LA "SYNCHRONICITÉ"
(selon Carl Jung)
Carl Gustav JUNG s’est intéressé avec le physicien Wolfgang PAULI à ces "phénomènes uniques", non statistiques. Les deux hommes ont publié ensemble en 1952 « Naturerklärung und Psyche » : La nature de l’interprétation de la Psyché. À titre d’exemple pour étayer notre étude, je citerai Jung :
"Je citerai, simplement à titre d’exemple, un cas que j’ai observé. Dans un moment décisif de son traitement, une patiente eut un rêve où elle recevait en cadeau un scarabée d’or. Tandis qu’elle me racontait son rêve, j’étais assis le dos tourné à la fenêtre fermée. Soudain, j’entendis derrière moi un bruit, comme si quelque chose frappait légèrement à la fenêtre. Me retournant, je vis qu’un insecte volant à l’extérieur heurtait la vitre. J’ouvris la fenêtre et attrapai l’insecte en vol. Il offrait avec un scarabée d’or l’analogie la plus proche qu’il soit possible de trouver sous nos latitudes : c’était un scarabéidé de la famille des lamellicornes, hôte ordinaire des rosiers : une cétoine dorée, qui s’était apparemment sentie poussée, à l’encontre de ses habitudes normales, à pénétrer juste à cet instant dans une pièce obscure".
Indiscutablement on est tenté de dire qu’il s’est passé quelque chose". Mais ce quelque chose échappe au champ de la loi statistique ; d’autre part il paraît difficile de pratiquer une épreuve avec contre-épreuve
Définition
C’est ainsi qu’il la définit comme suit : coïncidence temporelle sans lien causal entre un état psychique donné et un ou plusieurs évènements extérieurs objectifs offrant un parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment, l’inverse pouvant se produire :
1 : La coïncidence dans le temps de deux ou plusieurs évènements sans relation causale et ayant le même contenu significatif
2 : Des actes créatifs
3 : Des phénomènes parallèles sans relation causale.
La notion de synchronicité est probablement la moins bien acceptée dans la communauté scientifique. La science objective s’est développée depuis, notamment avec les récentes découvertes des sciences de la complexité. L’effet papillon, qui illustre un concept central de cette approche, soit la dépendance d’un système aux conditions initiales, a été découvert en 1961 par Lorenz, l’année de la mort de Jung. Pour plusieurs, ce nouveau paradigme qui influence de plus en plus la science semble très prometteur pour rendre compte d’intuitions que Jung a eu mais qui furent rejetées dans un cadre scientifique strictement déterministe et mécanique.
Le monde scientifique mécanique se définit par le principe de causalité. La causalité se définit comme une suite de cause et d’effet. Chaque événement se produisant dans l’univers est causalement lié à un événement qui vient avant lui et à un autre qui vient après. L’univers causal était décrit de façon particulièrement élégante par la physique classique des dix-huitième et dix- neuvième siècles. Isaac Newton a établi la causalité sur une base rigoureuse, avec ses lois sur le mouvement et les diverses équations mathématiques qui en découlent.
Le principe de causalité est fondé sur plusieurs hypothèses :
que deux événements sont séparés l’un de l’autre, sans ambiguïté, et ont chacun leur existence propre qu’un contact, une force, ou une influence quelconque s’écoule d’un corps ou d’un évènement vers l’autre qu’il y a déroulement net du temps entre la cause qui a eu lieu dans le passé et l’effet qui arrive dans le présent.
Or ce qu’ont énoncé Jung et Pauli est tout autre et va à l’encontre du monde scientifique En partant de leur principe nous allons déterminer certaines variantes :
1 : synchronicité comportant un évènement situé hors du champ de perception de l’intéressé ou se déroulant dans le futur et qui ne peut être vérifié qu’après coup ; identité de pensée instantanée entre deux personnes sans évènement extérieur objectif.
2 : synchronicité à présage avec la perception de signes symboliques ; coïncidence entre un évènement vécu par une personne et un évènement extérieur ou un fait concernant une autre personne…
3 : Certaines circonstances sont favorables à l’émergence de la synchronicité Par exemple : les états médiumniques et mystiques les états modifiés de conscience (rêves, hypnose…), la solitude, la maladie, les psychoses, les névroses et obsessions une grande fatigue, la recherche spirituelle, le processus d’individuation. Signalons encore les découvertes scientifiques, les réalisations artistiques, les liens familiaux ou empathiques très étroits (notamment chez les jumeaux).
L’essence de la synchronicité n’est qu’un modèle particulier a une signification ou une valeur, pour tel individu qui en fait l’expérience, alors que les lois conventionnelle de la physique ne nécessitent pas de signification ou ne tiennent pas compte des désirs humains (les pommes tombent, que nous le voulions ou non). Les phénomènes de synchronicité agissent comme miroirs des processus internes de l’esprit et prennent forme comme manifestations extérieures de transformations intérieures.
Une synchronicité particulièrement parlante est l’histoire du faiseur de pluie du sinologue Richard Wilhelm. Elle contient en outre l’essence de la pensée chinoise en indiquant comment l’homme et la nature forment un tout indivisible.
Dans un village quelque part en Chine, il n’avait pas plu depuis plusieurs semaines, quand on envoya chercher un faiseur de pluie. A son arrivée, le vieil homme se rendit directement dans une maison qu’on avait mise à sa disposition, et là, il demeura sans procéder à aucune cérémonie jusqu’à ce que la pluie tombe. Lorsqu’on lui demanda comment il avait fait pour faire venir la pluie, le vieil homme expliqua que la causalité n’avait rien à y voir. En arrivant au village, le faiseur de pluie avait réalisé qu’il régnait un état de disharmonie et que, en conséquence les processus normaux de la nature ne pouvaient pas opérer selon leur propre dessein. Le vieil homme fut lui-même affecté, aussi se retira-t-il dans sa hutte pour ramener l’ordre en lui-même. Quand son harmonie interne fut restaurée et l’équilibre rétabli, alors la pluie tomba, comme il est dans sa structure naturelle de le faire.
Cette histoire comporte des éléments d’une transformation vers l’intérieur puis d’une transformation vers l’extérieur, d’un dynamisme entre les aspects physiques et mentaux de l’univers. Mais il y a aussi des phénomènes de synchronicité qui semblent n’exister qu’intérieurement, sans manifestations physiques signifiantes Ceux-ci incluent, par exemple, les structures acausales des rêves, des souvenirs, des pensées, des symboles, et des perceptions, et s’expriment comme des coïncidences, ou des regroupements, entre différentes personnes Un exemple manifeste de telles synchronicités sont les découvertes simultanées faites par des scientifiques qui ne sont pas en communication directe les uns avec les autres (n’oublions comment l’imprimerie a été découverte, on ne retient que Gutemberg, mais il était 2 à l’avoir trouvé en même temps). Les scientifiques parlent souvent d’idées comme si " elles étaient dans l’air ", un peu comme si les nouveaux concepts avaient la forme de transmissions radio, qu’ils étaient complets en eux-mêmes mais attendaient qu’un récepteur compétent les capte. L’une des découvertes de ce type les plus renommées est celle de la théorie de l’évolution.
Charles Darwin, suivant le conseil de son ami Sir Charles Lyell, avait commencé à rédiger sa théorie de l’évolution des nouvelles espèces : " J’en étais presque à la moitié de mon travail, écrit-il. Mais mes plans furent bouleversés, car au début de l’été 1858, M. Wallace, qui se trouvait alors dans l’archipel malais, m’envoya une étude, « On the Tendency of Varieties to depart indefinitely from the Original Type », et cette étude contenait exactement la même théorie que la mienne ".
Dans la vie de tous les jours...
Extrait d’un article de Jean MOISSET paru dans la revue ATLANTIS n°390, été 1997.
"Dans la vie moderne, parmi la multitude de faits observés ou d’informations perçues par chacun d’entre nous, il est normal qu’il se produise de temps à autre des coïncidences, c’est-à-dire des rencontres fortuites ou des évènements simultanés présentant une ressemblance qui sont expliqués par le hasard.
On remarque également ce qu’on appelle la "loi des séries" ou sérialité pouvant être définie comme la répétition de plusieurs évènements, choses ou symboles analogues ou semblables dans le temps et/ou dans l’espace.
Cependant, la synchronicités présente un caractère mystérieux, sortes de "clins d’œil du destin" ou de "hasards signifiants et créateurs" nous laissant un sentiment profond et troublant On dit alors que la coïncidence est chargée de sens".
Quelques exemples à titre explicatif...
Coïncidence
On annonce un accident d’avion et parmi les victimes se trouve l’un de vos amis que vous aviez rencontré dernièrement.
Sérialité
Ce jour là, il s’est produit deux autres accidents d’avions, soit trois en tout a peu près dans les mêmes circonstances et à quelques heures d’intervalle.
Synchronicité
La sonnerie de votre réveil tombe en panne pendant la nuit et vous ratez l’avion que vous deviez prendre tôt le matin. Or, cet appareil s’écrase, et vous échappez ainsi à la mort.
Quelques faits
Quelques jours avant le lancement d’Apollo 11, une météorite tombe au Mexique, comme un signe venu de l’espace, au moment où tous les Terriens avaient précisément le regard tourné vers l’espace..
Pendant la campagne de la première élection de Kennedy, lors du débat TV décisif contre Nixon, ce dernier a horriblement mal au genou. Il est mal à l’aise et transpire devant les caméras. A l’inverse, Kennedy, qui souffre d’habitude de graves problèmes à la colonne vertébrale, est ce jour là exceptionnellement en forme. L’avantage médiatique sera déterminant, Kennedy battra Nixon d’une courte avance.
La veille de son assassinat, John Kennedy fait part à ses proches de son manque total d’envie d’aller au Texas pour la visite officielle qui y était prévue. Il maintient finalement son voyage. Arrivé à Dallas, devant l’accueil chaleureux de la foule, il donne l’ordre d’enlever le toit blindé de la voiture. On connaît la suite
1986. Jacques Weber, qui joue Cyrano au théâtre Mogador, lance à la fin de la première représentation son "nez" dans le public. Et le nez tombe sur les genoux de Gérard Depardieu, présent parmi les spectateurs.
1991. Cinq ans plus tard, Gérard Depardieu joue le rôle de Cyrano dans le film de Jean-Paul Rapenau, couronné par 13 Césars.
Pour conclure...
Au sens jungien, le hasard n’existe donc pas. Jung alla même plus loin en développant une conception très avant-gardiste de la notion de causalité…
Alors que, dans la conception scientifique classique la cause précède toujours temporellement l’effet, pour Jung, il arrive que celui-ci précède la cause. Par exemple, au lieu de dire que c’est parce que j’ai appris le russe à l’âge de 18 ans (cause) que j’ai pu devenir employé à l’ambassade de Moscou (effet), je peux affirmer que j’ai choisi d’apprendre le russe (effet) parce que je devais devenir employé à l’ambassade de Moscou (cause). Jung parle de phénomène de "causalité" et Pauli d’"inversion des équations de temps.
Dans cette perspective, on peut envisager la vie comme une succession de choix faits en référence à une finalité qui se révèle être la cause postérieure aux choix que nous posons dans l’existence. C’est en regardant en arrière que la succession des orientations que nous avons prises peut prendre un sens de plus en plus précis dans notre existence…Même si Jung n’a jamais défendu explicitement la thèse de la réincarnation, sa vision de l’existence nous est d’une grande utilité pour éclairer d’un sens nouveau notre condition humaine.
En essayant d’aller encore plus loin, on peut envisager un autre phénomène, certes faisant partis de la tradition. Mais essayons de nous y aventurer. Avant chaque nouvelle incarnation, notre supraconscience (le Soi) programme un certain nombre de tendances qui constitueront les épreuves que nous aurons à affronter et les apprentissages que nous aurons à effectuer…
Ce programme est déterminé en fonction des enseignements, des échecs et des réussites des vies antérieures mémorisés au niveau de l’âme… Ces choix de programmes d’une vie ultérieure constitueront la base des évènements majeurs qui surgiront dans notre existence. Le défi qui se présente à l’individu, c’est de se mettre suffisamment à l’écoute de ses intuitions et des évènements extérieurs pour orienter petit à petit son existence le long des lignes de force infléchies par la conscience supérieure…
Ainsi chaque fois que nous comprenons le sens d’un évènement qui surgit "par hasard" dans notre vie, c’est notre conscience ordinaire qui se spiritualise un peu plus au contact de la transcendance. Inversement chaque fois que nous tirons des enseignements des actes que nous posons ou subissons, nous matérialisons un peu plus notre esprit. Dans les deux cas, la mémoire de nos prises de conscience s’inscrit dans l’âme. C’est cette mémoire qui opérera la jonction entre une incarnation et la suivante.
C’est une tentative d’explication comme une autre, mais la véritable énigme réside en fait dans les termes suivants : coïncidence, chance/malchance, hasard et bien entendu synchronicité…
Combien d’entre nous, ont pensé à un proche et le jour même ou le suivant, il nous appelle ou on le croise dans la rue…
Voire de travailler sur un sujet, un article comme peut être certain membre du groupe projet et puis soit on tombe sur un documentaire à la télé, un livre non rangé dans une bibliothèque, mieux encore une personne qui nous en parle sans même qu’on lui en ai parlé… Les exemples sont multiples, comme les coups de chances, ils interviennent sur 2 principes.
1 : c’est un coup de chance qui tombe au bon moment mais sans réel signification
2 : un coup de chance qui tombe au bon moment (en fait forcement c’est toujours au bon moment (lol)) mais avec une signification, du style je rate le train, malchance mais le train a déraillé, …
Il est donc intéressant de comprendre pourquoi déjà il peut y avoir un sens, pour certain de la chance mais aussi comme on l’a répété, un phénomène de synchronicité On peut l’expliquer comme on l’a fait pour la réincarnation mais peut être que c’est plus subtil ou plus puissant encore…
Sommes nous en mesure de pouvoir comprendre, maîtriser et pourquoi pas faire en sorte d’influencer ces phénomènes... La question reste ouverte, il n’y a pas à répondre oui ou non, mais on pourrait être en mesure de voir ce qui se trouve/ ce qui cache derrière/ dans la réalité...
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