jeudi 30 mai 2013

TAROCCHINO DI MITELLI (1664)


"Tarocchino di Giuseppe Mitelli"

En 1664, une riche famille bolognaise commande un jeu de tarot de luxe gravé à l'artiste – concepteur de jeux - Giuseppe Maria Mitelli.

Ce jeu de cartes de grandes dimensions a été dessiné par Giuseppe Maria Mitelli autour de 1660-1665, pour les Bentivoglio, d'une famille noble de Bologne, la ville même où l'artiste était actif.

Ce charmant tarot gravé sur cuivre, avec de délicates lignes de style baroques propose une imagerie unique.

Le Soleil est "Apollon" avec sa lyre. Le Pendu revient à son sens originel d'un traître et montre un homme endormi sur le point d'être assassiné. Le Diable ressemble à son homologue milanais - il se tient assis dans un feu avec une fourche. Ce modèle de tarot est considérée comme le plus ancien connue du "Tarocco Bolognese", un tarot ramenée au nombre de 62 arcanes ; comportant des 22 arcanes majeurs, assez semblable au modèles des tarots de Marseille, et de 4 séries de 7 arcanes mineurs.


"Tarocchino di Giuseppe Mitelli"

Ce tarot a été ainsi troqué car en Italie, il se joue des jeux qui ne requièrent que ces 62 arcanes. Le modèle de tarot de la ville de Bologne a seulement 62 cartes, d'où son nom "tarocchino" ("petit tarot").

Mitelli n’a pas chercher ici à imiter les tarots français, il a plutôt voulu répondre au besoin d’un jeu spécifique. Et son jeu se voulait aussi dans la tradition italienne des jeux dit "de Minchiate".

Quoiqu’il en soit, le Tarot Mitelli a mis en vedette les arcanes majeurs, et il fut de son temps utilisé pour la divination! Mitelli lui-même s’intéressait beaucoup à cet aspect des cartes. De son temps il illustra et publia des almanachs, des proverbes illustrés, des jeux de prédictions, des calendriers annotés, et des cartes...

Le Tarocchi di Mitelli a même déjà été associé à des rotas zodiacales servant à faire des prédictions!

Dans les mêmes années en 1665, un dénommée John Lenthall éditeur d’Angleterre se serait même inspiré des jeux de Mitelli (et de jeux de cartes allemands) pour concevoir un jeu de 52 cartes (avec 2 cartes explicatives) spécialement conçu pour la voyance. (Cartes numérotées cette fois, avec annotations et symboles, On y retrouve des lames portant des noms aussi inusité que Sémiramis, Holopherne, Mahomet, Proserpine, Nimrod, Hewson, Clytemnestre, Cupidon, et Pharaon).

Même si le jeu de Mitelli n’est pas un tarot, mais plutôt, donc, un "Tarocchino", sa diffusion, à l’époque démontre surtout qu’il y avait en ce temps-là un intérêt pour ce genre de pratique, et qu’un peu partout en Europe, l’ancien art de la prédiction et de la divination était rangé au rang de divertissement, voire de jeu. À la manière de cet éditeur anglais, Mitelli travailla souvent à l’élaboration de "jeux" destinés à se genre de divertissement.


illustration de Giuseppe Maria Mitelli

Parmi ses œuvres les plus connues est cette collection de proverbes illustrés, datant de la fin du 17e siècle. Une série de gravures très proches des jeux de divination en se sens que chaque planche est une leçon de morale, ou des recommandations, bien souvent traduit par des conseils à suivre ou des avertissements. Les archétypes des vertus cardinales et autres vertus s’y trouvent illustrées, des icônes qui se retrouvent souvent symbolisé dans les tarocchino d’Italie.


"I Proverbi Figurati", de Giuseppe Maria Mitelli

Giuseppe Maria Mitelli (1634-1718) est surtout connu pour ses nombreux tableaux inspirés par des sujets populaires. La plupart de ses gravures sont des caricatures pleines d'esprit, très souvent avec une pointe d'humour.


illustration de Giuseppe Maria Mitelli

Malgré le goût populaire de ses œuvres, les compétences artistiques de Mitelli étaient excellentes. Outre le Tarocchino et les proverbes, il a aussi gravé une série nommée « Alfabeto in Sogno » (1683), dans lequel les lettres en forme de corps humains sont entourées par des études détaillées sur les yeux, le nez, etc... Ce qui démontre combien l'intérêt de l’artiste pour des formes plus traditionnelles d'art graphique, bien que ses sujets de prédilection étaient des caricatures humoristiques.


Lettre "A", du "Alfabeto in Sogno", de Giuseppe Maria Mitelli

L'une de ses compositions les plus extravagantes porte le titre « Il mondo è per lo più di matti gabbia » où une foule de personnages, représentent différentes manies et lubies, mènent à bien leurs nombreuses tendances dans une gigantesque cage d'oiseau...


"Il mondo è per lo più di matti gabbia"de Giuseppe Maria Mitelli

Un autre élément de fantaisie est le titre de la copie, orthographié avec un mélange de mots et d'illustrations minuscules, comme dans un puzzle.

Plusieurs autres œuvres de Mitelli révèlent également ce goût particulier pour le détail : ses tableaux sont souvent une collection de petits éléments individuels liés par un thème commun. Quant aux menues détails, Mitelli en insèrent certains qui ne peuvent pratiquement être appréciés, qu’un par un, parfois à l'aide d’une loupe.

Par conséquent, l'ensemble des sujets du tarocchino peut avoir représenté un défi idéal pour l’imagination vive de cet artiste particulièrement inspiré par les suites d’images à thème, les séries d’illustrations en correspondance, les devinettes, les jeux et les puzzles.


"Nel mezzo del Cammin", de Giuseppe Maria Mitelli

La tentative de produire ce tarocchino était peut-être pour Mitelli un prétexte pour montrer son talent exubérant. Peut-être que le Tarot Mitelli avait surtout l’intention de faire valoir et connaitre son talent d’illustrateur. On comprend ici que l’élaboration de ce tarot était, d’abord et avant tout une tentative pour l'obtention d'un produit artistique, plus que pour obtenir un tarot conforme à une tradition.

C’est ce qui en explique le côté fantaisiste. Mais tout de même, Mitelli s’est basé sur le modèle standard des anciens tarots de Bologne, les illustrations ont été réinterprétés par Mitelli, qui a aussi embelli l’imagerie des cartes avec des détails riches, et a donné aux arcanes mineurs un nouvel arrangement inhabituel.

En bref, ce tarocchino est sans doute le premier spécimen de tarot non standard ou de fantaisie basée sur le modèle de Bologne; existant à l’époque du 17ème siècle. À l’époque de sa diffusion il a certainement été considéré comme une nouveauté absolue.

C'est aussi la seule édition connue de ce genre, réalisés durant le 16ème siècle. Rien ne lui ressemblait avant et rien ne lui ressemblera après. Mais il a influencé la mode des tarots de luxe.

Il y a eut quelques réimpressions Tarocchino d'origine de Mitelli, la plupart avec des couleurs rajoutées. le seul qui existe en noir et blanc, c'est à dire dans sa forme d'origine, est celui qui a été édité par Il Meneghello en 1990.

Voici quelques reproductions du Tarocchino de Mitelli :

« Das Tarockspiel aus Bologne » : Par édition POP, dans une édition limitée à 999 exemplaires (couleur) à partir de 1979. 

« Tarocchini di Mitelli » : En Graphica Gutenberg (couleur) à partir de 1978


"Das Tarockspiel aus Bologne", Édition POP

On parle ici de deux belles reproductions de ce tarot. Réalisés à partir du "Tarocchino Bolognese" original qu’utilisera aussi Il Meneghello plus tard en 1990. Mais ceux-ci proposent des versions en couleur ! En Graphica Gutenberg en 1978 et Édition POP en 1979 propose des versions de luxe magnifiquement reconditionnées. Les deux version sont assez semblables.

« Tarocchino del Mitelli » : Dal Nagro (couleur) encore en version imprimée 1981


"Tarocchino del Mitelli", Dal Nagro

Ensuite, Dal Nagro propose une autre version, assez semblable, mais destiné pour des plus grands tirages.  Les carte allongées sont pourvues de coins ronds. C’est le modèle qui servira plus tard pour réaliser l’édition bon marché de Lo Scarabeo.

« Tarocco Bolognese di GM Mitelli »


"Tarocco Bolognese di Mitelli", Éditions  Il Meneghello

Par Il Meneghello une édition limitée à 2000 exemplaires de 1990. (l’original en noir et blanc). Une version qui a été presque complètement écoulée, et qui a beaucoup suscité d’intérêt lors de sa parution. Évidemment, il est plus d’intérêt pour les collectionneurs ou les historiens des tarots que pour ceux et celles qui pratiquent la taromancie. Cette réimpression du "Tarocco Bolognese di Mitelli" dans sa version d’origine, proposé par Il Meneghello est à compter parmi les éditions de qualité supérieure.


 "Tarocchino Bolognese", de Lo Scarabeo

Deux autres rééditions existent encore de ce tarot, l’une proposée par Lo Scarabeo, qui l’a reproduit à peu près tel-quel dans un format proche de celui d’origine adapté par Dal Negro. Il est conforme au "Tarocchino del Mitelli", c’est aussi également une version couleur de ce jeu. Une fabrication de moindre qualité mais un bon rapport qualité-prix.

Mais encore... Il y a la version étonnante de ce jeu offert sous les noms de "Tarot Mitelli de Carabas". Celui-ci propose un jeu rénové, modifié de manière à être conforme aux tarots dits "de Marseille", donc qui comporte de 78 lames. Le "Tarot Mitelli de Carabas" comporte aussi de noms pour les arcanes en français. C’est, ni plus ni moins un "Tarocchino" transformé en "Tarot". Ce tarot modifié est intéressant dans le sens où il a été rendu compatible avec les autres tarots traditionnels, et enfin, malgré qu’il soit assez fantaisiste, il est plutôt agréable à utiliser. Pour ceux et celles qui pratiquent la taromancie avec des tarots conventionnels, cette version du Mitelli en charmera plus d’un. Sa première édition artisanale a été limitée à 777 exemplaires.

© Walter Boralis, 2012

mercredi 29 mai 2013

1680 : TAROT DE BESANÇON


1680. Johann Mayer de la Suisse publie le premier exemple connu de la configuration dite "de Besançon" avec Junon et Jupiter au lieu de La Papesse et Le Pape. Cependant, tout en conservant la composition et les caractéristiques générales du Tarot de Marseille conforme.


Communément appelé le "Tarot de Besançon", il n’a pas été créé dans cette ville en premier. Malgré que ce soit l’appellation de "Besançon" qui soit utilisé pour le définir, il semble que ses origines soient suisse, voire même alsacienne!

Le rejet des noms du Pape et de La Papesse dans certains jeux de Tarot, dans plusieurs régions d’Europe, semble avoir eu lieu vers la fin du 17e siècle.

Les premiers éditeurs-cartiers à avoir remplacé les noms de ces arcanes furent ceux d’Alsace, d'Allemagne et de quelques régions Suisse.

Les premiers exemples émanaient de Constance (c. 1680), Strasbourg (1746), Mannheim (1750) et il a fallu attendre vers 1800 avant que de ces cartes fasse enfin leur apparition à Besançon!

Les variantes les plus intéressantes de ce modèle ont été diffusés durant la période de la Révolution, or, les cartes « de la cours » et les figures impériales y ont perdu leurs insignes royaux: des exemples de ces tarots étaient connus à Strasbourg et à Colmar.

D'autres variantes mineures ont été apportées en Suisse et en Allemagne

Enfin, selon les informations que nous possédons jusqu’ici, le premier tarot dit "de Besançon" aurait été publié par le cartier Suisse Johann Mayer en 1680.


Mais des rumeurs persistent comme quoi le modèle d’origine venait de Strasbourg. En ce qui concerne les innovations réalisé dans cette ville en matière d’imprimerie, il y aurait long à raconter. Comme par exemple : que Gutenberg ramena son idée de Strasbourg, et qu’il n’est peut-être pas vraiment l’inventeur de l’imprimerie. Et ce n’est pas là la seule incongruité de l’histoire!

Il semble que le tout premier tarot fut inventé à Strasbourg, non pas à Avignon ou en Italie. Et ensuite, on raconte que c’est à Strasbourg qu’on décida de remplacer La Papesse et le Pape par Junon et Jupiter. Si c’est le cas, il nous manque de preuves... Mais l’imprimerie a bel et bien été inventée par des artisans de Strasbourg, et pour le tarot... c’est bien possible... (Je classe par fantaisie ces questions dans "Mystères et Secrets de Strasbourg" ;) ).

Quoiqu’il en soit, les premier tarots dits « de Besançon » ont commencé à être en circulation en Europe autour de 1680, ce qui en fait un tarot précédent celui de Jean Dodal. Il ne faut pas oublié non plus que ce modèle de tarot a été conservé jusqu’à nos jours dans sa conformité comme c’est le cas pour le tarot dit "de Marseille". De fait, il est l’ancêtre du "Tarot JJ Suisse" ou du fameux Tarot d’Épinal, qui deviendrons, à une certaine époque plus populaire que les tarot de Marseille et relancera même la mode des tarots. Il fut très populaire auprès des "joueurs de tarots", mais aussi le Tarot d’Épinal fut un des premiers à être utilisé pour la divination, (dans le sens ou nous l’entendons aujourd’hui).

Cela dit, même si le Besançon est un modèle différent du tarot de Marseille, son évolution et son histoire se déroule en parallèle et en correspondance avec l’histoire du tarot de Marseille... Pour ce qui est du domaine de la divination ces deux tarots répondent de la même tradition et s’utilisent dans le même ordre d’idées.

JUNON & JUPITER

Les imagiers du Moyen âge ne s'étaient fait aucun scrupule de représenter une papesse, en dépit de l'orthodoxie. En France, il fut jugé opportun de remplacer La Papesse et Le Pape du Tarot par Junon et Jupiter et Junon. Certains tarologues zélés estiment qu’il s’agit de modification qui ont injustement travestit le tarot et considèrent ces deux compositions mythologiques d'intérêt médiocre. Quel manque de tact. Cela ne démontre que leur ignorance. Les éditeurs de tarots n’ont pas trafiqué les tarots bêtement, sans tenir compte des éminences qu’ils allaient devoir faire disparaître de leurs cartes. Les choix de Junon et Jupiter ne sont pas hasardeux et ne change en rien l’opérativité du tarot. Même qu’ici, en raison de l’obligation de retirer les noms de La Papesse et de Pape, les artisans-confrères, initiés ont soigneusement choisi ses nouveaux noms, car pour ceux qui savent lire entre les lignes, il s’agit de nom d’autant plus « symboliques » et « initiatiques ». Sans prendre ces nouveaux noms au pied de la lettre, plutôt satyrique ils s’adressent plus particulièrement à l’esprit exercé aux énigmes. Avoir recours à des personnages de la mythologie romaine sur les arcanes de ce tarot, c’était absolument malicieux, moqueur, nécessairement ironique.

JUNON

Junon montre d'une main le ciel et de l'autre la terre, comme pour rappeler la Grande Sagesse de la Table d'Émeraude d'Hermès Trismégiste : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».

Or le visible érigé en symbole de l'invisible, c'est le point de départ de la méthode analogique sur laquelle se fonde toute la science de la Papesse. Ici, Junon rempli ce même rôle avec beaucoup d’éloquence.

Deux paons accompagnent Junon, qui personnifie en réalité l'espace éthéré. Ces Paons : oiseaux de la Beauté, symbole du soufisme, oiseaux de "Maya", déesse de l'illusion, Anou en chaldéen, d'où Anna, notre sainte Anne, mère de la Vierge. Ce rapprochement contribue à préciser le sens des arcanes II et V.

Dans la mythologie romaine, Junon, en latin "Juno", est la reine des dieux et la reine du ciel. Fille de Rhéa et de Saturne, elle est à la fois sœur et épouse de Jupiter.

Ses attributs sont le paon, un sceptre surmonté d'un coucou et une grenade, symbole de l'amour conjugal, le lys et la vache. Elle est assimilée à l'"Héra" des Grecs.

Protectrice des femmes, elle symbolise le mariage lorsqu'elle est représentée recouverte de voiles, et elle est associée à la fécondité lorsqu'elle en tient l'emblème : la pomme de grenade.

Junon ou la Papesse représente : Sacerdoce, science religieuse, métaphysique, Kabbale, enseignement, Savoir (opposé au Pouvoir), autorité, certitude, assurance, absence de doute, influence suggestive exercée sur le sentiment et la pensée d'autrui. Affabilité, bienveillance, bonté, générosité judicieuse, directeur de conscience, médecin de l'âme, conseils moraux, personnage important, érudit. Pontife absolu dans ses opinions. Fonction conférant du prestige. Influence jupitérienne en bien et en mal.

JUPITER

Quant à Jupiter, que le Tarot de Besançon substitue au Pape, il est le maître du feu céleste, dispensateur de la vie tant intellectuelle et morale que physique. C'est lui qui tient en éveil la conscience, afin de faire régner sur terre l'ordre, la justice, l'affabilité, la bienveillance et la bonté. Le caractère de ce dieu concorde donc assurément avec l'arcane V.

En conclusion, ceux qui méprisent le tarot de Besançon rate une belle occasion de se rapprocher de l’essence magique et de l’aspect initiatique des tarots. Ce n’est pas parce qu’un tarot est différent du tarot Marseillais de Conver qu’il s’avère tout à coup inopérant ou non-valable! Les tarots de Besançon offre tout simplement une autre version du tarot. De plus, l’existence de ce tarot avec ses arcanes changés, est pratiquement une preuve que les cartiers étaient au courant de l’aspect « ésotérique » du tarot.

Certains fabricants connus de Tarot dits « de Besançon » :

- Pélage Mayer, Constance (c. 1680)
- Guillaume Mann, Colmar, (révolutionnaire)
- F. Laudier (1746), Anon (18e siècle), de Strasbourg
- L. de Laboisse (révolutionnaire 17??), de Strasbourg
- L. Carey (révolutionnaire 17??), de Strasbourg
- Neumur, Mannheim (c. 1750)
- Schaer, Mumlisweil (c. 1780)
- Krebs, Freiburg (c. 1780)
- Renault, c. 1800 Besançon
- J. Blanche, c. 1800 Besançon
- J. Jerger, c. 1800 Besançon
- A. Kirchner, c. 1800 Besançon

Je ne suis pas contre l’utilisation des tarots de Besançon. J’estime qu’ils sont autant opératifs que les tarots dits "de Marseille". D’ailleurs, il y a certaines personnes qui se sentent mieux avec les tarots de ce modèle. Même que pour certains utilisateurs des tarots, le Besançon est supérieur au tarot de Marseille.

Les arcanes de La Papesse et du Pape remplacés par Junon et Jupiter ne rende pas plus difficile la lecture des cartes, c’est une question d’habitude et d’affinités.

Tous les Besançon que j’ai testés étaient très opératifs, même les jeux les plus modernes comme le Tarot d’Épinal ou le JJ Suisse. À mon avis les techniques de taromancie traditionnelles s’appliquent à ce genre de tarot sans problème. Enfin, je le répète à qui veut entendre : la rumeur veut que ce soit avec des tarots de Besançon que fut pratiquée et élaborée la tradition de la cartomancie.

© Walter Boralis, 2012
N.B. : cet article a été fait à partir d'extraits du livre "Origines Secrète des Tarots", Walter Boralis, aux Éditions du Solstice, 2012

dimanche 26 mai 2013

LE TAROT DE JEAN DODAL ET SES MYSTÈRES


Tarot de Jean Dodal (Lyon, 1701)
(redessiné par Jean-Claude Flornoy, 2002)

Le Tarot de Jean Dodal (Dodali) est un des plus importants de l’histoire des tarots et mérite tout notre attention...

Il faut enfin comprendre que le style du Tarot de Dodal est devenu, et demeure, le style le plus important et fondamental de Tarot dans le monde.

Le Tarot de Dodal deviendra la référence, surtout parce que ce tarot était le plus commun, et le plus diffusé. Surtout à partir de 1713 alors que Jean-Pierre Payen, cartier de Lyon, en diffuse une version à grand tirage.

Après les tarots de Paris (L’Anonyme, le Viéville, et le Noblet), l’apparition du Tarot de Dodal s’avère comme étant une des étape les plus importante dans l’évolution des Tarots.

Très certainement, le Trot de Dodal a eut pour modèle celui de Jean Noblet. (Il faut considérer le Tarot de Noblet pour être le premier "véritable" Tarot dit "de Marseille").

Si les images des 22 arcanes majeurs existaient avant que ne paraisse le Tarot de Noblet, il faut comprendre que le Tarot de Jean Noblet est le tout premier tarot qui proposait des noms pour les lames!

Le Tarot de Dodal aussi a été dessiné dans un style particulier, selon une méthode très particulière, connue seulement des graveurs, sculpteurs et vitriers. Il s’agit d’un langage unique, plus ou moins codé. Le Tarot Dodal se réfère directement au Tarot de Noblet, élaboré par des confrères. C’est pourquoi l’on reconnaît dans leur style une apparentée avec les vitraux des églises et des cathédrales. (Les versions restituées redessinées de ces deux tarots historiques, par Jean-Claude Flornoy font ressortir ce style particulier. La version qu’il propose du Dodal démontre qu’il y a décidément beaucoup d’affinités entre le travail de Dodal et l’art du vitrail).

Le Tarot Dodal pose énigme. Il est à l’entrée du dédale. L’histoire secrète du tarot s’amorce ici...


Tarot de Jean Dodal, Lyon, 1701

Alors que Dodal créé son tarot, il y avait déjà des Tarots qui circulaient à Paris, mais aussi et surtout, dans les régions frontalières entre la France et la Belgique, l’Allemagne et la Suisse. Et en vérité, le tarot semble arriver assez tardivement à Marseille.

À cette époque, il y avait, bien sûr, d'autres jeux qui avaient des similitudes immenses avec le tarot dit "de Marseille". Par exemple, les formes de style "Besançon" (substituant la Papesse et le Pape pour Junon et Jupiter), et d'autres jeux similaires ; des tarots animaliers, des tarots de chasse (populaire en Allemagne, Suisse et l'Italie, par exemple). Il semble que des tarots circulaient à Strasbourg et en Belgique, avant que n’apparaissent des tarots à Paris! (Ces tarots étaient assez semblables à celui de Jacques Viéville dans leur conception).

Mais la première grande révolution, du côté de la fixation des icônes, et des noms des arcanes, de la simplification des images de manière à rendre plus claire la magie des lames, la complète synthèse, et l’application de lois théurgiques, est due au Tarot de Jean Noblet (1650).

Ensuite, quand Jean Dodal créé son tarot en 1701, il  ne pouvait se baser que sur le tarot de Jean Noblet. (Pourtant si différent). Alors, c'est plutôt curieux.

Dodal donne plusieurs indices et laisse entendre que son tarot est celui des "vrais initiés", et aussi le plus complet le plus accomplis, le plus respectueux de "la tradition". Pour Dodal, le Tarot est l’invention des confrères, et le confrère qui a inventé le Tarot est indéniablement Jean Noblet, mais son tarot ne semble pas avoir eu directement le Noblet pour modèle. Le tarot de Noblet est artisanal (coins carrés, lames carrées de petites tailles) alors que le tarot de Dodal est prévu pour la vente (lames réglementaire, coins ronds, papier fin, etc...)

Jean Dodal, à la suite de Noblet propose un tout nouveau modèle. Peut-être encore plus simple, expressif et accessible. Son tarot, de plus, sera le plus diffusé, le plus copié et recopié... son tarot a inspiré des centaines d’autres tarots.

Le Tarots dit "de Dodal", diffusé en grand nombre par les cartiers de la famille Payen est vite devenu le tarot le plus commun, le plus en circulation, pratiquement le seul en boutique. On le surnommait indifféremment "tarault des bourgs" ou "taraux des villages". (On voit apparaître le terme "tarault" dans les livres, et archives des villes dès le début du 18ème siècle).

Les tarots de Noblet et Dodal sont les modèles de base, les ancêtres de tous les tarots de Marseille, et en tant qu’ancêtres d’origines, il serait plutôt indécent de douter de leur parfaite conception ou de mettre en cause leur conformité.

Pour ce qui est des images, des symboliques, et des archétypes, pour ce qui est aussi du format des cartes, le tarot de Dodal est particulièrement achevée. Mais, est-il un modèle absolument original, créé par Dodal ou un tarot inspiré d'un autre tarot?


2 de Deniers, Tarot de Jean Dodali, Lyon, 1701

Il est indéniable que le Tarot de Jean Dodal (Dodali), créé à Dijon en 1701, est le premier TAROT DE MARSEILLE. Mais surtout, le premier jeu de carte dit "tarault" en circulation. C’est nécessairement à cause de sa grande diffusion par les cartiers de la famille Payen que ce jeu du tarot est devenu populaire en France (surtout dans la région frontalière et la Bourgogne). À cette époque les tarots de Besançon commençaient à circuler aussi. 

C’est aussi pour la raison de sa popularité que d’autres éditeurs ou cartiers se sont intéressé à en produire leurs versions. Et on remarquera qu’à côté du modèle plus commun de "Dodal/Payen", la plupart des cartiers du 18ème siècle chercheront à produire des "tarots de luxe", un peu plus chers, mais réservée à une autre clientèle plus aisée.

C’était l’époque faste de Louis XIV, et le tarot se répandant dans toutes les couches sociales, il allait de soi que soient produit des tarots plus chics, ou plus attrayants. De plus, c’est le début de la mode des "taraults", et dès la création du Dodal à partir de 1701, il se produira des tarots de luxe en France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche et en Italie. C’est là la période de l’élaboration du Tarot de Marseille...

Le tarot dit "de Marseille" s’est élaboré à partir du Dodal de 1701, et se poursuivra jusqu’en 1760, avec le tarot de Conver, qu’on a longtemps considéré à tord pour être le tarot de référence.

Conver a surtout établie de nouvelles normes, afin de rendre son tarot le plus commercialisable possible...

Dodal et/ou Payen avaient aussi procédé de la même manière avec les mêmes intentions, en cherchant à rendre le tarot accessible, simple, attrayant... Le langage qu’utilisent l’imagerie des "taraults" de Noblet et Dodal est celui qui est compris de tous et chacun.

Les historiens des tarots, pour la plupart, préfèrent alimenter la confusion et inventer toutes sortes de classements, plutôt que de se rendre à l’évidence... Le terme "Tarot de Marseille" est erroné. Ils n’osent pas dire non plus très clairement que le Tarot de Jean Dodal créé à Dijon est le "premier Tarot", tout genre confondu et qu’il fut le modèle de base pour tous les autres... tarots de Marseille y compris..

Le terme "Tarot de Marseille" ne veut pas dire grand-chose pour celui qui cherche la vérité au sujet des tarots.

Je suppose que je devrais peut-être expliquer ce que veut dire la dénomination de "Tarot de Marseille". (D’autant plus que celui-ci, comme tant d'autres, ne sont pas originaires de Marseille). Le terme semble avoir été attribué à ce "jeu de cartes" (déjà appelée"tarault" ou "taraux"), beaucoup plus tard, par Paul Marteau, qui au début du 20e siècle présentait le modèle de son tarot comme étant un "Tarot de Marseille". (et pourtant son tarot était basée sur celui de Lequart qui était de Paris!)

Quant à Conver, il a copié son tarot. Il est très loin d’être l’inventeur du Tarot de Marseille. Et au détriment de ce que bien des tarologues affirment, Conver n’était certainement pas un "initié", dans le sens où on peut l’entendre... C'est-à-dire dans le sens que l’entendaient jadis de vrais artisans-confrères initiés comme le furent Jean Noblet ou Jean Dodal !!!

Il y a eut trop d’éloges de faites au sujet du Tarot de Conver, et pas assez encore au sujet des tarots de Noblet et Dodal.

Noblet et Dodal étaient de véritables initiés. Ils ont mis au point les premiers taraults "conventionnels", mais étaient de véritables confrères initiés. Ils ont innové et instauré une nouvelle relation avec les cartes à jouer. On leur doit l’invention des Tarots, dans le sens où nous voulons l’entendre. (eh oui !). 

Les confrères initiés connaissaient bien les symboliques des anciens tarots, ceux là qui précédaient le Noblet, comme les tarots belges et celui de Viéville, mais pour eux, celui de Noblet est le premier Tarot "de la révélation"...

Oui... vous avez bien lu...
Le Tarot de Noblet révèle les noms des arcanes et leurs secrets cachés.

Ensuite le Tarot de Dodal modernise et rend encore plus accessible cette nouvelle forme du tarot.

Mais si vous cherchez à savoir qui a "inventé" le Tarot de Marseille, l’initié (en connaissance de cause) ne peu que rire...

Le tarot de Marseille de Conver est le résultat d’une histoire douteuse, qui ne mène nulle part... Sinon, qui mène à admettre que le premier tarot, la seule référence, le plus parfait le plus conforme, le seul qui mérite l’attention est celui de Pierre Madenié réalisé à Dijon en 1709.

Le tarot de Conver a été créé en cherchant à "retrouver" une sorte d’authenticité et de conformité. Conver s’est inspiré du tarot de François Chosson (1736) et sans doute de celui de François Tourcaty (1745). Il connaissait aussi nécessairement (comme la plupart des Français) le "tarot des bourgs", c’est à dire le modèle Dodal/Payen.

L’intention de Conver était de créé un tarot attrayant pour sa clientèle. La version de son tarot était assez semblable à la plupart des tarots circulant à Marseille qui avait tous pour référence celui de François Chosson.

Cela dit, le premier Tarot conforme aux tarots dits "de Marseille" fut celui créé par Pierre Madenié (1709), qui était un "fin taraults", donc un tarot de luxe. Inutile de chercher ailleurs.

Alors alors.... Mais quel tarot a pu être le modèle pour Pierre Madenié, si ce n’est le fameux Dodal ?! (ou un tarot mystérieux qui aurait été le modèle pour Dodal?).

Avant le tarot de Madenié, il n’y a aucun autre exemple semblable à son tarot ! Il est évident que Madenié a accompli le plus raffiné des travail! Son intention n’était pas de fausser le modèle Dodal ou de le travestir mais plutôt de l’amener à sa forme la plus achevée. Expression des visages réalistes, équilibre des formes et des couleurs, conception des lames. C’est le perfectionnement ultime du tarot de Dodal, (ce tarot aux origines mystérieuses).

D’abord... Dodal a-t-il vraiment existé? Qui était ce Jean Dodal, cartier de Lyon?

Des tarologues ayant fait des recherches à travers archives, dossiers et registres affirment qu’effectivement un dénommé Jean Dodal aurait été actif à Lyon entre 1701 et 1715.

Mais la version connue du Dodal fut diffusé par la maison d’édition de Jean-Pierre Payen. Et un tarot tout à fait semblable est publié par Payen à partir de 1713 dans la même ville de Lyon.


Payen a-t-il racheté les moules de Dodal? Payen et Dodal était-il en relation?

Pourquoi sur le Tarot de Dodal est-il inscrit : "Fait pour l’Étranger"? (fabriqués pour l'exportation). Pourquoi les tarots publié par Payen, qui sont les mêmes, ne portent-ils pas cette inscriptions? (la réponse est si évidente que les chercheurs passent à côté de la réponse sans rien voir).

Sur le Tarot de Dodal, cette annotation "Fait pour L'Etrange" apparaît sur plusieurs arcanes mineurs : les deux coupes (FPE), sur le Valet de bâton, ainsi que sur les lames de tous les chevaliers. Cette annotation apparaît encore sur deux arcanes majeurs : LA FORCE XI et LE MONDE XXI... Est-ce un choix de lame du au hasard, à la disponibilité sur la carte, ou encore délibérément choisies de façon significative?

Voici une nouvelle interprétation :

FPE = Fabrique Payen Éditeur

Valet de Baston = Confrère Graveur (cf : les « bures » représentées par les bâtons)

Cavaliers = Chevaliers = Confrères Initiés qui transportent, exportent, importent et font circuler les idées et les choses...

La Force + Le Monde = en résumé : Conquérir le Monde

Il y avait trois «classes» d'artisans au XIIIe siècle : 

- celle des apprentis, (les PAGES) = Valets
- celle des confrères, (les CAVALIERS) = Chevaliers
-celle des initié(e)s, (les REINES et les ROIS) = Maîtres

L’Apprenti utilise son "véritable nom" et/ou "un sobriquet"
Le Confrère utilise un nom de "confrère", un "pseudonyme"
Le Maître utilise un nom d’"initié", ou un surnom "héraldique"

Jadis, symboliquement on représentait l’apprenti par un "page"

Les "Chevaliers" représentaient des "Confrères" et vice et versa. Et le terme "Cavalier" se rapportait au langage codé des initiés. Cavalier se rapportant aux mots : "cheval", "chevalerie", "cavalier" (dans le sens "amant"), "cavaler" (dans le sens de voyager), "cabale", etc...

Si Jean Dodal utilise un "sobriquet" et qu’il y a une indication sur le Valet de Bâtons, c’est peut-être pour signifier qu’il est seulement un apprenti et qu’alors, il a été appelé à créer ce jeu.

Si les indications se retrouvent aussi sur les "cavaliers", peut-être cela signifie-t-il que Dodal a créé son jeu pour des amis "confrères", voulant exporter le jeu.

Enfin, si cette théorie a du sens, elle n’est qu’une supposition cherchant à faire entendre à quel point certains détails pourraient tout à coup nous amené à comprendre l’histoire du tarot tout autrement.

Beaucoup de confrères croient fermement d’ailleurs qu’il ne s’agit pas de spéculations gratuites, mais de faits, et de véritables coutumes chez les artisans-confrères.

Quand à Jean Payen, celui qui a diffusé le Tarot de Dodal en France à partir de Lyon. Il a toujours signé son nom sur l’arcane de la Lune. L’arcane des "initiés".

             

Après avoir terminé un apprentissage dans une des nombreuses professions l’option était souvent de continuer à travailler pour le même maître...

Mais ici, Dodal ne peut pas avoir apprit auprès de Payen. Au contraire, il semble que Payen soit son diffuseur à partir de 1713. Et à partir de là, disparition de Dodal... 

Jean Dodal serait-il partit, lui aussi, à l’étranger ?

En ce cas il aurait laissé sa place à Jean Payen à Lyon pour partir faire carrière ailleurs... C’est une possibilité puisqu’il n’y a plus de trace de ce Jean Dodal à Lyon après 1715 et non plus avant 1701.

Il semble que Jean Dodal ait existé le temps requis. Peut-être Dodal est-il un nom spécialement conçu lui aussi "pour l’étrange" (l’étranger).

Dans les arts de la construction, que ce soit charpentier ou un maçon, il y a toujours eu des "réseaux" et des "fraternités" des "compagnons" de métier, parfois maçonnique, mais touchant vraiment plusieurs domaines, et dans toutes les sphères.

Les artisans Noblet, Dodal ou Payen étaient nécessairement des "compagnons".

Les tarots qu’ils ont créés réclament que l’on ait été initié à certains "savoir-faire" précis. 

Il ne faut pas s’étonner d’apprendre que ces artisans voulaient commercialiser leurs cartes "avantageusement". Pourquoi ne pas le faire à bon compte? (Les artisans mettaient tous leurs savoir-faire afin de satisfaire une clientèle précise et tirer bon profit, en ne se plaçant pas contre les lois en vigueur). Les plus "organisés" des "compagnons" artisans parvenaient à avoir des maisons d’imprimerie et d’édition très organisées, au point de pouvoir répondre à toutes sorte de demandes. (Ne dira-t-on pas plus tard des "compagnies").

Si l’univers des confréries est connue aujourd’hui par le biais de l’intérêt que le public voue à la Franc-maçonnerie, dans le monde des "cartiers", imprimeurs et éditeurs, cependant, il n'y pas de recherches encore vraiment sérieuses qui ont été faite.

Des informations très importantes se trouvent là, mais c’est un milieu encore plus secret et fermé que celui des francs-maçons!

Les imprimeurs et éditeurs on souvent été mêlés à des opérations de propagande, à la diffusion de fausses informations... Consentant ou non ils ont été amenés à le faire. Alors, ce milieu clos a des choses à cachés au sujet de l’influence qu’ils ont pu avoir au cours de l’histoire ; qu’il s’agisse des tarots, des livres, des journaux, etc...

Avant la naissance de la Fraternité Rose-Croix, plusieurs confréries et fraternités héritières d’enseignements et de "savoir-faire" existaient sous d’autres noms... Certains de leurs membres auraient d’ailleurs fondé la Fraternité Rose-Croix et d’autres ont souvent trouvé refuge chez les Francs-maçons ou d’autres fraternités.

Selon Amberlain dans « Le Martinisme » (1946), "au cours de la Renaissance, se réunissaient les apprentis, les compagnons et les maîtres des guildes qui comprenaient des bibliothécaires, des libraires, des graveurs, des papetiers, relieurs, des illustrateurs, des imprimeurs, les fabricants de cartes et les éditeurs".

Plus intéressant encore, il parle ici d'association, qui s'étendaient, dit-on, de Paris à Venise, à Toulouse, et qui avait son centre à Lyon !

En outre, pour en revenir au Tarot Dodal/Payen... Il s’agissait donc d’un tarot prévu pour la vente à l’étranger. Un tarot qui est une "création nouvelle" à ce point ne peut pas apparaître comme ça de nulle part! S’il en existait une version "exportable" en 1701, il devait y en avoir une autre version quelque part. Du moins, un modèle de base.

Or ne vous étonnez pas d’apprendre que le Tarot de Dodal est un tarot redessiné à partir d’une planche trouver dans un manuscrit ! Dodal a peut-être mis au point cette nouvelle version, mais apparemment il ne s’est pas seulement basé sur le Noblet.

DES ÉLÉMENTS INSOLITES



ÉLÉMENT INSOLITE : LE TAROT DE ROLICHON


On trouve dans les archives de la ville de Lyon des références faites à un Nicolas Rolichon qui aurait été imprimeur et cartier à Lyon fin XVIe début XVIIe.

On a trouvé des jeux de sa maison d’édition datant d’aussi loin que 1636. Nicolas Rolichon aurait d’abord publié des cartes du style Dauphiné/Piedmont, puis aurait créé vers 1685, un "tarault", basée sur le Noblet et naibbe espagnols.

Nous n’avons aucun exemplaire du présumé Tarot de Rolichon, cartier de Lyon mais il existe des reproductions de son tarot dans certains ouvrages dont l’Encyclopédie de Larousse de 1919 qui en présente une reproduction en noir et blanc.

Son graphisme le classe parmi les tarots de type I et en particulier, de ceux de Jean Dodal et de Jean-Pierre Payen avec lesquels il partage de fortes similitudes. Fait intéressant, il leur est toutefois antérieur puisque ces deux là datent du début du XVIIIe siècle alors que celui-ci date de la fin du XVIIe !

Ross G. Caldwell a déniché une reproduction de cet article du Larousse de juillet 1919 et plusieurs références à des cartiers nommés Nicolas Rolichon ou Rolichon à Lyon.

Il nous rapporte également un échange entre Jean-Marie Lhôte et Thierry Depaulis : l'original semble introuvable, et la source du Larousse est inconnue (photographie, autre reproduction du dessin seul, moules ?) ; les deux chercheurs ne retiennent pas le Nicolas Rolichon daté d'environ 1600 comme créateur de ce jeu, ni celui de 1635 ; ces dates leur paraissant trop exagérément prématurées, et estiment ce tarot pour dater plutôt de la fin du XVIIe.

Charly Alverda a trouvé d’autres reproductions du tarot de Rolichon, la plupart de moins bonne qualité que celles du Larousse, mais on y retrouve la date de 1685 confirmée. Ce qui fait néanmoins de ce tarot un exemple fort précoce de Tarots de Lyon au motif dit "de Marseille".

Le tarologue Robert Mealing a aussi à son tour relevé d'intéressantes correspondances entre les images des tarots de Nicolas Rolichon et les tarots de Jean Dodal, et s'interrogea sur les datations de l'un et de l'autre, soulignant quelques détails qui lui font supposer que les Tarots de Dodal pourraient être antérieurs (ou issus d'un modèle antérieur) aux Tarots de Nicolas Rolichon. Les chercheurs ne sont pas encore au bout de leurs peines!

Huck Meyer comme Charly Alverda a relevé aussi nombreuses occurrences avec le nom de Rolichon associé à ce style de cartes dit de "Dodal". Éric Moulins affirment que Jean Dodal était nul autre que Jean Rolichon! L’Historien Luc d’Aubusson confirme qu’un dénommé Rolichon, cartier à Lyon autour de 1680 publiait des taraults, avant que n’exista les éditeurs cartiers Jean Dodal ou Jean Payen. Plus encore, il affirme que les membres de la famille Rolichon furent les tout premiers cartiers en Bourgogne et les premiers aussi à Lyon.

À y regarder de près, il est fort possible que Jean Dodal ait réalisé son tarot "fait pour l’étanger" à partir d’un tarot créé par un des cartiers de la famille Rolichon.

L’Artisan Igor Barzilai tente présentement de reconstitué le tarot de Rolichon, son travail est admirable... (Il propose aussi un magnifique Conver et un Tarot de Blain- une création originale de ce cartier de grand talent). Igor Barzilai s’avère être un artisan d’une grande sensibilité artistique.

Passez voir son site ici :

Cela dit...

Il apparaît que, plus on étudie de près le Tarot de Dodal, plus on s’enfonce dans l’énigme, plus on pénètre dans le labyrinthe de ce dédale.

Et toutes les théories les plus fantaisistes ont été dites au sujet de ce tarot... Mais : et pour cause !

Ce Tarot qu’on dit d’un imposteur! Sinon d’un sacré coquin ! Et toutes ces incongruités, toutes ces embrouillaminis...

Cet énigmatique Jean Dodal qu’on dit d’Avignon !

ÉLÉMENT INSOLITE : DODAL À AVIGNON?


Ce qui est certains c’est que les tarologues et historiens improvisés du tarot, aiment laisser supposer que Dodal venait d’Avignon, ce qui est faux. Ils laissent entendre aussi que Jean Payen venait d’Avignon, ce qui est aussi faux. C’est le petit fils de Jean-Pierre Payen qui s’installera à Avignon plus tard en 1746.

Mais depuis sa création par Jean Dodal en 1701, le modèle de ce jeu sera le modèle que publieront tous les cartiers de la famille Payen (grand-père, père, oncles, fils, petits-fils...), et il sera aussi repris par plusieurs autres cartiers, ne lui apportant que de légères modifications (comme le feront Joseph Chafard, ou François Carajat...).

Le modèle Dodal/Payen, a été produit à Avignon seulement à partir de 1746, alors c’est inutile de chercher les origines du Dodal de ce côté-là... Et encore plus aberrant de vouloir y trouver les "origines du tarot" !

Aussi, en ce qui concerne les origines des tarots, je propose de regarder plutôt du côté de Strasbourg que du côté d’Avignon. Sinon, tout a débuté en Italie. Ce qui s’est passé à Avignon au sujet des tarots est une autre histoire qui relève de la légende.

Les historiens des tarots oublient trop souvent qu’après les tarots dessinés à la main par des artistes - pour satisfaire les goûts ludiques de quelques bourgeois - il y a eu les "tarot des cartiers", c'est-à-dire les "tarots des confrères imprimeurs-graveurs". À partir de l’invention de l’imprimerie, le tarot est devenu une affaire d’éditeurs et d’imprimeurs...

Les Tarots sont apparu en premier en Belgique, en Allemagne, en Hollande, et à Strasbourg, Paris ou Lyon, parce que ce fut les premières villes disposant d’imprimeries!

Les historiens des tarots cherchent le plus souvent à mystifier la vérité, en attribuant l’invention du tarot de Marseille là où il y a des légendes, des fables, et presque toujours ils se basent sur des "suppositions".

L’histoire des tarots est bien connue des imprimeurs-éditeurs informés. Tout commence avec l’imprimerie et la conception des « moules » de bois requis pour fabriquer des cartes.

De fait, pour eux le tarot de Jean Dodal est le plus important de tous !

Cela parce qu’il est la somme de tous les savoirs des cartiers de l’époque. Il marque de grands changements dans l’histoire de l’imprimerie.

Non seulement le tarot fut une inspiration pour les créateurs qui suivront, mais aussi pour les graveurs, pour les imprimeurs, et tous les confrères des métiers en rapport avec le domaine de l’édition.

Pour pouvoir réaliser un tarot comme celui de Jean Dodal, il fallait assurément être un artisan de talent mais aussi "un initié".

Par contre, voilà ce qui déçoit ; c’est d’apprendre que les cartiers, imprimeurs, se souciaient surtout de vendre des jeux de cartes, non pas d’initier le peuple à la divination!!! (S’il vous plait! Soyons réalistes... C’était comme ça, c’est toujours comme ça).

À l’époque les tarots étaient publiés pour les besoins des joueurs ! N’en déplaise aux mystificateurs, qui veulent absolument voir le tarot de Dodal pour être un instrument de divination. Il n’y a rien de plus faux. Le Tarot de Dodal/Payen a été conçu pour le jeu, pour une grande diffusion et pour être populaire auprès de tous... Non pas pour être un instrument de mancie ou de magie.

La divination à partir d’icones ou d’images ou de symboles, existait bien avant les tarots... Cette habitude ne pouvait faire autrement que d’être transposée aux jeux de cartes, taraults, tarock, naibbes, et tous les autres! C’est une habitude, disons très "greco-gallo-romaine", si je puis me permettre de m’exprimer ainsi...

Les tarologues pour la plupart confondent, "histoire de la divination" et "histoire des tarots". L’histoire de la divination est du domaine de la théurgie et est pratiqué depuis la nuit des temps...

Les tarots, c’est une toute autre histoire, qui concerne, les arts et les artisans-confrères. À partir de début du 17ème siècle, l’histoire des tarots est intimement liée à l’histoire de l’imprimerie, des graveurs, cartiers et éditeurs.

L’idée pour les imprimeurs n’est pas de faire la promotion de la divination et de la magie! Leur idée est de parfaire les moules et les techniques d’impression!!!

Ils sont au courant de la provenance des images du tarot, même des superstitions à leur égard et cherchent à en respecté le symbolisme, et la forme... Mais d’un côté, ils doivent chercher à plaire aux clients, et de l’autre ils cherchent à parfaire leurs techniques. Les artisans cherchent surtout à parfaire leur art. Les éditeurs cherchent à se faire une plus large clientèle.

Donc les éditeurs ont du respect pour la tradition des tarots, mais dans la mesure du possible.

Le Tarot de Dodal est l’exemple du tarot parfait pour les graveurs-imprimeurs-cartiers-éditeurs de l’époque. Les moules permettaient d’imprimer des tarots en très grandes quantité et les images avaient été ramenées à leur plus simple expression.

Les éditeurs de cette époque savaient que Jean Dodal était : un nom fictif!!!! Mais ça ne posait pas problème pour eux (tout au contraire).

Ils avaient l’habitude de ne pas dire précisément qui avait créé leur tarot et les artisans confrères utilisaient plutôt des sobriquets.

Ici vous êtes prévenu : chercher les origines du Tarot de Jean Dodal c’est ni plus ni moins se retrouver au beau milieu d’un dédale sans issue!! Donc, ses origines floues sont délibérément voulues de la part de son éditeur.

Il y a un terme que les historiens des tarots n’ont jamais défini (ou évite d’avoir à définir) c’est le terme "cartier".

Qu’est-ce que ce "nom" qui figure fièrement sur une des lames des tarots (souvent le 2 de Deniers) ? Le nom du graveur? De l’imprimeur? Du concepteur? De l’éditeur?

Qu’est-ce qu’un cartier? Qui était Jean Dodal?

Dodal a-t-il conçu son tarot? A-t-il sculpté les moules de bois? Était-il imprimeurs? Était-il éditeurs? 

Une note chez J. Payen dit  : « pour l’imprimeur inscrire : J.Payen, pour l’origine des moules ne donner aucun nom, inscrire le nom d’un graveur-artisan pour garder l’énigme en secret ».

Dodal serait donc un nom fictif! Et si la publication de ce tarot peut être attribuée à la famille Payen, il est plus difficile d’en déterminer la réelle origine. Car apparemment, Payen a imprimé et diffusé le jeu, mais il ne l’a pas conçu et a fait faire ses moules par un artisan quelques part... cet anonyme Dodal?

Ce qui est certains, les tarots de Dodal et Payen sont trop semblables pour ne pas être "le même".

Cela laisse entendre que les moules d’origines ont été créés et sculptés de la même main, ou du moins dans le même atelier.

Pour autant que je sache, Jean-Claude Flornoy a été le premier à mettre les choses au clair, et à indiquer les erreurs qui persistent et se multiplient au sujet de ce tarot. Il a mis le doigt dessus, comme ont dit, et il ne pouvait être plus juste quand il laissait entendre que Dodal et Payen pourrait être "la même personne".

Robert Mealing, un autre spécialiste des tarots, a étudié cette question très sérieusement et a fait des recherches très minutieuses au sujet du Tarot de Dodal. Il en est arrivé à la conclusion que le nom de Jean Dodal était probablement un nom de code pour Jean Payen, or il s’agit de la même personne.

Éric Moulins, un autre grand spécialiste du tarot fait remarquer que sur l’arcane de LA LUNE de tarot de Jean Dodal, les initiales de Jean Payen sont inscrites. Cette trouvaille devrait enfin vous convaincre qu’il y a un lien incontestable entre ces deux individus.

Il ne fait aucun doute à mon esprit que Jean Payen est le créateur du tarot Dodal, spécialement conçu pour le marché d'exportation. Il y a fort à parier qu’il décida de le publier sous le nom d’un énigmatique "Dodal".

ÉLÉMENT INSOLITE : LA PANCES


Une des différences les plus étonnante entre le tarot de Dodal et celui de Payen est le nom de l’Arcane de "LA PAPESSE" remplacé par le terme inusité "LA PANCES".

Le Tarot de Dodal semble être le seul ayant utilisé ce terme pour cette lame.

Sur les tarots publiés par la famille Payen tous les tarots ont pour 2ème arcane une lame nommée "La Papesse". Je le rappelle, le premier tarot ayant été munis de noms fut celui de Jean Noblet.

Les tarots lyonnais de la famille Roblichon affichaient aussi le nom "La Papesse".

Pour ce terme incongru LA PANCES, le Tarot de Dodal s’avère unique. Pourquoi Dodal a-t-il rebaptisé "La Papesse" avec ce curieux nom.

À vrai dire, cela reste encore un mystère. Il y a quelques années, il y a eu des chercheurs qui ont suggéré que cela est du à la mauvaise réputation de cette carte qui posait un problème d’éthique à cette époque. Un personnage comme La Papesse n’est pas vraiment "catholique". Si en France ou en Italie le terme "Papesse" était connu et reconnu pour être une satyre, il est évident que cette appellation aurait pu poser problème en dehors des frontières, et les cartes de Dodal était prévues pour l’exportation, peut-être dans des pays où un personnage comme La Papesse serait malvenue.

Enfin, cette PANCES reste une énigme... Pourquoi ce nom?

Pour un français, "pances" se prononce comme les mots "pensées", ou "pansée" (dans le sens de guérir), ou encore "panse", dans le sens d’un estomac (ventre).

Symboliquement, Dodal voulait peut-être se référé à l’"utérus"... certainement, il voulait éviter d’utiliser le terme "Papesse" pour la version de ce tarot, spécialement destinée, peut-être, pour l’Italie du Nord, où les lames de tarot n’avaient encore été munies de noms jusqu’alors, et aussi où l’autorité religieuse aurait mal vue la venue d’un jeu mettant en vedette un Papesse.

Cette théorie est plausible. Ce qui est certains c’est qu’il a du s’agir, d’abord et avant tout, de raisons commerciales.

ÉLÉMENT INSOLITE :  « LE ROI INVERSÉ ET LE « 4»


Ici c’est l’indice suprême... Le chercheur avisé y trouvera son compte...

Le Noblet propose un EMPEREUR qui regarde vers le futur. Le Dodal propose un EMPEREUR qui regarde vers le passé. Et de plus L’ EMPEREUR du Dodal comporte d’un énigmatique "chiffre 4", ajouté directement sur l’image de la carte, en plus du chiffre romain.


Comme disent les anglais : "listen carefully here..." 

Il n’y a qu’un seul tarot avant celui de Dodal qui comporte aussi de ce fameux chiffre "4", et c’est celui de Jean Roblichon!!! 

ÉLÉMENT INSOLITE :  « LES CAVALIERS »


Jean Dodal TarotJean Dodal Tarot
Jean Dodal Tarot

Revenons brièvement aux « cavaliers » pour une autre brève enquête et finir cet article en beauté...

Ce terme a évidemment une connotation avec le mot "chevalier".

Mais aussi tout simplement "cavalier", et suggère que les images soient regardées avec ce dernier sens à l'esprit.

Le cavalier symbolise et illustre le voyageur infatigable, celui qui a vu au loin, qui rapporte des nouvelles, celui aussi qui part à l’aventure, à la découverte de d’autres pays, de d’autres peuples, d’autres idées, d’autres cultures, d’autres religions... le cavalier, c’est celui qui part, qui reviens ; celui qui est mobile, et qui peut transporter des choses avec lui...

Le Cavalier de Deniers : C’est le routier, le commerçant, le négociant, l’exportateur-importateur de denrées, le banquier le prêteur, l’actionnaire, le représentant, le concessionnaire, le détaillant, l’acheteur, le vendeur, le revendeur...

Le Cavalier de Bâtons : Celui qui diffuse et récolte des connaissances, des savoirs-faire, celui qui chemine sur la voie des apprentissages, le pèlerin, l’artisan, le baladin, l’artiste, l’enseignant, l’inventeur, le messager, le courrier, le coursier, le commissionnaire, le prospecteur, l’investigateur, le l’explorateur, le chercheur, le découvreur...

Le Cavalier de Coupes : Celui qui répand l’amour, la sagesse, et proclame sa foi, celui dévoué à Dieu, à la queste du Graal et qui aspire à une humanité où tous les peuples puissent enfin trouver la paix et vivre en harmonie avec les autres, avec leur environnement et avec eux-mêmes... Il prescrit une vie spirituelle, et cherche à nourrir sa vie spirituelle. Il préconise la générosité, la compassion. Il apprend à donner et à recevoir de manière à ce que cela favorise l’équité, la paix et l’harmonie.

Le Cavalier d’Épées : Celui qui protège, celui qui prend la protection du Juste, qui défend la veuve et l’orphelin. Celui qui, par son courage, sa détermination et sa foi inspire l’héroïsme et la Justice. Le cavalier part au combat pour que la Vérité puisse vaincre sur le mensonge. Si l’Épée est souvent associé à une balance c’est qu’elle représente une arme à deux tranchants. Elle force à choisir un camp. Avec une épée on peu faire le mal ou le bien. On peu s’en servir pour se défendre mais aussi pour tuer ignoblement... Celui qui possède une épée doit peser les pour et les contre, il doit savoir pourquoi il se sert de cette épée, qu’elles idées il défend, qu’elle raisons il se donne. L’Épée donne « le pouvoir de trancher ». (ne dit on pas des "lames" de tarots?).

Entre certaine mains, l’épée est légère pour d’autre elle est un fardeau à porter.

Du reste, le symbole de l’Épée représente aussi l’exploit, la "conquête".

En somme, donc, ici on remarque que les 4 cavaliers sont des sortes de voyageurs qui apportent ou rapportent. Ils recueillent des idées, ou en diffusent.

Grace au "cheval", ils peuvent aborder des contrées lointaines, aborder d’autres cultures, connaitre d’autres idées, faire connaitre leurs idées, ramener des idées...

Le cavalier a l’avantage du "cheval". Un moyen de transport qui lui donne avantage sur les individus "à pied". Cela était très important pour l’époque ! Imaginez un peu à quel point cela pouvait être avantageux de pouvoir se déplacer à cheval ! Et qu’elle vues un "cavalier" pouvait avoir au sujet du monde et des contrées lointaines qui l’entouraient, par rapport à tous ceux qui pour la plupart ne connaîtraient de leur vie, que leur proche voisinage.

L’avantage des "cavaliers" c’est le cheval. C’est le symbole par excellence du "import-export", et du "libre-échange". Il y a tellement de connotation ici avec la chevalerie, l’ère des croisades et les templiers, que je vais m’arrêter ici, et vous laisser méditer à tout ça.

Mais vous êtes sur ce blog pour avoir des secrets, et vous ne serez jamais contenté, alors je vous en fais encore un dernier.


Dodal a indiqué "Fait pour l’Etrange" également sur les arcanes majeurs de LA FORCE et du MONDE. C’est deux arcanes sont fortement associés au monde des voyageurs, cavaliers et chevaliers... pour partir à la découverte du monde il faut de la volonté, du courage, de l’hardiesse (La Force) ; et il faut oser dompter la bête, dompter nos forces...

Quant à l’arcane LE MONDE, ce ne peut être plus éloquent! Le tarot de Dodal prévoyait "conquérir le monde" ! ni plus ni moins!

Ces choix de lames : les 4 cavaliers + La Force + Le Monde, ne semblent pas hasardeux. Il y a ici un indice comme quoi Dodal a délibérément choisi ces arcanes et l’énigme est certainement résolue par le Valet. Car, si le mystère persiste au sujet de l’identité ou des incongruités concernant Jean Dodal ; tous ces éléments renforcent l’idée que Dodal était un artisan-confrère-initié, un petit fin-finaud, plutôt...coquin...

Jean Dodal Tarot

Secret : Le Valet de Bâtons indique la sortie de ce Dédale...

(je n’en dirai pas plus, sinon, bien heureux celui qui comprendra, car, dès lors, il comprendra pourquoi "le secret" existe).

Comme dit l’auteur Félix Picard : « Rien n’est secret, mais il y a un sceaux qui protège les vérités contre les sots ».


LES ÉDITIONS DU TAROTS JEAN DODAL
Il y a eu de nombreuses éditions et versions du tarot dit "de Jean Dodal"

- Jean Dodal : 1701, Lyon
- Jean-Pierre Payen : 1713, Lyon
- Jean Payen : 1718, Lyon
- Jean-Pierre Payen : 1731, Lyon
- J. Payen : 1736, Lyon
- Jean-François Payen : 1743 Avignon
- Joseph Chafard : Marseille 1746
- Jean Payen : 1746, Avignon
- Antoine Chafard : Marseille 1749
- Antoine Bourlion : 1757, Marseille
- Claude-François Carajat : 1786, Marseille
- François Carajat : 1801, Marseille


Éditions et rééditions Modernes du Tarot de Dodal

VERSION : FAC SIMILÉ DES ÉDITIONS DUSSERRE
Tarot de Dodal (1701) – facsimilé des Éditions Dussere


Cette version est la plus authentique du tarot de Dodal. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une copie conforme de l’original. Malgré le vieillissement et les quelques salissures et bavures, ce tarot a gardé toute son expressivité. Ses couleurs sont encore vives. Pour celui qui cherche l’authenticité, voilà le Dodal qu’il vous faut.

VERSION CARTA MUNDI – US GAME SYSTEM


Une version du Tarot de Marseille, redessiné à partir du Tarot de Jean Dodal fut réalisé par Carta Mundi. Non seulement redessiné, mais modernisé et ramené à des coloris pratiquement correspondants à ceux du tarot de Conver de Paul Marteau! Les couleurs sont franches et les détails en sont accentués.


Par ailleurs, on s’étonnera qu’un tarot de facture anonyme soit parvenu à un si bon résultat. Un tarot de Marseille mais basé sur le Dodal. Fallait y penser ! Ce tarot à bas-prix est un des plus réussi sur le marché! Il montre même des ressemblances avec ce que réalisera plus tard Jean-Claude Flornoy dans son projet de redessiné le Dodal. Pour Flornoy par contre il s’agit d’une queste d’authenticité, tandis qu’ici, on nous propose le tarot le plus commun possible, avec des images simplifiées, et des couleurs qui ne correspondent pas nécessairement avec l’original. Mais il s’agit tout de même d’un tarot très intéressant pour les pratiquants de taromancie, ou les joueurs de tarot. Il est simple, clair, efficace et curieusement, très opératif.

VERSION : CHAUDRON MAGIQUE
AUTHENTIQUE TAROT DE MARSEILLE


L'Authentique Tarot de Marseille du Chaudron Magique : Jeu édité en 2011 aux éditions du Chaudron Magique. Ils ont la prétention d’appeler ce tarot "L’Authentique Tarot de Marseille". Un peu fort. Disons plutôt un réadaptation des images du Tarot de Marseille.  Et le mot "authentique" ici est exagéré. Surtout du point de vue de la confection.

Cette version dite "authentique" est en vérité un restauration du Tarot de Marseille basée sur le jeu original de Jean Dodal (Lyon, 1701) ainsi que celui de Nicolas CONVER (Marseille, 1760)... Le style des images est semblable à ce que propose la version de "Carta Mundi".

La particularité de ce jeu est d'être réalisée sur fond noir ce qui fait ressortir les personnages des lames d'une façon exceptionnelle. Mis à part cela, c’est un Tarot agréable à utiliser. Il existe dans sa version en 78 cartes et aussi version 22 Arcanes Majeurs, le jeu est fidèle aux détails mais aussi à la retranscription exacte des noms, numéros et barres verticales en dessous des cartes.

Ce Tarot conçu par les éditions du Chaudron Magique présente les avantages du Tarot de Marseille Camoin, tout en conservant un maximum de couleur de l'ancien Tarot de Marseille, mais surtout il réhabilite les détails qui avaient disparu de l'édition Grimaud. Il s’agit d’une des versions les plus intéressante puisque vous trouverez des détails importants qui ont disparus dans la plupart des version. Entre autre : la présence d’un oeuf sur la carte de la Papesse et de l’Empereur, le nombre de doigts et les deux serpents enroulés au bas de la Tempérance, la prolongation de la rivière sur la carte de L’Étoile, la tête d’un dromadaire et le poisson dans l’eau de l'arcane de La Lune, etc...

Ce jeu à été imprimé en utilisant une ancienne technique d'impression par plaque donne un beau résultat, mais parfois cela peut laisser apparaître des variations de nuances sur le dos parcheminé des cartes. Mis à part ce petit défaut, ce jeu est très beaux et intéressant à utiliser. Aussi, il saura sûrement plaire à certaine personne plus qu'à d'autre (question de goût et d'affinité). 

VERSION DITE « DE NOSTRADAMUS », DES ÉDITIONS HÉRON

Voici un tarot particulièrement inusité proposé par l’Éditeur : Héron-Boécha (Bordeaux France 1984), qui présente ce tarot comme étant celui ayant appartenu à Nostradamus ! Sans gêne, l’éditeur prétend que son "Tarot des Centuries" date de 1550 !


Ce Tarot dit "des Centuries", ou Tarot "de Nostradamus" est un rien de moins qu’un pur fantasme!

Il s’agit en vérité d’un tarot redessiné, et recréée à partir d’un tarot de Jean-Payen. Et il s’agit ici, non pas d’une rénovation du jeu, mais plutôt d’une ingénieuse réadaptation... Un peu comme il est question aussi pour le singulier "Dodal de Carabas" (prétendument créé par le Marquis de Carabas).

Ici, en ce qui concerne ce Tarot des Centuries, les éditeurs de ce jeu prétendent que le jeu a été mis au point par Nostradamus lui-même, ce qui est plutôt une fable! (pure invention et délire).

Les noms de certaines lames ont été changés, prétendument afin de leur fournir une accentuation, dans le sens divinatoire... (ex : Le Bateleur est devenu "Branchus". Apparemment, Branchus était un jeune homme de Milet, en Asie Mineure, auquel Apollon avait accordé le don de prophétie).


Enfin, ce tarot de fausse facture moyenâgeuse est décidément très attrayant. Les coloris sont éclatants, et le dessin est bien réalisé. Par contre il y a un petit "hic". Si ce tarot présente des arcanes majeurs particulièrement réussies, et agréable à utiliser ;  au niveau des arcanes mineurs, ça se gâte. En vérité, il est difficile de pratiquer la taromancie ou de jouer aux cartes avec ces lames! Les dessins sont trop confus, on en perd nos repères. Les arcanes mineurs de ce jeu sont plutôt ratés. Si vous vous servez des mineurs, je vous déconseille ce tarot.

VERSION JEAN-CLAUDE FLORNOY



Le tarot de Dodal a été superbement redessiné par Jean-Claude Flornoy

Jean-Claude Flornoy a redessiné les plus importants tarots dits "de Marseille", dont le Jean Noblet (1650) et le Jean Dodal (1701).

Il a consacré 20 ans à l'étude des Tarots, et s’interressa plus particulièrement à la tradition française des tarots dits "de Marseille".

En 1996, il a entrepris une restauration des tarots les plus marquants de l’histoire des tarots de Marseille. Son but était de redonner ses lettres de noblesse à cette imagerie traditionnelle, de leur redonner vie, dans toute sa fraîcheur originelle. Il a redessiné ses tarots à partir d'originaux conservés à la Bibliothèque Nationale de Paris.

Si le tarot de Dodal est historique, le tarot redessiné par Jean-Claude Flornoy marque aussi un moment important de l’histoire des tarots.


Celui-ci, publié une première fois en 2002 (édition artisanale) et réédité en 2009 (édition industrielle) a véritablement révolutionné notre manière de voir les tarots et a incité plusieurs tarologues et utilisateurs des tarots à revoir leurs idées au sujet du tarot de Marseille.

Évidemment son tarot a fait l’objet d’autant de critiques que d’éloges. Mais surtout il a été un coup d’envoi pour une nouvelle génération de tarot redessinés et rénovés, le début aussi d’une recherche plus sérieuse au sujet des origines et de la symbolique hermétique subtilement caché dans les tarots.


Pour ma part, je n’ai pratiquement que des éloges à faire pour le fantastique travail réalisé par Jean-Claude Flornoy. Il a non seulement redonné vie aux tarots de Noblet, Viéville et Dodal, mais aussi il a redonné un sens et une valeur à l’approfondissement de la taromancie comme de la tarologie.

Ses tarots redessinés sont parmi les plus parfaits en ce qui concerne l’apprentissage du tarot. Je les recommande fortement.

Pour de plus amples informations au sujet des tarots réalisés par Jean-Claude Flornoy, vous pouvez consulter ces sites :

et

(Prochainement je consacrerai un article complet au sujet des tarots réalisés par Jean-Claude Flornoy).

VERSION "PAYEN DES BOURGS"
"TARAULT DES BOURGS"


Cette version hors-norme du tarot Dodal dit "Payen des bourgs", a été conçu à partir d’un tarot publié à l’origine par J. Payen. Ce tarot montre des similarités avec celui dit "de Nostradamus" en ce sens qu’il semble avoir utilisé le même modèle. Comme pour en ce qui concerne le "Nostradamus", les noms sont encore une fois "plutôt inusités". On y retrouve, entre autre "Le Dilemme", au lieu de "L’Amoureux", et "La Foudre" au lieu de "La Maison-Dieu!. On rapporte ici, que ces noms étaient ceux utilisés le plus couramment par les diseuses de bonne aventure à l’époque du 18ème siècle en Bourgogne, dans le sud de la France jusqu’en Italie.

Ce tarot dit-on était une des versions qui circulait en Bourgogne autours de 1745. Ce qui fait dire qu’il s’agissait d’un tarot de JP Payen. Et à cette époque ce tarot était commun et surnommé "tarault des villages" ou "des bourgs". La reproduction de ce tarot hors-norme, ici proposé par les Éditions de la Clef, est énigmatique, et pique vraiment la curiosité.

Malheureusement, ce tarot qui est produit à petit tirage, par une petite maison d’édition artisanale en Nouvelle-Écosse (au Canada), est plutôt difficile à se procurer. Si je n’en avais reçu une copie en cadeau, je ne croirais pas qu’il existe ! Je ne suis pas parvenu par la suite à joindre son créateur, ni son diffuseur. Je sais par contre qu’il est en circulation dans certaines école de tarot et qu’une maison d’édition songe à le réédité à plus grand tirage. Donc, je vous tiens au courant... Mais pour le moment on parle ici d’une pièce de collection.

VERSION PABLO ROBLEDO



Un autre tarot de Dodal redessiné. La version la plus superbe qui soit ! C’est à se demander s’il s’agit bien d’un Dodal. À n’en point douter, sa version est plus belle, plus somptueuse que l’originale ! Les illustrations élevées au rang des beaux-arts. Cette édition intéressera surtout le collectionneur qui cherche à la fois authenticité, grande qualité et luxe. Le dessin est parfait, les coloris sont magnifiés, les techniques d’impression, les papiers, la coupe des lames... tout est fait avec le plus grand savoir-faire.


Par contre, les tarots de Pablo Robledo sont assez dispendieux et difficile à se procurer. Cartier argentin, résident de New-York, plutôt difficile à joindre, mais absolument sympathique et très avenant. Sa manière de faire me plaît beaucoup. Il créé ses tarots en catimini. À petit tirage. Et de plus, il les réserve à une clientèle qu’il favorise, qu’il laisse venir à lui, et qui ne peut être que satisfaite par son travail. Il n’a pas des aspirations seulement mercantiles. Il se souci de la magie des tarots autant que de leur authenticité. Il réalise ses tarots dans le plus grand respect de la tradition mais aussi, les vends d’une manière respectueuse, honnête et personnalisée.

(Prochainement je consacrerai un article complet au sujet des tarots réalisés par Pablo Robledo).

CONCLUSION

Tous les Tarots de Dodal/Payen disponibles sur le marché sont recommandables, pour la plupart. Mais si vous vous servez des arcanes mineurs je vous conseille d’éviter les anciennes versions (fac-similés) et le Tarot de Nostradamus, car leurs illustrations portent trop à confusion. Je conseille plutôt de vous en remettre aux tarots redessinés (Carta Mundi, Flornoy, Robledo...), parce que leurs versions proposent des arcanes mineurs plus lisibles et d’autant plus opératives.

Le "Tarot Dodal", qui date des alentours de 1700 a été conçu par "Jean Dodal", "imagier" à Lyon. Le pseudonyme compagnonnique de "Jean Dodal" (et son allusion à Dédale), utilisé par ce maître imagier, témoigne de son appartenance au courant traditionnel occidental (ésotérisme chrétien, kabbale, astrologie, compagnonnage...).

Ce tarot est à la fois un magnifique instrument divinatoire, un livre d'enseignements cryptés (contenant des enseignements de kabbale, d'astrologie, d'ésotérisme chrétien, d'architecture et de symbolisme, ce qui en fait un véritable fil d'Ariane de la voie spirituelle et initiatique occidentale) et un support de méditation.

C'est de fait, un des seuls tarots incontestablement traditionnels que l'on peut trouver sur le marché. Le Tarot Dodal est (avec le Tarot Noblet) le Tarot que je conseille le plus vivement aux chercheurs d’authenticité.

Du reste, il faut considérer les Tarots dits "de Dodal" pour être parmi les plus "opératoires". La plupart des rééditions et rénovations du Tarot de Dodal, sont des Tarots qui font preuve de magie.

N.B. : cet article a été fait à partir d'extraits du livre "Origines Secrète des Tarots", Walter Boralis, aux Éditions du Solstice, 2012
© Walter Boralis, 2012