ou la tendance.

Pour poursuivre nous souhaitons ajouter une petite touche inhabituelle, mais pas inédite pourtant, au concept d’Art Royal.

L’univers est fondé sur deux principes : un principe d’expansion, que je qualifierai de principe du Big Bang, ou expansion par dissolution du Tout. Ce qui permet de dire que chaque créature contient le Tout en puissance et qu’elle est, comme disent les écritures, à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Le second principe est un principe de retour à l’Être originel par condensation, ce qui correspond pour les gnostiques au principe de la Réintégration, ou retour au plérôme initial. Réintégrer Dieu en son âme, par la voie directe ou la pratique de la théurgie, ou réintégrer les différents règnes du vivant dans le plérôme initial.

Or, contrairement à la naissance du "Regulus", qui est une création supplémentaire par l’union de deux essences et qui renvoi au nombre trois, donc, au principe d’expansion, le retour à l’être originel obéît au principe de condensation, qui lui renvoi au « Un ».

Le principe de condensation serait donc simplement une autre facette de l’Art Royal ? Et lorsque le principe de condensation s’applique aux âmes, on retrouve les noces chymiques qui ne symbolisent pas seulement l’union dans la naissance d’un troisième être, ou Regulus, mais la fusion de deux essences en une seule, c’est à dire la transformation ou transmutation du Deux en Un.


Ainsi l’un des principes secrets de l’alchimie spirituelle serait l’application aux âmes du principe de condensation ou retour au plérôme initial, par un processus de fusion spirituelle, ou mariage cosmique des compléments spirituels divins ou jumeaux spirituels...


ÂMES JUMELLES : MYTHE OU RÉALITÉ ?


Qu’est-ce que les âmes jumelles ? Une théorie fumeuse teinté de new-age de fin de vingtième siècle, ou bien un concept ancré dans une tradition séculaire ? Réalité spirituelle authentique ou simple vue de l’esprit ? Tristan et Yseult, Roméo et Juliette… et bien au-delà de l’expression romanesque, Christian Rosenkreutz a merveilleusement illustré ce concept dans ses Noces Chymiques, considéré comme l’un des textes fondateurs de la tradition rosicrucienne. On retrouve aussi une référence au mariage cosmique des jumeaux spirituels dans l’âme humaine de Papus et bien d’autres encore.

Nous citerons à simple titre d’exemple, le traité intitulé « Les Mystères de l’Être » du Dr Ely Star, publié en 1902:

« Deux chars, lumineux comme des soleils, viennent d’apparaître sous la coupole céleste; l’un, à l’Orient, celui de l’âme masculine, l’autre, celui de sa pure Fiancée, à l’Occident. Rapides comme l’éclair, ils s’avancent, se rapprochent et, en une durée inappréciable, se sont confondus en une immense Auréole lumineuse, au milieu d’une explosion formidable d’accords séraphiques et de voix mélodieuses, rendant grâces à l’Éternel de l’Etre nouveau qui vient de se reconstituer en son intégralité spirituelle, et que, tout vibrant encore d’une émotion indescriptible, les "Chérubs" célébrants conduisent en grande pompe vers son trône, dont l’éclat éblouissant est maintenant terne devant le majestueux rayonnement qui entoure l’Etre radieux, le nouvel ANGE ravi dans sa divine extase! ».

Mais d’où cela vient-il ? Si on y regarde bien, tout cela procède de la plus pure logique. On nous a vendu l’idée d’un Big Bang à la source de la création de l’univers. La plupart de nous avons acheté, les yeux fermés!

Posons cette hypothèse. Un univers concentré, donc en intention. Puis une explosion… donc une expansion… soudaine, brutale. Ce qui était Un se divise, se redivise et se démultipliant à l’infini. Les âmes, issues de l’esprit Un initial, n’échappent pas à la règle.

Des âmes sont donc créées, pensant être une seule et unique entité ou individualité spirituelle, pouvant suivre sa course à travers l’univers. Puis, sous l’effet de la dynamique universelle, elles se divisent en deux, créant deux entités autonomes. C’est alors comme un oeuf cosmique qui se serait scindé en deux, donnant deux âmes certes distinctes mais strictement complémentaires, puisque issues d’une même source spirituelle. Ainsi, à un stade donné d’évolution, chaque âme n’a qu’une jumelle, qui s’exprime par deux entités un pôle féminin et un pôle masculin (animus et anima) vibrant très exactement sur une seule et même fréquence, mais selon deux pôles distincts.

En s’incarnant ces flammes universelles se sont matérialisées, se sont alourdies de matière, y compris dans leurs corps subtils et ont alors été soumises à la loi de l’individuation. Puis au fil des incarnations, leur karma s’est allégé, jusqu’à ce que, leur champ vibratoire étant pour l’une comme pour l’autre, suffisamment épuré, les retrouvailles puissent enfin avoir lieu. La loi de l’évolution, qui se traduit par la nécessité du retour à la Lumière originelle, ou plérôme initial, ne leur impose-t-elle pas en effet un destin de regroupement, de retour à l’unité en transcendant le temps et l’espace pour annuler les effets de la dualité et apporter leur étincelle commune à l’édifice d’Amour universel ?


Comment n’en serait-il pas ainsi ? Ces âmes jumelles n’ont-elles pas pour origine une seule et même essence? Quel effort au fil du temps pour dépasser leur individualité et rejoindre leur essence commune ! C’est pour cela sans doute que les retrouvailles sont si rares, si espacées dans le temps!

Il faut déjà être incarnées ensemble, dans une même temporalité, ou mieux, être désincarnées ensemble et avoir parcouru un chemin qui permet de parvenir ensemble au moment où les retrouvailles peuvent enfin avoir lieu. Fruit d’un simple hasard ou d’une évolution sciemment calculée, patiemment attendue…

Nul ne le sait, mais quand le jour est venu et qu’elles ont l’âge, la réunion a lieu. Elle a lieu de façon fulgurante, souvent parfaitement inattendue, sous forme de fusion en mode désincarné ; cette fusion pouvant intervenir à n’importe quel moment de la vie, lorsque deux âmes jumelles sont incarnées dans la même temporalité et prêtes au même moment, ce qui est relativement rare. Ainsi, pour Ely Star, « la fusion suprême, qui ne s’opère qu’à partir du quatrième Ciel, en la rayonnante sphère du soleil, est l’intime réunion en un nouvel être supérieur, de deux entités complétées déjà par la fusion du premier degré. Si, nous servant de termes connus, nous nommons "Ange" un être reconstitué au premier titre, la fusion de deux Anges produira un Archange ».


Lorsqu’une relation terrestre s’établit entre deux âmes jumelles, elles développent spontanément une capacité à transcender l’espace temps dans lequel elles se trouvent. Cette capacité est destinée à favoriser non pas l’établissement d’une simple relation humaine, mais à servir de relais pour leur permettre de vibrer sur les plus hautes fréquences, qui favoriseront leur réunion en une seule et unique entité au-delà de la vie. C’est ainsi que chacun de ces êtres doit demeurer parfaitement conscient du fait que chacun d’eux peut à n’importe quel moment se retrouver en situation de transcender spontanément les frontières de l’espace et du temps, car leur rôle fondamental au regard de l’Éternel est d’établir un mode de communication basé sur des fréquences qui ne sont pas celles de la communication humaine courante. Et c’est uniquement sur ces fréquences là qu’elles peuvent réellement communiquer et agir pour le bien commun. Ainsi le Dr Ely Star explique par une métaphore, la force du phénomène de réunion de deux jumeaux spirituels : « Quand vous unissez ensemble la flamme deux gaz différents, la nouvelle lumière obtenue par cette combinaison est plus que doublée : il en est de même pour les facultés de l’Esprit réintégré ».


La relation entre deux âmes jumelles, ou compléments spirituels divins est une relation androgyne. Quand chacun a atteint un point d’évolution et de plénitude suffisants, il n’est plus question d’identité masculine ni féminine, ils ne forment plus en réalité qu’une seule et unique conscience, une seule essence qui tend vers l’ultime fusion. Les noyaux mêmes de chaque cellule ou atome constituant l’essence de deux âmes jumelles finissent par fusionner entre eux. Cette fusion échappe à la volonté humaine courante et n’est régie que par l’esprit divin et son prolongement en chacune d’elles, en accord avec la volonté de l’Éternel.

Ensemble elles constituent un seul et unique champ vibratoire. Leur champ vibratoire est UN. Cette capacité qu’ont les âmes jumelles à transcender spontanément l’espace et le temps leur permet de créer sur la terre des arcs de lumière, puissants canaux d’Amour universel qui concourent de façon forte et spontanée à l’allègement des souffrances de ce monde. Tel est sans doute leur rôle ici bas et leur destin.

Ainsi les applications de l’Art Royal sont-elles aussi insaisissables qu’infinies. Car il est l’Art de la mise en en Œuvre de la volonté divine dans les différentes strates de la Manifestation, pour la réalisation du Grand Œuvre...

Source : inspiré par les textes d'André Douzet au sujet de l'Art Royal

lundi 3 décembre 2012

LE SECRET DES CHIFFRES : "LES ANGLES"


HISTOIRE DES CHIFFRES ARABES

Les chiffres arabes sont les dix chiffres (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0) et le système d'écriture décimale positionnelle qui les accompagne. Ils ont été inventés en Inde.

Leur existence est mentionnée en Syrie, au milieu du viie siècle par l'évêque Sévère Sebokt. Ils sont empruntés par la civilisation musulmane à partir du ixe siècle et décrits dans un ouvrage du mathématicien perse Al-Khawarizmi, puis peu à peu transmis à l'Occident médiéval où ils ont mis plusieurs siècles à s'imposer.

Ces chiffres ont progressivement remplacé les chiffres romains et se sont graduellement imposés dans le monde entier parce qu’ils permettent une notation très aisée dans le système décimal utilisé en Occident et facilitent les opérations simples sur les grands nombres et les opérations complexes. 

Les premiers chiffres arabes connus en Occident figurent dans le "Codex Vigilianus" de 976, Monastère de Saint Martin de Albeda, Royaume de Pampelune.

Les chiffres dits "arabes" ont gagné l'Europe au Xéme siècle par l'Espagne alors sous domination musulmane. Puis leur diffusion dans le reste de l'Occident s'est poursuivie par divers modes. Certains attribuent un rôle majeur au mathématicien Leonardo Fibonacci (1175-1250), qui avait étudié auprès de professeurs maghrébins à Icosium aujourd'hui Alger, et ramena à Pise en 1198 une partie de leur savoir et publia, en 1202, le « Liber Abaci » (Le Livre du Calcul), un traité sur les calculs et la comptabilité fondée sur le calcul décimal.

D'autres mettent l'accent sur les travaux de Gerbert d'Aurillac (940–1003), le futur pape Sylvestre II, qui a étudié au monastère de Vich, en Catalogne, s'initiant aux sciences et techniques islamiques, étudiant les mathématiques et l'astronomie. Ce dernier écrit un ouvrage sur la division, « Libellus de numerorum divisione, Regulae de divisionibus », où Gerbert invente une méthode de division euclidienne qui sera rapportée par Bernelin de Paris, un de ses élèves ; et un traité concernant les multiplications, « Libellus multiplicationum », qui prescrit l'antique multiplication par les doigts (calcul digital).

Au final, il est difficile d'établir lequel de ces deux érudits aura le plus promu la diffusion des mathématiques arabes en Occident, mais il n'en reste pas moins que Gerbert d’Aurillac et plus tard Fibonacci furent les auteurs des principaux ouvrages de vulgarisation des chiffres dits « arabes ».

Comme beaucoup de solutions simples, utiles et ingénieuses, la diffusion des chiffres dits 'arabes' se heurte à l'obscurantisme. 

À Florence (Italie), il est interdit aux marchands d'y avoir recours dans les contrats et les documents officiels puis, en 1299, ils sont partout interdits, y compris dans la comptabilité privée des banquiers et marchands florentins. 

Tant que les opérations restent simples, l'abaque pour le calcul et les chiffres romains pour la représentation graphique suffisent. À partir de la Renaissance, avec le développement exponentiel du commerce et celui des sciences, en particulier de l'astronomie mais aussi de la balistique, la nécessité d'un système de calcul puissant et rapide s'impose : les chiffres dits 'arabes' écartent définitivement leurs prédécesseurs romains et leur tracé définitif est attesté dès le xve siècle. 

ÉTYMOLOGIE DU "ZÉRO"

Le mot « chiffre » vient de l'arabe صفر (ṣifr), signifiant « zéro », par l'intermédiaire du latin médiéval cifra. Le mot arabe ṣifr est lui-même un calque du mot sanskrit « śūnya », qui possède le même sens. Le zéro constituant l'innovation la plus importante du système de chiffres arabes, il a fini par désigner l'ensemble des chiffres.

L'ORIGINE DES CHIFFRES ARABES

Voici un moyen mnémotechnique que les auteurs pendant la Renaissance avaient imaginé pour faire retenir les graphismes des chiffres. On trace autant de segments que le chiffre l’indique.


Selon une tradition populaire, encore tenace en Égypte et en Afrique du Nord, la version moderne de nos chiffres « indo-arabes » serait l’invention d’un vitrier-géomètre originaire du Maghreb, qui aurait imaginé de donner aux neuf chiffres significatifs une forme dépendant du nombre des angles contenus dans le dessin de chacun d’eux : un angle pour le chiffre 1, deux angles pour le chiffre 2, etc…



Les nombres anthropomorphiques, gravure du XIXème siècle.