Oswald Wirth (5 août 1860 à Brienz, Suisse - 9 mars 1943) était le secrétaire de Stanislas de Guaita, et dessina en collaboration avec lui un Tarot édité aujourd'hui sous le nom de Tarot de Wirth. Ce Tarot est expliqué et commenté dans son ouvrage "Le Tarot des imagiers du Moyen Âge", devenu un classique.
Il disait humblement tout devoir à Stanislas de Guaita, rencontré pour la première fois au printemps 1887, et qui le fit son secrétaire et ami.
"(…) l'entrée en relation avec Stanislas de Guaita devint pour moi un événement capital. Il fit de moi son ami, son secrétaire, et son collaborateur. Sa bibliothèque fut à ma disposition, et, bénéficiant de sa conversation, j'eus en lui un professeur de Qabbale, de haute métaphysique, autant que de langue française. Guaita prit la peine de me former le style, de me dégrossir littérairement (…) je lui dois d'écrire lisiblement (dédicace au Tarot des imagiers du Moyen Âge)."
Même si l'on peut aisément convenir que Guaita ait pu lui enseigner l'art de tourner heureusement ses phrases, dans notre langue que les étrangers considèrent comme si difficile – Oswald Wirth était originaire de Suisse alémanique –, il est indéniable que le disciple a par la suite égalé, sinon dépassé, le maître, au moins dans le domaine du symbolisme ; on lui doit en effet un certain nombre d'ouvrages qui sont devenus des classiques : "Le Symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'alchimie et la Franc-maçonnerie", "Le Symbolisme astrologique", et surtout "Le Tarot des imagiers du Moyen Âge" dans lequel il reprend l'étude symbolique des lames majeures qu'il avait dessinées pour Guaita.
D'une manière générale, et contrairement à celui qu'il considérait comme son maître, il s'est davantage intéressé à la Franc-maçonnerie, dont il était membre, qu'à la Rose-Croix. Les mystères de l'Art Royal, et La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes en rendent compte brillamment.
En effet, il fut initié le 28 janvier 1884 à "La Bienfaisance Châlonnaise" du GODF. À son retour à Paris, il devient le secrétaire de Guaita et s'affilie à la loge "Les Amis Triomphants". Insatisfait, en 1889, il s'affilie à la loge "Travail et Vrais Amis Fidèles" de la Grande Loge symbolique écossaise, dont il sera président plusieurs fois. Cette loge rejoindra la Grande Loge de France fin 1898.
Il sera un des fondateurs de l'importante revue "Le Symbolisme". Joannes Corneloup fera un portrait très intéressant de sa relation spiritualiste avec la franc-maçonnerie.
Oswald Wirth mourut le 9 mars 1943 à 11 heures. Il est enterré au cimetière de Mouterre-sur-Blourde, au sud de Poitiers.
LE "TAROT KABBALISTIQUE" D'OSWALD WIRTH
En 1889, Oswald Wirth publie l’ouvrage de référence, devenu célèbre, "Tarot des Imagiers du Moyen-Âge". Il reprend les idées Kabbalistes d’Eliphas Lévi, et pousse encore plus loin le syncrétisme du Tarot, en y fusionnant la tradition alchimique, l’iconographie des bâtisseurs de cathédrales, la vision égyptienne – tout en réfutant son caractère originaire – des chiffres arabes ou des symboles taoïstes, qui se retrouvent à l’intérieur de chaque lame.
Ce goût du syncrétisme s’explique par la personnalité de Wirth. Ce Suisse allemand, Franc-Maçon et membre de la Société Théosophique, fût le disciple, l’ami et le secrétaire d’un autre grand penseur de l’ésotérisme occidental, le lorrain Stanislas de Guaïta...
C’est pour ce dernier que Wirth entreprend de dessiner un nouveau tarot en 1887. Ce travail le passionne tellement qu’il passera 2 ans à rédiger un livre et concevoir son jeu, qui restent encore parmi les plus utilisés.
Selon les aveux mêmes de l'auteur, c'est à la suite de sa rencontre avec Stanislas de Guaita qu'Oswald Wirth décida de restituer aux 22 arcanes majeurs du Tarot leur pureté symbolique.
Pour ce faire, il était nécessaire d'en saisir l'idée générale et de s'initier aux conceptions qui lui ont donné naissance.
« Avec l'aide de Stanislas de Guaita, je me suis mis au travail pour acquérir la science du symbolisme m'autorisant à reconstituer la Tarot dans le dessin et les couleurs, conformément au génie médiéval. Ce fut long, mais j'eus la patience de m'instruire méthodiquement. Partout où je les ai rencontrés, je me suis exercé à interpréter les symboles, au point de me faire la réputation d'un spécialiste en la matière. M'attaquant tout d'abord au symbolisme constructif des Francs-Maçons, je fus amené à le comparer à celui des Alchimistes, qui traduisent en images tirées de l'ancienne métallurgie l'ésotérisme initiatique, si judicieusement adapté par les tailleurs de pierre au Moyen Age à la pratique de leur art. »
(Oswald Writh : Le tarot des imagiers du Moyen Age)
Le Symbolisme du Tarot
Les imagiers-illuministes du Moyen-Âge qui ont composé les 22 Arcanes se sont inspirés des connaissances mystérieuses de l’époque. Le nombre 22 qui est celui des lettres de l’alphabet hébraïque, suggère que la Kabbale ne leur était pas étrangère ; ils avaient de plus des notions d’Alchimie et d’Astrologie, sans parler d’un mysticisme laïque visant l’accomplissement du Grand-Oeuvre humain, c’est-à-dire la transmutation graduelle de l’homme animal en un être digne d’une espèce d’essence divine.
Guidés par une intuition diffuse, les dessinateurs du Tarot n’ont pas été tenus d’en apprécier toute la portée philosophique. L’artiste se fait parfois l’interprète inconscient d’un ésotérisme qui hante son imagination, sans se manifester à son intellect avec une suffisante netteté.
Des variantes s’observent parmi les Tarots les plus anciens ; il y eut des tâtonnements qui ont conduit à la fixation du symbolisme lors de l’invention de la gravure sur bois. Mais à cette époque, les bariolages destinés aux joueurs n’avaient pas toujours été recopiés avec soin et surtout avec une parfaite compréhension des détails. Il en est résulté une défiguration partielle du Tarot du jeu de carte en 78 lames.
Des fantaisistes comme Etteila, au XVIIe siècle, ont perfectionné à leur façon le jeu populaire pour en tirer un instrument de divination à l’usage des cartomanciennes. Cela nous écarte entièrement du primitif livre muet signalé par Court de Gebelin puis soigneusement étudié par Eliphas Lévi (L’Abbé Alphonse-Louis Constant), mort en 1875 après avoir publié de très appréciés ouvrages sur la Magie.
Cet occultiste a redessiné les Arcanes VII et X du Tarot en clarifiant leur symbolisme. S’inspirant de cette restitution, Stanislas de Guaita, en 1887, suggéra de l’appliquer à l’ensemble des 22 Arcanes.
De recherches poursuivies à la Bibliothèque Nationale naquit alors le "Tarot Kabbalistique" de 1887, qui reproduit les modèles les plus correctement significatifs. C’est ce Tarot restitué à sa pureté hiéroglyphique que décrit et documente le "Tarot des Imagiers du Moyen-Âge" publié en 1923 accompagné de la nouvelle version "amélioré" de son tarot...
Oswald Wirth était un grand passionné de l'occultisme sous toutes ses formes, de la kabbale et de la divination, un érudit qui restera dans l'histoire de la voyance comme un des plus grands spécialistes du Tarot de Marseille.
Si on parle de lui encore aujourd'hui c'est parce qu'il a grandement participé à nous le transmettre depuis le Moyen-Âge jusqu'à aujourd'hui. Sorte de trait d'union entre le passé et le présent O. Wirth contribua à nous transmettre le tarot notamment en le redessinant.
C'est cela qui est important dans l'œuvre de Wirth c'est ce dessin des lames du Tarot de Marseille "revu et corrigé", qu'il fit avant de publier un ouvrage cet ouvrage de référence que fut "Le Tarot des Imagiers du Moyen-Âge", un livre dans lequel il propose une ré-interprétation complète du Tarot de Marseille.
Wirth n'a pas écrit que sur le tarot mais c'est ce chapitre qui nous intéresse car il est sans doute une des plus grandes figures de la voyance telle qu'on peut la voir avec un regard objectif et non dévot comme cela ce voit trop souvent dans la voyance ou la religion.
Ainsi on a plus affaire à un avis et a une explication de passionné éclairé qu'à celle d'un illuminé que l'on pourrait trouver sur internet ou dans les librairies ésotériques. Wirth a su transmettre avec grande rigueur ses savoirs, et au détriment d’avoir à faire le « rénovateur » d’une tradition, il ne manque jamais de respect aux arts divinatoires, et sait donner son avis ou sa version sans jamais remettre en question la tradition de la taromancie ni l’authenticité des tarots de Marseille.
Il est en effet important que des personnes montrent une idée objective et rationnelle au lecteur pour permettre à celui-ci de trouver le plus facilement possible des réponses de qualité.
(C'est ce que nous nous efforçons de faire ici. Offrir une vision aussi objective que possible... Et ce n’est pas si simple...)
Pourquoi une vision objective de la voyance?
Pourquoi une vision objective de la voyance?
La voyance est comme la religion, une croyance... Avoir une vision objective de celle-ci n'est pas toujours la bienvenue pour tout ceux qui croient... car l'humain n'aime pas être contredit et être mis devant ses propres contradictions, d’autant plus sur des sujets épineux comme ceux-ci.
Mais dans bien des cas la voyance est un sujet de questionnement pour des personnes nouvelles venues, des intéressés, des curieux et dans ce cas il est souvent préférable de présenter au novice une vision objective et non prosélytiste des choses.
Pour ma part, les ouvrages de Wirth ont été très importants au début de mon initiation au Tarot. Comme bien des personnes curieuses au sujet du tarot je me suis procurer le livre incontournable « Le Tarot des Imagiers du Moyen-Âge » et je me suis confectionner moi-même un tarot à partir des images du livre... C’est le début de ma passion pour le tarot et mes premiers pas vers les arts divinatoires, ma première école d’ésotérisme... Et pourtant, depuis ce temps, mes vues et mes croyances on beaucoup changées sur ces sujets... Je n’aborde plus le tarot de la même manière, et évite surtout de me laisser prendre dans les pièges de l’occultisme, c'est-à-dire, j’évite de me prêter au jeu de l’obscurantisme et de la mystification. Mais je ne manque pas de considérer à leur juste valeur les gens d’érudition et je respecterai toujours ceux-là qui ont été capable de rester égal à eux-mêmes, de prêcher pour leur église si ca leur chante, mais au moins de le faire dans le respect des autres... En cela on ne peut que complimenter et vanter les ouvrages d’Oswald Wirth ; ouvrages d’ailleurs, que je consulte toujours à l’occasion.
En conclusion, sur le tarot de Wirth nous diront simplement que celui-ci est de haute qualité, très logique et intéressant pour toutes celles et ceux qui s'intéressent à la voyance sans vouloir entrer dans des schémas trop compliqués d’interprétation et de voyance.
De plus, le Tarot de Wirth, malgré les ajouts qui y ont été adjoints il s’agit tout de même d’un tarot conçu dans le respect des tarots de Marseille traditionnels. Créé à partir d’un authentique Tarot de Marseille (un "Tarot de Rochus Schär" qui lui avait été offert par Aristide de l'Espinay).
Wirth a personnalisé les images avec soin et cela donne justement à ce tarot toute sa personnalité. À vrai dire, non seulement il a été conçu avec un grand souci de précision ésotérique, mais encore est il très attachant.
Étrange personnage que cet Oswald Wirth.....
Étrange, car sa vie est à multiples facettes et l'aborder n'est pas aisé.
Pour comprendre l'œuvre d'Oswald Wirth, il est nécessaire de se replacer dans le contexte de l'époque d'une part mais aussi de choisir les bons ouvrages, dans le sens où les ouvrages de Wirth sont destinés à des publics très variés et de qualité (par rapport à une attente "actuelle") très variable.
À ce niveau, il est nécessaire de bien différencier deux hommes bien distincts : "Oswald Wirth l'ésotériste public" et "Oswald Wirth le Maçon".
Bien que ces considérations soient liés parfois, on aurait pu présenter dans chacun de ces domaines : Oswald Wirth le vulgarisateur et Oswald Wirth le maître.
Le premier découpage me semble plus intéressant ne serait-ce que par la nature des publics qu'il cible. D'une manière générale on peut dire cependant qu' Oswald Wirth est à la Tradition (ou à ses Maîtres) ce que Platon fut à la pensée Socratique.
Cette prodigieuse courroie de transmission que fut son œuvre joua un grand rôle dans la rénovation des valeurs traditionnelles (sens ésotérique) engluée dans un symbolisme incompris et dégradé. Ce fut le cas tout particulièrement pour le Tarot pour ce qui est de sa facette publique, et du rituel* pour sa facette maçonnique.
Avant Oswald Wirth, le symbolisme n'avait que peu de maîtres contemporains, ou en tout cas peu accessible à la pensée publique ou initiable.
Oswald Wirth, par son œuvre a permis l'éclosion de toute une pleïade d'ésotéristes fameux comme le fut Hadès plus récemment dans le monde de l'Astrologie contemporaine.
La transmission de la Tradition, par les contingences actuelles de notre société de fin du deuxième millénaire chrétien, vit l'éclosion de ce nouveaux type de maîtres, chargés d'entrevoir la porte de la connaissance aux initiables, par les bibliothèques et hors des structures atrofiées, désorganisées ou moribondes que la tradition occidentale possède.
Le paradoxe de l'œuvre d'Oswald Wirth, c'est que certains de ses ouvrages sont de véritables œuvres de référence complètement exploitables et profondes et que d'autres sont des vulgarisations superficielles certes intéressantes, mais dépourvues de toute utilité contemporaine ou pouvant même induire le chercheur en erreur (Le symbolisme occulte de la Franc Maçonnerie, le symbolisme astrologique, Guide à l'usage des apprentis.....), nous y reviendrons au cas par cas éventuellement.
Notoriété Mérité...
Dès que l'on veut parler de tradition en Maçonnerie on parle d'Oswald Wirth, et pourtant son oeuvre parfois peu laisser à désirer selon les spécialistes... Oswald Wirth a laissé en maçonnerie une aura prodigieuse, fruit d'un investissement et d'un travail de toute une vie qui fut une véritable restauration de la pensée traditionnelle pour une maçonnerie qui se veut symboliste, initiatique et à la recherche de la Tradition.
On parle souvent de lui, on le cite, mais sans savoir pourquoi le plus souvent. Ce n'est pas son savoir occulte sur le Tarot ou l'Alchimie et encore moins l'astrologie qui lui ont valu ses lettres de noblesse en loges. Il faut entendre ici par oeuvre : son travail sur le rite (REA & A) d'une part, et son travail de "Frère" dans l'obédience (GLSE et GLDF) tout au long de sa vie.
De ces nombreux ouvrages, malheureusement, ses livres sur le rituel ne sont véritablement d'aucun intérêt, car, tout à coup, en ces ouvrages son approche est trop personnelle. Mais, comme il le dit si bien lui-même, le symbolisme peut être approché de manière infinie... (en vérité : ses touches personnelles sont parfois à contre sens des normes actuelles du rite et pourraient dérouter un jeune apprenti). Je ne saurai que trop recommander son ouvrage "Les Mystères de l'Art Royal" dont la première partie est un chef d'oeuvre, que devraient lire tous les apprentis qui recherchent la lumière avec une orientation ésotérique, et souhaitent comprendre l'esprit de la Franc-Maçonnerie dans son éclosion dans les sociétés humaines.
Alors donc, je le répète... L'étude du symbolisme et de la divination ne peut pas vraiment se faire dans les livres, et ceux qui persistent obsessionnellement sur cette voie ne trouvent qu'un "trou noir" intellectuel (au sens astrophysique = une aspiration déviante et anéantissante). Aussi, "Le rituel" est une chose vivante et qui se lit, s’interprète et se comprend selon son époque et selon sa nature propre. Or, l'oeuvre d'Oswald Wirth transmet dans certains ouvrages la passion et l'esprit du symbolisme et l'esprit du rite. Et c'est cela qui est magistral chez lui et qui est utile pour la apprentis.
Si Oswald Wirth ne compte pas vraiment parmi les dits "Grands Maîtres" de l'ésotérisme, assurément il compte parmi les figures les plus importantes de l'histoire des Tarots et de ce fait il a nécessairement marqué l'ésotérisme du XXème siècle.
BIBLIOGRAPHIE
- Le Tarot des imagiers du moyen-âge, Éd. Tchou
- Le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'Alchimie et la Franc-maçonnerie, Éd. Dervy
- Théorie et Symboles de la Philosophie Hermétique
- Le symbolisme astrologique, Éd. Dervy
- Les mystères de l'art royal - Rituel de l'adepte, Éd. Dervy
- L'imposition des mains et la médecine philosophale, Éd. Guy Trédaniel
- La Franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes, trois tomes, Éd. Dervy
- Le livre de Thot comprenant les 22 arcanes du Tarot, (1889).
- L'ideal initiatique (1923)(édition complétée en 1927,Éd. Le Symbolisme, Paris)
- Le serpent Vert (Conte symbolique de Goethe, traduit et commenté par Oswald Wirth, (1935), Éd. Dervy
- Qui est régulier ? Le pur maçonnisme sous le Régime des Grandes Loges inauguré en 1717, (1938), Éd. Le Symbolisme, Paris.
Vous pouvez téléchargez l’ouvrage : « Théorie et Symboles de la Philosophie Hermétique », d’Oswald Wirth (en cliquant sur le titre du livre)
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