vendredi 24 mai 2013

LES TAROTS DU 18ème SIÈCLE...


Tarot style "Besançon", XVIIIème siècle

Au début du XVIIIe siècle, on trouve le tarot devenu le tarot de référence est sans conteste celui de Jean Dodal (publié vers 1701, à Lyon). Dodal était, dit-on, originaire d'Avignon, mais son tarot fut diffusé à partir de Lyon et il n'y aucune trace d'un Dodal à Avignon,


Tarot de Jean Dodal, Lyon 1701

C’est l’éditeur Jean Payen qui le diffusa à grand tirage à partir de 1713. Ensuite un nouveau tirage du même modèle sera réédité par Jean-Pierre Payen (fils de Jean) en 1745. Les nombreuses éditions de ce jeu par la famille Payen a contribué à semer la confusion au sujet de son origine. (cf : article précédent concernant le "TAROT DE DODAL" – article à venir).

Ces tarots étaient réalisés de manière à pouvoir être offert à bas prix. Ce fut des tarots en vogues surtout en Bourgogne, en France, et en Suisse.

Les premiers taraults ont fait leur apparition en France à Paris autour de 1650, et, dès le début du XVIIIème, avec le tarot de Dodal (Lyon 1701), des jeux de tarots sont diffusés à partir des villes de Lyon, Dijon et de Besançon en France, sinon en Suisse et même en Italie. Plusieurs d’entre eux ont alors pris pour modèle le tarot de Jean Dodal (dans la version proposée par Jean Payen)...

La popularité du Tarot pourtant déclinait en France déjà depuis la fin du XVIIe siècle, et il sera même progressivement presque oublié, à part en Provence et dans les zones frontalières avec l'Allemagne et la Suisse.

Encore cité dans certains dictionnaires et encyclopédies, il est parfois assimilé à un jeu de carte non français et souvent confondu avec le jeu de cartes à enseignes espagnoles.

La production française est principalement destinée à l'exportation, notamment vers le Piémont ou l'Allemagne. À la fin du XVIIIe siècle, il n'est guère plus joué sur le territoire français qu'en Alsace, Franche-Comté et Provence.

Les cartiers - notamment dans le Sud-Est de la France - continuent de publier ce type de jeu de cartes.

Au milieu du XVIIIe siècle les cartiers allemands abandonnent progressivement d'une part les enseignes italiennes au profit des enseignes françaises, et d'autre part les atouts classiques au profit de motifs animaliers ou de scènes pittoresques. (cf : "Tarock").

À la fin du XIXe siècle, ces Tarots d'un genre nouveau relanceront la mode du jeu en France.

Le premier véritable tarot de Marseille a été créé par Jean Noblet en 1650, amélioré par Jean Dodal en 1701 et amené à la perfection par le cartier Pierre Madenié en 1709. L’élaboration du "Tarot de Marseille",est produite entre 1709 et 1760, jusqu’à ce que paraisse le tarot de Nicolas Conver, mais à partir du Tarot de Pierre Madenié, le modèle est resté presque inchangée, et le Tarot de Madenié est déjà impeccable. Chez les cartiers, le tarot de Pierre madenié est considéré comme étant "Le Tarot Maître". 


1709 : TAROT DE PIERRE MADENIÉ
LE TAROT MAÎTRE (Dijon 1709, France)



Tarot de Pierre Madenié, Dijon 1709, Musée National Suisse de Zurich

Ce Tarot est considéré pour être le plus ancien Tarot de Marseille référencé de type "II". De par la justesse de son canon, la qualité de ses gravures, ainsi que la bonne conservation de ses couleurs, ce jeu est également l’un des plus beaux de tous les tarots.

Comme j’en faisais mention précédemment, ce tarot est certainement, le plus achevé et irréprochable des tarots. Le premier tarot dit "de Marseille", conforme; la référence absolue.

Un exemplaire est conservé au Musée National Suisse de Zurich, et constitue le seul exemplaire complet connu à ce jour. Bien entendu, il est possible que d’autres exemplaires soient conservés dans des collections privées, quelque part... Enfin, il y a forte rumeur comme quoi Nicolas Conver aurait possédé le jeu de Pierre Madenié et qu’il aurait conçu son jeu à partir de celui-ci. (sinon de celui de François Tourcaty, non pas à partir de celui de François Chosson).

Je n’ouvrirai pas ici une polémique quant la primauté de ce jeu par rapport à d’autres tarots de Marseille. Le tarot de Nicolas Conver réalisé en 1760 doit beaucoup au Tarot Maître de Pierre Madenié. De plus, il est évident que Conver n’a pas créé son tarot mais a copié d’autres tarots pour réaliser le sien ; tandis que le tarot de Pierre Madenié est une création à part entière. Le travail de Pierre Madenié est si impeccable qu’à ses côtés le tarot de Conver nous apparaît tout à coup comme étant imparfait.

Le Tarot de Pierre Madenié doit être considéré comme étant le premier Tarot de Marseille "conforme", et comme étant le "tarot de référence", la "référence ultime", pour tous les tarots dits "de Marseille "à venir. En quelques mots : ce tarot est le "nec plus ultra".

Le Sieur Pierre Madenié, maître cartier à Dijon, en France, au XVIII siècle, "Cartier ordinaire de Monseigneur le Duc, Gouverneur de la Province de Bourgogne", grava donc en 1709 le plus superbe et le plus parfait Tarot dit "de Marseille".

La lignée des Madenié, maîtres cartiers de père en fils durant le XVIII' siècle, laissa à la postérité deux Tarots dits "de Marseille" : l’un en 1709, l’autre en 1739 (réalisé par Jean-Baptiste, fils). Ce fut les deux exemplaires les plus importants de l’histoire du tarot de Marseille, car les deux modèles de références pour tous les cartiers.

Le maître Pierre Madenié produisit un "tarot" de luxe, qui était diffusé à petit tirage, mais qui était alors particulièrement réputée pour ses "fins taraults", c’est à dire "de qualité supérieure".

Le Tarot de Pierre Madenié était certainement plus dispendieux qu’un humble tarot de Dodal (diffusé à grand tirage par Jean Payen).


Le Tarot de Pierre Madenié 1709 a été publié, en version complète et fidèle à l'original, (copie conforme) dans une première édition limitée à 3000 exemplaires, réalisée à Marseille par Yves Reynaud, et Wilfried Houdouin. Ce tarot est parmi les plus superbes et inespérées qu’on puisse trouver sur le marché. Pour ma part, je lui remet la palme d’or.


1713 : JEAN-PIERRE PAYEN
(Lyon - 1713 ? 1760) 


Tarot de Jean-Pierre Payen, vers 1713, Lyon

La famille Payen comptait plusieurs cartiers : Jean Payen (l'aîné) (né vers 1654 - mort en 1731), marchand-cartier à Avignon, France (il aurait débuté sa carrière vers 1683). Il publia une première version du modèle "Dodal" en 1713. Cette version deviendra la plus diffusée, et sera connu pour être le "Tarault des bourgs".

Son fils aîné Jean-Pierre Payen (1683-1757) reprend l'entreprise en 1731. Il continu de diffuser le même tarot que son père.

Jean Payen (le jeune) pour sa part, a rénové le tarot de son grand-père et diffusa cette nouvelle version en 1743. C’est la version la plus connu du Tarot dit de "Dodal". C’est à partir de cette version aussi que fut créé le tarot dit "de Nostradamus", qui est une copie modifiée de ce tarot (qui certainement ne peut pas avoir appartenu à Nostradamus!).

Le vrai mystère ne concerne pas Nostradamus, ici. Non. Le mystère de ce tarot concerne son réel créateur... Était-ce bien Dodal ? Dodal était-il vraiment d’Avignon? Payen était-il d’Avignon? Dodal et Payen se connaissaient-ils?

Est-ce que "Dodal" est un vrai nom ? "Dédale" ? Est-ce que "Payen" est-un vrai nom ? "Païen"?

Y avait-il vraiment des cartiers de ce nom en la cité d’Avignon à cette époque?
Et bien... la réponse c’est : "non"

Jean Dodal a dessiné son tarot à partir d’un autre tarot, et il le diffusa de la ville de Lyon dès 1701. Jean Payen, de même, publia une version de ce même tarot toujours à partir de la ville de Lyon.

Dodal et Payen se sont connus à Avignon ou à Lyon ?
Les historiens des tarots prétendent qu’ils viennent tous deux d’Avignon, et pourtant ils ont publié leurs tarots à partir de la ville de Lyon.

Certains croient qu’il pourrait s’agir de la même personne. D’autres sont convaincus que Payen a inventé le nom de Dodal, pour favoriser l’exportation de ses tarots. Ceux-ci expliquent que le nom de "Payen" pouvait justement avoir des connotations négatives (Païen) et que le nom de Dodal était plus énigmatique, et plus "joueur".

Cela dit, le mystère persiste. Surtout au sujet de Dodal. Rien ne prouve qu’il a existé.

Quant à Jean Payen et sa famille, ils ont bel et bien existés, et ont réellement été en activité à Lyon ; de 1700 jusqu’aux alentours de 1760. Oui oui ! Début des activités en 1700 ! Et Payen est dès lors associé à Jean Dodal. Qu’elle curieuse coïncidence!

Enfin, le tarot de Jean Payen est, ni plus ni moins une copie du Tarot de Jean Dodal. Le Tarot de Payen fut le tarot le plus en circulation en France. On le surnomma le "Tarault des bourgs", ou "Taraux des villages".

Effectivement, c’est alors qu’ils étaient diffusés à partir de la Bourgogne qu’on vit apparaître les termes "Tarault" et/ou "Taraux" pour désigner ce jeu.


1718 TAROT DE FRANÇOIS HÉRI
(Solothurn- Suisse 1718)


Tarot de François Héri,, Solothurn- Suisse 1718

L'une des plus anciens tarots connus. Il a beaucoup de similarités avec le tarot de Jean Noblet. Par exemple : la lame XIII est intitulé "La Mort"...

Il s'agit, en fait, d'un tarot qui suit le modèle du Tarot de Besançon ; or, L'Impératrice et L'Empereur sont remplacés par les noms de Junon et Jupiter.

François Héri était un maître cartier suisse, qui produisit un tarot et plusieurs autres jeux de cartes. Le modèle connu de son tarot est unique.

Le Tarot de François Héri, (comme pour dans le cas de celui de Pierre Madenié) est un tarot tout à fait "original", et absolument dans la conformité des tarots dits "de Marseille".

Encore une fois, il s’agit d’un tarot de Marseille avant l’heure, et de surcroit : réalisé en dehors de la France. Le plus ancien de ce genre trouvé en Suisse. Si ce tarot a eu le tarot de Pierre Madenié pour modèle (le seul qui le précède), il s’en distingue considérablement par le style de son dessin. Le trait particulier de François Héri fait de ce tarot un tarot "à part", tout à fait inouï.

1723 : TAROT D'ADAM C. DE HAUTOT
(Rouen, France, en activitéde 1723 à 1748)
(Son tarot est parfois confondu avec celui de Jean Bodet...)

Tarot de Besançon, Adam C. de Hautot (ou Jean Bodet ?) 

Ce Tarot présente une ressemblance forte avec les soi-disant Tarots Bruxelles. Il pourrait même être l'ancêtre de ces tarots. Il est également très similaire avec le Tarot de Viéville.

Ce modèle dit « de Besançon » est une variante du tarot de Marseille, née probablement à Strasbourg au début du XVIIIe siècle. Deux cartes, la Papesse (atout II) et le Pape (atout V), sont remplacées- en général par Junon et Jupiter ; peut-être ces deux cartes étaient-elles jugées blasphématoires ou bien peut-être voulait-on gommer la référence à la papauté. Mais ce peut-être aussi pour les raisons de faire référence à la mythologie antique, délibérément, pour faire un clin d’œil aux anciens cultes toujours vivants.

Sa production à Besançon tout au long du XIXe siècle (et alors qu’on n’en faisait plus à Strasbourg) lui a valu ce nom...

Bien que les tarots d’Adam C. de Hautot et Jean Bodet ne soient pas des Tarots de Marseille "conformes", leur popularité en ont fait tout de même des modèles pour les tarots qui seront produit par la suite... par exemple on en retrouve l’influence chez les tarots créés par Claude Burdel.

Les historiens du tarot considèrent que les noms de la Papesse et du Pape ont été changé par Junon et Jupiter à partir de 1723, à la parution du tarot d’Adam C. de Hautot, cartier de Rouen. 


1725 : Tarot et Minchiate de Florence 
(article détaillé à venir...)

1736 : Tarot Ignaz Krebs
(Fribourg en Brisgau)
(article détaillé à venir...)

1736 :TAROT DE GIUSEPPE OTTONE dit « Tarot Espagnol » 
(date de création 1736? 1748? 1761? 1771?.., Serravalle, Italie)



Premier Tarocco Piemontese imprimé par Giuseppe Ottone. Musée de Naipes Fournier

La Maison fournier qui détient l’original de ce jeu prétend qu’il est à l’origine de son "Tarot espagnol". Une information qui est difficile à vérifier. Il y a plusieurs informations erronées ou invérifiables qui s’entrecoupent, or, plusieurs dates ont été suggérées pour déterminer l’heure de la conception de ce tarot.Tarot Espagnol de Giuseppe Ottone (1736? 1761?)

D’abord, à y regarder de plus près, le tarot de Giuseppe Ottone a très certainement été dessiné à partir d’un Tarot de Dodal ou d’un Ignaz Krebs. On y remarque aussi une influence des Tarots Rhénans. Et, le Tarot Fournier est certainement un tarot redessiné à partir d’un Tarot de Marseille traditionnel ; directement du Dodal (1701), d’un Payen (1718), d’un Carajat ou d’un Chafard (1747), sans doute inspiré des tarots qu’on trouvait à Paris, ou en Belgique, mais les traits et le style d’Ignaz Krebs semble avoir guidé la main de ce dessinateur.

Il y a très peu d'informations au sujet des origines de ce tarot. Sur internet, les infos qui circulent sont contradictoires...

Certains sites, affirment qu’il a été imprimé en 1736 à Valence (une ville espagnole), ce qui expliquerait l'étiquette "espagnol". D’autre sites proposent plutôt les dates de 1746, 1761, voir même, 1771. Souvent on dit qu’il s’agit du “premier tarot de Besançon”.

Effectivement, certains tarologues estiment que ce tarot a des particularités qui le place historiquement après les tarots de Burdel (1751) et Conver (1760).

Mais surtout, il y a des documents qui confirment que ce tarot est, en fait, un tarot créé par un graveur italien appelé Giuseppe Ottone. [Eh oui, un graveur “italien” non pas espagnol! Pourquoi l'appeler "Tarot Espagnol", alors?]. D’autant plus qu’on y décelle une influence des tarots de Besançon. Selon Fournier c’est à partir de ce tarot qu’ont été conçus les Tarots dit "Espagnol", et le "Tarot Fournier".

Pour ma part je mets sérieusement en doute cette piste... Le Tarot Espagnol a trop peu d’affinités graphiques avec le Tarot d’Ottone.

En vérité, le "Tarot Espagnol" a vu le jour seulement en 1771... Le tarot fut ensuite redessiné et publié par Fournier qui n’a jamais cherché à faire cesser la confusion au sujet de ses tarots… Il publia donc le Tarot Italien d’Ottone sous le nom de "Tarot Espagnol" et un autre sous le nom de "Tarot de Marseille" ou "Tarot Fournier", qui est en vérité, un tarot marseillais redessiné, modifié et modernisé.

De mon côté, mes recherches m’amènent à conclure que le tarot créé par Giuseppe Ottone en 1736 à Serravalle, Italie fut peut-être le premier Tarocco Piemontese, mais la version conservée au Musée de Naipes Fournier est une version de 1761, voire même de 1771. Quand ;a la date de 1736, il s’agit de la date de création du tarot d’Ignaz Krebs!

1736 : TAROT DE FRANÇOIS CHOSSON
ou François Sellon (1736-1672?) 
(Marseille 1736 (1672?), France)


Tarot de François Chosson, Marseille 1736 , Musée Blumenstein de Soleure, en Suisse.

En 1736, Chosson de Marseille imprime ce qui allait devenir un des prototypes pour le modèle dit "de Marseille". Vers le milieu des années 1700, des ponts à peu près identiques à ceux de François Chosson était aussi produits en France, en Belgique et en Suisse. Le plus semblable était celui de Pierre Madenié. Et il y a fort à parier que le tarot de Madenié servit de modèle pour le tarot de Chosson.

Si le tarot de François Chosson est devenue la référence ultime pour tous les tarots du type "de Marseille", c’est surtout parce que Nicolas Conver (aussi de Marseille) a copié le tarot de Chosson directement à partir de ses moules. Conver aurait utilisé les blocs de Chosson. Puisque le Tarot de Conver est devenu par la suite le jeu standard en France, et le modèle pour la plupart des tarots de Marseille populaires utilisés aujourd'hui, le Chosson est souvent considéré pour être à l’origine du Conver, et donc, le modèle de référence.

Ce Tarot de Marseille a été réalisé par François Sellon à partir du tarot de Pierre Madenié (la seule référence ultime!) et publié par François Chosson dans la ville de Marseille en 1736, date attribuée à l'enveloppe de son Tarot, déposé la même année par ce cartier maître dans les services de police de sa ville.

La copie présentée ici (l'unique connu ce jour) est conservé dans le Musée Blumenstein de Soleure, en Suisse.

Il y a toute une polémique autour de la date qui figure sur la lame du 2 de Deniers (carte sur laquelle sont traditionnellement inscrits le nom du cartier maître et l'année de production) dont la gravure est ébréchée, comme quoi le tarot de Chosson aurait été publié avant la date de 1736. Cette rumeur a été entretenue par Philipe Camoin, avec de pauvres arguments. Camoin propose la date effarante de 1672! On ne peut pas être plus aberrant!

Selon les tenants de la thèse du 1672, le fait que les cartiers étaient attestés dès 1630 et qu’un jeu de F. Chosson était daté dès 1672 pouvait faire supposer l’existence d’une tradition du Tarot de Marseille selon Philipe Camoin. Mais le fait qu’aucun Chosson ne soit mentionné avant 1734 remet fortement cette thèse en question désormais.

Et non seulement les recherches ont menées à découvrir que la date de 1672 était impossible, mais encore cela a-t-il mis en doute la date de 1736, et la thèse qui propose plutôt la date du 1762 ressort fortifiée de l’examen des Archives.

De plus, comme le souligne Ross Caldwell, il n’est pas impossible de supposer une activité ultérieure de François Chosson ou d’un familier après 1756, dernière date attestée de son activité dans les Archives...


L’intriguant 2 de Deniers du Tarot de François Chosson

Selon l'ouvrage « Les Cartes à jouer du quatorzième au vingtième siècle », de Henri-René d'Allemagne (publié en deux volumes par Hachette et Cie en 1906), ce cartier maître de Marseille en effet pratiqué à partir de 1734 jusqu'à 1756. Cette période correspond bien aux caractéristiques de ce Tarot, représentatifs de la fin de la première moitié du XVIII e siècle : la perte de détails graphiques, les représentations visant à atteindre le réalisme, etc... Ainsi que plusieurs éléments de preuve, que le Tarot de Pierre Madenié, Dijon 1709, a été l'un des modèles de référence pour François Chosson.

La consultation de diverses archives donne 4 Chosson :

- Chosson (?), à Romans, 1757
- Chosson (François) à Marseille, 1734-1756
- Chosson (Guillaume) à Marseille, 1773-1809
- Chosson et Fautrier, à Marseille, 1807

Aucune mention d’un Chosson dans la période autour 1630

Au détriment de des débat inutiles au sujet de cette date, j’estime que ce tarot fut certainement créé après celui de Pierre madenié et un peu avant celui de Conver. La date de 1736 me semble encore la plus raisonnable.

Et puis, quoiqu’il en soit, le tarot de François Chosson est un des plus beau et un des plus accompli des Tarots de Marseille conforme et réalisé dans la tradition.

Aussi il faut considérer que François Chosson fut le premier cartier de Marseille à avoir produit le Tarot de Marseille (d’origine dijonnaise). Très certainement, à Marseille, on tarot est vite devenu le modèle de référence. Et bien évidemment, puisque les moules furent rachetés par la Maison Camoin, ils ont été souvent recopiés par la suite.

Tarot François Chosson, par Yves Reynaud et Wilfried Houdouin

Le magnifique Tarot de François Chosson, dans sa version originale, est publié en version complète et fidèle (copie conforme) dans une édition limitée à 3000 exemplaires, réalisée à Marseille par Yves Reynaud et Wilfried Houdouin. Il s’agit d’un des plus superbes tarots disponibles avec celui de Pierre Madenié, diffusé aussi par Reynaud et Houdouin, qui font un travail magnifique qui ne mérite que des éloges.

1739 : TAROT DE JEAN-BAPTISTE MADENIÉ
(Dijon 1739, France)


La copie présentée ici est conservé dans le Musée national suisse de Zurich, en Suisse.
Ce Tarot a été réalisé par le fils de Pierre Madenié

Si cette édition réalisée par Jean-Baptiste est moins "fine" que celle de son père, il s’agit ici d’une nouvelle création de la maison de cartier Madenié qui deviendra aussi une référence, entre autre le modèle pour la plupart des tarots produits en Suisse dont les très populaires tarots de Claude Burdel et de Rochus Schär.

Les cartes de ce tarot présentent, d'autre part, certains détails omis ou effacé par l'usure dans le Tarot de Pierre Madenié, réalisé en 1709.

En effet, l'analyse de la copie reproduite ci-dessus démontre qu'il ne s'agit pas d'une première impression, et que les moules ont été déjà usé quand il a été imprimé.

Ainsi, cette édition du tarot de Jean-Baptiste Madenié était sans doute la reproduction d’un tarot plus ancien. Entre autre, le fait que le Tarot du fils ait préservé certains détails manquants dans le Tarot du père, implique l’idée que le premier avait à sa disposition des éditions encore plus anciennes. Les tarots de Pierre (père) et Jean-Baptiste (fils) Madenié auraient-ils tous les deux pour origines un même modèle, encore pus ancien?

Un mystère de plus s’ajoute à l’énigmatique histoire des tarots. En vérité, le tarot de Jean Baptiste ne constitue pas un modèle original, mais reprend un modèle datant au moins du XVII ème siècle!

Cet exemple, parmi d'autres, rappelle qu'il ne faut pas confondre l'antériorité historique d'un tarot avec l'origine du modèle, ou la date de diffusion.


1740 : TAROT DE BOLOGNE
(Giacomo Zoni)




Tarot de Giacomo Zoni, 1740

Une page de manuscrit découvert au 20ème siècle par Pratesi dans la bibliothèque de l'Université démontre que le modèle fut dessiné en 1740 par Giacomo Zoni. Il s’est inspiré des Tarots de Milan, et sera à son tour un modèle pour les Tarots de Trieste...

Il fut publié dès 1740 avec des titres italiens et sera remplacé presque aussitôt par le modèle Piémontais (à deux têtes), plus pratique pour les joueurs de cartes.

1743 : TAROT DE JEAN-François PAYEN (Le Jeune)


Jean-François Payen, Avignon 1743

Au milieu du 18ème siècle la famille Payen produit toujours des cartes à bas prix et continue de publié un tarot basé sur le modèle de Jean Dodal.

Et maintenant, voilà un Jean Payen à Avignon !!!  Mais il ne s’agit pas de Jean Payen le grand-père, mais bien du petit-fils... Plus précisément il s'agit de  Jean "-François" Payen ! Les cartiers Payen étaient originaire de Lyon et ont déménagé à Avignon, Place St-Didier, vers 1740 (non pas le contraire).

1744 : TAROT DE TRIESTE
G. Chastelano, Serravalle (1744)


Cartes du 18ème siècle avec des inscriptions françaises, de Bologne
G. Chastelano, Serravalle (1744)

L'utilisation de légendes en français sur les cartes Tarocco faites par les responsables italiens durant une période donnée est une preuve solide que le renouveau de la popularité du jeu en Italie résulte de l'influence française.

Ce phénomène est apparu dans deux zones distinctes à la même époque (18ème siècle), dans le Piémont et dans le nord Italie, ainsi que les parties adjacentes de l'Empire austro-hongrois. Vraisemblablement, on retrouvera de ces jeux jusqu’en Bulgarie!

Le modèle du tarocco Bolognais est tout de même ramené à un style « italien », pour ce qui est du format plus étroit des lames, et la plupart des jeux de ce style sont présentés avec des rebords de renforcement en replis.

Les dessins sont conformes à ceux du Tarot de Marseille mais sur certaines lames, l'influence d'autres modèles peuvent être détectés. Évidemment, l’iconographie est plus ou moins redevable aux antiques tarots de Milan.


Tarot "Alla Colomba", début du 18e siècle

Il semble que le premier cartier à avoir diffusé ce modèle de tarot ait été G. Chastelano, de Serravalle (1744), sans doute son créateur, ensuite "Alla Columba" (v. 1750), de Bologne; et puis à partir deux cartier de Bologne en diffusent des versions : "Al Mondo" et Angelo Valla, de Trieste, (ce dernier ayant publié la plus magnifique des versions, celle qui deviendra la référence en Italie).

Des versions admirables du Tarot d’Angelo Valla (1780) restaurés sont proposées par les Éditions de la Clef (78 arcanes ou 22 arcanes de luxe), confectionné dans plus grand respect de la tradition des cartiers.


1745 : TAROT DE FRANÇOIS TOURCATY


Tarot de François Tourcaty, Marseille 1745, France

Ce Tarot de Marseille a été réalisé vers 1745, par le fils de Jean-François Tourcaty, qui était également maître cartier à Marseille. La copie connue conservée à la Bibliothèque Nationale de France (BNF françaises bibliothèque nationale), Paris, constitue une édition tardive de ce tarot. En effet, il en existait des versions antérieurement.

Ce tarot a été imprimé après la Révolution française. Celui-ci en effet propose une imagerie opposée à tout ce qui est lié à la religion ou à la royauté. Ainsi, les noms à connotations : les couronnes, croix et autres signes impériaux ont été systématiquement retirés des moules.

Étonnamment, seul LE DIABLE a été préservée. Quoi qu'il en soit, le Tarot de François Tourcaty est particulièrement raffinée, et sa conception au milieu des autres tarots est une référence précieuse.

En effet, outre le fait qu'il est le plus ancien exemple connu d’un Tarot ayant conservé le phénix sur le 4 de deniers et le 2 de Coupes, il est l'un des rares Tarots de Marseille absolument conforme.

D'autre part, ce tarot est caractéristique d'une certaine rupture avec la tradition « passéiste » dans la mesure où, en plus de la « modernisation » évidente de l'iconographie traditionnelle des Arcanes, certaines cartes ont vu en plus leur nom traditionnel modifiés (LE CHARIOT au lieu de LE CHARIOR, LETOILLE au lieu de LESTOILLE (ancien mot provençal du XIV e siècle) tout en préservant le V pour les U et les I pour les J.

C'est par la suite, en particulier avec le Tarot de Nicolas Conver, réalisé à Marseille en 1760, que les noms seront vraiment littéralement changés, et que leur alphabet sera définitivement modernisé.

Plus qu’une simple rumeur, il faut savoir que Nicolas Conver aurait réalisé son tarot en se basant sur celui de François Tourcaty (non pas celui de François Chosson, comme certains prétendent).

Quant à cette copie conservée à la Bibliothèque Nationale de France... Paul Marteau, qui possédait cette plate-forme (avant de faire don de toute sa collection de ponts à la BNF), affirma que l'écriture manuscrite sur les cartes serait de Mlle Lenormand, célèbre diseuse de bonne aventure du début du XIX e siècle.

Le Tarot de François Tourcaty est un des tarots les plus intéressants et une des plus primé des collectionneurs. Avec les tarots de Madenié et de Héri, il est la 3ème référence concernant la « conformité » des tarots de Marseille à venir... Tarot de François Tourcaty fut apparemment à la source des Codes Secrets que Philippe Camoin a découverts dans le Tarot. (Mais les prétendus éléments découvert par Camoin y sont manquants).

Quoiqu’il en soit, le Tarot de François Tourcaty est l’œuvre d’un maître-cartier éclairé et à y regardé de près, c’est le seul modèle qui s’apparente à celui diffusé par Nicolas Conver en 1760, mais qui le précède!

Les 22 arcanes majeurs du magnifique Tarot de François Tourcaty sont disponibles aux Éditions de la Clef, dans une version restaurée absolument superbe. Restaurés par le maître cartier Michel Corbo, qui propose une version absolument inusitée, fidèle à l'original, dans une édition de luxe, à tirage limité à 200. Une véritable pièce de collection.

1746 : TAROT JOSEPH CHAFARD



carte "Le Monde" du Tarot de J. Chafard, Marseille 1746

Le Tarot de Chafard fut très populaire, et aussi surnommé "Tarot des bourgs" comme celui diffusé par Jean Payen. Et de fait, le tarot Chafard montre peu de différences avec celui de Payen/Dodal. La plupart des modifications apportées sont au niveau des coloris, mais en somme, il s’agit du même modèle.

Un certain nombre de petits détails émergent aussi, peut-être à cause des techniques d’impressions utilisées par Chafard, on remarque de légères"transformations" au niveau des visages des personnages dont certains paraissent mâles plutôt que féminin ou androgyne. On peut dire que le tarot de Chafard est "mâle". À l’inverse du Conver, par exemple, où l'imagerie est franchement plus "androgyne".

1748 : TAROT AGZ  alias CLAUDE-FRANÇOIS CARAJAT
François Carrajat (1748? 1786?)


François Carrajat (1786)

Son Tarot est produit à Chambéry, commune de la Savoie. Bien que le dessin soit différent du canon marseillais traditionnel, il y a quand même un Pape et une Papesse.

Carrajat est surtout connu pour son tarot type 'Marseille', dont plusieurs exemplaires subsistent parmi lesquels la plupart sont dus à son fils; rares sont ceux que l'on peut attribuer avec certitude à Claude-François.

Ce qui est absolument certain c,est que la date mentionnée ci-haut est complètement erronée ! Claude-François Carrajat fut en activité entre 1786-1805. Donc c'est tout à fait impossible qu'il ait produit un tarot en 1748 !

Le modèle publié par Carajat à partir de 1786, avait été à l’origine gravé par un dénommé A. G. Zoja (signant AGZ sur le pied de l'As de Coupes. Zoja était un cartier de Coppet en Suisse (canton de Vaud) autour de 1755. (On ne manquera pas de rapprocher ce graveur de celui nommé Zoya - cartier actif à Montanaro, près de Turin, en 1748-49).

Néanmoins, les dessins sont ni plus ni moins des reproductions du Tarot de Jean Dodal. Il est possible que les moules de ce tarot proviennent directement de chez Jean Payen. Les bois auraient été rachetés par Claude-François Carrajat qui diffusa le jeu, mais certainement pas avant 1786. Donc la date de 1748 qui est proposée par certains historiens des tarots est erronée. Par contre, je rappelle que le graveur Zoya - cartier actif à Montanaro, était acif en 1748.

Malgré l’ancienneté du modèle, il y avait encore beaucoup de joueur attaché à cette version. Le tarot de Claude-François Carrajat était facilement confondu avec un Dodal, un Payen, ou un Chafard... Ces tarots étaient tous indifféremment nommés "Tarault des Villages". En fait ce sont tous des tarots réitérant le modèle de Jean Dodal (1701). 


1750 : TAROT DE JEAN BODET 
(Bruxelles - vers 1750)


Tarot de Besançon, Jean Bodet (?)
Tarot de Bodet (Bruxelles - vers 1750)

Ce tarot présente une forte ressemblance avec les soi-disant Tarots Rhénans et Tarot de Besançon. Il pourrait même être l'ancêtre de ces tarots!! Il est également très similaire avec le Tarot de Jacques Viéville. Malgré la date de 1750 qui figure sur le 2 de deniers, il semble que le modèle original de ce tarot ait été créé par un graveur-cartier de Strasbourg tout de suite après la parution du Tarot de Jacques Viéville à Paris. (D’autres vont jusqu’à prétendre que le modèle d’origine de Strasbourg fut créé avant celui de Viéville. Une rumeur persiste comme quoi, les premiers tarots ont été imprimés à Strasbourg et en Belgique).

Le Modèle de Jean Bodet ne s’est pas basée sur le Viéville, mais sans doute sur un tarot assez semblable. Certains pensent qu’il est inspiré du tarot d’Adam C. de Hautot de Rouen.

Ce qui est vrai, c’est que le Tarot de Jean Bodet était la reproduction d’un tarot déjà très populaire en Belgique. Il n’en était pas le créateur mais le diffuseur. Ce modèle de tarot sera aussi le modèle de base pour le fameux Tarot Bacus de Van den Borre.

1750 : TAROT DE ROCHUS SCHÄR 
(Mümlisvil 1750, Suisse)


Tarot de Rochus Schär
Mümlisvil 1750, Suisse

Ce Tarot suisse, bien que modifié à certains égards, contient des détails qui sont précieux pour bien comprendre comment s’est élaborer le "Tarot de Marseille" traditionnel.

L’exemplaire conservé au musée Blumenstein à Solothurn, Suisse nous montre un tarot superbement réalisé.

Le spécialiste remarquera l’influence indéniable des Tarots des cartiers Madenié de Dijon. C’est effectivement auprès de Jean-Baptiste Madenié que Rochus Schär a appris son métier, tout comme son compatriote suisse Claude Burdel.

Le modèle diffusé par Rochus Schär sera aussi celui repris par Claude Burdel ; un modèle considéré à tord pour être le modèle "Suisse". En fait, cette version a été créée à Dijon par Jean-Baptiste Madenié).

Le Tarot de Schär suit les motifs du Tarot de Jean-Baptiste Madenié, mais ses coloris sont uniques. Sans doute ils rappellent ceux du Tarot de Pierre Madenié, le créateur du "Tarot Maître".

Cela dit, les deux tarots traditionnels, les plus conformes et accomplis, ont été créé à Dijon! Tous les premiers Tarots dits "de Marseille" sont énormément redevables des tarots qui ont précédemment été élaborés en Bourgogne, et en Suisse.

Rochus Schär (et Claude Burdel) ont beaucoup fait connaitre ce modèle du Tarot de Marseille. Rochus Schär fut un cartier très réputé de Mümlisvil, qui produisait plusieurs jeux de cartes et même des jeux de société.

Le tarot que diffusa Rochus Schär cartier à partir de 1750 était assez semblable à celui que diffusera Claude Burdel à partir de 1751. Le nom de Burdel fut retenu surtout parce qu’on diffusera des versions de son tarot un peu partout en dehors du pays, (voire même mondialement).

Mais à l’époque, en Suisse, les jeux de Rochus Schär (et son tarot), étaient les plus populaires et les plus réputés.

N.B. : cet article a été fait à partir d'extraits du livre "Origines Secrète des Tarots", Walter Boralis, aux Éditions du Solstice, 2012
© Walter Boralis, 2012

3 commentaires:

  1. Bon travail, je suis d barcelone et je voudrais savoir si je peux reproduire legalement un de ces anciens tarot dansun livre que je veux editer, merci

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