Cette carte symbolise l'évolution secrète des choses. Elle symbolise une des premières étapes dans l’acquisition de la connaissance, avant même la recherche et le développement personnel. Avec Le Bateleur, La Papesse symbolise les deux axes sur lesquels l'homme doit se développer : le monde de l'action physique et le monde de l'esprit.
C'est une carte positive... son action ne se situe pas dans le monde matériel mais, plutôt dans tout le coté mystérieux et secret. La Papesse agit mentalement. Elle exprime plutôt la croissance intérieure et tout ce qui touche à l'esprit. Toutes choses arrivent lentement après maturation, après un long processus de transformation secrète et cachée du monde.
La carte est dotée de toutes les qualités et valeurs féminines (la patience, la constance, la fécondité, la prudence, la modération). Le consultant obtiendra un résultat positif à la question mais seulement après une longue période de maturation des événements.
Elle annonce la réflexion, elle est l'antithèse de l'excès, de l'emportement. Tout doit être contrôlé, canalisé.
DANS LE SENS ÉLÉMENTAIRE
Mots-Clés : Introversion, Concentration, Intuition, patience, méditation, stabilité, secret, prudence, harmonie, réserve, attente confiante, bienveillance, clairvoyance, bonne influence de l'esprit, succès par le travail, paix, sérénité. Sécurité, protection, aide d’une femme ou d’un maître
Cette carte est signe de réflexion, de patience et de temps.
Elle peut venir signifier un blocage, des projets au point mort ou ralentis.
SENS POSITIF
Cet arcane est symbole d’intuition et d’inspiration mais aussi de fécondité. Les choses sont harmonieuses, sereines avec la Papesse. Des valeurs telles que la prudence et la patience lui sont rattachées.
Tirage amoureux : union sereine, rencontre ou relation avec une personne qui apporte de la sagesse et l’équilibre.
Tirage professionnel : réussite professionnelle en lien avec la persévérance, le travail et l’effort intellectuel.
Tirage financier : développement possible, expansion par la réflexion personnelle.
Tirage vitalité : équilibre entre le corps et l’esprit, méditation et techniques de relaxation favorisées.
Message de l’arcane : la Papesse vous alerte sur le fait qu’il ne sert à rien de se lancer dans l’action à corps perdu. Soyez sage. Il est aujourd’hui nécessaire de prendre le temps de la réflexion, de prendre du recul sur les projets qui vous tiennent à cœur. Les perceptions d’autrui ne sont pas à négliger. Restez donc à l’écoute de votre voie intérieure et des personnes en qui vous avez toute confiance.
SENS NÉGATIF
Cet arcane est symbole de secrets, de silence, d’attente. Elle évoque aussi la passivité et les difficultés à aller vers l’action.
Tirage amoureux : difficultés de communication, doutes, cachoteries du conjoint, nostalgie.
Tirage professionnel : blocage dans le travail, difficultés pour mener à bien un projet.
Tirage financier : attention aux offres trop alléchantes, perte d’argent possible. la carte indique la peur de la chute économique, l’incapacité de gérer les biens matériels, le manque d’initiative et une attitude difficile contre les lois.
Tirage vitalité : manque d’énergie, surveillance gynécologique à ne pas négliger, irritabilité.
Message de l’arcane : la Papesse vous met en garde contre les propositions trop alléchantes, contre les miroirs aux alouettes. Soyez sur vos gardes et tentez au maximum de clarifier ce qui doit l’être dans votre vie, dans vos relations avec les autres. Ne restez pas sur des situations floues, des incertitudes.
En péjoratif, cette femme peut s’avérer manipulatrice avec son entourage. La Papesse manque de spontanéité. Son expression est réfléchie, préparée à l’avance. Elle est stratégique. De l’extérieur, on la perçoit comme étant renfermée, mystérieuse, secrète ou timide ou encore, hautaine.
OPTIQUE « ÉVOLUTION PERSONNELLE »
La prêtresse est le reflet de notre quête intérieure. Cela peut être celle de l’âme sœur ou sur le sens de la vie, un changement de milieu ou une interrogation sur des valeurs acquises ou tabous. Cette lame est placée sous le signe du savoir. Période d’introspection, d’attente, de gestation…
La carte de la Papesse symbolise le discernement, l’intelligence, l’intuition, les choses que personne n’observe c’est-à-dire l’inconnu et les choses secrètes. La carte suggère la passivité, la compréhension, l’observation et le désir de connaitre tous les mystères du monde et de la société.
On sent la connexion avec la conscience collective du monde. Le sujet est inspiré.
La sagesse se manifeste et vient influencer tous les domaines : artistiques, ésotériques, Professionnel, amoureux…
La Papesse représente le mystère et la connaissance. C’est une personne qui connaît tous les secrets du monde et de la science et elle suggère l’avenir qui n’est pas développé.
Dans le Tarot, cet Arcane signifie que dans votre présent ou dans votre avenir, une personne mystérieuse va influencer toutes vos actions et toutes vos attitudes. La carte indique certains secrets que vous ne voulez pas montrer et la Papesse est une carte importante pour le Tarot et pour les sciences ésotériques.
La Papesse est un élément féminin dont la force est constituée sur l’équilibre et sur la précision. C’est un génie qui a la force et le courage de se développer.
Cet Arcane est le symbole d’un nouveau départ, et il suggère que l’existence n’a pas d’autres objectifs que de s’épanouir et de se réaliser. Dans le Tarot, le Bateleur est un personnage actif alors que la Papesse suggère l’énergie passive. L’Arcane de la Papesse exprime la capacité des choses à se développer dans un monde mystérieux. C’est « la gestation » des idées avant de passer à l’action (L’IMPÉRATRICE) vers la concrétisation (L’EMPEREUR)...
LA PAPESSE dirige souvent vers des domaines inexplorés, voire des domaines interdits et elle attend toujours le développement... La carte de LA PAPESSE représente les aspects mystérieux, obscurs et interdits de la connaissance et elle montre que les secrets ne peuvent pas être forcés en fonction du désir de chacun et que personne ne peut connaitre les secrets avant d’acquérir la sagesse nécessaire.
La Papesse veut toujours faire connaître le mystère des "destinées", elle contribue au développement sur le plan matériel et sur le plan spirituel, elle réfléchit et elle rêve. Dans le Tarot, cet Arcane représente une force imposante et ses plans pour la conscience sont plus forts que la capacité de comprendre.
C’est un personnage imposant qui indique certaines idées, qui nous force à la conscience et à dépasser les frontières que nous imposent nos concepts. La Papesse est la reine du symbolisme sur les trois plans : le physique, l’émotionnel et le spirituel car elle représente la capacité de réaliser et d’observer.
L’image de la carte symbolise une totalité harmonieuse, l’orientation spirituelle vers certaines valeurs spirituelles. La Papesse revendique une foi absolue, et préconise un amour inconditionnel, dans le sens de l'épanouissement et du plus souhaitable accomplissement.
OPTIQUE THAUMATURGIQUE
LE CHIFFRE 2
Le nombre de l'arcane la Papesse est II soit, 2. Ce nombre est considéré comme le premier nombre agissant. Le nombre 2 est passif, donc féminin. 2 est symbole de la matière brute, de la terre et, par association, de la mère.
Graphiquement, 2 est figuré par un trait ou une barre. 2 sépare, divise. Ce nombre est symbole qui stimule la réflexion... 2 est le germe de tout mouvement, toute manifestation, tout progrès.
De façon ambivalente, 2 incite à la créativité comme à la déchéance. 2 représente la dualité. Ce nombre symbolise l'épreuve, l'opposition et la rivalité ou alors l'union, l'alliance.
Le Chiffre 2, la Papesse, la Conscience du Ternaire Divin ; dans l’Ennéade Héliopolitaine le Deux est Shou.
C’est surtout la polarisation des puissances du Un en magnétisme sexué de l’eau génératrice ; la matrice universelle qui féconde le germe universel de la semence des principes du Un ; le pouvoir végétatif de toutes choses, tant organique, matérielle ou spirituelle.
Les reflets de la Lumière que ce Nombre Deux par sa polarisation, va séparer en une infinie et chatoyante diversité. Le Nombre Deux est la puissante énergie sexuelle (la Kundalinî) qui par son mouvement sera l’animateur des formes. Cette énergie sexuelle est souvent figurée par les deux serpents qui s’enroulent autour du bâton d’Hermès dans le symbole du Caducée.
Ce Nombre Deux est féminin dans le sens où l’entendent les Tables de la Loi c’est-à-dire comme étant une faculté volitive. Et comme le disait Eliphas Lévi c’est :
la femme qui doit écraser la tête du serpent, c’est l’intelligence qui surmonte toujours le courant des forces aveugles.
Mais nous avons aussi vu dans le premier tome, que ce Nombre deux s’il est féminin par rapport au Nombre Un, est masculin par rapport au Nombre trois qu’il féconde ; chaque Nombre possédant cet androgynat qui s’exprime en polarité différente suivant le Nombre qui le précède ou qui lui succède.
Le Nombre Deux c’est aussi le Yin et le Yang, dont la représentation dans les trigrammes de Fohi fait l’unité par le trait plein le Yang, et le Yin, le binaire par deux demi-traits.
C’est aussi les deux colonnes symboliques du temple cabbalistique de Salomon Jakin et Bohas que nous retrouvons dans la représentation hiéroglyphique de la lame du livre de Thot et qui figure derrière le trône de la Papesse. Ces deux colonnes sont le principe de dualisation de l’essence homogène divine en deux bases fondamentales dont l’une est la nécessité (Destin) et l’autre la liberté (Providence). Le binaire sera donc la condition incontournable de toute manifestation ; tout est double dans la création et ce qui en est le principe unificateur c’est le troisième terme qu’engendre cette dualité et qui est l’analogie des contraires.
La Lune, le double de la lumière solaire sur le plan planétaire, sera la manifestation symbolique du pouvoir fécondant de cette Matrice universelle qui est la souveraine de cette puissante énergie sexuelle qui serpente en toute chose. La semence exprimera la vie grâce aux interventions du céleste, et des alchimiques noces du SOLEIL et de LA LUNE.
LA PAPESSE est la Vouivre.
Le Nombre Deux est le binaire qui est la source du choix et de la liberté, mais aussi de la révélation.
La vérité pour se manifester à la conscience doit avoir un doute possible ; la lumière n’est identifiable que par l’ombre qui la contraste ; on ne prend conscience d’une chose que par l’existence de son contraire ; le verbe est double exotérique et ésotérique, en cela la Papesse dans sa figure hiéroglyphique de la lame du livre de Thot est justement à demi voilée, et tient dans une main un livre à moitié ouvert et dans l’autre deux clés, le sens signifiant et le sens cachant.
SYSTÈME BINAIRE
Le système binaire est un système de numération utilisant la base 2. On nomme couramment bit (de l'anglais binary digit, soit « chiffre binaire ») les chiffres de la numération binaire positionnelle. Ceux-ci ne peuvent prendre que deux valeurs, notées par convention 0 et 1.
C'est un concept essentiel de l'informatique. En effet, les processeurs des ordinateurs sont composés de transistors ne gérant chacun que deux états.
Un calcul informatique n'est donc qu'une suite d'opérations sur des paquets de 0 et de 1, appelés octets lorsqu'ils sont regroupés par huit.
Maintenant, essayé de concevoir que tout ce qui apparaît sur les écrans de vos ordinateurs, sont les résultats d’infinies combinaisons entre seulement deux chiffres...
LE YIN & LE YANG
Dans la philosophie chinoise, le yin (traditionnel : 陰, simplifié : 阴 ; pinyin : yīn) et le yang (traditionnel : 陽, simplifié : 阳, pinyin : yáng) sont deux catégories complémentaires, que l'on peut retrouver dans tous les aspects de la vie et de l'univers. Cette notion de complémentarité est propre à la pensée orientale qui pense plus volontiers la dualité sous forme de complémentarité.
Le symbole du Yīn et du Yang, le tàijí tú (souvent entouré de 8 trigrammes) est bien connu dans le monde occidental depuis la fin du XXesiècle. Le yin représente entre autres, le noir (ou souvent le bleu), le féminin, la lune, le sombre, le froid, le négatif, etc... Le Yang, quant à lui, représente entre autres le blanc (ou souvent le rouge), le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur, le positif, etc... Cette dualité est également associée à de nombreuses autres oppositions complémentaires.
Dans la cosmologie chinoise, Yin et Yang sont deux entités qui suivent le souffle originel qi à l'œuvre dans toutes choses.
Par exemple, pour les caractères chinois simplifiés :
le caractère Yīn (阴) est associé à la Lune (月) qui représente la part féminine de la nature ;
le caractère Yáng (阳) est associé au Soleil (日) qui représente la part masculine de la nature.
Certains ont proposé que les termes yin et yang viendraient des mots sanskrits linga et yoni. Néanmoins, ils apparaissent avant l'introduction du bouddhisme (véhicule de la culture indienne) en Chine.
On les trouve en effet au chapitre 42 du Dao De Jing :
« Le Dao donne naissance à l'un, l'un au deux, le deux au trois, le trois aux dix mille choses et êtres, les dix mille choses et êtres supportent le yang et embrassent le yin ».
Le symbole yin-yang, appelé en Chine « poissons yin et yang », forme la plus répandue du tàijítú des taoïstes et des néo-confucianistes, représente le Tao résultant de la dynamique de ces deux principes, l'unité au-delà du dualisme.
Curieusement, LA PAPESSE est l’Enseignante et la Gardienne des secrets du tarot... Elle tient dans ses mains le Livre et les Clés des Secrets des Arcanes... LA PAPESSE est sans aucun doute la représentante du Tarot... Mais TAO et TAROT serait-il de même origine? Du moins, leurs enseignements et leur utilisation sont similaires... N’est ce pas deux outils de divination ? Ne permettent-ils pas tous les deux de nous engager sur la voie de l’évolution et de l’épanouissement personnel? Ne permettent-ils pas toutes deux d’avoir accès aux voix de l’astral, ou aux secrets des destinées?
Analyse des idéogrammes Yin et Yang [PDF]
Le « TAO »
Tao est un terme de philosophie chinoise (en caractère chinois 道, dào signifiant « voie, chemin » ; prononciation en pinyin de mandarin : dào, en shanghaien: do; prononcé dō en japonais et do (도) en coréen).
Le tao est la force fondamentale qui coule en toutes choses dans l’univers, vivantes ou inertes. C'est l’essence même de la réalité et par nature ineffable et indescriptible. Il est représenté par le taìjítú, symbole représentant l’unité au-delà du dualisme yin-yang soit respectivement l'entropie négative et positive. Le Tao a été édifié ou systématisé dans le texte Tao Tö King attribué à Lao Tseu.
Le tao peut être considéré comme la matrice préalable au sein de l'univers au passage du qi ou souffle originel, précédant la parité binaire du yin-yang. Il est au cœur des conceptions éthiques chinoises (le mot "daode", morale, en est issu), généralement considérées comme une pragmatique du juste milieu, ou du choix propice.
Le tao est la notion maîtresse à l'œuvre dans le taoïsme, philosophie et voie spirituelle chinoise, le confucianisme y fait référence aussi (on utilise parfois abusivement le terme Tao pour dénommer le livre de Lao Zi, le Dao De Jing ou "classique du Dao"). Il est souvent traduit par « le principe ». Par extension, un grand nombre de pratiques et d'arts ou artisanats orientaux ont comme suffixe le mot "dao", "l'art de" : "cha dao", l'art du thé, "kongshoudao" ou "karaté-do", "l'art de la main vide" et ainsi de suite.
Les arts martiaux chinois sont un moyen pour parvenir à cette unité entre les deux principes et avancer sur le tao. Par métonymie un tao est un enchaînement de mouvements, le chemin menant à la maîtrise de l’art et donc vers l'unité. En chinois, on appelle également lu ce type d'exercice (voir aussi le mot japonais kata).
Le terme tao peut aussi désigner la voie des mercenaires ou voie du guerrier, le wushutao, plus connu sous son nom japonais en Occident, bushido.
Au Japon, sur le même principe initial, c'est aussi la « voie » à suivre pour maîtriser un art qui mène vers l’unité. Le même idéogramme, le kanji (dō), est généralement utilisé en suffixe dans les nom d’arts martiaux japonais : karatedō, aikidō, kendō, jūdō, budō, iaidō, kyūdō, etc., mais aussi le kadō « voie des fleurs », autre nom de l’ikebana, l’art de l’arrangement floral nippon, ou le shodō « voie de l’écriture », la calligraphie japonaise.
Lao Tseu disait : "Le Tao que l'on peut nommer n'est pas le Tao". Le taoïsme est avec le confucianisme la forme de pensée la plus originale en Chine et dans certains pays d'Asie. Les concepts qui y sont reliés ont joué un rôle central dans le développement des sciences chinoises. Il met en évidence un choix de pensée non-discursif et non-analytique qui peut paraître obscur aux modes de pensées occidentaux plus cartésiens : exactement à l'opposé du point analytique idéal proposé par Bergson, qui conférerait au langage un angle objectif sur le réel.
道 Dào est un mot de langue courante. Il signifie « route, voie, chemin ... » tout aussi bien que « dire, expliquer, ordre, règle, doctrine ... ». Ces deux sens se retrouvent déjà dans le shījīng (ou Livre des odes) « le classique des vers » (-1000~-500).
Ce livre réputé le plus ancien a bien résisté aux copistes car ce ne sont que des poèmes. Autrement dit, si dès cette époque, le nom « voie » et le verbe « expliquer » correspondent au même caractère, il faut accepter les deux sens, en même temps, sans en choisir un dont se déduirait l'autre.
Un matérialiste pourrait dire que le nom chemin devient doctrine par métaphore, un idéaliste pourrait rappeler qu'à cette époque une route est un acte civilisateur, c'est certainement intéressant pour enrichir le sens, pourvu qu'une direction ne prime pas sur l'autre.
Le très attentif Marcel Granet a repéré un usage un peu particulier dans le poème 245, 生民, Sheng Min.
Hòujì 后稷, de jì « millet » est un enfant de naissance merveilleuse, qui résista à tous les périls où il fut exposé. Au paragraphe 5, le vers 1 donne du mal aux traducteurs, on y trouve la caractère 道 Dào, dans une phrase disant à peu près : sait « aider la nature » à pousser.
PHILOSOPHIE DU DAO
"Sur la Voie [Dào], il n'y a aucune question à poser, aucune réponse à donner. Celui qui pose malgré cela des questions, pose des questions spécieuses, et celui qui répond quand même se place hors d'elle. Celui qui se place en dehors pour répondre à des questions spécieuses, celui-là ne verra pas l'univers qui est autour de lui, il ne connaîtra pas la grande Source qui est au dedans. (Tchwang-Tseu)
LA PAPESSE ET LA VOUIVRE
La Maîtrise de la Vouivre
On appelle du nom de Vouivre les courants d'Énergie tellurique qui innervent la Terre-Mère, qui lui donne son souffle, sa chaleur, afin de nourrir tous les êtres vivants qu'elle recèle en son sein. Elle est cette énergie fantastique à laquelle on imputait la crue des fleuves, les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, les forces terrifiantes de l'érosion qui sculptent les paysages, énergie personnalisée par Gargantua et tous les géants mythiques de nos provinces.
Elle est cette Énergie qui colore les sources que l'on dit guérisseuses. Les hommes, de tout temps, l'ont représentée sous la forme du Serpent-Dragon souterrain.
En parcourant l'échine de la Terre, elle aspire à rejoindre son complémentaire, c'est-à-dire l'Énergie Cosmique. Tout ce qui vit entre Terre et Ciel est voué à ces deux formes d'énergies, et l'Homme est le pivot, le lien les rassemblant et les unissant en lui. Cela lui est fort difficile car les énergies de la Terre sont chaotiques et ce Feu peut détruire et dévorer celui qui n'en a pas la maîtrise.
Aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps, l'on s'aperçoit que le Serpent et le Dragon jouent un rôle décisif dans toutes les civilisations, de l'Orient à l'Occident, et qu'il est à l'origine des anciens cultes dédiés à la Terre-Mère.
Ce mot de Vouivre, d'où vient-il? Henri Dontenville nous donne son origine:
« La Vouivre ou Guivre aurait été primitivement un "serpent de feu" et non un serpent d'eau. » Le Dragon-Vouivre qui l'image est abondamment représenté sur les chapiteaux et les porches de nos églises romanes, dans les enluminures des manuscrits du Moyen Age, dans les énigmatiques dessins qui ornent les ouvrages hermétiques et principalement les traités d'Alchimie.
Pendant très longtemps eurent lieu dans nos villes des fêtes et des processions en l'honneur du Dragon pour les Rogations. Mais quel secret peut-il nous révéler encore aujourd'hui?
Les païens, les anciens, voyaient le Dragon-Vouivre dans ses deux aspects, bénéfique et maléfique, comme dans nombre d'autres civilisations d'ailleurs. C'est la dualité du christianisme qui a disjoint l'ancienne unité, « la bête ne gardant que l'aspect maléfique, la sainte représentant l'aspect bénéfique. » Car le Dragon est-il essentiellement obscur?
« Il obscurcit autant qu'il le révèle, l'ordre universel, il l'obscurcit pour le révéler. Lieu où la nature se joue, il est l'énigme qui donne à l'homme la chance de parvenir à la connaissance en dehors des voies puériles où s'égare l'illusoire besoin de disjoindre, pour le comprendre, ce qui est un. »
À ce Dragon, nous disent les anciennes légendes, on offrait des sacrifices, parfois humains, sous la forme le plus souvent d'une vierge. Vient alors le Chevalier, le Héros, le Saint ou la Sainte qui soumet le Dragon et délivre la Femme prisonnière.
C'est là, morcelée, l'image de l'Unité perdue, la Femme représentant la juste réceptivité, le Dragon l'énergie vitale qui, tous deux, sont nécessaires au Héros pour qu'il puisse accéder à la royauté véritable.
La légende de saint Georges est le modèle de beaucoup d'autres : il soumet le dragon et délivre la fille du roi de Lydie qu'il tenait prisonnière.
Armoirie de la Famille Visconti
(détentrice du plus vieux Tarot)
Nous proposons donc de retrouver la compréhension de cette ancienne imagerie. L'homme qui ne maîtrise pas le Dragon-Vouivre est dévoré par lui. C'est ce qu'on voit sculpté sur tant de chapiteaux romans: hommes mordus par la bête, dragons à tête humaine, ou inversement, humains à corps de dragon.
Celui qui a vécu l'initiation dans l'antre de la Vouivre, dans la caverne, dans le ventre de la baleine (comme Jonas), ou du dragon, en ressort régénéré.
Pierre Gordon, dans « Les Racines sacrées de Paris et les Traditions de l'Ile-de-France » nous parle des initiations néolithiques qui eurent lieu dans les cavernes et les grottes...
Le néophyte était englouti, digéré par la Mère Ogresse, la Mère Noire, leur faisant vivre une mort initiatique pour trouver « la Fontaine de Radiance ».
Il dompte alors la Vouivre et, parfois, on le représente chevauchant le Dragon, la Bête, ou bien, à l'image de saint Michel, il maintient de sa lance le Dragon-Vouivre à sa juste place, comme saint Paul évêque, à Lampaul-Guimilliau (Finistère), avec sa crosse épiscopale.
C'est cette maîtrise qu'imagent les multiples saints représentés avec les pieds sur le dragon comme sainte Marguerite (Lucéram, Alpes-Maritimes), sainte Marthe (Tarascon), sainte Radegonde et saint Hilaire (Poitiers), saint Front (Périgueux).
Ne voit ont pas apparaître aussi des images qui s’apparentent aux arcanes du Tarot, comme, entre autre, LA FORCE (le héro qui combat la bête), LAME SANS NOM (mort initiatique du héro)
Le Dragon-Vouivre, dont l'énergie est nécessaire à l'homme, n'est pas à confondre avec cet autre Dragon aux mille têtes, l'Hydre, qui, lui, représente l'ego inférieur qui doit être tué. Il faut trancher toutes les têtes de l'Hydre d'un seul coup, toutes les pensées déviées du mental humain, pour que les Énergies Cosmiques fécondent en l'Homme les Énergies Telluriques et agissent en lui par la Voie du Cœur.
Cette étape est imagée par le saint ou la sainte dont la tête est coupée, mais qui, cependant, la tient bien en main. Dans les hagiographies, le saint céphalophore suit alors le chemin de la Vouivre, sans interférence d'ego, et va la déposer sur l'autel de la Vierge ou au lieu de sa sépulture. En lui, la Vouivre est fécondée par l'Esprit, c'est la Pentecôte et « la Grâce de la Mère Primordiale (..) octroie le Serpent Primordial ».
Dans toutes les traditions, celui qui tient en main sa tête tranchée est celui qui a fait le retour à l'Unité.
Le catholicisme a souvent enfermé l'homme dans la dualité, il a disjoint ce qui est Un en réalité, oubliant que le puits ou la source sacrée, le dolmen, la grotte sur laquelle l'église est construite, sont des anciens lieux de culte à la Terre-Mère, à la Déesse-mère, au Serpent.
Il a, très souvent, comblé les anciens puits, muré les cryptes, détruit les labyrinthes des cathédrales, sorti la Vierge Noire de sous terre pour l'exposer à la lumière.
Henri Vincenot rétablit la continuité et n'invente rien lorsqu'il fait dire au Pape des Escargots qui fouille avec Gilbert, le sculpteur inspiré, sous les ruines de l'église romane : « Nous avons même trouvé le puits celtique, et la statue de la Vierge-Mère, symbole de la terre qui enfante (..) avec les pieds sur la tête du serpent qui est la Vouivre. »
La christianisation, en renversant menhirs et dolmens, en combattant les anciens cultes, a coupé l'homme de ses racines. C'est ainsi que Gargantua, ce géant débonnaire symbolisant l'Énergie de la Vouivre dans ce qu'elle a justement de gigantesque, a été christianisé en saint Gorgon et, dans le même temps, a été diabolisé, les lieux de Gargantua étant rebaptisés roches du diable, gouffres du diable?
C'est ainsi que Mélusine, la femme à queue de serpent, Mère Lus, Mère de la Lumière, qui arbore l'Escarboucle, est souvent, dans l'imagerie chrétienne, celle qui tente Adam et Ève sous le pommier. Elle est christianisée en sainte Vénice ou sainte Véronique, et diabolisée en même temps.
Véronique, Véronne (identifée à Bérénice par la tradition chrétienne orientale) est un personnage de l'époque néo-testamentaire, dont la légende s'est développée entre le viie siècle et le viiie siècle sur le modèle de celle de l'Image d'Édesse (ou Mandylion).
Dans sa version la plus connue, il s'agit d'une femme pieuse de Jérusalem qui, poussée par la compassion lorsque Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha, lui a donné son voile pour qu'il pût essuyer son front. Jésus accepta et, après s'en être servi, le lui rendit avec l'image de son visage qui s'y était miraculeusement imprimée (d'où la croyance du voile de Véronique). L'iconographie chrétienne représente traditionnellement Véronique tenant un tissu où s'est imprimé le visage de Jésus.
Venice pourrait aussi être la christianisation de Vénus, déesse romaine de la féminité, vénérée en Gaule.
Elle est toujours représentée dans sa baignoire, dénudée, ce qui est rare dans la chrétienté.
Morgan la fée se voit condamnée comme sorcière et les « Morgane » sont brûlées par l'inquisition, mais elle laisse place à sainte Marguerite qui, comme elle, est Mère Guérisseuse par le Dragon, la Vouivre, l'Énergie de la Terre-Mère.
Souvent la Vierge blanche écrase ou piétine le serpent tentateur de la Genèse alors que la Vierge Noire a comme attribut le serpent, elle qui symbolise dans la crypte ou dans la grotte, la Lumière Noire, « la lumière du non-manifesté ».
Mais les anciens nous montrent souvent l’unité sous-jacente, « les racines chtoniennes de la divinité », selon l’expression de A. K. Coomaraswamy.
C'est ainsi qu'à Brennilis (Finistère), la statue de la Vierge Marie, « Notre Dame de Bréac Ellis », a sous ses pieds, Mari Morgane la Serpente.
Or, en bougeant la statue pour refaire les dorures, l'on s'est aperçu récemment que la queue de la serpente rejoint la natte de la vierge dans son dos sans que l'on puisse faire la distinction.
En regardant attentivement l'admirable peinture de « l'arbre de Jessé » qui se trouve dans l'église de Saint-Thégonnec (Finistère), l'on peut voir que Jessé rêve, endormi, dans les replis du corps de Mélusine ! (L’arbre de Jessé est un motif fréquent dans l'art chrétien entre le xiie et le xve siècle : il représente une schématisation de l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David.)
Les hommes et les femmes, les dieux et les déesses à queue de serpent sont fort nombreux dans toutes les civilisations, dans toutes les traditions, sous toutes les latitudes. Mais mieux encore, nous pouvons voir aussi des couples enlacés, homme et femme à queue de serpent.
On peut ainsi mettre en parallèle un couple sculpté sur le porche latéral de l'église de Bodilis (Finistère) avec le couple que forme Fou-hi, l'inventeur des huit trigrammes primitifs du Yi King, héros civilisateur chinois, avec son épouse-sœur Niu-koua, créatrice des hommes après le déluge et héroïne victorieuse du dragon Kong-kong.
On trouve aussi de nombreux couples de Nâgas enlacés dans la statuaire indienne. Et l'on peut voir au Musée Guimet à Paris, dans la salle khmère, imageant le même processus de façon lapidaire, un couple androgyne sortant de la gueule du dragon Makara, homme et femme enlacés et souriants.
L'Homme ne peut être fécondé par l'Esprit que s'il garde ses racines, c'est-à-dire les pieds sur terre, et acquiert la parfaite maîtrise de l'Énergie du Dragon-Vouivre. Lorsque cette Énergie ne rejoint pas, dans le Cœur de l'homme, les Énergies d'En-haut, elle est déviée et induit les maladies du corps physique chez l'individu, celles du corps social dans la collectivité, et, par contre-coup, celle de la Terre-Mère : « Chaque fois que l'Énergie dans le mouvement ascendant se propulse, elle échoue sur le mur aride de l'ignorance pour redescendre, déviée, et se véhicule alors dans tous les sens en formant un labyrinthe dont il est difficile de sortir. »
Cette énergie est vitale et participe au processus alchimique lors des Noces du Soleil et de la Lune, du Roi et de la Reine, c’est à dire des opposés complémentaires.
La vouivre, symbole universel
Débordant toutes ces formes, la Vouivre est « La Mère Universelle », c’est-à-dire « la Nature naturante », « la Source », « le Principe d’avant la Manifestation. C’est l’Énergie tellurique qui anime tout être vivant issu de la Terre. Ainsi, la Vouivre est partout, qui se glisse sous telle ou telle forme proche ou lointaine : le Dragon ; la Mère-Grand des contes de fée (et ses dérivés sonores : Margot, Morgane, Mélusine…) ; le Géant (Gargantua) ; la Déesse-mère des religions païennes ; la Vierge noire des cryptes souterraines… ; etc...
Elle est mâle et femelle à la fois, Androgyne, et non pas le Dieu Père masculin des religions issues d’Abraham, ni la Déesse-Mère païenne qui serait uniquement féminine. »
Elle est proche de Yurlungur, le Serpent primordial, bisexué, des Aborigènes, ou du Serpent Arc-en-Ciel, l’Androgyne originel en Afrique.
Elle rappelle le caducée d’Hermès, ce bâton autour duquel s’enroulent deux serpents.
Cette Vouivre possède une queue et une tête qui se rejoignent en un lien fascinant, serpentin, l’Ouroboros étant l’exemple le plus frappant de ce lien : « La tête est le siège de l’intelligence, c’est le sanctuaire de l’Esprit. […] La queue du Dragon est l’inconscient des hommes, les ténèbres nécessaires pour que la Lumière se révèle. […]
La tête dévore le corps. […] la conscience humaine […] assimile les pulsions de ses instincts pour s’élever vers la Lumière. […]
La mort initiatique est cette assimilation de soi par soi qui n’exclut rien, ne condamne rien, ne juge rien, qui transmute le vil plomb en or et l’homme en Dieu. »
D’ailleurs, « le Dragon-Wivre, incarnation de la Mère des temps néolithiques, porte très souvent sur son front l’escarboucle », pierre précieuse, troisième œil…
C’est pourquoi il faut consentir à se livrer au Dragon-vouivre. D’où l’intérêt de ces multiples histoires de sacrifices d’innocents au Dragon… Il s’agit, en profondeur, de sacrifier « son monde émotionnel » et « sa volonté propre ». « Ce qui est multiple doit être sacrifié pour que se fasse le retour à l’Unité. »
En aucun cas, par conséquent, la Vouivre ne doit être tuée. Seulement domptée ou chevauchée, car il ne s’agit pas de se sacrifier inconsidérément à la Vouivre ou l’énergie primordiale.
Attention à « L’Hydre tentaculaire aux multiples têtes », combattue par Hercule, et « représentant les pensées du mental dévié » !
Le saint chrétien (et pas seulement saint Michel et saint Georges !) dompte donc souvent le Dragon. Il entre dans sa grotte, la Caverne du cœur, « se met au contact des énergies de la Terre […]. […] l’énergie de la Terre monte mais n’est pas détournée par un mental dévié. Il est alors fécondé par l’Esprit […]. Il a symboliquement la tête tranchée », image de la non-identification au mental.
LA PAPESSE N’EST ELLE PAS ISIS?
Les kabbalistes associent à tord La Papesse à la déesse Isis, « la maison », c’est Beth, en hébreu. Beth c’est le pain c’est « la maison du pain », de la nourriture. Pour la plupart des occultistes, LA PAPESSE est une sorte de déesse féminine englobant tous les aspects des autres déesses féminines de l’ancienne Égypte, quelque chose comme l’Isis au 10 000 noms, la grande dépositaire du mystère de la nature. Et à mon sens il s’agit là plutôt de L’IMPÉRATRICE, qui ne peut être nulle autre qu’Isis, représentation de la féminité sous tous ces angles... Mais je propose de dire qu’ils ont raison quand il suggère comme référence « la maison » et « le pain », car à mon sens LA PAPESSE représente exactement la « demeure » et la « nourriture » de la vie au sens le plus métaphysique!
LA PAPESSE est la maison du BATELEUR et le BATELEUR est la semence qui dors dans le ventre de la Terre (L’IMPÉRATRICE), et la magie fécondatrice s’opère grâce à l’obscurité et à l’énergie de la vouivre, et alors, la semence va germer pour se manifester au grand jour!
Avec LA PAPESSE c’est le moment ou le lieu où la semence est en gestation et germe... Les potentiels sont alors mis en gestation, en étude, en méditation, afin de pouvoir se développer.
L’enfant ou l’idée ou la graine ou le projet (LE BATELEUR) trouvent ici la matrice et la nourriture nécessaires à leur développement.
Dans ce contexte matriciel on trouvera une nourriture terrestre et/ou spirituelle, et/ou intellectuelle etc…
HATOR ?
Les Tarots qui ont été modifiés par de nombreux occultistes, depuis les jeux d’Oswald Wirth et Papus, rattachant erronément LA PAPESSE à Isis-Hator. Elle est représentée portant le disque solaire entre ses cornes.
Dans la mythologie égyptienne, Hathor est la déesse de l'amour, la beauté, la musique, la maternité et de la joie. Ce sont là tous des qualificatifs qui se rapportent plutôt à L’IMPÉRATRICE qu’à LA PAPESSE.
En vérité, LA PAPESSE n’est pas Isis-Hator, elle est ISIS-SOPHIA
Elle est l’énergie inhérente à la création du monde... Elle se manifeste dans toutes les déesses associées à Isis, mais elle est plus précisément La Sophia.
ISIS-SOPHIA
Sophia, la déesse de la Sagesse, est au cœur des ouvrages Gnostiques qui datent du 4 ème siècle et qui ont été découverts à Nag Hammadi, dans la Haute-Égypte, en 1945. Elle apparaît également dans la littérature de Sagesse de l'Ancien Testament, appelée "livres sapientiaux", et qui datent de la période du 4 ème au 1 er siècle avant l'Ère Commune.
Bien que les livres sapientiaux soient antérieurs aux Codex de Nag Hammadi, le personnage divin de la Sagesse n'en est pas originaire. La Sophia Gnostique est une version de la Grande Déesse célébrée dans tout l'ancien monde, et pas exclusivement ou originellement dans la tradition Judaïque.
Sophia, la déesse Sagesse nue, c'est à dire dévoilée. La Déesse Sophia était vénérée par les Gnostiques est, avant la création de la Terre, la mère de la mère du germe humain, "l'anthropos", et qu'elle s'est métamorphosée elle-même en la planète-terre pour offrir à l'anthropos un lieu idéal pour se développer et évoluer.
C'est la déesse qui s'offre, qui se sacrifie, qui aime et protège l'humanité dans le silence.
La Sophia est plutôt un lieu ou un état se situant entre le divin absolument transcendant et le monde matériel immanent. C’est en Sophia que se déroule toutes les théophanies, toutes les extases, toutes les visions mystiques, c’est en Sophia que prennent corps les noms divins, les entités et divinités et toutes les réalités spirituelles.
Sophia est l’âme du monde, vibrante et pleine d’une vie spirituelle et divine. Sophia est le lieu où réside toutes les connaissances où se noue le lien indéfectible entre le l’Univers matériel (phénoménal) et le monde spirituel. La Sophia est ce qui unit toutes les dimensions crées et incréées, visibles et invisibles.
SOPHIA, AVANT L’ORIGINE DE LA TERRE
Un Mythe Planétaire Issu des Mystères Païens
Dans le vaste répertoire des connaissances traditionnelles se rapportant à la Déesse, il est un exemple qui se détache de par le caractère unique de son scénario et de par l'amplitude de sa narration. L'histoire Gnostique de Sophia, la Déesse déchue, présente un mythe de rédemption féministe authentique. Elle situe Sophia, dont le nom en Grec signifie “sagesse”, au cœur d'un drame cosmologique dans lequel la divinité déchue est l'agent principal de la rédemption du monde.
Dans quel sens Sophia chute-t-elle et de quelle manière œuvre-t-elle à sa rédemption et à la rédemption de l'humanité? Ces questions nous amènent à la théorie Gnostique, très peu connue, de la terre sacrée.
SOPHIA, SALOMON ET "ASTEROTH"
Sophia, la déesse de la Sagesse, est au cœur des ouvrages Gnostiques qui datent du 4 ème siècle et qui ont été découverts à Nag Hammadi, dans la Haute-Égypte, en 1945. Elle apparaît également dans la littérature de Sagesse de l'Ancien Testament, appelée “livres sapientiaux”, et qui datent de la période du 4 ème au 1 er siècles avant l'Ère Commune.
Bien que les livres sapientiaux soient antérieurs aux Codex de Nag Hammadi, le personnage divin de la Sagesse n'en est pas originaire. La Sophia Gnostique est une version de la Grande Déesse célébrée dans tout l'ancien monde, et pas exclusivement ou originellement dans la tradition Judaïque.
Les sources Judaïques, cependant, présentent des notions essentielles pour la compréhension de la trame Gnostique.
Selon le livre apocryphe de la Sagesse de Salomon (9:8-11), Sophia instruisit le roi quant à la manière de construire le Temple de Jérusalem. En son honneur, il érigea, dans le sanctuaire intérieur, un arbre sacré, symbole de la déesse Canaanite Asteroth.
Asteroth
Le nom d'Istar (Akkadie), qui est clairement sémitique, se rattache aux formes occidentales servant à désigner Astarté (Attar, Astar(a)t), nom dont on connaît bien d'autres variantes et équivalents : Ashérat, Ashtaroth, Anat (Égypte – non pas Isis), Inanna (Sumer).
Au 3ème millénaire avant l'ère chrétienne se produit la fusion entre Inanna et Ishtar. En sumérien, Inanna signifierait la "maîtresse du ciel". En Égypte on la confond le plus souvent à Nout.
Astarté, démone de la Débauche
Du point de vue de la démonologie judéo-chrétienne, Astarté est considérée comme la démone de la Débauche. De fait, à l'origine, le culte de la déesse Astarté comportait des cérémonies qui se concluaient généralement par des accès de débauche apparente... Dans la Bible, le nom d'Astarté désigne les déesses païennes en général, tout comme le nom de Baal désigne les dieux. Il existe également des passages, dans le premier Livre des Rois (11 : 5 et 11 : 33) où il est précisément dit que le roi Salomon a commis une faute en élevant un lieu de culte à Astarté, désignée aussi comme la "déesse des Sidoniens", et ce malgré les interdits.
Astaroth ou Astarté ?
En démonologie populaire, et plus particulièrement dans la Pseudomonarchia daemonum de Jean Wier, Astarté se voit dédoublée en une démone nommée Astarté, qui préside au mois d'avril, et un démon nommé Astaroth, époux de la première, qui préside, quant à lui, au mois d'août et à l'Occident. Or, Astaroth, dont le nom est également repris dans la liste des démons établie par l'église au Canon 7 du Concile de Braga (560-563) n'est vraisemblablement qu'un des noms d'Astarté elle-même sous les formes Astaroth, Ashtaroth, Astoret, Astoreth (son nom apparaît sous cette forme dans le Paradis perdu de Milton).
Selon nos imaginatifs démonologues, Astaroth est un "Grand Duc et le Grand Trésorier de l'Enfer". Il procure l'amitié des grands seigneurs, chose pour laquelle il semble impératif de l'invoquer le mercredi, jour de Mercure (si vous voulez vous lancez en politique, vous savez à présent ce qu'il vous reste à faire !). Les théologiens chrétiens, qui opposent neuf ordres d'anges à neuf ordres de démons, font d'Astaroth le chef de l'Ordre des Calomniateurs. On dit aussi de lui qu'il a le visage d'un ange particulièrement laid et qu'il chevauche un dragon. Dans sa main gauche, il tient une vipère et on le reconnaît à son odeur fétide, même lorsqu'il prend la forme du serpent.
Astarté, une déesse mésopotamienne
En Mésopotamie, Astarté était la déesse du Ciel étoilé, de la Fertilité, de la Fécondité et de la Prostitution, une déesse terrible, guerrière, certes, mais pas un démon pour autant. On serait tenté ici de l’associé à l’Isis-Athéna des grecs. La déesse Astarté sera démonisée ultérieurement par le judéo-christianisme pour devenir ce "démon de la débauche" que nous venons d'évoquer, et l'incarnation de toutes les déesses païennes honnies et vilipendées par les adeptes d'Abraham.
Il semble aussi qu'Astarté fut alternativement considérée comme une déesse-vierge et comme une déesse-mère, protectrice de la maternité et des naissances. Mais certaines sources lui dénient ces rôles, ne voulant voir en elle qu'une déesse de l'amour charnel et des activités guerrières. Ne dit-on pas qu'elle est capable de faire plier les dieux comme les plus hautes montagnes ?
LA SURVIVANCE DE SOPHIA
À la suite des réformes du Roi Josiah (aux alentours de 650 av. EC), les scribes Juifs supprimèrent rigoureusement toute référence à Asteroth mais elle continua d'être considérée comme le consort de Yahvé dans la religion populaire et dans les groupes hérétiques Juifs proches du Gnosticisme. Les Juif voulait abolir tout souvenir de ce passé aux religions matriarcales.
Dans la bataille doctrinale relative au Divin Féminin, la littérature de Sagesse joue un rôle essentiel... Démontrant sans cesse sa nécessité en tout. De fait, la figure de Sophia ne pouvait pas être éliminée mais elle fut progressivement pervertie. On la retrouve aujourd’hui sous l’apparence d’une « PAPESSE ».
Dans le canon Biblique, la “Sagesse de Dieu” devint un vecteur d'expression didactique, morale et poétique et la déesse perdit son caractère autonome.
Dans les Psaumes et les Proverbes, elle personnifie une métaphore pour la voix de la conscience qui se soumet aux diktats vertueux du Seigneur. Dans le Chant de Salomon, la Sagesse conserve le caractère de la prostituée sacrée et amante du roi qui le sanctifie avec la puissance du Divin Féminin.
En termes moraux et sensuels, Sophia survit, mais à peine...
L'Ancien Testament conserve également quelques vestiges de la dimension planétaire de la déesse Sagesse. Proverbes 8 présente une arétologie par laquelle la déesse s'annonce à la première personne et loue ses propres attributs:
“L’Éternel m’a créée la première de ses œuvres, avant ses œuvres les plus anciennes. J’ai été établie depuis l’éternité, dès le commencement, avant l’origine de la terre.” (8:22-23).
Le passage entier ne fait que neuf vers mais il révèle un élément essentiel du mythe de la Sophia Païenne: “avant l’origine de la terre”. Cette phrase prouve que la déesse Sagesse préexistait à la terre bien qu'elle lui soit identifiée, selon l'arétologie qui met en exergue ses attributs terrestres. Proverbes 8 laisse entendre que Sagesse est une divinité préexistante qui s'incarne dans la terre - une assertion qui sera complètement développée dans la narration Gnostique de la déesse déchue.
“L'Hymne à Sophia”, du livre non Biblique La Sagesse de Salomon (7:22-25), présente Sagesse dans Son aspect cosmologique sublime comme l'esprit demeurant en la planète et l'instructrice divine de l'humanité:
“Sagesse, qui créa toute chose, m'enseigna
Car il existe en Elle une puissance qui est intelligente et sacrée
Unique, diverse et sublime,
Mobile, claire et indéfinie,
Distincte, compassionnée, bienveillante et pertinente
Libre, bénéfique et généreuse,
Ferme, assurée, autonome
Influant tout et observant tout
Et pénétrant tous les êtres
Qui sont intelligents, purs et aussi subtiles qu'Elle,
Car Sagesse est plus mobile que tout mouvement
Et Elle imprègne et pénètre toute chose
Car Elle est l'exhalation incarnée de la puissance divine.”
Il est difficile de trouver une déclaration plus manifeste de la divinité de la terre dans tout autre passage de la tradition Judéo-Chrétienne, tradition qui est d'ailleurs foncièrement opposée à de telles affirmations.
Les écrits religieux Juifs honorent la terre comme une œuvre émanant de la puissance créatrice de Dieu le Père mais, suivant les prérogatives de Josiah, il était hérétique de conférer à la planète une nature sacrée intrinsèque. Le passage ci-dessus implique, cependant, que la terre est divine non pas parce qu'elle est l'artefact bien conçu du dieu créateur paternel, Yahvé, mais parce qu'elle est l'incarnation même de son consort écarté, Sophia.
Cette distinction rappelle les prémisses de l'écologie profonde selon lesquelles la terre possède une valeur intrinsèque, indépendamment de son utilité pour l'humanité et (ajouterais-je même) indépendamment de la manière dont elle sert les croyances religieuses obsédées par l'omnipotence paternelle.
Imagination Appliquée
L'hymne Salomonien à Sophia préfigure la narration Gnostique peu connue de la déesse déchue. Ce mythe fut la clef de voûte de la tradition des Mystères Païens dont les gnostikoi, “ceux qui connaissent les matières divines, comme dieu les connaît”, étaient les fondateurs et les guides. Il y a plus d'un siècle, G. R. S. Mead observa que “ce sont les formes Gnostiques qui, plus que tout autre système, sont estimées préserver pleinement les éléments des traditions antiques des Mystères”; cette opinion a été, cependant, ignorée par les érudits qui ne trouvent dans le Gnosticisme que les éléments rejetés par les dogmes Chrétiens primitifs.
Par conséquent, il n'y a eu que peu ou pas d'intérêt pour recouvrer le mythe intégral de Sophia qui structura la narration sacrée des Mystères Païens. Cela n'est pas un problème académique mais une crise de l'imagination humaine - une crise qui est clairement indiquée dans le mythe lui-même, comme nous le verrons.
Les maîtres Gnostiques des Mystères estimaient qu'une théorie sacrée de la terre requérait la puissance de l'imagination ou, pourrait-on dire, de l'imagination appliquée afin que l'humanité pût participer activement à l'histoire vivante de la déesse déchue. Même les éléments parsemés dans les écrits sapientiels pavent le chemin vers cette vision sacrée; néanmoins, c'est l'histoire de la Sophia Gnostique qui parvient à l'expression épanouie d'un mythe planétaire interactif.
Dans « Où finit le Désert », Theodore Roszak observa que l'histoire de la rédemption Judéo-Chrétienne, en présentant un scénario linéaire, machiste et supervisé par une divinité extra-terrestre, a atrophié les pouvoirs mythopoétiques innés à l'espèce humaine:
Précédemment, l'avènement du Christianisme a clairement provoqué une transformation profonde de la conscience qui a sévèrement endommagé les pouvoirs mythopoétiques - comme cela fut le cas avec le Judaïsme ou l’islamisme.”
L'histoire du récit Biblique avant l'ère commune, et la guerre subséquente contre l'hérésie Gnostique menée par les Pères de l'Église, témoignent de l'immense effort requis pour dénier l'origine sacrée de la terre telle qu'elle est narrée dans le mythe de la déesse déchue, Sophia.
La réalité de l'aspect sacré de la terre dépend de la capacité d'y participer, la faculté cognitive de connaître Gaïa de manière intuitive et empathique.
Le mythe lui-même affirme que Sophia fit don à l'humanité de l'imagination, “l'epinoia lumineuse”, afin que les humains pussent participer à Son Histoire par la pensée créative ou imaginale: “l'epinoia lumineuse fut conférée à l'humanité car c'est de sa puissance que son penser allait s'éveiller”.
Le mythe sacré de Sophia est interactif et transhistorique. L'hérésie condamnée par les Pères de l'Église n'est pas, et n'a jamais été, une simple matière de dispute académique. C'est le feu aux poudres pour la participation imaginative. La répression du Divin Féminin est une réalité de l'histoire et c'est aussi une partie de la biographie mythique de Sophia. Les puissances déployées contre l'imagination humaine sont clairement décrites dans le mythe. Selon les Gnostiques, la rédemption de Sophia dépend de la participation de l'humanité à Son histoire, le mythe unique qui décrit la déesse qui existait “avant l'origine de la Terre”.
Dans les Mystères, Sophia était le nom de celle que l'on appelle maintenant Gaïa, mais avant que Gaïa ne devienne la terre sensuelle et accueillante. Ici on aborde le fameux mystère qui relie intimement LA PAPESSE, à L’IMPÉRATRICE.
La Mère-Père Parfaite
Le mythe survit dans deux sortes d'écrits: tout d'abord, dans les Codex de Nag Hammadi et secondement, dans les polémiques des Pères de l'Église, rédigées pour réfuter les enseignements Gnostiques et pour condamner les Mystères dédiés à la Magna Mater.
Des ouvrages cosmologiques tels que Sur l'Origine du Monde et le Traité Tripartite décrivent comment Sophia, une divinité (un Eon) dans la communauté du Plérome (Plénitude Divine) de dieux supra-terrestres, aspirant à s'impliquer dans la manifestation active de mondes extérieurs. (110:9-10).
Les Gnostiques enseignèrent que les Eons, généralement, ne traversent pas les limites cosmiques, appelé l'hymen, au travers desquelles ils émanent le potentiel brut de mondes matériels. Ils restent à demeure dans le Plérome, la matrice cosmique de potentiel infini.
Mais Sophia était une exception. Le mythe met en exergue Son désir de participer à l'élaboration d'un monde, mais pas de n'importe quel monde. Le monde que Sophia anticipe ne va curieusement s'incarner qu'au travers de Sa propre métamorphose. Telle est la destinée étrange de la déesse déchue.
Les Eons œuvrent au travers de l'ennoia, l'intentionnalité. Ils projettent la forme-semence d'un monde conscient à partir de la matrice cosmique et ils lui permettent ensuite de se développer par lui-même, d'être auto-générant.
Le mythe de Sophia résonne avec la théorie Gaïa mais il situe le principe d'autogenèse dans un événement pré terrestre.
Ce qui fait de LA PAPESSE, la mère, la sœur et la fille de L’IMPÉRATRICE, et cela est à l’origine de toutes les énigmes entourant ces deux arcanes.
Au sens terrestre, c'est-à-dire, dans leurs formes incarnées sur Terre, l’On remarque que la Papesse est devenu une « « prêtresse », qui célèbre les multiples noms d’Isis, et le déesse Hécate!
LA PAPESSE est représenté comme une noble dame, coiffé dune tiare papale munie d’un voile.... L’IMPÉRATRICE a remplacé la tiare papale par une couronne et le voile s’est transformé en ailes d’anges... Cela explique pourquoi L’IMPÉRATRICE, est, d’une certaine manière, un ange déchu! Cela explique aussi que L’IMPÉRATRICE est de nature « divine ». Ses ailes d’anges démontrent qu’elle est hiérarchiquement au dessus du Monde et beaucoup plus détentrice d’un vrai pouvoir sur le monde que son très terrien EMPEREUR!
Avant que la terre n'existât, Sophia et Christos, un autre Eon, se joignirent dans un acte cosmique de propagation, une danse d'union sacrée au cœur des cieux, le Plérome (233:82). Les deux Eons reçurent de l'Eon suprême, l'Originateur, une potentialité sans forme à configurer en une impulsion évolutive distincte.
Christos et Sophia réalisent ainsi cela en imprégnant de leur divine intention le prototype d'une espèce émergente, l'Anthropos. Dans un certain sens, ils sont les parents divins de l'humanité mais ils n'engendrent pas l'espèce naissante, ils ne font que l'émaner, œuvrant “de manière imaginative” (73:78).
La procréation à deux parents produit une progéniture physiquement éloignée de la source parentale tandis qu'avec les Eons, “la procréation est l'image d'un processus d'extension” et non pas de séparation (71:72).
La nature de leur union est vacuité et compassion, et comparable à la dynamique des divinités Tibétaines dans l'union Tantrique, yab-yum.
Une fois que l'espèce naissante a été configurée, la communauté entière des Eons la projette en dehors du Plérome, la sphère du potentiel infini, dans le Kérome, la sphère de l'insuffisance ou du potentiel fini.
Elle va s'y développer selon ses lois propres, en se semant elle-même dans des mondes en élaboration.
Le Désir Divin
L'implication spécifique de Sophia avec l'humanité, (l'Anthropos) commence bien avant que la terre n'existe. En tournant son regard vers l'extérieur du Plérome, la déesse se sent attirée par ce que cette espèce singulière pourrait accomplir, une fois qu'elle acquiert un monde pour y demeurer.
D'une manière similaire aux ancêtres du Temps du Rêve (DreamTime) d'Australie, Elle rêve les esquisses formatrices d'un tel monde. On pourrait la comparer à une femme enceinte qui imagine, voluptueusement, une vie pour son enfant à naître - mais l'analogie biologique est trompeuse, pour les raisons déjà mentionnées. Sophia n'a pas conçu l'humanité avec Christos par une union procréatrice matérielle mais par un acte imaginatif extatique.
L'Eon fut ensuite poussé à se demander comment cette espèce particulière allait incarner sa faculté de divine intelligence, le noos.
Ses questions quant au potentiel humain éveillèrent l'enthymesis, “la passion brûlante, l'impétuosité”, d'une manière extrême et inhabituelle pour un Eon.
L'histoire sacrée affirme que Sophia aspire à fusionner avec ce qu'Elle a imaginé mais elle se permet cette fusion par elle-même, indépendamment d'un autre Eon (110:9-10).
Un Exposé Valentinien dit que “c'est la volonté de l'Originateur que rien ne se manifeste dans le Plérome si ce n'est sous la forme de syzygie, d'une union” (486:36).
L'Originateur souhaite que toute activité dans le Plérome soit accomplie par un couple d'Eons - dans l'observance de la loi de parité, si l'on veut - mais ce n'est pas une règle rigide et elle n'est pas imposée. Avec l'union de Sophia et de Christos pour configurer l'Anthropos, la loi cosmique fut observée.
Mais les exceptions sont permises et la divine Sophia en sera une.
Poussée par un désir brûlant, la déesse plonge du centre cosmique dans le Kérome, le chaos des mondes matériels. Son impact dans les régions extérieures est soudain et gigantesque, produisant une vague de choc qui engendre une espèce bizarre, les Archontes.
L'Hypostase des Archontes appelle cette violente éruption de formes de vies étrangères un “avortement”, ce qui signifie une fausse couche spontanée de puissance divine (167:94). Cet événement prématuré génère une situation extrêmement problématique pour Sophia, une situation dans laquelle l'humanité fut profondément impliquée avant même qu'elle n'émergeât de son état larvaire de potentiel pur et non exprimé.
Les Archontes fabriquent un monde virtuel ou stéréome, modelé sur les structures cosmiques dans le Plérome, mais ils le font machinalement, en extrayant du pouvoir créateur de la déesse sans en connaître la source.
Dans l'histoire sacrée des Mystères, notre système planétaire émerge avant la terre en raison de l'action prématurée d'une espèce extra-terrestre.
(Il n'est pas étonnant que cet aspect du mythe de Sophia ait été qualifié de “science-fiction théologique” par un érudit, Richard Smith). Le chef des Archontes est Yaldabaoth, le Démiurge, une pseudo-divinité démente qui se prend pour le créateur suprême. “En raison de la gloire de la puissance qu'il possédait de la lumière de sa Mère, il s'appela lui-même Dieu” (111:12). Le DIEU BLANC = DIA BLA
Les Gnostiques identifièrent audacieusement le Démiurge avec Yahvé et condamnèrent la divinité Biblique comme un monstrueux tyran qui œuvre contre l'humanité. C'était, et cela l'est encore, le message central de l'hérésie Gnostique.
La déesse déchue se trouve maintenant face à deux problèmes. Confrontée au système de monde artificiel des Archontes, Sophia se métamorphose lentement de sa forme Pléromique en un corps matériel dense. Elle se trnsforme en cet ange L’IMPÉRATRICE, qui vinedra se manifester dans le monde en tant que Reine et Mère du Monde...
“L'intensité de sa lumière divine s'estompa” (111:13), mais une lumière céleste vient à sa rescousse....
Les cosmologies de Nag Hammadi décrivent une séquence complexe d'événements par laquelle l'Eon Sophia aligne son pouvoir avec une étoile nouvellement née qui a émergé dans le Kérome, le chaos, à l'extérieur du cœur galactique, dans lequel les Archontes pullulent. Il s’agit ici de l’arcane de l’ÉTOILE qui représente le « Céleste ».
Au contraire de l'Anthropos, les Archontes n'ont pas été émanés du cœur galactique. Ils constituent une aberration extra-Pléromique, l'effet collatéral de la chute de Sophia. Afin de l'aider à gérer ces conditions bizarres, la déesse trouve un allié en Sabaoth, LE SOLEIL nouvellement né, qui est aussi une entité chaotique, extra-Pléromique, à l'image des Archontes.
Le “repentir de Sabaoth” est un épisode cinématographique coloré dans l'histoire sacrée (174:103-104). Sur l'Origine du Monde raconte comment Sophia, après s'être renforcée par cette alliance, confère une puissance unique au soleil nouveau né: “Sophia déversa sur Sabaoth un éclat de sa Lumière Divine en reconnaissance de sa condamnation des Archontes. Lorsque Sabaoth reçut cette lumière, elle reçut également une grande autorité sur les pouvoirs du Chaos” (175:103). Par conséquent, Sophia sera liée au SOLEIL au travers de sa “fille née de la flamme”, Zoé, la vitalité éternelle (168:95-96). “L'accouplement structurel” du SOLEIL et de la TERRE (ou de LA LUNE) est un concept avéré dans la théorie Gaïa.
L'Enfant Lumineux
L'histoire des Mystères est participative, décrivant le rôle de l'humanité dans l'histoire de la métamorphose étrange de Sophia. À la suite de la conversion du soleil, Sophia condamne le Démiurge et prédit le triomphe de l'humanité sur l'influence simulatrice des Archontes (174:103).
“Tu te trompes Samaël”, (ce qui signifie “dieu aveugle”). Il existe un enfant immortel de lumière qui vint à l’existence avant toi et qui se manifestera parmi tes formes dupliquées, qui te réduira en poussière tout comme l’argile du potier est pilée... Et tu retomberas dans l’abîme, ta mère, avec tous ceux qui t’appartiennent... L’Humanité existe, et la descendance de la souche humaine
Sophia déclare que l'humanité va surmonter l'envoûtement des Archontes, des entités qui peuvent pervertir l'évolution humaine de façons étranges et non détectables. Mais l'humanité, l'émanation Pléromique de l'innovation, a besoin d'un monde dans lequel demeurer avant qu'elle ne puisse évoluer et assumer ses responsabilités dans le cosmos.
Un tel monde, normalement, devrait émerger automatiquement selon les lois du Kérome, le chaos extérieur. Mais la chute de Sophia constitue une exception rare dans l'ordre cosmique: Elle va Elle-même se métamorphoser en la planète porteuse de vie en laquelle l'humanité va demeurer. Le mythe implique que la terre formée par la force divine de la déesse déchue n'appartient pas au système planétaire mais en est seulement la captive.
L'epistrophe de Sophia, Sa conversion dans les éléments de la biosphère, ne survit pas dans les écrits attribués aux Gnostiques mais seulement dans les paraphrases d'Irénée, un Père de l'Église.
Le livre IV de Contre les Hérésies rapporte comment la déesse se métamorphose en la planète terre, ses émotions devenant les éléments de la biosphère.
Apparemment étonné et rendu perplexe par ce développement, Irénée dit que Sophia doit avoir été “poussée par l'amour ou une envie audacieuse”.
Plongée dans les éléments matériels et immergée dans la sensualité, la déesse est appelée prunikos, “outrancière” et dénommée, de façon insultante “la Putain de la Sagesse” en raison de son acte étrange de fusion.
Telle est la première partie de la biographie sacrée de la déesse de Sagesse.
Elle explique comment Celle qui exista avant l'origine de la terre devint la terre. La seconde partie de la biographie de Sophia concerne sa correction, diorthosis, le processus par lequel Elle se réintègre au Plérome, le cœur cosmique de notre galaxie.
Bien que les écrits Gnostiques qui ont survécu ne soient pas explicites quant à la façon dont la correction se manifeste, ils ne laissent aucun doute sur le fait que l'humanité est profondément impliquée dans ce processus: “Et la lumineuse epinoïa fut caché en Adam afin que les Archons ne puissent pas avoir accès à ce pouvoir et afin que l’épinoïa puisse être une correction à la déficience de Sophia” (116:20).
Le mythe Gnostique de la terre sacrée est ouvert. Sa conclusion n'a pas été prédéterminée par la volonté d'un être supérieur mais il peut être influencé par la volonté humaine d'embrasser l'épreuve de Sophia et d'achever avec Elle son aventure cosmique.
L'histoire de Sophia devenant Gaïa est un mythe de rédemption avec une orientation féminine et beaucoup plus. C'est un mythe écoféministe de régénération et peut-être le mythe ultime de survie pour l'espèce humaine.
PERSÉPHONE ET LES POMMES GRENADES...
Étant donné notre association de LA PAPESSE à ISIS-SOPHIA, on remarque que la légende se rapporte aussi à la légende de Perséphone... La présence symbolique de la pomme grenade, dans la plupart des récits relatant les allégories d’Innana, Anat, Isis-Sophia, Gaïa, Démeter, Peréphone, font référence à la pomme grenade, et à un « séjour en enfer ».
Notamment la pomme-grenade est également attribuée à Héra et à Aphrodite (Vénus). Donc, ce fruit encore est un symbole qui porte à confusion, car il est un symbole qui a d’abord été celui de « LA SOPHIA », qui a du être contrainte à un séjour en enfer... Et ensuite ce même fruit, symbolise le « fruits défendu » de l’arbre de la Connaissance au milieu du jardin d’Éden, ce fruit que le serpent de Sophia offrit à Ève... Plus tard, la pomme grenade rejoint la légende de Perséphone...
De fait, à Éleusis, les hiérophantes étaient couronnés de branches de grenadier pendant les Grands Mystères, mais le fruit sacré était rigoureusement interdit aux initiés car, de par la « faute » de Perséphone, la grenade symbolisait la descente de l’âme dans la matière-prison.
Sa double nature, symbole de vie et symbole de mort ou plus exactement du monde souterrain, découle du mythe de Perséphone, fille de Déméter (Cérès), déesse de l’agriculture, et de Zeus.
Celle-ci, on s’en souvient, fut enlevée par Hadès, dieu des Enfers. Accablée de chagrin, sa mère (Déméter) cessa de faire fructifier la terre.
Zeus envoya alors aux Enfers son messager Hermès avec la charge de ramener Perséphone à la lumière du jour.
Hadès offrit à la jeune déesse sept grains de grenade. Or, pour revenir du séjour des morts, il est impératif d’observer une règle, celle de n’y consommer aucune nourriture ou boisson. Perséphone mangea une graine et fut condamnée à passer un tiers de l’année avec Hadès aux Enfers.
Elle rejoignait sa mère pendant les deux autres tiers. Cependant, il est possible que son séjour annuel auprès d’Hadès n’ait pas été une sanction pour avoir transgressé une loi ou un tabou alimentaire car il semble en effet que Perséphone ait été consentante (il ne s’agissait pas d’une ruse d’Hadès) et qu’elle ait mangé la graine de grenade pour pouvoir demeurer avec son époux et se libérer ainsi de l’attachement fusionnel de sa mère Déméter.
Dans l’antiquité et dans certaines sociétés primitives, le fait qu’une femme mange ou boive dans la maison d’un homme vaut contrat de mariage.
Les auteurs Jean Chevalier et Alain Gueerbrant font remarquer que ce grain « rouge et brûlant » venu d’un « fruit infernal » était une parcelle du feu chtonien que Perséphone volait au profit des humains chaque fois qu’elle retrouvait Hadès pour ensuite le quitter et rejoindre Déméter à la surface de la terre. Un peu comme cette légendaire « vouivre ». Elle apportait aux humains la Connaissance du Feu Intérieur, c'est-à-dire l’alchimie des forces telluriques et cosmiques, on peut en ce sens comprendre pourquoi le mythe de Perséphone peut être ainsi apparentée à celui de la « vouivre ».
Islam
Le Maghreb a conservé de « nombreux rites préislamiques se rattachant à la grenade qui symbolise abondance, prospérité et fécondité ». Chez les Berbères, le fruit est présent au moment des labours et dans toutes les étapes importantes de la vie d’une femme (mariage, naissance). Pour le Prophète, la grenade est le fruit de l’arbre du Paradis. Pour les Chiites, le jus de grenade symbolise les larmes de Fatima, la fille du Prophète, qu’elle versa à la mort de son fils, et les grains du fruit sont les larmes du Prophète lui-même. D’un point de vue soufi, la grenade symbolise le « jardin de l’Essence ». Elle est une métaphore de l’intégration de la multiplicité dans l’unité.
Cette métaphore de « multiplicité dans l’unité » est la même qui s’exprime à travers tous ces mythes... Et on retrouve la symbolique de la grenade dans plusieurs représentations mystiques... Et jusqu’à nos jours, où il est un symbole important pour les francs-maçons, rosicruciens, gnostiques, et autres adeptes de l’ésotérisme, sinon aspirant à la sagesse...
La pomme grenade est ni plus ni moins le symbole de la « Sophia Perrenis »
LA SOPHIA PERRENIS
… Autrefois, le prince des ténèbres combattait les religions surtout de l'extérieur, abstraction faite de la nature pécheresse des hommes; à notre époque, il ajoute à cette lutte un stratagème nouveau, du moins quant à l'accentuation, lequel consiste à s'emparer des religions de l’intérieur, et il y a largement réussi, dans le monde de l'Islam aussi bien que dans les mondes du Judaïsme et du Christianisme. Cela ne lui est même pas difficile, - la ruse serait presque un luxe inutile, - étant donné le prodigieux manque de discernement qui caractérise l'humanité de notre époque; une humanité qui tend de plus en plus à remplacer l'intelligence par la psychologie et l'objectif par le subjectif, voire la vérité par « notre temps ».
La Sophia perennis, c'est connaître la Vérité totale et, par voie de conséquence, vouloir le Bien et aimer la Beauté ; et cela conformément à cette Vérité, donc en pleine connaissance de cause.
La Sophia doctrinale traite du Principe divin d'une part et de sa Manifestation universelle d'autre part : donc de Dieu, du monde et de l'âme, en distinguant dans la Manifestation entre le macrocosme et le microcosme ; ce qui implique que Dieu comporte en lui-même - extrinsèquement tout au moins - des degrés et des modes, c'est-à-dire qu'il tend à se limiter en vue de sa Manifestation. C'est là tout le mystère de la divine Mâyâ...
Quant au Bien, c'est a priori le Principe suprême en tant que quintessence et cause de tout bien possible ; et c'est a posteriori, d'une part ce qui dans l'Univers manifeste le Principe, et d'autre part ce qui ramène à celui-ci ; en un mot, le Bien est tout d'abord Dieu lui-même, ensuite la "projection" de Dieu dans l'existence, et enfin la "réintégration" de l'existencié en Dieu...
Quant à la Beauté, elle relève de l'Infinitude, laquelle coïncide avec la divine Félicité ; envisagé sous ce rapport, Dieu est Beauté, Amour, Bonté et Paix, et il pénètre tout l'Univers par ces qualités. La Beauté, dans l'Univers, est ce qui révèle la divine Infinitude : toute beauté créée nous communique quelque chose d'infini, de béatifique, de libérateur. L'Amour, qui répond à la Beauté, est le désir d'union, ou l'union elle-même...
La Bonté, elle, est le rayonnement généreux de la Beauté ; elle est à celle-ci ce que la chaleur est à la lumière. Étant Beauté, Dieu est par là même Bonté et Miséricorde; nous pourrions dire aussi que dans la Beauté, Dieu nous prête quelque chose du Paradis ; le beau est messager, non seulement d'Infinitude et d'Harmonie, mais aussi, comme l'arc-en-ciel, de réconciliation et de pardon.
À un tout autre point de vue, la Bonté et la Beauté sont les aspects respectivement "intérieur" et "extérieur" de la Béatitude, alors qu'au point de vue de notre précédent distinguo, la Beauté est intrinsèque en tant qu'elle relève de l'Essence, tandis que la Bonté est extrinsèque en tant qu'elle s'exerce sur les accidents, à savoir les créatures.
Dans cette dimension, la Rigueur, laquelle relève de l'Absolu, ne saurait être absente : intrinsèquement, elle est la pureté adamantine du divin et du sacré ; extrinsèquement, elle est la limitation du pardon, due au manque de réceptivité de telles créatures. Le monde est tissé de deux dimensions majeures, la rigueur mathématique et la douceur musicale ; les deux s'unissant dans une homogénéité supérieure qui relève de l'insondable Être même de la Divinité.
Le terme de philosophia perennis, qui est apparu dès la Renaissance, et dont la néoscolastique a fait largement usage, désigne la science des principes ontologiques fondamentaux et universels ; science immuable comme ces principes mêmes, et primordiale du fait même de son universalité et de son infaillibilité.
Nous utiliserions volontiers le terme de sophia perennis pour indiquer qu'il ne s'agit pas de "philosophie" au sens courant et approximatif du mot - lequel suggère de simples constructions mentales, surgies de l'ignorance, du doute et des conjectures, voire du goût de la nouveauté et de l'originalité -, ou encore nous pourrions user du terme de religio perennis en nous référant alors au côté opératif de cette sagesse, donc à son aspect mystique ou initiatique. Et c'est pour rappeler cet aspect, et pour indiquer que la sagesse universelle et primordiale engage l'homme entier, que nous avons choisi pour notre livre le titre de "Religion pérenne" ; pour indiquer aussi que la quintessence de toute religion est dans cette religiométaphysique, et qu'il faut connaître celle-ci si l'on veut rendre compte de ce mystère à la fois humain et divin qu'est le phénomène religieux. Or, rendre compte de ce phénomène "surnaturellement naturel" est assurément l'une des tâches les plus urgentes de notre époque".
À rigoureusement parler, il n'y a qu'une seule philosophie, la Sophia Perennis ; elle est aussi - envisagée dans son intégralité - la seule religion.
La Sophia a deux origines possibles, une intemporelle et une temporelle : la première est "verticale" et discontinue, et la seconde, "horizontale" et continue ; autrement dit, la première est comme la pluie qui peut descendre à tout moment du ciel ; la seconde est comme un ruisseau qui jaillit d'une source. Les deux modes se rencontrent et se combinent : la Révélation métaphysique actualise la faculté intellective, et celle-ci, une fois réveillée, donne lieu à l'intellection spontanée et indépendante.
La dialectique de la Sophia Perennis est "descriptive", non "syllogistique", c'est-à-dire que les affirmations ne sont pas le produit d'une "preuve" réelle ou imaginaire, bien qu'elles puissent utiliser des preuves - réelles dans ce cas - à titre d' "illustration" et dans un souci de clarté et d'intelligibilité. Mais le langage de la Sophia est avant tout le symbolisme sous toutes ses formes : aussi l'ouverture au message des symboles est-elle un don propre à l'homme primordial, et à ses héritiers de toute époque ; Spiritus ubi vult spirat.
Un des paradoxes de notre époque est que l'ésotérisme, discret par la force des choses, se trouve dans l'obligation de s'affirmer au grand jour, pour la simple raison qu'il n'y a pas d'autre remède aux confusions de notre temps. Car, comme disent les cabalistes, "Il vaut mieux divulguer la Sagesse que de l'oublier".
La question peut se poser de savoir si la Sophia Perennis est un "humanisme"; la réponse pourrait en principe être "oui", mais en fait elle doit être "non" puisque l'humanisme au sens conventionnel du terme exalte de facto l'homme déchu et non l'homme en soi. L'humanisme des modernes est pratiquement un utilitarisme pointé sur l'homme fragmentaire ; c'est la volonté de se rendre aussi utile que possible à une humanité aussi inutile que possible.
LA SOPHIA SELON BÖHME
La Sophia représenta pour Böhme l'homme dans sa pureté, sa virginité et sa chasteté antérieure au pêché originel. Elle n'est pas séparable de sa conception de l'Androgyne, l'humanité pré-adamique intègre et intégrale des origines. Böhme affirme que la Sophia est incréée, elle est la sagesse divine en l'homme. Cette âme sophianique renvoie à la préexistence céleste de l'homme terrestre. La chute de l'homme est la perte de sa sophianité, de sa pureté, de sa virginité.
À la perte de la Sophia céleste correspond la naissance de l'Ève terrestre, la féminité. La Vierge Marie représente particulièrement la Sophia et la sophianité de la Vierge renvoie à l'androgynie du Christ. Il y a donc une double polarité Vierge/Ève et Christ/Adam. Mais Böhme échappe à tout dualisme, car pour lui, « Christ vit en Adam et celui-ci dans le Christ ».
D'autre part, la sophianité rend fondamentale la naissance du Christ de la Vierge. Sur ce point, Böhme se distingue nettement de ses origines protestantes.
La Mère de Dieu (L’ IMPÉRATRICE) ne signifie rien moins que le retour sur terre de la Vierge-Sophia (LA PAPESSE). La Vierge n'est pas vierge par Ève, mais par la descente de la Sophia qui s'incarne en Marie.
Il y a donc une correspondance profonde entre la descente du Saint-Esprit et l'Incarnation du Christ et la descente de la Sophia en la Vierge Marie.
En fait, la descente de la Vierge divine en Marie est l'action du Saint-Esprit.
Il est donc primordial que Jésus naisse d'elle et de nulle autre. Ainsi, la naissance de Jésus d'une Vierge transfigure aussi la nature féminine en la libérant de la féminité négative.
Chez Böhme, l'affranchissement de la sexualité terrestre implique le rétablissement de l'androgynie primitive (L’IMPÉRATRICE). Cette doctrine de l'Androgyne céleste (LA PAPESSE) lui permet d'éviter les tentations ascétiques qui, dans le christianisme, marquent fortement les conceptions négatives de la sexualité.
À l'impureté sexuelle, Böhme n'oppose pas l'ascétisme qui tend vers l'asexué, mais l'androgynie intégrale et originelle. Chez lui, la mystique sophianique est solidaire d'une anthropologie spirituelle qui renvoie dos à dos puritains et libertins.
OPTIQUE « INITIATIQUE »
” Présentez-vous devant les Mystères de la vie et devant la Déesse avec humilité et respect. Ouvrez-vous au calme et aux profondeurs en vous, pour obtenir force et sagesse.”
Évidemment, on est tenté de confondre LA PAPESSE et L’IMPÉRATRICE... Toutes deux sont des représentations de la féminité, de la fécondité et toutes deux semblent être des arcanes clés. De plus, ont les confond toute deux aisément à Isis, les deux personnages ayant des attributs d’Isis-Hator et d’Isis aux 10000 noms. Toutes deux sont associées à LA LUNE et aux éléments eau, et terre...
Mais pour bien comprendre, il faut savoir que LE MONDE, L’IMPÉRATRICE et LA PAPESSE, sont effectivement la même personne, vu sous 3 angles et trois âges différents. La jeune fille vierge (LE MONDE), la mère enceinte (L’IMPÉRATRICE) et la sage grand-mère (LA PAPESSE).
LE MONDE et L’IMPÉRATRICE, sont ni plus ni moins, le passé de PAPESSE.... mais encore, ces deux arcanes sont nés de LA PAPESSE... La jeune vierge du MONDE et la mère IMPÉRATRICE sont toute deux nées de l’Écumes des eaux... Elles représentent toutes deux, « Vénus-Aphrodite ». Elles sont donc des personnages intimement liés à l’eau et à la terre...
De fait, LA PAPESSE est plus que seulement lié à ces éléments, elle « est » l’essence de ces éléments... LA PAPESSE est la Vouivre, sans elle la Terre ne serait qu’une poussière infertile... La PAPESSE est aussi « la Mer »! Elle est la source mystérieuse de l’eau. Elle est la magie de l’eau! C’est deux essences primordiales, sont absolument essentielle à la vie. L’IMPÉRATRICE est « la vie » ; LA PAPESSE représente ce qui est vital!
Le Nombre Deux était dans l’ancienne Égypte la puissance MER dont le hiéroglyphe représente un compas avec ses deux pointes figurant deux polarités de nature différente d’une même réalité qui les relie.
MER était la puissance sexuelle qui pousse vers leur réunion deux complémentaires séparés par des forces répulsives. Le Nombre Deux est le fameux esprit de l’obscurité du Tao-Tô-King qui en résume admirablement l’essence :
L’esprit de l’Obscurité est immémorial, éternel. C’est le principe féminin des origines. Les racines du ciel et de la terre s’élancent de sa porte mystérieuse. Toujours renouvelé, il se répand dans l’univers. Indéfiniment. Il ne s’épuise jamais.
L'arcane majeur la Papesse est le second de la famille des personnalités Une papesse dirige et ordonne, elle est une figure d'autorité en matière de religion. Avec ce nom, il est question d'une femme remplissant de hautes et importantes responsabilités sur le plan moral, éthique et spirituel. Elle commande en occupant le poste le plus élevé dans la hiérarchie chrétienne.
Cette dénomination rappelle au comportement vertueux et aux devoirs de bonnes mœurs sociales.
Que dire encore sur ce mystérieux arcane, si ce n'est pour relever que durant l'histoire chrétienne, il y a eu très peu, voire aucune femme ayant obtenu officiellement ces rangs et titre de papesse. Ce poste de pouvoir a été occupé jusqu'ici principalement par des hommes.
Sur le plan spirituel, il est à relever que l’image de LA PAPESSE comprend de nombreux objets, parures et tiare, signes d'artifice et d'un besoin exigent de confort. Le titre honorable de papesse exprime l’ambition sociale et le désir de pouvoir (sur autrui).
Sur le plan psychologique, ces détails vestimentaires indiquent que cette personnalité est introvertie.
Un voile recouvre sa tête. On ne voit ni ses cheveux ni ses oreilles. Sur la droite, le voile recouvre l'épaule gauche de la Papesse. Ce voile blanc peut signifier que sa force vitale (les cheveux) est contenue.
Sur les têtes et voile, le personnage porte une tiare à trois niveaux. Il est à relever que le sommet de la tiare déborde du cadre et vient recouvrir une partie de l'espace hébergeant le nombre de l'arcane.
Ce détail paraît signifier que cette personnalité est cérébrale, au point de mêler émotions (l'image) et pensées (le nombre) soit, cette personnalité analyse et intellectualise tout ce qui lui arrive. Sur la gauche, le voile pend du dessus de la tiare ! Le premier niveau de la tiare affiche trois motifs. L'un se voit bien et ressemble aux motifs ornant les deniers des arcanes mineurs.
Le second niveau contient trois mêmes motifs en plus petits. Le troisième niveau n'a pas de motif mais un trait noir. La tiare peut représenter tous les savoirs accumulés.
Concernant ce voile ou tissu, il apparaît dans cinq arcanes : la Papesse, l’Amoureux, le Chariot, le Monde et le Mat. Dans l’image de l’Amoureux, l’ange a un tissu en bandoulière. Dans le Chariot, le dais est un voile tendu. Dans le Monde, le personnage central porte un tissu-parchemin (des écritures figurent sur le tissu) qui lui recouvre une épaule, le flanc, le sexe et sa cuisse droite. Dans le Mat, le personnage tient une sorte de besace, un sac formé avec un tissu.
Est-il question du voile de la connaissance, le voile servant à dissimuler le Mystère de la vie/mort, de l’irrationnel et de l’intangible, ainsi que les mondes parallèles ? Le fameux « Voile d’Isis » ?
Si c’est le cas, les personnages des arcanes le Monde et le Mat ont conscience et ont appris à faire avec la part mystérieuse de la vie.
Dans l’arcane la Papesse, le voile se trouve derrière la femme et il cache ce qui semble être des colonnes (symbole de savoirs), ce qui indique que la femme n’affiche pas ses connaissances, elle reste modeste. Cette femme est clairement en processus d’apprentissage (savoirs dissimulés par un voile couleur chair, livre couleur chair, etc.). Elle n’a pas suffisamment confiance en ce qu’elle connaît d’instinct et d’intuition. Elle cherche des preuves, des confirmations, des certitudes. Peut-être confronte-t-elle son intuition avec les études et découvertes d’autrui ?
En résumé, la Papesse occupe la place de la grand-mère (symbolique) dans la famille des personnalités. Cette femme est introvertie et cérébrale, elle privilégie son centre intellectuel de fonctionnement tripartite. Sa vie émotionnelle est contenue. Sa vie sexuelle reste sous contrôle. Ses besoins physiologiques sont satisfaits, elle semble vivre chichement. Son plaisir consiste à apprendre, à connaître, à savoir.
LE CRÉÉ ET L’INCRÉÉ
Selon la Tradition Primordiale consignée dans les livres de l'Ancienne Égypte (Livre des sarcophages, Livre des pyramides et Livre des morts), eux-mêmes transcrits dans la Cabbale sacrée, notamment, nous avons une vision claire du plan d'ensemble parfait de ce qui est créé et de ce qui ne l'est pas :
• La Source, mystère inconnaissable ou Idée primordiale
• Le Créateur ou « Suprême Architecte de tous les mondes », dispensateur de l'acte pur, le plan mystique
• Le monde des émanations ou monde gnostique
• Le monde de la création ou monde de La magie hermétique
• Le monde de la formation ou démiurgique du dieu de l'ancien testament, notamment, le plan philosophique
• Le monde de la manifestation ou des faits.
Nous pouvons alors constater que, dans cet ensemble, le dieu exotérique et anthropomorphe de l'ancien testament et de toutes les religions profanes n'est que celui du deuxième des mondes en partant du bas et qu'il ne saurait être assimilé au Créateur ou « Suprême Architecte de tous les mondes » qui est le Maître d’œuvre du Mystère primordial latent par l'accomplissement de l'acte pur, sans objectif ni raison raisonnante, et dont l'unique vocation est de manifester l'Idée.
Dans ce plan parfait, le dieu communément admis par les hommes n'est pas l'auteur ou le Créateur du monde, mais il n'en est que l'artisan par l'usage approprié ou non des Lois Naturelles Universelles dont il n'est pas l'auteur, qu'il ne peut modifier et ne peut qu'utiliser pour la manifestation ; c'est en ce sens que le bien et le mal peuvent exister, non de manière intrinsèque ou immanente mais par usage approprié ou non des Lois cosmiques ou primordiales dans le plan de la manifestation ou des faits. Le bien et le mal ne sont donc pas l’œuvre du Créateur, pas même son résultat ou sa conséquence, mais ils sont le fruit du mental et des actes du démiurge et des hommes.
La compréhension de cela n'est pas seulement utile mais elle est indispensable à tout chercheur sincère qui sollicite la complicité du Livre de Thot-Hermès, plus communément appelé Tarot, et de ses Arcanes.
Ensuite, si nous voulons commencer du bon pied notre cheminement au sein du Livre de Thot-Hermès et converser en bonne intelligence avec ses Arcanes, il est nécessaire de replacer chacun des quatre premiers d'entre eux en relation avec le niveau qui lui correspond dans le plan parfait rappelé plus avant. Ainsi :
• Le Bateleur, comme nous l'avons présenté dans notre précédente synthèse, est celui qui accomplit l'acte de pure intelligence, et il est en relation directe avec le « Suprême Architecte de tous les mondes et le plan mystique »,
• La Papesse est en relation avec le monde des émanations ou monde gnostique et nous verrons son rôle spécifique à cet égard dans les lignes qui suivent,
• L'Impératrice est la représentante du monde de la création ou monde de la magie hermétique,
• L'Empereur est le représentant du monde de la formation ou dérniurgique (c'est en réalité le pur symbole du démiurge).
Notre Papesse ayant trouvé son exacte place dans ce Grand Ordonnancement Général, il convient de l'observer elle tient un livre sur les genoux coiffée d'une tiare à trois étages, ce qui signifie qu'elle symbolise les trois degrés de la révélation du plan mystique situé au dessus de la tiare réceptacle, au plan gnostique, puis au plan hermétique ou magique, et enfin au plan philosophique où est déposé le savoir ; elle est donc le symbole achevé de la connaissance gnostique (c'est-à-dire de l'union parfaite de la science analytique, en tant que recherche humaine et cérébrale,. et de la spiritualité synthétique, en tant que connaissance accessible par l'intuition elle-même résultat de la méditation), connaissance émanée qui se trouve intégralement transcrite dans le "Livre de la Sagesse" ou de Thot Hermès pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un cœur pour comprendre ».
La Papesse est la Grande Prêtresse, gardienne sacrée du processus de la Révélation, et celle qui peut le rendre accessible aux initiés en expliquant les étapes nécessaires qui mènent à elle. Elle est le miroir intermédiaire réfléchissant l'acte de pure intelligence, le feu ou souffle de l'Esprit divin, le principe actif, symbolisé par le Bateleur pour qu'il devienne accessible aux initiés par apprentissage du Livre posé sur ses genoux et qui pourrait bien être en l'occurrence celui de Thot Hermès. La tiare à trois étages symbolise donc les trois mondes de l'émanation, de la création et de la formation, en suggérant ce qui est au-dessus, c'est-à-dire le plan mystique et la Source, pour aboutir au Livre de la Tradition à transmettre dont elle est la gardienne.
La Papesse du deuxième Arcane correspond au féminin supérieur, à la fois passif et fécond, celui qui reçoit et transmet. C'est Isis l'égyptienne, Notre Dame des chrétiens, la Dana des celtes, Kali des indous. Elle est la gardienne de ia porte qui donne accès au sanctuaire de la sagesse et de la connaissance symbolisée par le voile situé derrière elle qu'il faut lever pour accéder au lieu où se révèlent les mystères.
Par le processus divin qu'elle enseigne, la Papesse nous donne la signification du Tétragramme divin qui est lui- même une synthèse de la réintégration par la mise en œuvre des quatre étapes de la Révélation : lod, la mystique, Hé, la Gnose, Vav, la magie hermétique, Hé, la philosophie. Ces quatre paliers, ou «sens internes», correspondent aux qualités que l'initié doit acquérir et maîtriser pour atteindre l'état d'Être réalisé ; celui qui croit, qui comprend, qui agit et qui pense.
Ainsi, la Papesse nous fait prendre conscience que notre effort doit porter sur le développement du « sens gnostique » permettant seul l'acquisition de la connaissance par intuition puisque apprendre ce n'est que la science du souvenir pour se projeter ailleurs (l'avenir) dès lors que tout a été, est et sera. L'initié ou Être réalisé a ainsi la vocation d'enrichir le Livre de la Tradition par sa propre expérience et d'en perpétuer la transmission en ayant compris au préalable que cette mission se réalise dans le silence de la méditation active, indispensable condition pour que le passé, qui n'est que la somme de la vie emmagasinée dans les archives universelles, puisse se refléter dans le miroir interne afin de se transformer sous forme actualisée en ce que nous appelons le présent.
Nous l'avons vu, le Bateleur est l'Arcane de l'acte pur, l'Essence insaisissable, qui fait ensuite place à un autre acte lorsque que le souffle qui l'anime s'est apaisé. La Papesse est l'Arcane de la sagesse bâtisseuse par assemblage actif : de l'acte pur, de la réflexion intérieure qu'il induit, de son archivage dans la mémoire et de sa transcription en parole et en écriture pour restituer le fruit de l'ensemble du processus de création ainsi mis en œuvre dans le Grand Livre de la Nature qu'elle porte sur ses genoux. Miroir nécessaire à l'expression du principe actif originel, elle est indispensable à la perception de celui-ci car si le miroir n'existe pas ou, s'il est déformé, l'image du souffle divin actif n'est pas perçue et l'action existe sans effets.
Il nous est ainsi enseigné qu'il nous faut. Un miroir interne (principe de l'Eau réfléchissante) pour être conscient et décrypter le souffle de l'Esprit se traduisant dans l'acte pur (principe du Feu action) démontrant de cette manière qu'un acte acquière sa portée véritable et utile que s'il est transcrit dans la conscience par le miroir réfléchissant qui lui correspond.
C'est en cela, aussi, que l'acte pur d'intelligence (Le Bateleur), le principe actif divin perceptible par la conscience de l'âme, se distingue de l'activité arbitraire de l'instinct agité, fruit des seuls désirs et passions, et qu'il peut correspondre ensuite à la véritable incarnation du Verbe divin rendu intelligible par le processus porté par la Papesse.
La Papesse constitue aussi par voie de conséquence la clef du binaire et de sa portée car, assemblée au Bateleur, nous sommes en leur présence confrontés au choix qui se présente à la réflexion humaine depuis que l'humanité existe : sommes-nous dans la création en présence d'un seul Être, d'une seule substance à l'origine de tout et où tout retourne (le monisme) ou de deux principes, le bien et le mal, l'esprit et la matière, guidant et conditionnant tout le monde créé (le manichéisme ou dualisme)?
Notre réponse à cette question dépendra de ce que nous aurons été en situation de comprendre à partir de notre conversation avec les deux premiers Arcanes du grand Livre de Thot- Hermès.
La réponse des Gnostiques-Hermétistes sur ce point est que le Binaire divin ne se réduit pas à une diffraction de l'Unité mais qu'il correspond aux deux aspects consubstantiels de la Réalité : le Souffle de l'Esprit divin actif et son miroir réfléchissant sans lequel il n'existe pas (Le Bateleur et la Papesse) ; le Binaire Divin, c'est donc à la fois : le feu et l'eau dont l'action est intrinsèque pour permettre à La Connaissance de vivre, c'est l'amant et l'aimée du Hiéros-Garros ou Jeu Sacré de la création.
C'est en cela que les adeptes de Thot-Hermès se distinguent de ceux qui pensent que l'eau ou bien le feu sont à l'origine de tout, individuellement, alors que l'alliance des deux est indispensable en tant qu'origine, et que ces adeptes se distinguent aussi de l'enseignement du Maître Louis-Claude de Saint Martin qui pensait, à tort, que la dualité serait illégitime car il ne la considérait que comme diminution, fractionnement, de l'Unité.
Notre deuxième Arcane nous rappelle donc que l'Être est neutre, indifférent, et que sans l'amour, principe vivifiant, il n'a pas d'activité, que cet amour johannite (le feu-soleil du cœur) est le Bien, le Beau, le Bon platonicien, que la voie de l'Être réalisé est celle qui permet l'expérience librement consentie de la fusion de l'Essence Une et immuable et des substances (existences) séparées pour permettre à la première d'exister en mettant fin à l'illusion des secondes.
C'est là l'expression de ce que les ésotéristes véritables appellent le Binaire légitime ou Binaire Divin sans lequel l'Unité ne peut être appréhendé car on ne voit pas Dieu, on le vit (on en fait l'expérience) ; binaire légitime qui peut se résumer à : Essence-substances, Réalité-actualité, Être-Amour Idée-action, et qui ne s'oppose pas à l'Unité fondamentale mais la compose et la rend compréhensible en lui permettant d'exister au sens humain.
Nous apprenons à ce stade de l'immersion dans le jeu divin de la création que l'Être (eau) sans l'Amour (feu) n'a aucune chance d'exister et d'évoluer, et réciproquement puisque l'Être (miroir) n'a que la vocation de permettre à l'Amour (acte pur d'intelligence) de se manifester. Cela est parfaitement transcrit dans le « Ego Sum qui sum » qui signifie que l'Être, sans autre objectif que de s'inscrire dans la Grand Ordonnancement Universel, ne trouve son expression, sa réalité, que dans sa transcription par la conscience gnostique.
La Gnose mystique, ou opération magique transformant de manière consciente l'acte pur du Bateleur en Connaissance, permet en réalité à ce qui est en haut de se réfléchir dans le monde d'en bas, sans intermédiaire autre que le miroir révélateur, donc sans altération pour être consciemment perçu par les adeptes sincères et persévérants des sciences sacrées, dont celle de l'apprentissage du Livre de Thot-Hermès qui est une parfaite synthèse de toutes les autres.
LA PAPESSE est aussi la gardienne de la porte qui donne accès au sanctuaire de la sagesse et de la connaissance, ce Temple de la Connaissance symbolisée par le Tarot lui-même! Le voile de LA PAPESSE, symbolise qu'il faut lever le voile de mystère pour pénétrer dans le lieu où se révèlent les secrets de la Véritable Connaissance. La Tiare à 3 étages de LA PAPESSE, munie de son voile, est donc bien un capteur cosmique, une interface entre le monde d'en haut et celui d'en bas.
Rencontrer LA PAPESSE sur son chemin d'initié signifie que les qualités requises (sérénité, pureté, lucidité intérieure) pour pénétrer dans le sanctuaire sont apprises et à portée de mains pour les utiliser au bénéfice des autres. Car n'oublions jamais que la Connaissance ne se laisse approcher que dans le désintéressement, donc en l'absence de toute appropriation à des fins personnelles et/ou mercantiles.
Bénie soit cette Grande-Prêtresse!
MERCI MERCI MERCI pour cette fabuleuse analyse !
RépondreSupprimerSUBLIME !
RépondreSupprimerMerci à vous Walter Boralis!
RépondreSupprimerJ 'ai mis des mois à tout lire et à tout comprendre, mais ce fût fabuleux!
Merci
RépondreSupprimermerci c'était captivant!instuctif et passionnant!
RépondreSupprimerMerci, c'est un délice de vous lire.
RépondreSupprimerMerci de ce partage et savoir pétillant, merci de la clarté et la richesse du contenu.
RépondreSupprimerBénie soit cette Grande-Prêtresse!
Quel article ! Bravo et merci à vous !
RépondreSupprimerBravo pour cet article, mais comnien vont le lire entièrement jusqu'au bout ???
RépondreSupprimerAvez vous pensez a le diffuser sous forme de vidéo ???
Très bon article; au passage, quand on fait du copié-collé, c'est à dire la totalité de ce texte, on cite ses sources
RépondreSupprimerBravo pour cet article exhaustif. Je vous propose mon approche symbolique de cette carte ici https://www.legraaltarot.fr/signification-papesse-tarot/
RépondreSupprimer