samedi 3 novembre 2012

L'OPTIQUE "THAUMATURGIQUE"

TAROT GRIMOIRE 
(DANS LE SENS DE L’ÉRUDITION)


UN GRIMOIRE ?

Définition par Claude Lecouteux : le grimoire est un "livre de magie" qui "se présente comme un mélange de recettes diverses, aussi bien pour guérir certains maux que pour conjurer ou invoquer les démons, obtenir tel avantage, fabriquer des talismans et des amulettes, lever ou jeter des sorts, etc..."

Il s’agit le plus souvent, d’un livre qui parle de magie, qui s'adresse à des magiciens ou sorciers, un manuscrit ou une illustration composite qui contiennent des formules, des indications, des secrets... Le grimoire appartient à un type d'écrits anathémisés par l'Église.

Le Tarot est nécessairement un grimoire... Il est un livre composé de 22 pages, et est effectivement un manuscrit "magique" qui récelle des secrets et qui permet de consulter le monde astral, de lire l’avenir, ou de connaître des secrets... Alors voilà, le Tarot, considéré comme étant un "grimoire" sera effectivement condamné par l'Église...

Or, à l’origine, le Tarot était un véritable grimoire, et au fil du temps, il s’est transformé afin d’éviter de disparaître complètement...

Il semble qu’à l’origine le Tarot servait à l’enseignement des mages et était en vérité une transposition du "Livre de Thot".

Rarement on parle de "Tarot Grimoire", plus souvent on mentionnera le Livre de Thot. En vérité, qu’il ait s’agit du "Livre de Thot" ou d’un autre livre, quelque soit l’ouvrage mystérieux qui soit à l’origine du Tarot, il est très certainement devenu avec le temps, un des plus éloquents grimoires ; et surtout, il n’est pas resté aux mains de quelques privilégiés. Le Tarot est parvenu à se faire connaître et à répandre son enseignement de plus en plus largement dans le monde...

Mais, si vous le voulez-bien, suivons cette piste qui nous ramène à ce mytique "Thot"...

LE DIEU "THOT"
Dans la tradition Égyptienne, "THOT" était un Dieu considéré comme l'inventeur de l'écriture et le gardien des secrets des mouvements du ciel. On lui attribuait différents noms parmi lesquels, le plus répandu était "Trois fois grand", dont dérive le nom grec du même dieu : Hermès Trismégiste.

Fils de Râ, dont il était aussi le conseiller, il était le dieu de la lune, du savoir, de l'écriture, de la magie, de la mesure du temps et des mathématiques. Les égyptiens, qui le représentaient avec une tête d'Ibis, lui attribuaient même l'invention du calendrier à 365 jours.

Le mystère qui l'entoure est surtout dû au livre qu'il aurait écrit et caché... Mais que contiendrait ce livre? Et ou serait-il caché?

Selon les écritures des pyramides, le dieu Thot aurait transcrit les mystères des cieux dans ce livre sacré, et l'aurait ensuite caché sur Terre pour que seuls les plus dignes parmi les générations futures puissent le trouver. Ce livre contiendrait les formules auxquelles les dieux ne pourraient pas résister. Parle-t-on ici du "Tarot", que certains considèrent pour être le fameux "Livre de Thot"?

Dans l'ancienne Égypte, Thot est le patron des scribes, des lettrés, il régit l'écriture et le langage. Il est celui qui, disposant de sa parole puissante, de sa propre lumière c'est-à-dire l'intelligence, de la raison, a ramené et ramène sans relâchement le possesseur de l'œil droit, Rê, à la vie, lui accordant la santé et la force. Il est le dieu qui assista Osiris dans son œuvre civilisatrice.

Le dieu Thot est aussi nommé "seigneur du temps", étant le régisseur des cycles de la lune, symbolisé par un ibis sacré, quelquefois par un cynocéphale qui sont tous les deux typiquement africains. Les savants Grecs, en percevant l'aspect sacré de l'écriture égyptienne, le nommèrent “Hiéroglyphique" signes sacrés gravés.

Aussi, c'est Thot qui habille l'âme du vêtement de Vérité tissé par Isis afin qu'il puisse monter dans la barque solaire. Il fait partie du "Khus" du jugement. ("Khus" = assemblée d'entités vivant dans l'horizon céleste qui préside au jugement de l'âme). 

LE RETOUR DE THOT...


Aux premiers temps de la civilisation égyptienne, un mystérieux personnage intervint dans le haut clergé.

Ses connaissances, complétèrent le legs traditionnel. Les Égyptiens le nommèrent Thot, comme le dieu des lettres et des sciences, le Scribe Divin. La connaissance qu'il apporta à l'Égypte redonna à la Tradition primordiale souffle et vie.

Thot, donna aux hommes l'enseignement sacré, c'est à dire l'ensemble restructuré de la Tradition, par l'intermédiaire d'un livre symbolique qui était un enseignement nommé le "Livre de Thot". La Tradition était alors synthétisée par l’enseignement mystérieux, de ce demi-dieu venu d'un lointain royaume.

Selon le mythe, Livre de Thot permettait de "voir le soleil face à face". Voir le soleil face à face signifiait dans le langage des initiés, que cet enseignement était l'intégralité de la Tradition solaire donnée aux hommes.

Ses connaissances étaient immenses, aussi était-il secrètement et jalousement conservé par les prêtres du haut clergé égyptien. L'adepte qui le possédait, était conduit à l'Initiation d'Isis et pouvait ainsi voir la déesse face à face.

Considéré comme maudit par certains, cet enseignement permettait à l'homme de se hisser au rang des dieux!

ET PYTHAGORE ?

Pythagore, le Sage de Crotone, cet initié grec avait fondé une école après son retour d'Égypte. École dans laquelle des principes et des règles stricts étaient enseignés à ses adeptes.

Pythagore était héritier des enseignements du Livre de Thot, et à son tour il légua sa science à certains de ses disciples... Les pytagoriciens ont rattachée la numérologie, aux mathématiques, l'astrologie et l'alchimie à la mythologie, et  à tous ces enseignements hermétiques, ils ont rattachés le Tarot, qui à l'époque fut réservé aux seuls initiés et gardé secret au commun des mortels. Apparemment, les adeptes de l'École de Pythagore ne voulait pas nécessairement privé le reste de l'humanité de ce trésor d'enseignements, mais plutôt, ils considéraient que cet instrument d'initiation et de divination ne devait se retrouver entre n'importe lesquelles mains... Selon eux, l'initiation au Tarot devait être réservé "aux hommes de bonne volonté".

Bien plus tard, après que des groupes secrets eurent véhiculé cette connaissance fondamentale, on retrouve le Livre de Thot chez le groupe mystérieux des "Presbitéros Johanes" qui écrivirent l'évangile de Jean près de deux siècles après la venue du Christ... L'Église de Jean, L'Église ésotérique (gnostique), qui donna plus tard naissance à l'Ordre du Temple.

LE DIVIN HERMES TRISMÉGISTE


Pour le monde antique, Hermès, associé au dieu égyptien Thoth, fut considéré comme l’inventeur de l’écriture et l’auteur de nombreux traités magiques et religieux. Durant la période de l’Empire romain, ces textes hermétiques furent réinterprétés par l’École d’Alexandrie en Égypte à la lumière de la philosophie grecque, en particulier Pythagore et Platon. Les Pères de l’Église vouèrent un grand respect à Hermès en vertu des analogies avec certains textes qui lui furent attribués et des passages des Évangiles.

En 1460 fut porté à Cosimo de Médicis, Seigneur de Florence, un manuscrit retrouvé en Macédoine et attribué par erreur à Hermès Trismégiste. Cette œuvre traduite en 1463 par le religieux et philosophe Marsile Ficin fut suivie par les traductions de textes platoniciens qui révélaient une conception fascinante du Cosmos.

Selon cette philosophie, l’Univers converge vers l’Unité divine ordonnée selon des degrés divers de perfection et représentés par les cercles concentriques des sphères planétaires et célestes tandis que l’homme est constitué d’une part divine - l’âme - qui, durant son existence terrestre, peut le conduire à la contemplation du Bien suprême à travers la pratique de la vertu et par le biais de la médiation des différentes entités angéliques.

Un autre aspect important de cette philosophie était l’idée que l’Univers se reflètait dans chaque chose existante. L’Homme était envisagé comme un monde en miniature, un Microcosme identique en tout et pour tout au Macrocosme. Les philosophes de la Renaissance, à commencer par Ficin, édifièrent de complexes systèmes de correspondances reliant les astres du firmament et les différentes parties du corps humain.

Une des conséquences de ceci fut la revalorisation de la Magie, de l’Astrologie et de l’Alchimie – l’art hermétique primordial. On pensait ces sciences capables de donner à l’homme les moyens de comprendre les liens secrets qui assurent la cohésion de l’univers et qui influencent le comportement humain.

Ainsi les divinités astrales antiques, Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure, le Soleil et la Lune, ré-assumèrent leurs rôle d’esprits puissants et redoutables auxquels il était permis d’adresser prières et interrogations pour connaître la destinée humaine.

En effet, les amulettes, certains rites et la réalisation d’opérations particulières devaient permettre à l’homme de se défendre contre la puissance des astres, qui était même présente cachée dans les pierres et les métaux - et de capturer cette puissance pour sa propre élévation spirituelle.

Cette philosophie inspira des auteurs comme le poète Ludovico Lazzarelli (1450 - 1500) dont le « De gentilium imaginibus deorum » fut illustré avec des figures issues du pseudo Tarot dit de "Mantegna", (jeu de 50 cartes créé par le Pape et ses cardinaux pendant le concile de Mantoue vers 1459. Ce jeu est connu sous le nom de "Tarot Mantegna" (Mantoue) ou de "Cartes de Baldini ". C'est probablement à cette époque qu'apparaissent en quantité relativement importante les premiers jeux de tarot imprimés) ; comme aussi l’auteur anonyme des Tarots "Sola Busca" (1490 environ) avec leurs références à l’alchimie.

Le Tarot des Visconti (1441 - 1446)

Luxueux, comportant de l'or, de l'argent et des couleurs somptueuses, on y trouve les 78 cartes habituelles, les 56 arcanes mineurs plus les 22 triomphes ou arcanes majeurs mais leur facture et la disposition des personnages n'ont rien à voir avec le jeu dit "Tarot de Marseille". Ce jeu ressemble surtout à une superbe galerie de portraits... Ses cartes de grande taille ne sont visiblement pas adaptées à la pratique d'un jeu de société. On peut donc exclure une utilisation ludique de ces cartes magnifiques et envisager d'une utilisation décorative (oeuvre d'art de collection), divinatoire ou méditative, voire envisager que ce jeu aurait pu jouer un rôle dans les pratiques d'un cénacle ésotérique protégé par la famille Visconti. Les grandes familles italiennes ayant souvent au XVème et XVIème siècle créé et protégé des accadémie regroupant des érudits et des artistes, la plus célèbre d'entre elles étant celle que créa Cosme Médicis (1389 - 1466) et à laquelle appartint Marsile Ficin, le traducteur du "Corpus Herméticum".

À la même époque, plusieurs images des Tarots furent modifiées de façon à être conformes à l’iconographie hermétique. Suivant la conception platonicienne, en fait, l’origine stellaire de l’âme est représentée sur la carte "LES ÉTOILES", et l’« Anima Mundi » qui selon Ficin représente l’influence médiatrice entre l’homme et Dieu apparaît sur l'arcane "LE MONDE".

Bien que Merlin Cocai (pseudonyme de Teofilo Folengo), ait, en 1527, écrit sous une forme littéraire une sorte de traité de lecture divinatoire avec les tarots similaire à celle couramment en usage - la pratique prophétique des cartes n’était pas encore vraiment courante pendant la Renaissance.

LA BIBLE DES PAUVRES


Les allégories qui apparaissent sur les Atouts appartiennent au répertoire iconographique propre à la quasi totalité de l’Europe du XIIIe siècle. On les trouve sur les décorations des cathédrales gothiques, sur les fresques des édifices publics et dans les manuscrits encyclopédiques et astrologiques.

Dans la pratique, les figures représentées sur les cartes des Triomphes constituent une authentique "Biblia Pauporum" à savoir une "Bible des Pauvres".

Ainsi, en jouant simplement aux cartes, le peuple accédait directement par leur intermédiaire à une connaissance du mysticisme chrétien et à son contenu dont les concepts étaient ainsi continuellement rappelés à leurs esprits, selon la méthode de l’Ars Memoriae de l’époque.

Les allégories sont aisément déchiffrables par référence au contexte culturel des cours de l’Italie du Nord au vu de leur goût pour les images moralistes issues tant de la tradition religieuse que de la mythologie classique.

Ces images étaient d’une part tenues pour des représentations des héros civilisateurs qui initièrent les hommes à de nombreux arts, telle Minerve - la première tisseuse, ou Apollon - le dieu médecin. D’autre part, elles étaient considérées comme les allégories des vices et des vertus, et c’est cette interprétation que l’on trouve dans certaines cartes des Triomphes.

Des exemples tout à fait évidents incluent : la Force, représentée par Hercule terrassant le lion Némée, symboles des instincts animaux ; l’Amour représenté par Cupidon s’apprêtant à lancer ses flèches sur les Amants imprudents ; la Prudence, représentée par Saturne ; la Modestie de Diane ; l’Immodestie de Vénus ; la Vérité par Apollon qui illumine la Terre de son disque solaire.

De nombreuses figures des Tarots s’inspirent clairement de l’iconographie chrétienne. Ainsi le Monde, représenté tantôt par la Jérusalem céleste à l’intérieur d’une sphère portée par des anges ou surplombée par la Gloire céleste. La carte de la Papesse renvoie à l’image de la Foi, identique à celle représentée par Giotto dans la Chapelle des Scrovegni à Padoue.

Parmi de nombreuses autres représentations possibles des Vertus telles que la Tempérance, la Justice et la Force se trouve l’iconographie classique présente dans les églises gothiques et dans les miniatures des livres saints.

Les traités d’astrologie de l’époque constituèrent une autre source d’inspiration. La figure du "Bagat" ou BATELEUR apparaît parmi les "Fils de la Lune" à savoir parmi les métiers placés sous l’influence de l’astre.

Le "Misero" ou "Fol" figure parmi les "Fils de Saturne" ; l’image des Amoureux parmi les "Fils de Vénus" ; le Pape parmi les "Fils de Jupiter" et l’Empereur parmi les "Fils du Soleil". En outre, des figures d’astrologues apparaissent dans différents jeux des Triomphes en tant que représentations de la Lune et des Étoiles.

Enfin, sont présentes des images de la vie quotidienne. Un exemple extrêmement intéressant est la figure du Pendu qui fait référence à la peine infligée aux traîtres.

Dans la Chapelle Bolognini à San Petronio (Bologne) une figure identique est représentée sur une fresque de Giovanni da Modena car l’idolâtrie était perçue comme la plus affreuse des trahisons : le reniement du Créateur. Bien que la peine de la pendaison par un pied soit représentée dans d’autres œuvres, la fresque de San Petronio est l’unique exemple connu qui coïncide parfaitement avec la Carte du Tarot.

Quand on cherche à suivre les traces du Tarot, les pièces à conviction manquent à partir XVI° siècle. Sans doute parce que le Concile de Trente en 1542 interdit la lecture symbolique de l'Ecriture. Désormais on doit s'en tenir à son sens littéral (alors qu'au XII° on interprète l'Ecriture sur quatre niveaux de lecture). On trouve toutefois un "Tarot Vénitien" qui semble reprendre les cartes dites de Charles VI.

JACQUES VIÉVILLE



Jacques Viéville est un pseudonyme de graveur. Le "Tarot de Jacques Viéville", maître cartier à Paris entre 1643 et 1664, contemporain de Jean Noblet. est lui aussi très proche du Tarot de Marseille que nous connaissons.

Les lames majeures n’ont pas de légende mais sont numérotées. Leurs noms apparaissent de curieuse façon sur l’"As des Deniers" et sur le "2 de Coupes" sous la forme d’une sorte de rébus, comme si tout le monde, en fait, les connaissait.... Et, donc,  était à même d’y retrouver les noms...
.

On peut lire en effet sur l’As des Deniers : "PERE SAINCT FAIT MOY YUSTICE DE CE VIELART. MA. E. BAGA AMOVREUX. DE CESTE. DAMEQVY. SOYECRYE.ASONDE TROMPE PAR TOUT L.E MONDE DEPAR LE PAPE LAPAPESSE. LANPEREVR LINPERATRYCE LE SOLEIL."

Que l’on peut traduire par : "Père sain, fait moi justice de ce vieillard ma et Baga amoureux de cette dame qu’il soit crié à son de trompe par tout le monde de par le pape, la papesse, l’empereur, l’impératrice, le soleil".

Ce qui nous donne "La Justice", "Le Vieillard" (l’Ermite), "Ma" (le mat), "Baga" (le Bateleur en italien), "L’Amoureux", "La Trompe" (Le Jugement), "Le Monde", "Le Pape", "La Papesse", "L’Empereur", "L’Impératrice" et "Le Soleil". Soit les noms de 11 arcanes majeurs.

On remarquera aussi, le motif en trèfle à quatre feuilles...

Deux de coupe tarot de Jacques Vieville

Sur le 2 de Coupes : "L’A LVNE LESETOILLES L’A.FOVDRE PRINS AFORCE QVYSOIT PENDVE TRANNAY AV DYABLE."

Que l’on peut traduire par : "La Lune les étoiles la foudre pren (d) sa force qu’il soit pendu et traîné au diable".

Ce qui nous donne "La Lune", "Les Étoiles, "La Foudre" (La Maison-Dieu), "La Force", "Le Pendu", "Le Traîné" (ou "qui traîne" : Le Chariot) "Le Diable".

Sur la lame numérotée XIIII soit "La Tempérance" une jeune femme verse bien de l’eau d’une cruche dans un vase, mais on peut lire comme dans un miroir et sur une sorte de banderole "FAMA POS" que l’on peut traduire par la "Renommée qui suit".

Le Tarot de Viéville démontre sans doute que Viéville était un grand initié lui-même!

Enfin... Non seulement il est un des plus vieux Tarots reconnu, mais encore... L’ordre de numérotation des arcanes majeures de ce Tarot est le suivant : 1-Baga (Le Bateleur il. Bagatto) ; 2-Papesse ; 3-l’Inperatryce ; 4-Anpereur ; 5-Pape ; 6-Amoureux; 7-Justice ; 8-le Traîné (le chariot) ; 9-La Force ; 10-la roue de fortune ; 11-Viélard (l’ermite) ; 12-Pendu ; 13-la mort ; 14-la Renommée (Tempérance) ; 15-Dyable ; 16-la Foudre ; 17-les Etoiles ; 18-la Lune ; 19-le Soleil ; 20-Trompe ; 21-Monde ; --le Ma(t) (le fou, italien : il matto). Donc il est à remarquer que l’ordre des arcanes majeures du Tarot conçu par Viéville n’est pas exactement le même que celui du tarot de Marseille. Cet indice nous révèle qu'il n'a certainement pas été le modèle des Tarots qui seront édités par la suite (malgré la théorie des arcanes aux images inversées - nous y reviendrons...).

JEAN NOBLET


Le tarot gravé par Jean Noblet, maître-cartier parisien attesté, est l'un des plus anciens tarots populaires conservés, et le plus ancien tarot au motif dit de Marseille actuellement conservé (1650). L'original est à la réserve du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale de France qui le reçut en dation en 1972. Son graphisme original, sa petite taille, son authenticité et de nombreux détails signifiants en font un tarot particulièrement attachant et riche de sens spirituel.

Étant le plus ancien tarot connu au type dit (abusivement) "Tarot de Marseille" - abusivement, puisque... fait à Paris - par un maître-cartier issu du compagnonnage traditionnel et historique, il est une référence plus sérieuse que les versions modernes. Il a été réédité par le cartier Jean-Claude Flornoy.

LA RÈGLE DU JEU DE TAROT

À la même époque paraît une règle du jeu des tarots (assez sûrement datée de 1655) conservée à la Bibliothèque nationale au Département des Manuscrits ) Elle se présente sous la forme d’un opuscule imprimé de quatre feuillets montés dans un volume de documents manuscrits qui a été constitué en 1655 par Jacques Dupuy bibliothécaire du roi. On peut penser que ce manuscrit n’est que la copie faite par Jacques Dupuy lui - même d’un original disparu et incomplet d’autant que le début de la règle ne s’y trouve pas et que le texte commence par une minuscule

Cette règle du jeu fait mention des 78 cartes, dont 22 triomphes (arcanes majeures) dont les principaux sont le Monde le Math (Mat ou Fou) et le Bagat (bateleur).

On peut donc conclure que l’origine des tarots remonte au moins au XV° siècle et probablement avant les Visconti soit à l’époque de Charles VII au début du XV° siècle soit même peut être à celle de Charles VI à la fin du XIV° siècle.

On peut noter également que les costumes Et surtout la facture la façon de dessiner les personnages, les visages ainsi que les vêtements, sont les mêmes et sont quasiment calqués sur le jeu de Jacques Viéville (très proches aussi de ceux de Jean Noblet) ainsi que sur les jeux de cartes de Lyon du XV° siècle (fg.54). A ceci près que le tarot de Jean Noblet présente, par la simplification de son graphisme un aspect plus moderne. Néanmoins, les graphismes restent archaïques, en particulier le dessin des yeux ainsi que celui des vêtements qui restent des habits du XV ème siècle.

Ils restent très proches de ceux des jeux de cartes de Lyon du XV°- XVI° siècle fg.11- roi de pique 1567.).
Ce sont ceux que l’on retrouvera dans les tarots dits de Marseille. Les vêtements des personnages portent les modes de la fin du XV° siècle, telles qu’on les trouvait en Allemagne, en Bourgogne et en Rhénanie. Lyon n’est pas loin. (Mais la Maison Dieu avec les boules qui tombent du ciel ne se trouvent parmi les tarots parvenus jusqu’à nous qu’à partir du XVII° siècle mais il est vrai que le tarot de Visconti nous montre des boules semblables au mains du Fol...

Nous ignorons donc si le Dodal vient directement d’anciens blocs transmis de génération en génération depuis le XV° siècle auquel cas les autres ne seraient que des copies destinées au grand public ou bien si celui signé Jean Dodal ou Dedali est une nouvelle version élaborée et nouvellement codée à partir des tarots populaires. Toujours est il que pour le moment il est unique!!

JEAN DODAL


Ce tarot lyonnais du début du XVIIIème siècle ne cache pas ses intentions : il est clairement destiné à l'exportation comme en témoignent les nombreuses mentions F.P. LE TRANGE ("fait pour l'étranger") qui sont placées sur certaines figures. Il est vrai que les cartiers français commençaient à voir se constituer des débouchés : la Suisse connaissait le tarot depuis le XVI ème siècle et, d'ailleurs, en produisait (cf. cat. n°43), l'Allemagne s'y mettait à peine, mais le marché le plus prometteur était certainement ... l'Italie.

Il semblerait, en effet, que les cartiers du Piémont et de la Lombardie aient peu à peu abandonné la production de tarots à 78 cartes à la fin du XVII ème siècle, ou, tout au moins, qu'ils n'aient pu suffire à la demande. Il est vraisemblable que Jean Dodal exportait vers l'Italie.

Quelques menus détails différencient le jeu de Dodal des productions marseillaises plus tardives : le Diable porte encore sur le ventre une sorte de visage - représentation tout à fait traditionnelle - , et le Mat est déjà devenu Le Fol : ces traits suffisent aux spécialistes pour voir dans ces cartes l'archétype des tarots faits en Italie quelques décennies plus tard...

Avant que le Tarot ne soient modifier par des occultistes assoiffées de correspondances ésotériques et de références à la franc-maçonnerie, les tarots e Viéville, Noblet et Dodal, sont l'oeuvre de véritables initiés, respectueux de l'imagerie du Tarot d'origine, mis au point point par les Initiés héritiers des mages..


LE TAROT DE NICOLAS CONVER


En 1760 Nicolas Conver, cartier à Marseille, édite un tarot d’après un héritage qu’il aurait reçu avec des indications sur les couleurs, ainsi que de très anciens blocs de bois.

En vérité, les clefs qui se trouvaient dans celui de Jean Dodal avait alors disparues. Pourtant avant la redécouverte du "Tarot de Jean Dodal", on a cru que c’était lui qui avait donné au tarot sa forme définitive!

Depuis la version de 1760 proposée par Conver, plusieurs autres versions de ce Tarot ont vu le jour... Et c,est CE Tarot et ceux qui en découlent qui sont considérés pour être les plus "authentiques" Tarot de Marseille... Depuis cette version de 1760, il y a plus de 100 nouvelles versions de ce jeu qui ont été édités, avec des modifications, des reconsidérations, où des tentatives de "rénovation"...

ÉSOTÉRISME, RENAISSANCE DES TAROTS

En 1704 un prêtre nommé Menestrié déclare que l’un des plus anciens tarots avait été élaboré par un kabbaliste nommé Jacquemin de Gringonneur (concepteur putatif du tarot de Charles VI). Malheureusement cet auteur ne cite pas ses.sources.

En 1713 apparaît le tarot de Jean Pierre Payen à Avignon.
En 1723 le pasteur Anderson écrit ses constitutions...

Court de Gébelin (1719-1784), archéologue, célèbre à l’époque (membre de la franc-maçonerie française), se passionne pour le Tarot. Il prétend que son origine est égyptienne. C’est à lui et à son disciple Etteila que l’on doit la renaissance des Tarots en tant qu’instrument magique et outil de divination.

Les Tarots gagnerons beaucoup en popularité auprès des intéressé de l'occultisme... Et c'est beaucoup à cause des allégations de Court de Gébelin. Ses ouvrages ésotériques interviennent à la fin du XVIIIe siècle, en pleine période des Lumières.


Et, au sujet du Tarot, voici ce qu’affirmera Gébelin : 

"Si nous annoncions, aujourd’hui, qu’existe une œuvre qui contient la doctrine la plus pure des Égyptiens qui aurait échappé aux flammes de leurs bibliothèques, qui ne serait impatient de connaître un livre aussi précieux et extraordinaire ? Et bien ce livre existe et ses pages sont les figures des Tarots”. 

Pour justifier ses affirmations, Court de Gébelin explique que le mot "Tarot" vient de l’égyptien "Ta-Rosch" qui signifie "Science de Mercure" ("Hermès" pour les Grecs, "Thot" pour les Égyptiens).

Puis, aidé par un collaborateur inconnu, il indique les nombreuses propriétés magiques du Livre à peine redécouvert.

ETTEILLA


presque aussitôt. ces théories sont reprises par un autre franc-maçon, Etteilla, pseudonyme de Jean-François Alliette : 

“Le Tarot est un livre de l’Égypte ancienne dont les pages contiennent le secret d’une médecine universelle, de la création du monde et de la destinée de l’homme. Ses origines remontent à 2170 avant J.-C. quand dix-sept magiciens se réunirent en un conclave présidé par Hermès Trismégiste. Il fut ensuite incisé sur des plaques d’or placées autour du feu central du Temple de Memphis. Enfin, après diverses péripéties, il fut reproduit par de médiocres graveurs du Moyen Âge avec une quantité d’inexactitudes telle que son sens en fut dénaturé". 

Etteilla restitua aux Tarots ce qu’il estimait être leur forme primitive et il en remodela l’iconographie ; il le baptisa "Livre de Thot"


L’héritage du néoplatonisme et de l’hermétisme de la Renaissance est clairement présent dans les manipulations opérées par Etteilla. En effet, dans les huit premiers triomphes, il reproduit les phrases de la Création ; dans les quatre suivants, il souligne que les vertus conduisent les âmes auprès de Dieu ; et enfin dans les dix derniers, il représente les conditionnements négatifs auxquels les êtres humains sont soumis. 

Les 56 cartes numérales furent interprétées comme les sentences divinatoires pour les mortels. Grâce à ces révélations, prit un grand essor la mode de la cartomancie. 

Toutefois, bien plus tard, la dimension mystique du Livre de Thot fut revalorisée par Eliphas Lévi. 

ELIPHAS LEVI 


Eliphas Lévi (1810 – 1875) prêtre catholique, occultiste et kabbaliste de renom, est le premier à établir des concordances entre les lames et l’alphabet hébreu.

Eliphas Lévi dénonça les erreurs d’Etteilla en affirmant que les 22 Triomphes correspondaient à 22 lettres de l’alphabet hébreu mosaïque. Et il en explique le rapport avec les opérations magiques, avec le symbolisme franc-maçon et surtout avec les 22 sentiers de l’Arbre de la Qabbale, qui reflètent les structures identiques de l’homme et de l’univers.

Aussi, selon Lévi, en parcourant les 22 canaux du savoir suprême, l’âme humaine pouvait parvenir à la contemplation de la lumière divine... Les théories de Lévi furent reprises par de nombreuses confraternités occultistes et chacune d’entre-elles réalisa de nouvelles cartes des Tarots conformes à sa propre philosophie.

Pour certaines, l’objectif des initiés était la réalisation d’un grand Temple Humanitaire visant la création du Règne du Saint-Esprit fondé sur l’ésotérisme commun à tous les cultes. Pour d’autres, les Tarots représentaient les étapes d’un parcours individuel d’élévation mystique ou d’exaltation psychique grâce à l’obtention de grands pouvoirs magiques.

Pour Eliphas Levi comme la plupart avant lui, le Tarot est le "Livre de Thot". Échappé de la barbarie, des incendies, le plus ancien livre du monde aurait été transmis par les Bohémiens aussi appelés Égyptiens (Gypsies, en anglais, Gitans en Espagne). C’est ce que Gébelin nous apprenait déjà, et comme lui, il soutient que le terme "Tarot" viendrait du terme "As-ta-rosh". Selon Levi, "As-ta-rosh" est le mot qui désigne la doctrine des Tables Royales, ou Voie Royale. (Certains ont dénommée cet art : "La Voie du Char", sinon aujourd'hui  on la désigne pour être "La Voie des Mages"). 

Eliphas Lévi, semble être un grand érudit, mais très souvent il multiplie les lacunes, et c'est comme s'il mentirait par omission... Comment ne pas voir ici un lien entre les termes "As-ta-rosh" et le démon "ASTAROTH" ?! Il est désolant de voir que Lévi manque souvent d'intégrité, passe outre certaines explications, évite de dévelloper ou de donner ses sources... Car, sans aucun doute, il est préoccupé surtout de prêcher pour son église.... C'était aussi le cas avec Gébelin, Etteilla, et bien d'autres occultiste du XVIII et XIXème siècle, et ce le sera presque toujours avec ce genre d'adepte de la kabbale, et du mysticisme né du symbolisme de l'ancienne Égypte...


Effectivement, selon Lévi le Tarot appartiendrait à la tradition de la Kabbale et à la science des nombres. Mais il défend ici une théorie absolument erronée, car tout d'abord la kabbale est une science née des nombres, et le nombre est né du Tarot, c,est à dire du Verbe incarné. or, le Tarot constitue et un alphabet et une trame qui permet d'y associer des chiffres ou des nombres... À cet effet, il faut absolument lire l'ouvrage incontournable "Histoire Universelle des Chiffres" de Georges Ifrah. Un ouvrage qui vous éclairera beaucoup sur l'origine des chiffres, des nombres et de leurs diverses utilisations...

Par contre, les ouvrages d'Eliphas Levi sont tous de même d'une grande importance, du point de vue "ésotérique" et ils ont énormément marqué les milieux occultistes...

Lévi malgré ses tendances avouées pour la cabbale, est quand même parvenu à redonner ses lettres de noblesse au Tarot. Dabord, en confirmant les allégations de Court de Gébelin, et ensuite parce qu'il a déclaré que le Tarot dans lequel se retrouvent toutes les combinaisons, "découvrent les harmonies entières, qui existent déjà entre les signes, lettres et chiffres". Or, selon Lévi, un prisonnier qui n'aurait aucun autre livre que le Tarot, pourrait, s'il savait comment l’utiliser, acquérir en quelques années une science universelle et serait avec une telle érudition en mesure de communiquer inépuisablement sur tous les sujets. 

Il ajoute : « Les combinaisons diverses de ces signes et des nombres qui leur correspondent forment autant d’oracles kabbalistiques, en sorte que la science entière est contenue dans ce livre mystérieux. Cette machine philosophique parfaitement simple étonne par la profondeur et la justesse de ses résultats ». 

Pour Eliphas Lévi, le Tarot était plus qu’un outil de divination, il était aussi un outil d’enseignement ésotérique et une méthode des anciens initiés pour aider à atteindre notre plein potentiel et obtenir la santé, la sécurité et une véritable vie satisfaisante. 

Il déclara encore : « Si quelqu'un connaît l'application correcte du tarot, comme c’est enseigné dans l'ancien ordre des rosicruciens, il a enfin une clé universelle pour résoudre chaque problème ». 

TAROTS ET CARTOMANCIE


Il est généralement admis que la période qui couvre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, fut propice aux prophètes et aux devins, en France et ailleurs, en raison des incertitudes politiques et de l’aggravation de la crise économique.

Nous savons que le premier document attesté contenant la liste des cartes avec leurs valeurs divinatoires respectives appartient à la ville de Bologne et doit être daté des premières années du XVIIIe siècle.

Ce n’est qu’au XIXe siècle que le nombre de cartomanciennes s’accrut de façon considérable grâce aux stupéfiantes révélations de Court de Gébelin, d’Etteilla et des confraternités occultistes.

Une des plus célèbres cartomanciennes de l’époque fut Mademoiselle Lenormand, dont la fortune reposa sur une habile utilisation de son image publique. Tout au long de sa carrière, Mademoiselle Lenormand vit défiler dans son salon des personnages de la stature de Robespierre, Marat, Danton, Napoléon Bonaparte, et devint la confidente de l’impératrice Joséphine.

La “Sibylle des Salons”, ainsi qu’elle était surnommée, fut imitée par d’innombrables devineresses qui s’efforcèrent de tirer profit de leur art en prétendant être les élèves et les disciples voire les héritières de la plus illustre sibylle. D’autre créèrent de nouvelles cartes de cartomancie basées sur les Tarots égyptiens d’Etteilla ou sur les cartes à jouer françaises.


Vers 1850, la divination par le biais des tarots et des cartes à jouer était devenue une technique divinatoire extrêmement populaire dans l’Europe entière. Et à cette même époque, la renaissance des philosophies ésotériques redonna vigueur aux arts magiques et à la cartomancie en particulier. 

La diffusion de cette pratique, toutes classes sociales confondues, s’accompagna d’une vaste production industrielle pour répondre aux attentes du public.

Au cours du XIXe siècle furent imprimés, essentiellement en France, en Italie et en Allemagne, au moins une centaine de jeux qui dans la plupart des cas n’avaient qu’un rapport lointain avec les Tarots mais davantage avec les livres d’interprétation des songes ou avec la "Kabbale du Loto". On peut affirmer que depuis lors cette mode a conservé toute sa vigueur, si l’on excepte les périodes de guerre.

À tort selon moi, les sociologues s’interrogent aujourd’hui sur les raisons de ce qu’il est convenu de définir aujourd’hui comme un retour de l’irrationnel mais qu’il convient d’envisager davantage comme une présence qui témoigne d’un besoin constant, dans l’histoire occidentale, de plus grandes certitudes...

Au-delà de l’aspect divinatoire, il convient par ailleurs de tenir compte de la dimension artistique. La création des cartes a en effet souvent vu à l’œuvre de très talentueux dessinateurs et peintres dont le travail témoigne, non seulement d’un goût personnel, mais également d’une sensibilité artistique et des courants des époques dans lesquelles il s’inscrit.

À cet effet, l’apparition soudaine du tarot de Papus allait bouleverser le monde des ésotéristes et sera d’une grande inspiration pour eux comme pour bien des artistes...

PAPUS

Gérard Encausse, dit Papus (13 juillet 1865 à La Corogne- 25 octobre 1916 à Paris) est un médecin et occultiste français, cofondateur de l'Ordre Martiniste avec Augustin Chaboseau.

Pour Papus, les Tarots constitueraient l'enseignement des grandioses civilisations de l'Atlantide (dont les descendants seraient les égyptiens et les indiens d'Amérique) confié aux Bohémiens peu avant la disparition de l'Atlantide. Ceux-ci, ignorant tout de la véritable signification de leur trésor l'auraient transmis de génération en génération jusqu'à nos jours, l'instrument leur permettant de se divertir et de gagner leur vie en disant la bonne aventure.

Il écrivit plusieurs livre sur l’occultisme ; dont certains sont devenu célèbre comme "Traité élémentaire de science occulte" (1888), "Le Tarot des Bohémiens, clef absolue des sciences occultes" (1889), "La science des mages et ses applications théoriques et pratiques" (1892), "Traité élémentaire de magie pratique" (1893), "Les Arts divinatoires. Graphologie, chiromancie, morphologie, physiognomonie, astrosophie, astrologie" (1895)...


Son livre sur le Tarot "Le Tarot des Bohémiens, Clef Absolue des Sciences Occultes" parut en 1889 allait faire beaucoup de bruit dans le monde de la taromancie, mais aussi dans tout le monde de l’ésotérisme...

Stanislas de Guaita : "Papus vient de fonder à jamais sa réputation d'adepte par la mise à jour d'un monumental ouvrage sur le tarot. Nous ne pensons pas exagérer en estimant que ce livre - où est révélée jusqu'en ses ultimes profondeurs la loi pivotale du ternaire universel - constitue dans toute la valeur du terme, une Clef absolue des Sciences Occultes."

Barlet : "C'est là un livre dont l'étudiant en occulte ne pourra se passer. Il ouvre, il explique cette œuvre d'Hermès que les Mages de l'Égypte antique mettaient entre les mains de l'adepte. La Clef n'en était conservée qu'en secret par des initiés inconnus. La voici reconstruite et divulguée."

Cela dit, le Tarot de Papus n'est autre que le tarot de Marseille auquel il a ajouté des symboles associés, des connaissances connexes qui cherchent à rendent chaque carte plus riche d’enseignement. Ainsi on retrouve sur chaque carte de l'hébreu, du sanscrit, de l'égyptien, les planètes associées à la carte...Les illustration des arcanes sont aussi de style plus égyptien que ceux du tarot de Marseille. Tous ces "rajouts" de Papus viennent, dit-il, de son étude approfondie du Tarot... Et bien, c'est du joli! Parce que jamais auparavant quelqu'un ne sèmera autant d'erreur et ne multipliera autant d'erreur!!! En vérité, les révélations ésotériques de Papus, sur la plupart des sujet, ne sont justement pas "approfondis", il répondent surtout à une soif du public de se voir révéler de grands secrets et Papus profite allègrement de la situation!

Le tarot de Papus, quant à lui, apparaît comme la somme de grandes connaissances ésotériques, et pourtant, le Tarot de Papus souffre de lacune où déborde d'incongruités, d'éléments douteux, sinon d'indication tout à fait erronées! Une des erreurs les plus flagrantes est, entre autre, d'avoir associé, les Deniers aux "Carreaux"... Cette erreurs et bien d'autres se sont malheureusement perpétuées dans les milieux occultistes, chez les étudiants de l'ésotérisme, et s'est propagé partout dans le monde du Tarot. Et, de fait, plusieurs version du Tarot qui sont apparus après celui de Papus comporte aussi des mêmes erreurs... (Cela est le cas aussi pour le très populaire Tarot dit de "Waite/Rider")

Papus s'est surtout soucié, ici, de rapprocher sont Tarot des concept véhiculés par les Rose-Croix ou les Franc-Maçons de l'époque, à savoir, des correspondances avec la kabbale et avec l'iconographie de l'ancienne Égypte...



Enfin, pour Papus, le Tarot a plusieurs visages : c’est un jeu de cartes, un moyen de prédire l'avenir et un trésor de connaissances et de sagesse et c'est évidemment ce dernier aspect qui retient essentiellement l'attention de l'auteur... Pour lui, la progression dans la connaissance des Tarots (et de soi-même) exige de longues études, une aptitude à la méditation, beaucoup de patience, d'intégrité et d'humilité et doit être entreprise dans un esprit de désintéressement. En écoutant les conseil du Tarot l’on peut éviter les pièges, les obstacles et parvenir au trésor!

OSWALD WIRTH


"Quand la pensée cesse d’être libre de s’exprimer par la parole ou l’écriture, elle est contrainte de se cacher sous des images qui la révèlent par allusion. Ainsi naquirent d’étranges documents, qui semblent ne rien dire au premier abord, tout en condensant sous des symboles une profonde sagesse dissimulée. Le chef-d’oeuvre du genre nous est parvenu mêlé aux plus anciennes cartes à jouer."

Oswald Wirth, né le 5 Août 1860, à Briens, en Suisse, et mort le 9 Mars 1943, En se basant sur l’ancien Tarot de Marseille, Oswald Wirth dessina à l’âge de 29 ans, en 1889, 22 Arcanes sous les indications de son maître, Stanislas de Gaïta.

Ce premier Tarot conçu par Wirth, alors appelé « Tarot Kabbalistique », sera édité seulement en 100 exemplaires. 37 ans plus tard, en 1926, une nouvelle version de ce Tarot paraitra. (Sans couleurs, Illustrations différentes, avec des indications d’interprétations notées directement sur les Lames).

Enfin, une troisième version fut publiée, accompagnée d’un livre devenu célèbre nommé "Le Tarot des Imagiers du Moyen-âge". Cette nouvelle version est un retour aux sources... En effet, elle reprend les illustrations de 1889 en y modifiant quelques détails, en y ajoutant des symboles Phéniciens entourant chaque dessin et en les ornant d’un fond doré.

42 ans après la troisième édition, en 1966, une quatrième édition voit le jour dans une ré-édition du livre "Le Tarot des Imagiers du Moyen-Âge". Cette quatrième version conserve les fonds dorés introduit dans la troisième mais a été épurée de tous symboles Phéniciens...

Avec raison, le dit "Tarot Kabbalistique" est édité aujourd’hui, sous le nom de "Tarot d’Oswald Wirth", et sa répuation n'est plus à faire...


Maintenant voici ce que disait Wirth à propos du Tarot :

"Les imagiers-illuministes du Moyen-Âge qui ont composé les 22 Arcanes se sont inspirés des connaissances mystérieuses de l’époque. Le nombre 22 qui est celui des lettres de l’alphabet hébraïque, suggère que la Kabbale ne leur était pas étrangère ; ils avaient de plus des notions d’Alchimie et d’Astrologie, sans parler d’un mysticisme laïque visant l’accomplissement du Grand-Oeuvre humain, c’est-à-dire la transmutation graduelle de l’homme animal en un être digne d’une espèce d’essence divine.

Guidés par une intuition diffuse, les dessinateurs du Tarot n’ont pas été tenus d’en apprécier toute la portée philosophique. L’artiste se fait parfois l’interprète inconscient d’un ésotérisme qui hante son imagination, sans se manifester à son intellect avec une suffisante netteté. Des variantes s’observent parmi les Tarots les plus anciens ; il y eut des tâtonnements qui ont conduit à la fixation du symbolisme lors de l’invention de la gravure sur bois. Mais à cette époque, les bariolages destinés aux joueurs n’avaient pas toujours été recopiés avec soin et surtout avec une parfaite compréhension des détails. Il en est résulté une défiguration partielle du Tarot du jeu de carte en 78 lames.

Des fantaisistes comme Etteila, au XVIIe siècle, ont perfectionné à leur façon le jeu populaire pour en tirer un instrument de divination à l’usage des cartomanciennes. Cela nous écarte entièrement du primitif livre muet signalé par Court de Gebelin puis soigneusement étudié par Eliphas Lévi (L’Abbé Alphonse-Louis Constant), mort en 1875 après avoir publié de très appréciés ouvrages sur la Magie. Cet occultiste a redessiné les Arcanes VII et X du Tarot en clarifiant leur symbolisme.

S’inspirant de cette restitution, Stanislas de Guaita, en 1887, suggéra de l’appliquer à l’ensemble des 22 Arcanes. De recherches poursuivies à la Bibliothèque Nationale naquit alors le Tarot Kabbalistique de 1887, qui reproduit les modèles les plus correctement significatifs."

C’est ce Tarot restitué à sa pureté hiéroglyphique que décrit et documente "Le Tarot des Imagiers du Moyen-Âge", ouvrage incontournable publié en 1923 par Oswald Wirth.

LE TAROT DES IMAGIERS DU MOYEN-ÂGE


Cet ouvrage sur la science divinatoire est peut-être le plus célèbre et le plus controversé, et a fait l’objet de nombreux écrits... Mais l’ouvrage demeure une référence.

Pour le rédigé, Wirth a puisé aux sources de l’Hermétisme, de la Kabbale ainsi qu’auprès des artistes et des imagiers du Moyen Âge qui nous ont laissé en héritage leur imaginaire dans les cathédrales.

La première partie du livre est consacrée au tarot dans son ensemble (origines, indices révélateurs des secrets du tarot, le tarot kabbalistique, astronomique, le symbolisme des nombres, des formes et des couleurs).

La deuxième partie est consacrée au symbolisme des "22 clefs de la Sapience secrète du Moyen Âge".

Le lecteur, largement initié par les explications qui lui ont été fournies précédemment, peut s’atteler à la découverte des cartes. Chacun des 22 arcanes est étudié séparément ; ainsi guidés, nous sommes conviés par l’auteur à nous libérer de l’emprise de pensées toutes faites, à entamer une réflexion personnelle et à acquérir des idées que nous ne devrons qu’à nous-mêmes.

La troisième partie traite de la divination reposant à la fois sur la connaissance, l’imagination et l’intuition.

Enfin, un appendice donne des indications sur le symbolisme des pentacles qui accompagnent le texte.

Voici ce que disait Wirth à propos de la Divination par le Tarot...

"Qu'un jeu soit utilisé pour la divination est presque contradictoire. En effet, tout jeu, et singulièrement un jeu de cartes, se présente nécessairement comme une totalité : une série d'éléments constants auxquels il n'est possible de rien soustraire ni ajouter et qu'on ne saurait non plus modifier. Un jeu, c'est-à-dire la somme des données à manipuler, doit être fixe et complet, sinon le jeu, c'est-à-dire la suite des opérations qui brassent ces données est faussée au départ. À l'inverse, toute divination porte sur un domaine illimité, puisqu'elle comprend les événements possibles, qui sont en nombres infini et qui bifurquent à tout instant de manière imprévisible (ou d'ailleurs prévisible, ce qui revient pratiquement au même, si la certitude demeure exclue). À cet infini doit normalement correspondre un autre infini qui est celui où le devin puise son oracle : les éclaboussures du plomb, les reflets qui passent dans le cristal, les entrailles des victimes ou la fumée de l'encens, l'huile répandue sur l'eau ou les taches d'encre, les simulacres de rêves, les dessins du marc de café. Ici et là, rien n'est répété, tout à fait identique à soi-même, justement comme dans la vie, où les même péripéties surviennent, les mêmes malheurs, les mêmes chances, mais jamais complètement superposables."

IL EXISTE UN VÉRITABLE « TAROT GRIMOIRE »!


C’est le taromancien Aristide de l’Espinay (1843 – 1917), contemporain d’Oswald Wirth, qui réalisera le premier Tarot Grimoire en soi, c’est à dire, un tarot sans autre illustrations que des pictogrammes.

Ce tarot « à faire soi-même », selon les besoin et les moyens », a été publié pour la première fois dans l’ouvrage célèbre d’Oswald Wirth « Le Tarot des Imagiers du Moyen-Age ».

De l’Espinay prétend qu’il tenait la connaissance de ces 22 cryptogrammes archétypes de l’enseignement de la lignée des Mages de Chaldée qui les détenaient des Mages de l’Atlantide!

Des pictogrammes, donc, qui seraient à l’origine du Tarot et qui précéderaient de beaucoup l’élaboration de l’imagerie du Tarot de Marseille!

Oswald Wirth ne dit pas grand-chose à propos de cet énigmatique « Tarot Grimoire » (Tarot des Pictogrammes), sinon que ce Tarot peut facilement être réalisé sur des bouts de papier ou de bois. Il explique que les arcanes majeurs sont alors simplement ramenés à ces 22 idéogrammes. Il n’explique pas d’où ils proviennent, et qui en a eut l’idée mais laisse supposé qu’ils pourraient être à l’origine des Tarot...

Mais aussi, ces symboles semblent être le résultat de réflexions dans le sens ésotériques, une synthèse faite par des occultiste versées dans la kabbale et initiés à l’ésotérisme (numérologie, astrologie, mythologie, symbolisme, alchimie...).

À mon humble avis, ce Tarot Grimoire a été mis au point par Aristide de l’Espinay lui-même au sein du cercle d’ésotéristes duquel faisait aussi partie, son ami Oswald Wirth. Bien que de l’Espinay ne rejoignis jamais la Franc-maçonnerie.

À ce jour deux exemplaires du Tarot Grimoire (Tarot Pictogrammes) de L’Espinay ont été retrouvés, l’un en l’abbaye de St-Martin de Ligugé avec nombre d’ouvrages ésotériques (gnostiques) et l’autre se trouvant dans les cryptes de la Cathédrale Sainte-Bénigne de Dijon au côté d’un tarot authentique de Jean-Baptiste Madenié cartier dijonnais. Certains spéculent qu’un autre dernier serait conservé secrètement à Avignon, où selon de l’Espinay le tarot de Marseille a été inventé. Il affirme encore que les premier modèle du Tarot de Marseille fut produit pour la première fois par un cartier de Dijon!


La confection de ces pictogrammes qui figurent sur les lames sont purement « thaumaturgique ». Les arcanes ici peuvent être utilisés pour des tirages dans le sens divinatoire, même si, sans doute, ils ne sont pas aptes à avoir une fonction « thérapeutique »... Ces arcanes, par contre ont un haut taux vibratoire, ils sont l’expression simple, minimale, mais directe de la vibration des arcanes...

De plus, cette réduction, cette sorte d’abréviation de l’imagerie du tarot est absolument puissante quand il s’agit, par exemple, de magie opératoire ou de lecture au sens thaumaturgique...

Enfin, en ce qui concerne l’optique initiatique, le Tarot Grimoire laissera sur sa faim l’initié duquel le cheminement initiatique nécessite l’imagerie « alchimique » du Tarot de Marseille... De fait, le meilleur « Tarot Grimoire » reste et restera, encore et toujours, le Tarot de Marseille, dans ses versions d’origines (entre autre les : Viéville, Noblet, Dodal, Conver, Burdel...)

Cela dit, De l’Espinay est sans doute le premier ésotériste à avoir compris que le tarot est doué de provoquer un changement dans la conscience qui est nécessaire pour accomplir la transformation spirituelle, le renouvellement de la prise de conscience et l'épanouissement de notre pleine capacité.

Pour lui les arcanes du Tarot sont de vigoureux guides pour la méditation ainsi que la clé aux niveaux de la conscience intérieure.

De plus, on peut considérer de l’Espinay pour être un réel innovateur en ce qui concerne l’utilisation des « Pictogrammes »...

LE POUVOIR DES PICTOGRAMMES


Le pictogramme, surtout lorsqu'il est purement visuel, présuppose une sorte de faculté universelle d'identification; c'est pourquoi on l'utilise beaucoup dans des environnements où la pluralité des langues rendrait problématique l'utilisation de messages verbaux ou écrits (aéroports, gares, brochures touristiques, etc.).

Or, une analyse approfondie montre que l'interprétation des images utilisées renvoie souvent à un domaine de connaissances qui varie beaucoup d'une culture à l'autre.

Contrairement à l'image en général, le pictogramme n'est jamais unique, et son pouvoir signifiant repose fréquemment sur le système dont il fait partie. D'un autre côté, les systèmes pictographiques sont rarement très étendus, ce qui nous permet d'étudier facilement le système dans sa totalité—ce n'est pas le cas du langage, par exemple.

Les systèmes pictographiques ont généralement vocation à exprimer des champs sémantiques restreints, mais avec une efficacité supérieure à celle du langage dans le même contexte. Ils prouvent donc que, si les langues naturelles constituent bien les systèmes signifiants les plus complexes et les plus flexibles dans l'absolu, elles n'en représentent pas pour autant le choix optimal dans n'importe quelle situation de communication.

C’est aussi le cas quand il s’agit de pédagogie avec les enfants de bas âge... On utilise les pictogrammes, parce qu'une image vaut mille mots ». Les jeux à pictogramme sont des outil qui offrent un support visuel, tant au niveau de la routine, du jeu que de l'apprentissage.

ARTHUR EDWARD WAITE

Arthur Edward Waite (2 octobre 1857 - 19 mai 1942) était un occultiste américano-britannique. A.E. Waite intégra l’Ordre hermétique de la "Golden Dawn" en 1891 et la "Societas Rosicruciana in Anglia" en 1902. Lorsqu'il devient Grand Maître de l'Ordre en 1903, changeant son nom en "Holy Order of the Golden Dawn", de nombreux membres rejetèrent ses idées sur la primauté du mysticisme sur la magie, et un groupe rival, l'"Étoile du Matin", fit sécession sous l'impulsion de William Butler Yeats. La Golden Dawn fut déchirée par nombre de conflits internes jusqu'au départ de Waite en 1914.

Waite fut un auteur prolifique de textes occultes ayant pour thèmes la divination, le rosicrucisme, la franc-maçonnerie, la magie noire et cérémonielle (goétie et théurgie), la Kabbale et l'alchimie ; il a également traduit et re-publié plusieurs ouvrages mystiques et alchimiques. Son travail sur le Saint Graal, influencé par son amitié avec Arthur Machen, est remarquable. Certains de ces livres non encore imprimés, tels que le "Book of Ceremonial Magic", "The Holy Kabbalah", et la "New Encyclopedia of Freemasonry", le furent récemment.

Waite est surtout connu pour avoir été le co-créateur du jeu de Tarot dit de "Rider-Waite", largement utilisé dans le monde anglo-saxon principalement à des fins divinatoires, et l'auteur du manuel d'accompagnement dudit jeu, "Pictorial Key to the Tarot".

Le Tarot Rider-Waite a été illustré par Pamela Colman Smith, membre de la Golden Dawn, et mis pour la première fois en vente en 1910.

Ce Tarot est connu pour être l'un des premiers dont les 78 lames sont entièrement illustrées, contrairement à presque tous les jeux traditionnels où seules les 22 arcanes majeures le sont. Il s'agit certainement d'un Tarot qui permet de décoder avec beaucoup d'acuité le sens divinatoire des arcanes, surtout des arcanes mineurs. En ce qui a trait aux Arcanes Mineurs il s'agit ici d'interprétation personnalisées, qui ne traduisent pas nécessairement le sens qu'on leur trouve dans le Tarot de Marseilles. Waite a fixé le sens des arcanes, et les illustrations desquelles ils les a affublés, éloquentes certes, ne laissent plus beaucoup de place à l'imagination, à l'inspiration pure... Et... Il y a un autre "hic"... Waite a inversé les arcanes "8" et "11", et dans ce Tarot on retrouve alors LA JUSTICE pour être l'arcane "11" et LA FORCE pour être la "8".

Donc, il y a des différences notables entre le Tarot de Marseille et le Tarot de Waite aussi bien graphiquement que dans la structure même de ces 2 tarots. Aussi il est important avant de faire l'acquisition d'un Tarot de bien identifier à quelle catégorie celui-ci appartient. Il y a les "Tarots de Marseille" et les Tarots "Ésotériques" et encore, je dirais qu'il y a la catégorie des Tarot "Farfelues".

ALEISTER CROWLEY


Aleister Crowley a donné d,abord le nom de "Livre de Thot" à sont Tarot, puis plus tard il le dénomma le "Tarot Miroir de l’Âme"... (est-ce ici faire preuve de Savoir et de Sagesse, ou plutôt tout simplement l'idée d'un habile opportuniste?)

Le Tarot d'Aleister Crowley est composé, dans sa globalité, par plus de 1200 symboles différents. Ce Tarot  a été dessiné par Lady Frieda Harris (entre autre égypthologue), sous la direction du fameux occultiste, et  travailla plus de 5 ans aux peintures qui allait illustrer ce fameux Tarot (1938-1943). Bien que Lady Harris n'en savait que très peu sur les tarots et leur symbolique, elle intégra avec grande sensibilité toutes les éléments dans les peintures... Pour sa composition, elle se servit des descriptions et indications fournies par Crowley, et même si elle du réaliser plusieurs versions, avant qu'elle ne trouve enfin l'approbation de Crowley ; apparemment, le résultat final dépassa largement les espérances de celui-ci.

Après plus de cinq ans à travailler sur l'illustration des arcanes, ce tarot fût enfin publié pour la première fois en 1969, après le décès de Crowley. Il fut disponible au grand public quand le mayor Grady L.McMurtry décida de le rendre accessible et publia une première édition officielle en 1977.

Les peintures originales de qui sont à l'origine de ce Tarot, se trouvent actuellement à l'institut Warburg, université de Londres. Crowley croyait que les atouts du Tarot, ou "Atus" de "Tahuti", comprenait un système complet d'hiéroglyphes, qui représentaient la totalité des énergies de l'univers. Il a recherché à reconstruire les atouts grâce à une combinaison de l'astrologie et de l'"Arbre de Vie" avec dix "sephiroth" et les vingt-deux voies de liaison.

Les noms de quatre des arcanes majeurs, ou "Atu", ont été changés; l'arcane VIII "L'AJUSTEMENT" a replacé LA JUSTICE, l'arcane XI "LA CONVOITISE" a remplacé LA FORCE, l'arcane XIV "L'ART" a remplacé LA TEMPÉRANCE et XX "L'AÏON" ou "L'ÉTERNITÉ" a remplacé LE JUGEMENT.

HENRI DE MONCONTOUR ET LE TAROT "TALISMANIQUE"


Henri de Moncontour, historien, archéologue, ethnologue et le plus sage des initiés, s’opposa tout de suite aux changements apporté par Aleister Crowley, refuta son "indigeste" Tarot de Thot (et de même pour la plupart des Tarots modifiés par des occultistes...) Tout d’abord, il prôna avec ferveur, un retour au Tarots de Marseille authentiques... Ensuite, il préconisa la méditation sur les lames du Tarot et ramena les arcanes à leur utilisation "talismanique"...

De Moncontour assures qu’à l’origine le Tarot était des "pictogrammes", faisant parti de l’apprentissage des mages et que les 22 arcanes étaient transmis le plus souvent par des illustrations, mémorisées... Et ces fameux pictogrammes auraient en vérité une origine encore plus anciennes. Et surtout, il prétendait qu’à l’origine les 22 arcanes du Tarot, étaient, ni plus ni moins, des amulettes et des pictogrammes talismaniques...

Il explique qu’il s’agissait aussi de symboles, de "pictogrammes" associés à l’alphabet "phénicien" et leur calligraphie particulière, duquel l’alphabet, en fait, serait né! Car les lettres de l’alphabet phénicien étaient la réduction, à leur plus simple expression, de tableaux, évènements, de personnages mythiques !

De Moncontour explique qu’avant d’être des lames destinées à jouer, les arcanes du Tarot pouvaient être dessinés sur n’importe lequel support et porté sur soi...

Pour certains auteurs, le talisman tient sa force des images qu'il porte, pour d'autres (Thomas d'Aquin, Marsile Ficin) de la matière dont il est fait.

Comme c’est le cas pour les "runes celtiques", les premiers arcanes pouvaient être réduite à une lettre de l’alphabet phénicien...

Donc, selon Henri de Moncontour ce sont des Mages qui ont conservé les images complexes à l’origine des lettres! Et ce sont ces images qui ont de toujours été à l’origine de l’imagerie des Tarots, malgré les modifications au cours des âges...

De Moncontour nous apprend que depuis des temps immémoriaux, certains symboles sont considéré comme des amulettes ou des talismans, des protections...


amulettes de l'Ancien Égypte


Scarabée amulette



Talisman Perse


Un talisman ou une amulette est un objet "magique" qui porterait des vertus occultes attirant des influences bénéfiques. L'art des talismans s'appelle la "talismanie". Cela remonterait même à l’âge de pierre !

Parce que nos plus lointain ancêtre recherchaient aussi la protections des dieux, voulait s’assurer force, fertilité, et avoir la faveur des cieux...

Alors... Superstitions?

Depuis toujours on brandit des armoiries, étendards et des drapeaux où figurent encore tous ces symboles ésotériques : aigle, lion, licorne, griffon, épée, couronne, fleur de lys.... Et combien d’Ordres d’initiés, de sectes font de même : lion, serpent, ouroboros, rose, compas, tête de mort, colonnes, couronne, lune, soleil, triskel, étoile, pentagramme, etc... etc...


Pourquoi se servirait-on de ces symboles pour représenter des organisations aussi sérieuses que des nations ou des groupes d’initiés, si ces symboles ne voulaient rien dire, ou ne serait que de la superstition?

Ces symboles sont, certes évocateurs, car ils expriment une appartenance ou une croyance ou un lien avec quelque chose... Ces symboles sont considérés sans doute comme étant des symboles "talismans".

Pour de Moncontour, en ce qui concerne le Tarot, les 22 arcanes seraient donc de véritables "amulettes" ou "talismans" et chacun des arcanes auraient sa propre vibration.  Le céleste, le divin, est "l’émetteur" et le Tarot est "le récepteur"... Reste ensuite à décoder le message...

Il explique que la "méditation" sur les lames de Tarot ou l’utilisation des arcanes à des fins "magiques" sont toutes deux des pratiques qui relèvent du domaine thaumaturgique... C’est là, selon lui, la manière d’utiliser les arcanes en tant que talismans, comme à l’origine...

On peut parler ici, de la "magie du Tarot". Elle permet de synthoniser les vibration célestes via les arcanes, et les arcanes sont des sortes de runes permettant de consulter le céleste...

Comme le fit Marsile Ficin fait une liste des sept choses qui peuvent attirer les influences célestes, d'après les planètes : Lune (pierres, métaux, etc.), Mercure (plantes, fruits, animaux), Vénus (poudres, vapeurs, odeurs), Soleil (mots, chants, sons), Mars (émotion, imagination), Jupiter (raison), enfin Saturne (contemplation intellectuelle, intuition divine)...

De Moncontour retraça les 7 arcanes talismanique liés au sept planètes qui depuis la nuit des temps sont les vibrations de la gamme céleste...et les 14 arcanes "amulettes".... Le Tarot est composé de 3 gammes de 7 arcanes...

LES 7 TALISMANS 

L’IMPÉRATRICE = Fertilité, Abondance (arcane de protection ultime)
L’EMPEREUR = Pouvoir, Richesse, héritage
LE CHARIOT = Réussite
LA ROUE-DE-FORTUNE = Chance
LA FORCE = Santé, Force, Vigueur
LA TEMPÉRANCE = Équilibre psychique, contre l’insomnie
LE SOLEIL = Amour, Bonheur, Harmonie Familiale

LES 7 AMULETTES DE L'ENSEIGNEMENTS 

LA PAPESSE = Connaissance et Vérité (pour aider dans nos apprentissage)
LE PAPE = Foi et Béatitude (pour se sentir près du divin)
L’HERMITE = Méditation et Sagesse (pour trouver des réponses)
LA JUSTICE = Rigueur et Honnêteté (pour que justice soit faite, trouver un voleur, un assassin...)
LE DIABLE = Passion et Soumission (pour attirer à soi tout ce qu'on désir)
L’ÉTOILE = Inspiration et Éveil (pour trouver la paix intérieure, et avoir la protection du Céleste)
LE MONDE = Nature et Création (pour l'épanouissement de soi, avec la protection des Dieux)

LES 7 AMULETTES DE L'INTROSPECTIONS (ÉPREUVES) 

LE BATELEUR = Apprendre à dompter et dominer l'Ego (à combiner avec LA FORCE ou LA TEMPÉRANCE)
L'AMOUREUX = Hésitation, et choix à faire (à combiner avec LA TEMPÉRANCE ou LE CHARIOT)
LE PENDU = ouverture à de nouveaux aspect du monde (à combiner avec LE CHARIOT ou LE SOLEIL)
L'ARCANE SANS NOM = Mort Initiatique, mort de l'Ego (à combiner avec L’IMPÉRATRICE ou LE SOLEIL)
LA MAISON-DIEU = Retour à la spiritualité (à combiner avec LE PAPE ou L’ÉTOILE)
LA LUNE = Introspection (à combiner avec LE SOLEIL ou LE MONDE)
LE JUGEMENT = repentance, demande de pardon (à combiner avec L’IMPÉRATRICE ou L’ÉTOILE)

Évidemment, les 7 arcanes des "introspections" sont préférablement à éviter, à moins de chercher à traverser une épreuve d’introspection destiné à provoquer des changements... Mais encore, il ne faut pas s’y frotter trop longtemps... Il est préférable de porter ses arcanes avec précaution... Et d'ailleurs, ici, si elles ont  été associées à d'autres arcanes, c,est parce qu'il est préférable de ne pas les portée sur soi seules... Les arcanes auxquels ont les combinent agissent en tant que modérateurs.

De Moncontour préconise surtout de porter sur soi un de ces 3 talismans : LE CHARIOT, LA FORCE, ou LE SOLEIL. 3 arcanes bénéfiques qui assurent protection et sont des élans dans l’existence...

Il explique que les 3 acarnes destinées aux aspirants initiés, provoquant l’"Éveil" et la prise de conscience, sont ces 3 arcanes : LA PAPESSE, L’ÉTOILE, et LE MONDE 

LA PAPESSE = L’Épanouissement par "la Communion avec le Divin et avec la Connaissance"
L’ÉTOILE = L’Éveil par "la Communion avec le Céleste et avec Soi"
LE MONDE = Le Béatitude et l'Accomplissement par "la Communion avec la Nature et la Création"

C’est à lui, d’ailleurs, qu’on doit l’idée d’avoir proposé à André Breton, une méditation sur l’Arcane 17 du Tarot : L’ÉTOILE, l’arcane de l’inspiration! 

ANDRÉ BRETON ET L’ÉTOILE : « ARCANE 17 »


De l'une des fenêtres de sa maison au Canada, face au Rocher Percé, André Breton est à l’écoute des voix révélatrices du Tarot. Il fait de cette fenêtre le cadre de l'écran sur lequel il projette sa propre exégèse passionnée du 17e arcane du tarot : L'ÉTOILE. À considéré comme la voix de l’Enseignement...

"Arcane 17" a été considéré par certains comme un acte de conversion à l'ésotérisme, même si l'imagination et la sensibilité de Breton, depuis "Entrée des Médiums" et "Lettre aux Voyantes" (1924), arpentaient déjà la "lisière des lieux de Connaissances".

Son intérêt pour l'ésotérisme s'est certainement accru en réaction à la société technicienne américaine (la dénomination d’une des discrètes branches de la théosophie).

Il est aidé d'abord par sa rencontre avec Kurt Seligmann, grand amateur de bibliothèques, qui lui recopie de nombreux documents concernant le tarot ; entre autre : "Le mythe d'Isis et d'Osiris", la symbolique des nombres, et des ouvrages sur les correspondances ésotériques. Puis enscore, dans l'ouvrage d'Auguste Viatte, "Victor Hugo et les illuminés de son temps", publié en 1942 à Montréal, il découvre une figure de l'illuminisme romantique : Éliphas Lévi...

En vérité, breton constate que ce n’est pas lui qui cherche à être initié, mais plutôt c’est le Tarot qui insiste auprès de lui et au détriment de se tenir à l’écart des foules, Breton affirme que très curieusement il ne cessera de faire des rencontres importantes ou de tomber sur des ouvrages révélateurs, en correspondance profonde avec ses intérêts du moment ou des événements en cours, dans sa vie... Breton ne s’intéressera pas à savoir le futur, sans doute un peu intéressé par l’aspect « miroir » du Tarot, il sera surtout attiré par son utilisation au sens thaumaturgique et pour lui le tarot est nécessairement un outil d’apprentissage, un système d’enseignement ésotérique hors du commun.

Breton n'est pas en quête d'un dogme universel, pour lui l'ésotérisme multiplie les chances de découvrir des rapports nouveaux avec le monde et de préserver la rêverie la plus libre.

"L'ésotérisme, toutes réserves faites sur son principe même, offre au moins l'immense intérêt de maintenir à l'état dynamique le système de comparaison, de champ illimité, dont dispose l'homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement la mécanique du symbolisme universel."

PAUL MARTEAU


Pour deux générations de chercheurs, le seul et unique "Tarot de Marseille" disponible sur le marché a été celui de Paul Marteau, diffusé par ses propres éditions depuis 1930, à savoir Grimaud, sous le nom d'"Ancien Tarot de Marseille"

Ce tarot n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes pour tout amateur d'authenticité. Aujourd'hui, grâce au web et au travail de nombreux chercheurs, pratiquement l'ensemble des archives mondiales sont disponibles et une nouvelle réflexion critique peut naître... Pour ces deux générations, l'analyse et les commentaires ont été faits sur ce jeu qui avait la réputation d'être le seul et unique tarot authentique et traditionnel. De plus, il s'enorgueillissait d'une paternité mythique : le cartier marseillais Nicolas Conver, dont le jeu conservé à la Bibliothèque Nationale porte la date de 1760. 

Le problème, c'est que rien ne tient la route, dès que l'on fouille un peu les archives : le graphisme est une copie réductrice et les couleurs n'ont plus rien à voir avec l'original!

Alors... Que s'est-il donc passé?

En 1760, le jeu de Tarot, qui a déjà près de 400 années d'histoire, est en perte de vitesse à la cour et dans le milieu des joueurs. Les cartiers de Paris et Lyon l'ont déjà abandonné, pratiquement seuls les cartiers marseillais et du sud de la France s'en occupent encore. Les jeux, enluminés au pochoir sont chers, très chers. De plus, ils sont réalisés sur des papiers fragiles et leur durée de vie courte. L'industrialisation changera un peu la donne en abaissant les coûts mais ne fera pas renaître l'engouement populaire extraordinaire qu'avait pu avoir le jeu de tarot.

En 1890, la guerre commerciale entre les cartiers marseillais et parisiens faisait rage. Le marseillais Camoin récupère la succession Conver qui en réalité se compose principalement de moules très usagés, de petit matériel et dépôts commerciaux. De son côté, Grimaud, en rachetant Lequart en 1891, fait de même en récupérant le cartier parisien Arnoult. Arnoult n'était pas attesté pour les tarots, seulement pour les cartes ordinaires en 1748. Qu'à cela ne tienne, c'est un tarot directement copié sur Conver qui voit le jour...

Par la suite, la maison Camoin se désintéressera des tarots pour se consacrer à l'exportation de jeux de cartes ordinaires vers les colonies, principalement d'Extrême-Orient, avant de disparaître définitivement en 1970. Au début du XXe siècle, Grimaud reprendra la "branche tarot" de la maison Camoin et pourra ainsi se dire héritière de Nicolas Conver.

L'occultisme donnera un second souffle aux éditeurs et Grimaud, grand vainqueur de la "bataille des tarots", en deviendra pour longtemps le seul éditeur. C'est ainsi que nous arrivons en 1930 avec comme patron chez Grimaud : Paul Marteau.

Voulant faire partie de l'intelligentsia ésotérique et spirituelle de son temps, il commit la trahison par excellence : bidouiller, triturer, malaxer une tradition. Il fit prendre, pour deux générations, des vessies pour des lanternes en laisant croire que son tarot était celui de Nicolas Conver, alors qu'il n'était qu'une médiocre copie, résultat de diverses opérations commerciales et techniques. Il s,agissait ici de réduire les coût de production au maximum, et le minimum de couleurs suffisait pour Grimaud...

Deux générations ont planché et analysé des couleurs qu'on peut considéré comme totalement erronées... Pour certains puristes passionnés des Tarots, ce fut là, la pire des trahisons! Et certains aussi affirment que ces modifications ont fait perdre à ce Tarot, son opérativité, due aux couleurs. Mais encore, à mon avis les modifications apportées au Tarot de Marseille par Paul Marteau ne sont pas davantage une "trahison" que ne le sont les modifications apportées par un Papus ou un Waite! Ah ! Que de controverses sont provoquées encore et toujours chaque au sujet du Tarot, chaque fois qu'une nouvelle version le jour! 

Rendons tout de même un hommage posthume à cet homme, sans lui, le graphisme "dit de Marseille" n'aurait plus été publié et les deux générations passées n'auraient eu de disponible que les tarots anglo-saxons, fantaisie et en dehors de toute tradition.

En vérité, pour ma part je considère le Tarot de Paul Marteau comme étant une version du Tarot de Marseille, sans doute "différent", d'une certaine manière "appauvrit",... Oui, peut-être en ce qui concerne les couleurs, mais je peux vous assurer qu'il s'agit d'un Tarot opératoire, fort expressif, et pas du tout une trahison... J'y reviendrai en détail.

TCHALAÏ UNGER

Née en 1934 sur les bords d'un ruisseau dans l'Ouest, Tchalaï Unger a consacré sa vie à vivre, en essayant pour cela de se délivrer de nombreuses activités passionnées : violoniste à l'âge de quatre ans, critique musicale au Parisien Libéré à l'âge de dix-neuf, puis journaliste un peu partout (France-Soir, Paris Match, Coévolution, le Fig Mag, l'Ecran Fantastique, Psychologies et magazines étrangers), se trouvant spécialisée dans les interviews d'acteurs (Brando, Delon) ou de réalisateurs sur tournage (de Spielberg à George Miller, Ridley Scott et à Gus Van Sant), la critique de films, la lecture de scénarii pendant plusieurs années pour une grande maison de production, etc...

Parallèlement, des études dans diverses Ecoles de Psychologies ou Groupes Philosophiques, la mènent à recevoir en tant que thérapeute au confluent des mouvements Eriksonien et Transpersonnel. Elle publie plusieurs ouvrages sur les Codes-Mémoires.

Introduction au Dépoussiérage des Mythes, "Les Amants Merveilleux", "Les Empreintes de l'Invisible" (M.A. Éditions), "Prières Inconnues", "Le Sexe des Rêves" (Éditions du Prieuré), "Le Véritable Tarot Tzigane" (Librairie de l'Inconnu), etc... Elle anime dans le monde nombre de séminaires destinés aux "Executive Officers".

Elle a créé "Le Tarot Tzigane" (réédité chez FJP), "Le Tarot des Chamanes" et travaille avec une iconographe sur "La Réponse des Saints" ; avec un peintre expert en truquages futuristes, elle invente aussi, entre autre "L'Oracle de la Santa-Fé".

Sa notice, en 1981, "Le Tarot, Pourquoi, Comment, Jusqu'où ?" accompagnant l'Ancien Tarot de Marseille (en fait le jeu de Paul Marteau - 1930) et rédigée pour Grimaud, sera diffusée à plus d'un million d'exemplaires dans le monde. Elle présente une approche à la fois originale et particulièrement novatrice du Tarot de Marseille.

Dans un livre hors norme, "Le Théorème de Rodrigue", elle explore une approche naturelle de la 4ème dimension sensorielle. Ces différentes activités ne font que scruter sa passion essentielle, les "Mémoires Collectives".

Traductrice aussi, elle est amenée à rencontrer des scientifiques de haut niveau (Stanislav Grof, Rupert Sheldrake, David Bohm). Elle traduira, entre autres, "La plénitude de l'Univers" de David Bohm (Monaco, Éditions Le Rocher, 1987).

Son dernier livre "Secrets de Gitans" est sorti fin 2002 aux Éditions Trajectoire.

Tchalaï nous a quitté le 20 avril 2005. Elle laisse derrière elle une génération de tarologues tristes de son départ...Tchalaï Unger écrit à sa façon le livret pour ce Tarot de Marseille édité par Grimaud.

LE TAROT RÉNOVÉ DE CAMOIN/JODOROWSKY


Parlons maintenant de ce Tarot réalisé par Philippe Camoin et Alejandro Jodorowsky, qu’ils affirment être LE Tarot de Marseille le plus authentique qui soit!

Camoin, descendant de la famille du cartier célèbre, et Jodorowsky, apparemment un initié du Tarot qu’il le pratique depuis 40 ans!

Quand Philippe Camoin choisit Alexandre Jodorowsky pour l’aider à diffuser un enseignement secret sur le Tarot qui apparemment n’avait jamais été encore divulgué, il voulait apparemment faire passer un message initiatique inconnu et le faire passer de manière secrète...

À la demande de Camoin, Alexandre Jodorowsky lui suggéra, donc, de redessiner un Tarot de Marseille qui permettrait de montrer au public qu’il s’agissait véritablement d’un enseignement sérieux et authentique... (louable mission).

Il lui dit encore qu’il devait faire mieux que ce qu’on connait des Tarots anciens et corriger les « erreurs » qui avaient été faites dans les jeux de Tarot anciens.

C’est donc apparemment, grâce à l’impulsion donnée par Alexandre Jodorowsky si le Tarot de Marseille fut redessiné avec des codes et des symboles de l’enseignement secret que Philippe Camoin voulait simplement diffuser au départ de manière orale... (s’il le dit...)

Naturellement, Alexandre Jodorowsky apporta aussi son imagination coutumière à l’ouvrage et apparemment de nombreux autres symboles purent être ainsi retrouvés grâce à lui... (apparemment..)

Enfin, voilà ce que dit Philippe Camoin à propos de cet "Authentique Tarot de Marseille" (apparemment plus authentique que les Tarots authentiques)

« Parfois nous cherchions l’explication sur un symbole disparu. Nous aurions peut-être pu chercher seuls pendant plusieurs centaines d’années sans résultat. Mais, au moment où nous commencions à travailler ensemble, nous trouvions la solution immédiatement. L’un d’entre nous suggérait une hypothèse. L’autre proposait de l’améliorer et avançait une nouvelle hypothèse. Et ainsi de suite… Quelques temps plus tard, et parfois même après quelques minutes seulement, nous trouvions la réponse à ce que des milliers de chercheurs en Tarot avaient cherché depuis des siècles. Notre enthousiasme était toujours à la hauteur de nos découvertes. 

Nous avions impression d’être les Maîtres du Tarot pour toute la planète car nous étions les seuls à connaître tous ses secrets et nous le sommes d’ailleurs toujours. C’était un sentiment extraordinaire… »

AUTHENTICITÉ DOUTEUSE DE L'AUTHENTIQUE TAROT DE MARSEILLE DE CAMOIN

Je suis désolé pour les adeptes du jeu de Tarot réalisé par Camoin/Jodorowsky, prétendu "Authentique Tarot de Marseille"... Pour moi, (et pour la plupart des spécialistes du tarot) Le tarot de Camoin n'est pas vraiment une reconstitution historique, ou "authentique" mais bien plutôt "un nouveau tarot", une nouvelle version du Tarot de Marseille, rien de plus.  Le présumé tarot authentique de Nicolas Conver, rénové par Camoin constitue, en fait, un pot pourri de tous les tarots qui existaient à l'époque de Conver (à partir des moules de Conver). 

Non seulement le Tarot de Camoin n'est pas un authentique Conver, par mégarde il a pris des anomalies se retrouvant dans des moules (fait en bois de poirier) et en a fait des symboles "authentiques".( J'en veux pour preuve la petite boule que l'on retrouve à droite dans le mur sur l'Illustration de l'arcane de la Papesse). Ce que Camion tait c'est que Conver a réalisé plusieurs bois en même temps pour imprimer ses tarots. Et alors, celui avec cette Papesse affublée de cette curieuse "boule" avait été mis de côté par l'imprimeur démontrant qu'il s'agissait là d'un moule raté, d'une erreur de sculpture. Cette erreur a été rapporté par des connaisseurs et des collectionneurs de tarots à Camoin qui a préféré rentrer dans le silence que d'admettre ces petites bourres.

Je ne rentrerai pas dans des conflits prouvant l'imposture de Camoin qui réclame la paternité du premier authentique Tarot de Marseille. Tout d'abord, il est incontestablement prouvé que Conver à inventer son jeu de tarot en s'inspirant du jeu de Payen l'avignonnais de 1743 et du Dodal 1701 le lyonnais. Et à dire vrai, il n'y a rien de vraiment révélateur, ou d'historique dans ce tarot de Camoin, bien qu'il soit très attrayant. 

L'attrait de son jeu réside surtout dans cet intérêt qu'il a porter sur certains détails, qui jusqu'alors n,apparaissaient pas dans toutes les versions du Tarots de Marseille, des détails souvent omis...oubliés... Et aussi, Camoin a réaliser un jeu au couleurs lumineuses, et très certainement il s'agit d'un Tarot superbe et tout autant "opératif" que n'importe lequel Tarot de Marseille...

À vrai dire, je crois que Camoin a voulu publier son Tarot en lui faisant "grande publicité"! (une manière de  s'assurer de se faire remarquer au milieu de ces nombreuses éditions de "tarots authentiques restaurés" qui se multiplient). Camoin a saisi ll'opportunité de pouvoir se faire aider par son ami, célèbre  scénariste de films et de bandes dessinées... Alexandre Jodorowsky, personnage charismatique, a prêter son nom et sa popularité à cette "consécration" du Tarot authentiquement nouveau de Camoin, certainement plus pour le coup "publicitaire" que pour "la révélation de secret d'initiés". (Il suffit de lire le livret qui accompagne ce prétendu "Authentique Tarot de Marseille" de Camoin/Jodorowsky ; commentant la définition divinatoire des arcanes du Tarot pour comprendre que ce n'est pas là les exposés d'un initiés, mais bien d'un beau parleur... Il s'agit, on s'en rend vite compte, de définitions nébuleuses, évasives, qui finissent par toutes se ressembler et la plupart des définitions des arcanes se retrouvent dans les définitions des autres lames... Plutôt un petit dictionnaire de synonymes!). De plus, les propos tenues au sujet de son jeu indique une méconnaissance frappant de l'histoire du tarot. 

Donc, apparemment,  la grande popularité du jeu Camoin proviendrait, surtout et en bonne partie, d'une bonne stratégie publicitaire...

Je ne voudrais pas que celui qui lit ces lignes croient un instant que j'ai un parti prit contre Camoin ou Jodorowsky. Ce serait vraiment mal me connaître. Camoin a inventé ses méthodes et cela est louable et respectable. Ma seul critique provient de sa prétention de réclamer l'historicité de son Tarot, et de vouloir en faire la seule référence ; alors que d'évidence il ne s'agit pas d'un Tarot plus authentique que n'importe lequel aautre Tarot de Marseille, n,en déplaise justement aux puristes).

Personnellement, je trouve quand même stérile le débat pour savoir si le tarot de Conver ou de Camoin sont  des tarots historiques ou non, car les historiens du tarot savent que le tarot de Marseille n'est n'est pas né avec Conver... Il remonte même à bien plus loin avant les tarots de Visconty Forza... On en retrouve les traces plusieurs siècles avant, dans le sud de la France. Ensuite, il est incontestablement prouvé que Conver à inventer son jeu de tarot en s'inspirant du jeu de Payen l'avignonnais de 1743 et du Dodal 1701 le lyonnais. Et à dire vrai, il n'y a rien de vraiment révélateur, ou d'historique dans ce tarot de Camoin...

Ce que je crois le plus important, c'est la connaissance qui a servi à construire un jeu de tarot... Savoir comment un jeu de tarot a été construit est plus important que de débattre de l'authenticité d'un tarot qui d'évidence, compte tenu de son âge (1760 pour le Conver) est un jeu déviant, altéré et donc loin des connaissances qu'il véhiculait originellement...

L'HISTOIRE DU TAROT SE POURSUIT...

L'histoire du Tarot de Marseille bien évidemment se poursuit... Tous les tarologues, des plus connus aux plus obscurs croient pouvoir restituer le "tarot authentique" à travers l'adaptation d'un jeu ancien, redessiné, recolorisé auquel certains même, "ajoutent du sens", en modifiant les graphismes originaux... De fait, quand ce travail ne vise pas une une simple amélioration de l'aspect esthétique des cartes (comme ce fut le cas chez Paul Marteau), chacun redessine le tarot en fonction de la richesse des "connexions symboliques" qu'il a créé à partir d'un ou de plusieurs "originaux" anciens ou modernes. Ce faisant, il appauvrit l'original en faisant disparaître des clés graphiques ou orthographiques qui lui apparaissent comme des imperfections, mais parallèlement, il enrichit le tarot de ses propres connexions, ajoutant ici ou là des détails qui renvoient ou suggèrent son interprétation personnelle du tarot. 

À mon humble avis, le procédé consistant à redessiner un tarot pour améliorer son aspect esthétique, se justifiait à l'époque de Paul Marteau, tant parce que les planches de Nicolas Conver étaient dans un triste état, que pour des raisons commerciales...

Maintenant, on le voit, il y a une vague de "nouveau Tarot de Marseille" qui déferle sur le marché! Comme c'est le cas pour le Tarot Camoin/Jodorowsky, la plupart nous propose des tarots rénové, réhabilité, et, bien évidemment, se voulant de la plus grande authenticité... Ces opérations de restaurations du Tarot de Marseille sont sans doute dans l'ère du temps! Cette vague est accompagné de la rééditions de tarots anciens, mais cette fois afin de plaire aux collectionneurs  il n'y a aucune modification d,aporté, et ces Tarots sont publiés tel quels, c'est à dire dans leur version d'origine. Il a eu l'époque des "authentique Livre de thot et Tarot de Thot", maintenant la mode est à l'"authentique Tarot de Marseille".


"Le Véritable Tarot de Marseille" de Kris Hadar

Dans le lots des "authentiques Tarots de Marseilles restaurés" ont compte pas moins d'une centaine de versions disponibles! Entre autre, les Tarots de Marseille "Édition Millennium" ; le Conver rénové par Kris Hadar intitulé par son créateur "Le Véritable Tarot de Marseille" (une belle réussité, une restauration réalisée avec beaucoup de sérieux et de souci d'authenticité, voir l'illustration ci-bas) ; le Tarot "Dodal de Moncontour" (très épurée, semblable à la version que proposera J-C Flornoy) ;  l'"Authentique Tarot de Marseille du Chaudron Magique" (un Conver restauré, auquel a été rajoutés des fonds noirs) ; ensuite, les versions rénovés des Éditions de l'Étoile (comprenant la rénovation de certains tarots sur lesquels j'ai eu la chance d'apporter ma contribution comme le "Tarot de Burgos", un Tarot de Marseille né en Espagne!) ; le Conver "Ben’Dov" dit "Tarot CBD" (dans la même veine que le Tarot Camoin-Jodorowski, ce Tarot se veut aussi une restauration authentique du Tarot de Marseille... Il s’agit encore une fois d’une version dessinée à partir d'un tarot Conver et rénové cette fois par Yoav Ben’Dov) ; dans la même veine le "Tarot Conver de Dame d'Avignon" (une restauration conçu par Anne-Marie d'Avignon) ; et, évidemment, les superbes restaurations de Jean-Claude Flornoy (le Noblet, le Dodal et le Viévile en deux versions ! L'une avec les illustrations inversées !), ces derniers Tarots, proposés par J-C. Flornoy sont à mon avis à compter parmi les plus belles réalisations à ce jour.

Tarot of Jean Dodal, Jean Noblet and the new Vieville majors

Tarot Dodal, Tarot Noblet et  le Tarot Viévile en deux versions, renovations de Jean-Claude Flornoy 

Enfin, aujourd'hui, il semble que les méthodes de traitement d'image par informatique pourraient rendre aux Tarots les plus anciens une nouvelle jeunesse sans pour autant porter atteinte à leur authenticité... Cependant, en ces temps modernes, les sens à la fois voilés et révélés par les cartes ne sont plus le seul intérêt du Tarot, son utilisation divinatoire même passe au second plan. Le plus gros acheteur de Tarots maintenant est le collectionneur de cartes, même si par ailleurs il est souvent un tarologue averti...

Alors je le répète, le plus important, c'est la connaissance qui a servi à élaborer un jeu de tarot... Savoir comment un jeu de tarot a été réalisé est plus important que de débattre de son authenticité. Il n'y a pas de "véritable" tarot "authentique" et ce n'est sans doute pas une bonne idée d'avoir un partis pris... Tout ces transformation du Tarot fait partis de l'histoire du Tarot, cela fait partit de son aventure... Son "imagerie" n'a jamais été tout à fait "fixée"... Comme pour les contes ou les chansons légués par tradition orale, il s,agit toujours de la même rengaines, mais il peut y avoir des nuances, ou des petites modifications apportées, selon les conteurs ou les chanteurs... Alors, n'est ce pas la chanson qui est importante. et ce qu'elle cherche à nous dire, cela au détriment de son origine ou du style de l'interprète?

S'entêter à vouloir considérer un seul Tarot pour être le "seul, véritable, et authentique tarot" c'est se priver de savoir la vérité sur les tarots, et c'est se priver encore de connaissances en ce qui concerne sa véritable nature et son impénétrable mystère.

LECTURE DU TAROT DANS L’OPTIQUE « THAUMATURGIQUE »


Cela dit, le Tarot vu dans son optique thaumaturgique nous appelle à l’érudition et à la mise en pratique... Il s’agit ici de l’enseignement hermétique réservé aux privilégiés... Et ce privilège on le gagne à force d’effort, de volonté et de sagesse...

Le tarot thaumaturgique c’est d’abord et avant tout : "Le Tarot des 2 Écoles". Il s’agit ici des écoles de l’ÉRUDITION et de la DIVINATION, symbolisées toutes deux, on le sait, par deux étoiles à 5 branches...

Pour l’aspirant initié, il est capital de passer par les enseignements de ces deux écoles...

L’école de l’ÉRUDITION nous invite à parfaire nos savoirs du côté du symbolisme, de la mythologie, de la numérologie, de l’astrologie, et de l’alchimie...

L’école de la DIVINATION, nous invite à parfaire nos savoirs du côté de l’inspiration, de la communion, de la ritualisation, de la méditation, et de la clairvoyance...

Pour en savoir plus sur à ce sujet, voir : ICI

1 commentaire:

  1. les illustrations du tarot de papus sont signées O.Stéphane et dont les droits d'auteur lui incombent , monsieur boralis .

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