Le terme "BATELEUR désigne un comédien, un illusionniste ou, en péjoratif, un charlatan. L'arcane majeur le Bateleur, du Tarot, fait partie de la famille des personnalités. Le Bateleur en est une figure plutôt introvertie et sensible. Il est l'artiste de la famille. Un artiste se plait à séduire un public en exhibant son talent. Il suscite, de la sorte, des émotions et des rêves.
Le chiffre "1" est principe de toute chose, non manifesté encore. "1" indique la présence du nécessaire, d’un potentiel, pour s'émanciper. Mais le "1" a besoin de se confronter au monde extérieur, à ses diverses et multiples stimulations générant autant le désir que le doute et l'angoisse.
Le chiffre "1" est encore neutre sur le plan vibratoire. Il représente ainsi l’innocence, la jeunesse (physique ou d'esprit ; cet arcane peut représenter les enfants), la naïveté et l'égocentrisme...
Le personnage porte un chapeau en forme de lemniscate. Les bords du chapeau sont repliés vers le haut, ce qui forme une sorte de cuvette, de récipient. Mon interprétation sur ces aspects : le personnage est actif sur le plan matériel, il essaye probablement de gagner de l’argent ; il se rend réceptif au hasard, à la Providence, il sait s’adapter aux événements et il est capable de réfléchir. Ce chapeau en forme de lemniscate a attiré l’attention des occultistes, et très vite on le considéra comme une figuration du symbole de l’infini. (nous y reviendrons en détail un plus loin).
De la main gauche (sensible et intuitive), il tient un bâton... Est-ce une baguette magique ?
Autres arcanes où apparaît un bâton : l’IMPÉRATRICE et l’EMPEREUR tiennent un sceptre. Le PAPE tient une hampe, un sceptre à 3 branches. L’ange de l’arcane l’AMOUREUX s’apprête à tirer une flèche (qui est un bout de bâton avec une pointe). Le personnage sur LE CHARIOT tient un sceptre de la main droite. Le bâton peut se retrouver dans la balance (axe vertical) apparaissant sur l’arcane la Justice. LE DIABLE...
Le MAT et L’HERMITE tiennent un bâton comme une canne. La ROUE-DE-FORTUNE est faite avec six bâtons placés comme les rayons d’une roue. Le PENDU se tient entre deux arbres ou troncs. Le personnage de l’arcane XIII tient une faux dont le manche est un bâton...
Les « Bâtons » sont nés de la Terre, mais représentent l’élément Feu, comme c’est le cas pour la suite des arcanes mineurs des « Bâtons ».
Sur la table du Bateleur reposent :
- une sorte de sac ou de panier
- ce qui paraît être une corde, ou un serpent, sort du panier
- un couteau qui a un manche et une sorte de lame incurvée (sans doute il faut considérer ces éléments comme étant un rappel de la suite des arcanes mineurs des « Épées » qui représentent l’élément « air »)
- deux boules, qui ressemblent à deux coquilles de noix
- deux (ou trois) dés à jouer, (le plus souvent les chiffres s’additionnent pour donner la somme de « 7 ». Par exemple; l’un affiche 1 point et l’autre 6). (Voir un peu plus loin l’exposé sur le « Mystère des Dés » du Bateleur).
- un gobelet (sans doute pour brasser les dés)
- trois pièces (ou deniers)
- un bocal, ou un autre gobelet, un récipient, (parfois une coupe...)
Donc, parmi les objets qui sont sur la table du BATELEUR ont retrouve certainement un rappel des 4 éléments représentés par les suites des arcanes mineurs... Mais ici, il faut sans doute prendre en considération que le BATELEUR ne possède pas des instruments nobles... Il s’agit d’objet qui ont les même fonctions que celles des arcanes mineurs : Bâtons, Coupes, Deniers, Épées ; mais ici il ne s’agit de pièce d’or mais de jetons, pas d’épées mais de coutelas et de lames, pas de coupes mais plutôt des gobelets, et pour le bâton, on remarque que LE BATELEUR le brandit de manière à se rendre impressionnable... et ça marche !!! Pour preuve, beaucoup de gens le prennent pour un magicien!!!
LE BATELEUR est d’avantage un petit futé qu’un magicien! L’erreur s’est glissée dès les premiers jeux de Tarot anglais... Il faut admettre qu’il n’y a pas vraiment de terme équivalent au « BATELEUR » en anglais... (pas même en français!!!) Mais il aurait été plus juste de dire « the Player » ou « the Gamer »...
LE BATELEUR n’est pas un Magicien... Il ne détient encore aucun réel pouvoir... Et pour les dons qu’il a... Il lui reste à trouver un moyen pour qu’ils s’épanouissent enfin! LE BATELEUR n’est ni un noble, ni un sage ni un magicien... Il aspire à devenir un "initié" mais il n’est encore qu’un habile prestidigitateur, un illusionniste...
À partir de cette traduction erronée en "The Magician", cela contribua à faire rapidement de notre BATELEUR un magicien! Et les cercles ésotériques, les kabbalistes du dimanche, et présumés maîtres occultistes s’en sont donné à cœur joie! Depuis, LE BATELEUR à pris des airs de Mage accomplis!
Si on revient aux images d’origines du Tarot, on doit admettre que l’on s’est beaucoup éloigné du sens premier, et la personnalité du pauvre BATELEUR est méconnaissable...
Le Tarot de Paris, représente LE BATELEUR dans sa plus grande authenticité. Devant une table ou sont installé des joueurs, ses complices, un chien et un singe qui sont cachés sous la table...
Tarot Anonyme de Paris
Le Visconti montre un BATELEUR qui est plus sobre, mais ce BATELEUR a sur sa table des objets plus nobles, Épée, une Coupe, un Denier, et un Bâton...
Les Tarots de Viéville, Noblet ou Dodal réitèrent cette même image du BATELEUR de manière simplifiée... Le Tarot de Jean Noblet est particulièrement « caricatural » et les items sont affichés de manière plus « symbolique », par la suite Dodal et Conver feront de même...
À partir des Tarots plus « idéographiques », comme celui de Noblet, l’image du BATELEUR contient de nombreux objets matériels, notamment la table. Mais le personnage, à partir de ses chevilles, repose sur le fond céleste. Ces aspects peuvent indiquer une quête spirituelle, tout en signalant que l’individu reste dépendant et soumis au monde matériel et aux apparences. L’individu détient une sorte de connaissance innée. Il sait tirer parti avantageusement de ses talents et du monde matériel, notamment en manipulant avec adresse et aisance les objets pour faire impression. Que va faire le Bateleur avec sa baguette et la pièce ?
Cet arcane exprime une façon de fonctionner dans le monde social. Le Bateleur privilégie le mode émotionnel. Il a l’esprit joueur. Il est motivé par le plaisir. Il a besoin de plaire et de se sentir aimé. Le Bateleur est un sensitif. L’expression de soi est spontanée, authentique. Il aimerait aussi avoir un statut, ou du moins la réputation d’être un « magicien »!
Sur le plan intellectuel de son fonctionnement, LE BATELEUR est intelligent (intelligence pratique d’adaptation), rêveur, inventif et simple. Sur le plan moteur-instinctif, il est habile, doué et hédoniste. Il sait satisfaire ses besoins de base, il ne manque de rien à voir sa présentation.
Cet individu se confronte à tous les possibles, ce qui le rend momentanément opportuniste.
DANS LE SENS ÉLÉMENTAIRE
Quand Le Bateleur est tiré dans le jeu, il annonce une action nouvelle, un commencement de quelque chose ou bien alors une nouveauté qu'il ne faut pas laisser passer, une nouvelle direction, des prises d'initiatives. Ses qualités sont la présence d'esprit, la diplomatie, l'intelligence, l'habileté, le coup de génie, la débrouillardise.
Cette carte symbolise le triomphe, toutes les qualités de la jeunesse, quelques soient les actions ou les jugements, ils se révèlent toujours positifs et victorieux
Résumé: habileté, enthousiasme, audace récompensée, énergie créatrice, début de toute chose, initiative, finesse diplomatique.
De manière générale, Le Bateleur représente le commencement, l’initiative, le départ de quelque chose de neuf. Il possède tous les éléments pour entreprendre une action efficace, et la mener à terme.
La Bateleur représente un homme plutôt jeune, en pleine possession de ses capacités. Il est prêt à agir, de façon innocente et pure. Il a tous les éléments en main devant lui : bâton (le feu, les actes), coupe (l’eau, le psychisme), denier (la terre, la matière), couteau (l’air, l’intellect). Grâce à ses outils il va façonner son devenir, pour inscrire son projet dans la dimension matérielle. Le point de départ, le commencement, est renforcé ici par un certain nombre de signes : la fleur en bouton au milieu de ses jambes renvoie au symbole d’une jeune pousse à la conquête de la vie !
Son chapeau en forme d’infini indique que le Bateleur est quelqu’un de motivé qui ira jusqu’au bout de son idée, de son acte, et ceci ira très loin.
Le 1 est un point de départ.
C’est le principe de la jeunesse ambivalente entre manque de maturité et inexpérience. L’ouverture est maximale : Tout est à faire. Il illustre l’enfant : fragilité et force. Sa vie est devant lui.
Le Bateleur est une lame active (action demandée, il FAUT AGIR !) Le Bateleur est un sujet responsable est non passif mais soumis à l’indécision. Carte du présent, c’est ici et maintenant, il peut tout faire tout savoir et tout expérimenter. Le vert du chapeau le met en accord avec la nature. La clef est dans l’intériorité.
Le mot Bateleur signifie jeu. Donc la vie est un jeu. Il ne faut pas dramatiser !
Principe essentiel du commencement et du travail.
Le travail est élévation s’il est un plaisir
Le travail est appauvrissement s’il est fardeau.
Synthèse : Le Bateleur symbolise un nouveau projet ou une nouvelle relation. Il est toujours associé à un travail, à des études ou une pratique. C’est le symbole de l'initiative, de l'habileté, du courage, de la jeunesse impétueuse et décidée.
Mots-Clés : initiative, potentiel créatif, dynamisme, autonomie
SENS POSITIF
Cet arcane symbolise la fougue de la jeunesse, l’élan, l’initiative et l’audace. Il évoque les choses nouvelles, les impulsions vers le futur et la bonne fortune. Cette carte symbolise la créativité et l’enthousiasme. Cet arcane annonce aussi le début de choses significatives pour le consultant.
Tirage amoureux : démarrage d’une relation, période de séduction et de sorties, rencontres, coup de foudre possible.
Tirage professionnel : démarrage d’un projet personnel, travail autonome et dynamisant, nouvelles idées, créativité payante.
Tirage financier : possibilité d’initiatives bienheureuses.
Tirage vitalité : grande vitalité, capacités de résistance importantes, possibilités accrues pour concevoir, activité physique.
Message de l’arcane : le Bateleur vous encourage à vous lancer, à agir concrètement sans hésitations. Il est nécessaire que vous écoutiez vos désirs et que vous vous fassiez confiance. Foncez ! C’est le moment propice !
SENS NÉGATIF
Cet arcane peut aussi se révéler synonyme de malchance et de désillusions. L’arcane est alors annonciateur d’obstacles à la réalisation de soi et à la réussite de projets personnels et professionnels.
Tirage amoureux : relation amoureuse superficielle, rigidité dans les échanges et les interactions, difficulté dans les rencontres.
Tirage professionnel : difficultés avec l’environnement de travail, enjeux personnels prenant le pas sur la bonne marche de l’entreprise, obstacle sà la progression professionnelle, résistance au changement.
Tirage financier : important de revoir les dépenses.
Tirage vitalité : baisse de vitalité, besoin de se ressourcer, de se recharger énergétiquement.
Message de l’arcane : L’Étoile vous conseille de reporter les projets qui vous tiennent à cœur. Les circonstances ne jouent pas en votre faveur actuellement et vous risquez d’aller vers l’échec et les déceptions. Prenez votre mal en patience, le vent va bien tourner un jour !
OPTIQUE « ÉVOLUTION PERSONNELLE »
Le bateleur est "l’Alpha" du Tarot. Cela signifie que le consultant est sur le point de débuter quelque chose... C’est un nouveau départ... LE BATELEUR indique que la personne est sur le point de s’éveiller à de nouvelles dimensions de la réalité, l’individu s’éveille, prend conscience que l’Univers lui donne accès à tous les outils pour parvenir à son plein accomplissement.
Le BATELEUR indique qu’il y a encore des incertitudes face à l’avenir mais aussi le début de nouveaux projets auxquels il faut croire pour avancer...
Le Bateleur conseille de continuer d’avancer mais dans le sens d’un cheminement qui aidera à notre épanouissement...
Ayez confiance, dit LE BATELEUR, car de beaux projets s’offriront à vous, si vous mettez tout en œuvre pour réussir... Aussi, il indique que cela vous donnera l’occasion d’évoluer sur le plan personnel.
LE BATELEUR vous dit : « Prenez la mesure de votre potentiel ».
Il est l’individu actif, le principe mâle associé à l’œuvre de la création, il est l’"Initiative".
LA QUESTION DU LIBRE ARBITRE
Une des questions philosophiques majeures concerne le statut du libre-arbitre. Est ce qu’on a le choix de nos actes? Je voudrais apporter ici quelques éléments qui montrent à la fois l'importance et la limite du libre-arbitre.
En général, quand on discute avec un ami, quand tout va bien, on voudrait croire que l’on a bien cette capacité à pouvoir décider de chacun de nos actes, que tout ce que nous faisons nous le voulons. Puis, si l’on est addict à un produit ou à une activité, on se rend compte rapidement que l’on est dépendant de ce produit ou de cette activité, sauf ceux qui veulent se leurrer sur eux-mêmes. Par exemple, les fumeurs qui vont chercher du tabac en pleine nuit à plus de 20km de leur domicile en disant que c’est pour le plaisir.. Il en est de même du désir sexuel qui nous pousse vers l’autre avec une force incroyable et à laquelle il est bien difficile de résister.
De ce fait, la psychanalyse avec l’inconscient d’une part, et les neurosciences d’autre part, montrent qu’en fait notre libre-arbitre est limité. On peut dire qu’on vit dans un espace de « tendances » de forces intérieures qui nous poussent dans un sens ou dans un autre. Lorsque ces forces ne posent pas de problèmes, c’est à dire qu’elles ne viennent pas en contradiction avec d’autres forces, elles nous mènent à une certaines satisfaction (par exemple manger un bon plat quand on a faim ou faire l’amour avec sa compagne/compagnon).
Au contraire lorsque plusieurs de ces forces sont en contradiction, on se sent écartelé entre plusieurs voix intérieures, dont certaines apparaissent comme angéliques et d’autres comme démoniaques, un peu comme ce qui est figuré sur l’arcane de L’AMOUREUX).
Nous somme ainsi le théâtre d’affrontements terribles, où différentes forces, incarnées par des “personnages”, chacun ayant sa voix intérieure, s’affrontent. C’est le démon qui affronte le devoir, l’enfant qui s’oppose au père, le licencieux qui tente de prendre le pas sur le sage.. Toutes ces voix sont alors les manifestations intérieures de toutes ces tendances psychiques, de toutes ces forces. Il est clair qu’il sera possible un jour d’expliquer tout cela sur le plan neuronal.
Pour ma part je fais appel à certaines idées de M. Minsky et de D. Dennett: le cerveau est un ordinateur parallèle sur lequel un certain nombre de processus s’exécutent (en parallèle ou en séquentiel comme le mental), et ces processus (point de vue Extérieur dans AQAL de Wilber), nous apparaissent comme des personnages ou des forces qui s’affrontent ou s’allient (point de vue Intérieur dans AQAL).
Dans ce cas, où est le libre-arbitre? Et bien bizarrement, au milieu de tous ces affrontements, de toutes ces forces qui nous cherchent à nous pousser dans un sens ou dans un autre, il y a tout de même un “je” qui choisit.
Parfois ce “je” laisse aller la pulsion, parfois il suit le devoir, parfois il suit le chemin du sage, etc.. mais dans tous les cas et dans toutes les situations, si l’on veut bien faire un réel travail de conscience, on se rend compte alors qu’il existe un tout petit endroit où “je” décide, où je laisse aller dans un sens ou l’autre les tendances.
Dans ce théâtre homérique qu’est notre psychisme, dans cette mer tumultueuse de notre intériorité, il existe toujours (sauf si l’on est sous neuroleptiques) un endroit où nous décidons d’aller à droite ou à gauche, où nous écoutons certaines voix plutôt que d’autres.
Pour beaucoup, il existe une croyance “qu’on ne peut rien y changer”. Quelque part, c’est confortable. On n’est pas responsable de ce qui nous arrive, on subit ce qui se passe, et donc c’est pas de notre faute ce qu’on vit et ce qu’on fait... Mais cette approche nous coupe de nous mêmes, de cet endroit du ”je” où nous sommes profondément libre. De ce fait, lorsque “on ne peut rien y changer” on se vit comme prisonnier de la vie, comme subissant ce qui nous arrive, cherchant à glaner au dehors de nous un peu de réconfort. On cherche dans la drogue, le sexe, les gadgets, les fringues, etc.. un réconfort pour nous faire oublier notre situation misérable d’esclave.
Et c’est juste cela le Samsara (la dure réalité) : le lieu des conditionnements que nous acceptons en croyant parfois qu’on est libre quand on ne fait que suivre une addiction et parfois qu’on “ne peut rien y faire” en se comportant en victime. Dans les deux cas, on reporte la faute de notre condition sur l’autre ou les autres: c’est le conjoint qui nous empêche de vivre, c’est la société qui nous exploite, ce sont les “grands de ce monde” qui complotent pour nous asservir. Ce qu’on ne veut pas voir c’est que c’est simplement nous qui avons abdiqué, que c’est nous qui avons choisi finalement d’être victime.
En réalité il n’y a qu’une issue qui est très bien développée par l’un des grands principes de la « voie de l’éveil » exprimé par Andrew Cohen :
« Renoncer profondément à être victime. Cela signifie que je suis auteur de tous mes actes et que j’en prend la responsabilité. »
La phrase clé c'est: "j’ai le choix de mes actes et je prend la responsabilité de tout ce que je fais dans la vie"...
Tant qu'on ne prend pas la responsabilité de nos actes, en conscience, on reste dépendant et comme prisonnier du monde. Si l’on fait un réel travail sur soi, on se rend compte que depuis notre plus petite enfance, depuis que l’on a pu dire “je”, on a fait des choix: on a choisi d’être un bon garçon ou une bonne fille, on a choisi de se rebeller, etc.. Cela ne signifie pas que nous ayons à nous culpabiliser de nos choix, ce qui reviendrait à remettre une couche de boue supplémentaire sur notre vie (note: au lieu de nous libérer de nos conditionnement, on “adore” rajouter de la merde sur nos blessures en nous jugeant négativement. Mais cela ne fait que nous enchaîner encore un peu plus à des conditionnements sociaux et parentaux). Il s’agit au contraire de sentir la liberté qui existe en nous à chaque instant. Et cela nous invite à faire face à nos peurs profondes et de sentir que nous faisons le choix d’éviter ou non une situation qui nous fait peur. Par exemple, on peut se dire :
À chaque instant je décide par exemple de ne pas dire quelque chose qui va choquer l’autre parce que je préfère vivre ainsi ma relation et que j’ai peur de lui faire du mal.
Mais en fait, cette peur de faire du mal recouvre peut être une autre peur: peur que l’autre réagisse en nous repoussant, peur d’être abandonné, d’être seul, de ne pas pouvoir faire face à la vie si l’autre n’est pas là. Peur aussi pour les conséquences vis à vis des enfants, etc..
Prendre conscience qu’on fait ce choix nous permet d’aller plus profondément dans l’écoute et la compréhension de ces voix intérieures, de ces peurs d’enfants qui nous animent encore à l’état adulte.. Et ainsi être capable d’affronter ces peurs (c’est en cela qu’Andrew Cohen parle d’approche héroïque de l’éveil et de la conscience, car il s’agit d’affronter nos paresses et nos peurs, de dépasser nos conditionnements).
Sauf si l'on est esclave (et encore on a toujours le choix de se rebeller au risque de la mort), on choisit notre vie: on a toujours le choix de quitter son travail, de changer de vie, d'oser gagner moins. Mais si on ne le fait pas, c'est parce qu'on a peur des conséquences, qu'on a peur de ce qui pourrait arriver. Et c'est beaucoup plus confortable de mourir à petit feu en se disant que l'on est victime de notre environnement, du monde, de la société. Le plus grand des courage c'est de faire face à notre vie, à nos choix. C'est très dur à accepter, et je peux en parler, car j'étais vraiment un adepte du "on ne peut rien y faire" ou du "j'ai pas le choix".. Mais c'est le petit enfant qui parle en nous à ce moment là, en voulant fermer les yeux sur la vie et ce qu'elle entraîne.
Mais diront certaines personnes, ce que vous dites est totalement incompatible avec les théories non-duelles et notamment avec l’Advaita Vedanta qui nous dit que finalement nous n’avons pas le choix, que tout ce que nous faisons est déterminé, que nous n’avons que la possibilité de prendre conscience de ce qui se passe à tout instant..
En fait, pendant longtemps je pensais qu’il y avait une contradiction entre ces termes, mais bizarrement il n’y en a pas. Comme le dit Ramana Maharshi, il faut faire un grand effort, notamment sur le mental, qui suppose donc un certain libre-arbitre pour finalement se rendre compte que nous ne sommes qu’une excroissance de la Vie qui joue à l’intérieur de nous, du Divin qui fait l’expérience de la limitation à l’intérieur de nous.
Mais bizarrement, il n’y a pas de contradiction, car c’est juste à l’endroit du “je” intérieur, à l’endroit du libre-arbitre absolu que le Divin s’exprime. En fait, c’est en allant totalement dans la voie du libre-arbitre, en quittant la victime pour de bon et en prenant la responsabilité de nos actes (à condition de ne pas revenir à une notion de devoir qui serait en fait un retour en arrière) que nous atteignons l’endroit de ce que certains appellent notre “mission sur terre” ou ce qu’on pourrait appeler le lieu où la voix de Dieu s’exprime en nous (l’important n’est pas le nom mais l’expérience intérieure de ce lieu).
Être libre de ses choix, ce n’est pas “faire ce que je veux quand je veux” mais prendre conscience de notre liberté de choisir telle ou telle action, en tenant compte totalement des autres et en étant entièrement responsable de nos actes. Et à cet endroit, si l’on s’ouvre à ce qui est plus grand que nous, on peut ressentir que ce choix qui nous anime profondément vient d’un au-delà du “je”, d’une plus grande profondeur à laquelle on peut donner le nom de Dieu, ou le Soi ou la Vie ou toute appellation en fonction de nos croyances.
En d’autre termes, aller vers le libre-arbitre total en tenant compte de la responsabilité de nos actes, c’est la “première et dernière liberté” comme le précise
le livre éponyme de Krishnamurti, c’est être libre d’être ce que l’on est totalement, ce qui, d’un point de vue plus grand dépasse entièrement ce “je”. C’est paradoxal, mais quand on arrive au sens premier de toute chose, on tombe nécessairement dans le paradoxal.
Je veux préciser que je ne suis pas toujours juste dans tous mes choix, qu’il ne viennent pas toujours de ce “je” ou plus exactement que je m’illusionne que je dois faire cela pour telle ou telle raison, qui ne sont en fait que des illusions pour cacher mes peurs. Mais simplement, je sens et sais que en faisant cela, il n’y a que moi que je trompe, que moi que je veux bien illusionner. Il n’y a que des peurs derrière tout cela, et ces peurs doivent être affrontées.. Il n’y a rien d’autres que cela si l’on veut être profondément libre et entrer dans ce que le christianisme appelle “le royaume de Dieu”.
Et pour finir je voudrais donner une image qui résume ce qui vient d’être dit. C’est un peu comme si nous étions le barreur d’un voilier. Parfois, la mer, qui représente les évènements de la vie, est tumultueuse, parfois elle est calme. Dans tous les cas, c’est nous qui choisissons notre route, mais la direction que nous avons à prendre, c’est notre étoile qui nous en donne le chemin. Nous avons juste à suivre l’étoile, pour trouver notre propre être, notre propre individuation.
Nous sommes donc à la fois libre en tant que barreur – et il convient effectivement de se rendre compte que c’est nous qui donnons un coup de barre à gauche ou à droite, que c’est nous qui décidons de garder le cap ou de se laisser aller au gré du vent – mais pas libre en ce sens que le cap est donné par une étoile qui nous guide et qu’elle nous est propre. Andrew Cohen met plus l’accent sur le barreur, les visions non duelles sur l’étoile, certaines religions sur les moyens habiles à mettre en œuvre pour arriver à barrer en toutes circonstances, mais il ne s’agit que d’aspects d’une même réalité...
OPTIQUE « THAUMATURGIQUE »
Le Nombre Un, le Grand Tout, la Providence du Ternaire Divin ; dans l’Ennéade Héliopolitaine le Un est Amon-Râ. Dans les Tables de la Loi c’est l’Éternel Moment Présent des 7 manifestations phénoméniques universelles, celui qui contient en simultané le germe ; le centre du cercle de toute création qui se manifestera sur le plan successif de la temporalité.
Le Bateleur de notre livre de Thot, est aussi l’indéfinissable Divin Créateur, ou principe de création, qui permettra de faire sortir du Nombre Zéro, dont il est l’aspect incréé, la Lumière et les Ténèbres, mais aussi les quatre éléments dont est constitué la création.
Ce Un, renferme donc la Lumière fécondante et les ténèbres fécondées mais aussi les forces qui sont constitutives des quatre éléments, le chaud et le froid, le volatil et le fixe, le sec et l’humide, le contractant et l’exaltant, l’électricité et le magnétisme, le spirituel et le matériel, le visible et l’invisible, le temps et l’espace, tout ceci contenu dans un état hors du temps : l’Éternel Moment Présent du Principe Créateur.
Ce « 1 », qui seul dans l’ensemble de la création a ce pouvoir créateur, sera donc le principe germinatif incréé du créé, et sa division séquentielle manifestera les autres Nombres Puissances qui lui sont attachées ; il ne peut se comprendre que dans le cadre de ce don d’ubiquité, qui lui permet en étant hors du temps, d’être partout en même temps ce centre qui est partout et dont la périphérie n’est nulle part. Ce Nombre Un n’est pas la Création mais le principe même de la Création. Toujours dans l’ouvrage d’Eliphas Levi cité précédemment, concernant le Nombre Un, il nous indique :
« Qu’est-ce qu’un principe ? C’est une base de la parole, c’est une raison d’être du verbe. L’essence du verbe est dans le principe : le principe c’est ce qui est ; l’intelligence, c’est un principe qui parle.
Qu’est-ce que la lumière intellectuelle ? C’est de la parole ; Qu’est-ce que la révélation ? C’est la parole ; l’être est le principe, la parole est le moyen, et la plénitude ou le développement et la perfection de l’être, c’est la fin : parler c’est créer. »
La lame du livre de Thot nous représente le Bateleur, le Nombre Un, sous l’aspect d’un personnage devant une table, portant un chapeau dont les bords forment le signe de l’infini et tenant à la main la baguette de pouvoir (le Bâton symbole du Feu, la Force), pendant que sur la table ( analogie à la Table de la Loi), se trouvent les symboles des trois autres éléments : la Coupe pour l’Eau (Tempérance) ; l’Épée pour l’Air (la Justice) ; le Denier pour l’élément Terre (la Prudence). Son bras gauche qui tient le Bâton symbolisant le Feu, est dirigé vers le haut alors que sa main droite est dirigée vers le bas et repose sur l’élément Terre le Denier. Le Bateleur est bien le grand Tout et l’infini.
Les neuf Nombres Puissances seront des déclinaisons imparfaites du Nombre Un, duquel ils resteront liés, comme la cellule nerveuse n’est qu’une déclinaison de la cellule Mère qui s’est spécialisée dans une fonction tout en restant reliée à sa source par son code génétique. Tous les Nombres sont divisibles par Un, la source, le germe, le centre. Le Un n’est pas quelque chose, ce qui le différencierait des autres choses et lui ferait perdre son statut de Un, le Grand Tout, il est l’indispensable principe de création de toutes choses sans en être aucune, la fameuse énergie du vide des scientifiques si subtilement décrite comme Grande Vertu par Lao-Tseu :
"La grande Vertu vient du Tao. Le Tao est vague, imperceptible, insaisissable ! Oh, qu’il est vague, imperceptible, insaisissable !Et pourtant en son sein est la vérité. Oh, qu’il est insaisissable, imperceptible !Et pourtant en son sein est la forme des choses. Il est si sombre, si ténébreux ! Et pourtant en lui est l’essence vraie de l’être. Cette essence est la vérité rayonnante et la vérité cachée. Depuis l’aube des âges son nom nous a été transmis et de lui naissent tous les êtres. Comment peut-on connaître les voies de la création ? Par lui. Par le Tao."
Ce symbole de vie qu'est la Lemniscate nous accompagne dans le processus d'évolution qui mène du plein développement de l'individualité à la conscience de groupe.
Nous vivons ce mouvement dynamique dans la profondeur de notre corps, dans nos paroles et nos expressions créatrices, en lien avec les éléments de la nature.
La lemniscate est une courbe plane particulière qui a été étudiée en 1694 par le mathématicien suisse, Jacques Bernoulli. Dans sa forme simple et pure, elle se présente comme un huit couché. Les deux parties du huit sont rigoureusement égales.
Les mouvements de l'univers
Il est intéressant de situer ce mouvement particulier parmi les mouvements de l'univers.
Il existe dans l'univers, trois mouvements fondamentaux :
La ligne droite , expression de la direction, de l'alignement, et symboliquement expression de la volonté de la vie qui se projette à l'infini.
le mouvement spiralé - sur une surface plane : la spirale - dans le volume :
le cône ou vortex, et l'hélice - qui rassemble et relie. Symboliquement, le mouvement spiralé est l'expression de cette qualité qui attire, rassemble et relie sans attacher ni posséder, et que l'on peut nommer Amour.
Le mouvement circulaire qui, en rassemblant et en délimitant, donne une forme qui contient. Symboliquement, le mouvement circulaire est une expression de l'intelligence créatrice qui rassemble pour créer. Le cercle, avec un point au milieu, est le symbole de la volonté créatrice; qui part d'une source, ou centre, pour s'étendre et se reproduire. Cette forme se retrouve dans les mandalas, dans les vitraux des cathédrales, et partout dans la nature : regardez attentivement une fleur ou une feuille...
Ces trois mouvements se combinent entre eux pour composer, très concrètement notre univers, et pour l'exprimer symboliquement.
Ils se retrouvent:
dans notre corps,
dans nos expériences psychologiques,
dans nos représentations mentales.
En fonction de son histoire et de sa personnalité, chaque individu est sensible, plus particulièrement, à l'un ou l'autre de ces mouvements, tout en étant composé des trois.
La lemniscate est une forme de mouvement spiralé à travers lequel s'exprime, de manière spécifique, le mouvement de la vie. Comme la vie, elle est mouvement et centre, et évoque le passage incessant par le centre. C'est peut-être pour cette raison, que traditionnellement, on en a fait le symbole de l'infini.
Ce mouvement symbolique, que nous ressentons à différents niveaux dans nos expériences, paraît bien adapté pour exprimer et accompagner le travail des stages : "de L'individualité à la conscience de groupe", grâce à la présence de ses trois composantes :
L'évocation du mouvement incessant, qui pour nous, signifie la fluidité de la vie,
L'existence du centre (ou cœur), par où repasse toujours le mouvement, qui signifie la reliance à nous-mêmes, à notre intériorité profonde, dans ce qu'elle a de personnel et d'universel à la fois,
Le mouvement circulaire, qui évoque l'ouverture aux autres et au monde, le rassemblement de l'humanité dans la conscience de son unité (ou conscience de groupe).
La lemniscate se vit très concrètement pendant les stages, dans le corps, dans la créativité, dans la parole, dans le processus de chacun et de l'ensemble.
Le mouvement symbolique de la lemniscate se retrouve dans le travail de conscience du corps, depuis les plantes de pieds qui puisent la force du sol, jusqu'au bassin où vibre la force de la vie, jusqu'aux omoplates qui s'ouvrent comme des ailes.
De la conscience du corps à l'expression créatrice, jusqu'aux mots qui partagent, posent et intègrent, le symbole de la lemniscate peut se lire dans le processus du stage :
les moments de découverte, d'élan et d'enthousiasme (lorsque les boucles s'élancent),
les moments de retournement (lorsque la boucle change de direction), parfois dans la joie du changement possible et parfois dans la difficulté de la transformation,
les moments de béatitude ou de clairvoyance (au croisement des boucles) quand le mouvement passe par le coeur...
Et toujours, au final, l'harmonie, la beauté, le bonheur (pour reprendre les mots des participants). La lemniscate est un symbole d'harmonie et de fluidité qui guide, approfondit et amplifie le processus de construction en cours : chacun a l'occasion d'avancer sur son chemin d'évolution qui découvre toujours un peu plus, approfondit et amplifie la dimension d'humanité.
LES DÉS DU BATELEUR
La Reconstitution du Tarot de Marseille par Philippe Camoin et Alexandre Jodorowsky se vante d’avoir rétablit « les 3 dés » qui avaient disparus du Tarot.
Voici quelques explications sur cette Reconstitution inattendue. Surtout, sachant que Camoin s’est servi d’un Conver (à deux dés) et sachant que seul le Tarot de Jean Noblet affiche 3 dés.
LE MAT ne porte pas de numéro. Le nombre d’arcanes majeurs numérotés est de 21. Or 21 n’est divisible que par 3 et 7. Les Anciens ont donc voulu dès le départ que nous portions notre attention sur les chiffres 3 et 7 comme étant en relation avec le monde sacré, celui des arcanes majeurs.
Le monde des arcanes mineurs est quant à lui partagé en 4 familles, c’est le domaine du quaternaire.
Dans le Tarot, 56 est le nombre d’arcanes mineurs et 21 le nombre d’arcanes majeurs portant un numéro en chiffres romains. Le nombre de combinaisons possibles avec 3 dés est de 56 (comme le nombre des arcanes mineurs). Le nombre de combinaisons possibles avec deux dés est de 21 (comme le nombre des arcanes majeurs numérotés). Si on ajoute les faces d’un dé, on obtient 1+2+3+4+5+6=21 à nouveau.
Sur la table du Bateleur, chaque dé nous montre 1+2+4=7. Il n’existe pas d’autre solution que 1, 2 et 4 pour obtenir 7 à partir de trois faces d’un seul dé. Il y a 3 dés, cela nous fait 3x7=21.
Enfin, si vous ajoutez chaque face d’un dé avec la face opposée, vous obtenez :
1+6=7
2+5=7
3+4=7
Hexagone formé par les 6 chiffres
Cette série de chiffres placées sur un hexagone forment une roue, ou voire même, « ouroboros » cette fameuse salamandre (parfois un serpent ou un dragon) qui se mort la queue...
Ouroboros
Le "1" est la tête de la salamandre et le "6" est sa queue. La tête de la salamandre mange la queue, c’est-à-dire que le "1" en opérant une rotation devient le "6".
Maintenant, faisons superposer le 1 et le 6 et repartons avec le 6 pour un nouveau tour. Nous arrivons à 11. En faisant de même à partir de 11, nous arrivons à 16. En faisant encore un tour, nous arrivons à 21. Donc, après avoir opéré quatre rotations (rota = taro), le « 1 » en cheminant ainsi dans l’estomac de la salamandre, procède au processus de transmutation. Le symbole de l’Ouroboros est le symbole de l’Alchimie mystique. Ainsi, donc, s’exécute le périple initiatique du BATELEUR, cette manœuvre cyclique du « 1 » à travers les 21 arcanes majeurs.
Nous avons obtenu 1, 6, 11, 16 et 21 comme nœuds de ce mouvement du serpent Ouroboros. Alignons les arcanes correspondants :
On remarque tout de suite que LE BATELEUR et LA FORCE ont un chapeau en forme de lemniscate (symbole de l’infini). Mais alors, quel peut-bien être leur rapport avec l’arcane LE MONDE, qui est placé à l’autre extrémité ? En effet, 1, 11 et 21 sont les deux extrémités et le centre.
Le Monde et ses 2 lemniscates
Sur l’arcane du MONDE, il y a deux lemniscates dissimulées dans l’image. Dans la carte du Monde, les deux rubans qui attachent la mandorle (ovale) en haut et en bas, forment chacun un huit renversé (lemniscates – symbole de l’infini), dont on ne voie qu’une partie, l’autre partie étant cachée par la mandorle.
LE MONDE contient les deux infinis... Ceux là des arcanes du BATELEUR et de LA FORCE.
En effet, Le Bateleur commence le premier cycle de dix, de 1 à 10, tandis que la Force commence le deuxième cycle de dix, de 11 à 20.
Chaque cycle de dix commence par un infini. Cela fait 20 cartes, il en reste une, LE MONDE, qui est la totalité des deux cycles, comme indiqué par le fait qu’elle possède les deux infinis.
Les arcanes 1, 11 et 21 nous suggèrent donc le symbole de l’infini...
Plaçons les 21 nombres sur cet infini qui passe par 1, 11 et 21. Les deux séries de 10 sont bien superposées comme dans un miroir.
Tarot et Symbolisme
Les dés faisaient partie des armes du Christ ou "arma christi", objets liés à la mort du Christ sur la croix. En effet, les soldats romains jouèrent aux dés la tunique du Christ. Il est difficile de penser que ces dés n’aient pas eu dans la bible une haute valeur symbolique et numérique.
« Le Christ et les Armes du Christ » (Arma Christi) ou instruments de la Passion
On remarque les 3 dés au centre de la gravure de 1485
Tarot et Alchimie
C’est Fulcanelli, dans "Les Demeures Philosophales", qui a le mieux dépeint les rapports entre le dé et l’Alchimie. L’étymologie du mot "dé" vient du grec qui signifie : dé à jouer, cube.
D’une manière ésotérique le dé va donc représenter la "pierre cubique" ou taillée, la "pierre philosophale", la "pierre angulaire".
Il faudra jeter 3 fois le dé sur la table, ce qui correspond à 3 dés sur la table. Symboliquement, ces 3 phases vont représenter 3 passages différents sur le sentier, 3 mondes différents pourrait-on dire, 3 initiations ou 3 buts à atteindre.
En Alchimie, cela équivaut à redissoudre 3 fois la pierre, "pour l’obtenir avec toutes ses qualités". Nicolas Flamel nous dit à ce propos que cela donne la solution du livre hiéroglyphique d’Abraham le Juif composé de 3 fois 7 feuillets.
Camoin a choisi, à cet effet de placer trois dés sur la table du BATELEUR... Il s’est nécessairement inspiré des diverses illustrations de l’"arma christi" sur lesquelles figurent pour la plupart 3 dés. En vérité la majorité des anciens Tarots ne comportent que de 2 dés...
Cela dit, à l’origine, les Tarots ne ce souciaient pas de fournir des images prenant en considération tout ces détails ésotériques. Mais il est intéressant de savoir qu’ici Camoin a pris son idée dans l’iconographie Chrétienne gnostique...
OPTIQUE « INITIATIQUE »
L’ASPIRANT INITIÉ...
Le mot tarot est un mot qui peut s’inverser : ROTA, ce qui signifie roue. C’est un jeu divinatoire composé de 22 arcanes majeurs et de 56 arcanes mineurs. Les arcanes du tarot, de par leur symbolisme, constituent des messages émanant de notre inconscient profond et de l’inconscient collectif, commun à toute l’humanité. On ne connaît à ce jour l’origine précise de ces lames, ni la signification exacte qui leur était donnée à leur apparition.
Toujours est-il que chacun essaie de les interpréter tant bien que mal, étant conscient du message initiatique profond véhiculé par les arcanes...
Le Bateleur est un aspirant-Mage, c’est-à-dire celui qui cherche à réaliser réalise l’aimant quadripolaire, le divin tétragramme, la maîtrise des quatre éléments. Dans la conception magique, les quatre éléments sont la base du développement initiatique car ils constituent les pierres de l’édifice que le mage devra bâtir.
Le Bateleur est l’arcane qui est directement lié aux 56 arcanes mineurs. Quelque soit les Tarots, ont remarquera qu’il possède, sur sa table des objets représentant les 4 éléments, et les 4 suites des arcanes mineurs sont, on le sait, associé aux 4 éléments, voire, aux 4 élémentaux.
Traditionnellement, ce sont le feu, l’eau, l’air et la terre mais ces éléments sont en fait les quatre verbes de l’initiation : oser, vouloir, savoir et se taire.
Le savoir initiatique n’est donc pas une mystification, il s’appuie sur des lois et des principes que tout un chacun peut expérimenter. L’audace est la force qui permet à l’élève, qui veut devenir mage, d’aller à la conquête de l’inconnu en bannissant de lui la peur et le doute.
Sur ce premier arcane majeur est donc figuré un jeune homme plein d’assurance, de sa baguette, il indique le ciel et le relie à la terre. Cela n’est rien d’autre que l’expression du vieil axiome hermétique : « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ».
La signification de cette lame n’est généralement comprise que par qui fait ses premières classes en occultisme. Ce que presque tout le monde ignore, c’est que cette compréhension constitue en fait l’aspect théorique du Bateleur.
La signification initiatique est encore plus profonde et concrète.
Les Anciens initiées, au travers de cette simple lame, nous indiquent clairement le chemin de la véritable initiation, qui de nos jours est accessible à tous.
LA VOIE DE LA TRANSMUTATION
Conscience, Cœur et Puissance...
Il existe tout un ensemble de voies spirituelles, mais il me semble qu'il en existe trois essentielles qui correspondent aux centres énergétiques fondamentaux de l'être : la voie de la conscience (3ème oeil), la voie de l'amour et du sacrifice (le coeur), la voie de la transmutation et de la puissance (le hara/Grotte Sacrée, sexe).
La voie de la conscience a été particulièrement développée dans le bouddhisme : la cessation de la souffrance du moi, par l'arrêt des désirs, mais aussi l'arrêt des pensées dans le calme absolu de la Nature essentielle de l'Esprit.
Les techniques de méditation de type Vipassana ou de claire conscience consistent à être le témoin non interventionniste de tout ce qui se passe à l'intérieur et à l'extérieur de nous. Dans ce calme, l'individu se dissout pour devenir une simple présence "je suis", totalement désidentifié de sa propre personnalité, et atteindre l'état de Śūnyatā, dans lequel il n'y a plus de différence sujet / objet.
La voie de l'amour et du sacrifice a été incarnée par "Yeshua", le christ. Il s'agit d'abord et avant de reconnaître le lien que nous avons avec toute chose et l'amour inconditionnel qui en résulte. Il n'y a pas de séparation, il n'y a pas d'être séparé. Dans ce cas, l'amour pour chacun, et pour chaque chose, m'inonde, puisqu'il n'y a plus de peurs à avoir vis à vis de l'autre. Mais pour vivre pleinement cet amour, pour ne pas en rester à un amour d'ego à égo, où à la fois j'aime mais je veux obtenir quelque chose en retour, il s'agit de sacrifier cet ego à l'autel du divin. C'est pourquoi la voie christique est celle du sacrifice: le sacrifice de l'ego, des désirs, des attachements, de la personne. Ici aussi, dans cette voie, on atteint la pure présence du "je suis", le "Eyeh Esher Eyeh" de Dieu qui nous emplit de sa Grâce, et nous vivre l'amour absolu et inconditionnel.
Il existe enfin une troisième voie, la voie de la transmutation, qui a été moins connue et qui n'a pas donné lieu à des religions exotériques (c'est à dire des religions pour tout le monde, comme le sont le Christianisme, l'Islam, le Judaïsme, l'Hindouisme et le Bouddhisme). Elle prend sa source dans la transmutation de la matière, à partir de la fusion des énergies féminines et masculines.
En occident, cette voie a été développée par l'alchimie, la magie et les pratiques occultes (Hermès Trismégiste, culture d'Isis), et en orient, ce sont les traditions tantriques et taoïste qui en ont été les porteuses. Elle prend sa source dans la puissance sexuelle et sa transmutation par le Cœur et la Conscience.
Chacune de ces voies, conduit à la suppression et à la transmutation de la souffrance : la voie bouddhique supprime le désir et développe la conscience (awareness) et la Sagesse, la voie christique transcende la souffrance dans le sacrifice de sa personne et dans l'amour inconditionnel, la voie alchimique transmute la matière dans l'action.
Évidemment, chacune de ces voies emprunte aux autres : dans le Mahayana, l'amour et le sacrifice du Bodhisattva est une incarnation de la voie du cœur.
La voie alchimique mets aussi l'accent sur la conscience, la sagesse et l'amour, et il semblerait que certains aspects ésotériques de la voie christique aient pu rencontrer l'alchimie de la transmutation des âmes par la rencontre sexuelle avec le bien aimé (qu'il s'agisse du divin ou de l'être cher avec lequel s'effectue le Mariage Sacré).
Ces dernières années on a pu voir ainsi un rapprochement essentiel entre la voie christique et le tantra par l'importance nouvelle que prend Marie-Madeleine dans les nouveaux courants spirituels, considérée comme la compagne de Yeshua, celle qui lui enseigne la sexualité sacrée (voir à ce sujet "
Le manuscrit de Marie-Madeleine", et les livres, plus réservés néanmoins, de J.-Y. Leloup (On pourra lire avec bonheur son roman qui n'en est pas tout à fait un : "
Une femme innombrable"))
Mais ces trois voies en nécessitent finalement une quatrième, qui n'a été révélée que récemment, et que j'appellerai la Voie Luciférienne...
Je reviendrai un jour sur Lucifer, le porteur de Lumière, prince de la dualité, qui a souvent pris le visage de Satan (l'accusateur) et du Diable (celui qui divise).
Cette voie, qui s'intègre naturellement aux autres, porte sur le travail de l'Ombre, sur tout ce que nous ne voulons pas voir en nous, sur tout ce qui devient la source de nos angoisses et de nos répulsions. Elle a été découverte en Occident, par le travail psychothérapeutique, notamment par Freud, mais surtout par Jung qui en a donné une vision claire en reliant cette ombre individuelle à l'ombre collective inconsciente de nos sociétés, et plus généralement de toute l'espère humaine.
Il ne s'agit pas de suivre Lucifer, mais de reconnaître, de pardonner, et d'intégrer, en la transmutant en Lumière, cette part d'ombre qui est en nous.
Il me semble qu'il existe en ce moment une synthèse qui commence à prendre forme entre ces différentes voies, afin de former l'union de l'Incarnation, du Cœur et de l'Esprit et d'une manière générale, l'union "intégrale": alliance du masculin et du féminin (en soi et en couple), union de l'action et de la sagesse, de la relation verticale (vers le divin) et action horizontale (action dans le monde).
Cette synthèse, en reliant au plus profond des traditions a priori séparées mais pourtant sœurs, permet d'accélérer le développement individuel et collectif de l'humanité.
L'approche intégrale, s'effectue d'abord à l'intérieur de soi, au plus profond de son être, en reliant tout ce qui est vécu comme séparé et distinct, en réunissant ce qui a été disjoint, voire dissocié. Relier le sexe (et le ventre) au cœur et au troisième œil, relier la base vitale de notre survie immédiate et l'aspiration au divin, aller au delà de l'ego pour atteindre la reliance du cœur, et intégrer cette ombre à nous mêmes, afin de diminuer le mécanisme de projection, source des peurs et des exclusions de toute nature... Ensuite, à partir de ce lieu où la Puissance, l'Amour et la Sagesse ne font plus qu'un, il est possible d'amener le travail à l'extérieur de ce temple et ainsi de transformer le monde.
L’école initiatique de L’Étoile Indigo considère qu’il ne s’agit pas de 3 ou de 4 différentes « voies » mais plutôt de différents domaines, faisant partit des 7 domaines qui sont des passages obligés vers l’accomplissement de soi, comme aussi vers la porte d’accès à des pouvoirs inédits! Ces 7 domaines sont comme les 7 chakras, comme les Sept Églises, comme les 7 dons : initiative (tête), conscience (3ème oeil) + expression (bouche) + amour (le cœur), clairvoyance (plexus solaire) + instinct (nombril) + alchimie (sexe).
L’ordre initiatique de L’Étoile Indigo considère qu’il faut devenir maître des 7 dons afin de réaliser l’œuvre alchimique de la transmutation. Les lumières qu’apportent ces 7 dons, ces sept tonalités de vibrations de couleurs, forment alors une seule et même étoile de lumière pure... Une luminosité si intense qu’elle met fin aux ténèbres, à la noirceur qui s’est transformé en un ciel "indigo", symbole de la lumière qui vainc la profondeur des ténèbres... Non pas la lumière du jour mais bien une lumière qui irradie de l’initié au point que l’obscurité ne peut plus l’atteindre...
Cette voie initiatique de la transmutation est inspirée du "vajrayâna", et se base sur les enseignements du Tarot.
LE TAROT, LE VAJRAYÂNA ET LE MAHÂYÂNA
Le vajrayâna est comparable à la voie initiatique de l’alchimie mystique proposé par le Tarot.
Les pratiques du vajrayâna reposent sur les mêmes fondements que le mahâyâna dont il est une branche, mais il se distingue de ses enseignements ordinaires par les nombreux « moyens adroits » qu’il utilise.
Les enseignements du mahâyâna ordinaire s’appuient sur les "sûtras", ceux du vajrayâna sont fondés sur des textes particuliers appelés "tantras". Les enseignements du Tarot ont, prétend-t-on, pour origines, le mythique "Livre de Thot", (ce qui est accepter pour la plupart dans son sens chimérique), mais en vérité, le Tarot (qui est plus ou moins comparable au "Tao"), est plutôt un outil-guide hérité des mages de l’antiquité, consistant en un instrument permettant la "découverte de soi" ("tarot miroir"), et relatant un processus alchimique initiatique ("tarot grimoire")...
Les buts de leurs enseignements sont identiques, mais leurs perspectives, leurs moyens de progression et leur efficacité diffèrent.
Nous parlons ici de trois véhicules donnant accès à des dimensions inusités de nous-mêmes et du monde dans lequel nous nous sommes incarnés. Le véhicule du « Tarot » est né de la voie du "Char". Maintenant nous allons voir que chaque véhicule a une perspective et une approche qui lui est spécifique.
Il y a dans chacune de ses approches, différences de motivation :
Par exemple : les tenants du hînayâna considèrent le "samsâra" (la dure réalité) comme un océan de souffrances qui est à franchir pour atteindre la liberté du nirvâna, et ils cherchent à s’en libérer principalement pour leur propre bien.
Les tenants du mahâyâna et de la voie initiatique du Tarot aspirent à la libération afin d’aider tous les êtres ; considérant qu’ils ont tous été, à un moment donné au cours de leurs innombrables existences, leurs propres parents, ils se rappellent leur bonté et, avec un sentiment de compassion universelle, souhaitent les libérer tous.
Ainsi, les pratiquants hînayâna ont été comparés à des rois utilisant leurs pouvoirs à leur propre profit, et ceux du mahâyâna à ces mêmes rois les utilisant au profit de tous.
Les perspectives diffèrent également, au regard, par exemple, des illusions et de leurs conséquences. La voie hînayâna enseigne le renoncement aux impuretés, ce qui est difficile et très long à réaliser, mais plus facile à enseigner que l’approche mahâyâna ou vajrayâna... Quant au Tarot, il n’a pas la réputation d’être facile d’approche et il est un outil qui mal utiliser amplifie la confusion plutôt que le discernement. Mais le Tarot vous amène toujours à vous poser des questions sur vous-même, il vous conseillera toujours subtilement de commencer d’opérer des changements...
La voie de la transmutation proposée par le Tarot prescrit de changer les souillures en qualités qui leur sont opposées. La voie de la transmutation, fait appel au processus alchimique initiatique...
Cette voie consiste à transcender le pur et l’impur, ce qui est très difficile à comprendre et à enseigner mais, une fois maîtrisé, c’est le moyen le plus le plus facile et le plus efficace pour atteindre l’éveil.
Les diverses méthodes utilisent aussi différentes sortes de moyens de progression plus ou moins radicaux : on pourrait comparer leurs méthodes à diverses manières de se débarrasser de l’arbre de l’ignorance, de la souffrance et des négativités : la pratique du hînayâna arrache les feuilles, celle du mahâyâna coupe les branches, quant au vajrayâna, il tranche l’arbre à la racine. La voie de la transmutation alchimique, quant à elle, propose d’opérer une complète métamorphose de l’arbre...
Toutes les souffrances étant dans l’esprit, réaliser directement sa nature et éliminer ainsi toutes les illusions qu’il génère est l’approche du Tarot.
Quant aux nombreuses voies spirituelles ou initiatiques proposées par dogmes, religions, cabales et sectes, on remarquera qu’ils enseignent surtout la résignation, la servilité et la subordination... Or, plutôt que de proposer de transmuter l’individu, ils enseignent l’art du trompe-l’œil et de l’obscurantisme.
Les différents véhicules ne diffèrent pas tant par leur but, qui est le même pour tous, que par les méthodes pour y arriver. Si l’éveil était une contrée lointaine, le sommet d’une lointaine montagne, l’approche hînayâna serait comme de cheminer vers elle à pied, celle du mahâyâna comme de s’y rendre à cheval, celle du vajrayâna comme de s’y en voiture, et, finalement la voie de la transmutation se résume à se transformer en oiseau!!! Il n’y a pas plusieurs destinations, mais la rapidité et l’efficacité des véhicules sont très inégales. Et au cours de son périple, l’oiseau a une vue d’ensemble, de sa vue aérienne, il voit plus large, il voit plus d’élément qui l’entoure et qui compose son environnement, aussi, il peut s’arrêter où il veut, choisir la perspective qu’il veut, se rendre à des endroits difficile d’accès, et enfin, l’oiseau peut voir d’avance ce qui se présente dans le lointain, de ce fait il a une longueur d’avance, il peut prévoir les évènements à venir...
La Voie de la Transmutation, qui est l’enseignement des Mages, transmit via les arcanes du Tarot, était connu pour être « La Voie du Char », ou « Le Miroir aux Oiseaux », et l’enseignement des Mages est transmit à cet effet dans un langage codé surnommé « La Langue des Oiseaux ».
Quant à cette voie de la transmutation, elle permet certainement de réaliser l’éveil et il permet même de résoudre l’énigme du secret des destinées!
Quant le Tarot appel un individu à être enfin initié aux mystères de l’alchimie céleste, et que l’aspirant initié est prêt à se laisser guider par l’Étoile des Mage, c’est qu’il est fin prêt à combattre son égo et mettre fin aux cycles de ces karmas...
Le Tarot propose de renaître à la vie avant sa mort! Il enseigne que la mort physique est une illusion, certes, mais il enseigne que le secret est dans l’œuf ! (egg = ego). Effectivement, il s’agit ici pour l’aspirant initié d’opérer la transmutation alchimique du plomb en or, donc de la métamorphose de son ego en œuf philosophal! De cet œuf philosophal sera tiré la substance qui permet de réaliser le "Grand Œuvre".
L'enseignement secret
D’une façon générale, les bouddhas enseignent le dharma conformément à l’esprit de leurs disciples. De la même manière, LA PAPESSE, le Tarot, enseignent la voie des mages, selon les multiples versions des incarnations terrestres. Ils transmettent, chacun à leur manière, divers enseignements qui sont des antidotes aux quatre-vingt-quatre mille types de passions pouvant toucher l’esprit des êtres vivants. Tous les bouddhas n’enseignent pas le vajrayâna ; par contre, LA PAPESSE, immortelle déesse, dans son extrême compassion, délivre ces instructions particulièrement profondes, rapides et efficaces transposées en idéogrammes sur les Arcanes du Tarot.
Le vajrayâna est l’aboutissement ultime des enseignements du Bouddha ; il s’agit certainement d’une sage voie à suivre, et nous lui reconnaissons plusieurs point commun avec les enseignements du Tarot.
Mais il est facile de le mal comprendre, ce qui peut nous amener à commettre de grandes fautes qui produisent des existences misérables dans des états infernaux ou animaux ; il est donc très dangereux de s’aventurer dans ces sortes de voies ultimes sans d’abord s’évertuer à la sagesse...
C’est pourquoi généralement quand il est question de « Transmutation », il s’agit presque toujours d’"enseignements secrets" et, dans ses pratiques les plus essentielles, il n’est transmis qu’oralement et lorsque le moment est venu, par le maître à son disciple.
L’accomplissement de la « Transmutation » est l’aboutissement ultime des enseignements légués par les mages et grands initiés; il est donc extrêmement précieux, et nous sommes fortunés d’avoir le Tarot comme outils, accessible à tous. Mais le Tarot comme le vajrayâna n’est pas moins facile à comprendre. Le Tarot aussi peut être source de confusions, d’obsessions, de contrariété, d’incompréhension, de sentiment d’impuissance devant les événements, etc...
Encore une fois, il est difficile de cheminer sur la voie de la libération, c’est à dire, de se libérer des mauvaises habitudes et tendances de son égo...
Vajrayâna et Tarot demandent d’entreprendre un réel combat contre nos "bêtes" intérieures... Ce combat n’est pas sans causer toutes sortes de répercussions dans notre vie, et il est préférable de s’engager dans ces voies avec l’aide ou le support d’un maître ou d’un initié...
Vajrayâna et Tarot peuvent effectivement nous amener à commettre de grandes fautes, et bouleverser nos existences, voire les rendre pénibles, malheureuses dans des conditions d’indigence, de déroute, de mal-être... Terrain propice aux troubles physiques et psychologiques.
La voie de la transmutation proposé par le Tarot a ceci de particulier qu’elle ne demande pas de rejeter quoi que ce soit, mais simplement de transmuter notre esprit et ses expériences en reconnaissant leur nature essentielle ; c’est une voie de transformation ou de transmutation de ce qui est impur en ce qui est pur. C’est ce qui fait sa rapidité et sa facilité.
La voie de la transmutation proposé par le Tarot ne soulève pas de grandes difficultés et ne requiert pas d’austérités particulières, à tel point que, pour un être disposant de facultés vives et d’une grande intelligence, il serait tout à fait possible de le pratiquer et de le réaliser au sein même de son activité ordinaire.
À cette fin, les tenants La voie de la transmutation alchimique utilisent la « vision sacrée », dans laquelle ils reconnaissent que ce monde où nous nous trouvons est déjà en fait fondamentalement pur ; c’est déjà un « champ pur », une sphère où toutes les dimensions, toutes les connaissances et la seule Vérité peuvent être naturellement embrassées...
En ce qui concerne la voie du "vajrayâna", il serait dit : que tous les bouddhas et bodhisattvas peuvent être vus et le dharma naturellement entendu.
De même, ils considèrent que les êtres sont fondamentalement des bouddhas et qu’il n’y a pas de distinction réelle entre le samsâra et le nirvâna, celle-ci ne tenant qu’aux apparences. Dans la pratique de cette vision sacrée, le monde est médité comme champ pur et les êtres comme des aspects du bouddha, toutes les formes comme des aspects éveillés, tous les sons comme des mantras et le mental comme l’esprit pur.
Pour sa part, le Tarot considère tous les êtres pour avoir la capacité de s’accomplir et de s’unir au "divin". L’humain est appeler à découvrir son essence divine et à la faire s’épanouir en sorte que s’opère une transformation de l’être...
La compréhension juste de cette vision et de cette pratique est délicate. Un point fondamental de l’abord du Tarot est de ne pas développer à son égard de vues fausses, d’avoir confiance en lui et de ne pas le rejeter parce que soudainement on ne le comprend pas et qu’on à la sensation que l’on s’égare.
Il y a certainement parmi nous des personnes très différentes, certaines avec des capacités spirituelles très vives et d’une grande intelligence, et d’autres moins réceptives. Certaines ont déjà une bonne connaissance du Tarot, et des concepts qu’il véhicule; d’autres l’ont peu étudié, et plusieurs ne le connaisse que de réputation...
Enseigner les moyens du Tarot à une personne qui n’est pas prête à les recevoir, qui n’a pas la préparation nécessaire car elle n’a pas approfondi suffisamment sa connaissance et son expérience, risquerait de faire naître en son esprit des vues fausses, ou pire encore, de provoquer un sentiment de rejet. C’est pourquoi le Tarot ne peut être abordé de façon juste, à moins d’avoir reçu des bases solides, constituées par la compréhension et les pratiques proposées par « Les Enseignements de La Papesse »*.
Cela dit, dans cette voie des moyens qu’est "La Voie de la Transmutation", il y a beaucoup de niveaux d’enseignement et de compréhension ;
Dans le Tarot, LE BATELEUR représente « l’initiative » et il se décide à faire ses premiers pas vers la Papesse, et s’engage à suivre la voie des initiés... LE BATELEUR recevra les Enseignements de La Papesse.... Il doit donc accepter avec humilité d’apprendre que "Plus il apprend, plus il apprend, en vérité, qu’il ne sait rien", et que tout est encore à apprendre... C’est là la première étape... Ensuite il apprend la loi qui dit : « On récolte ce que l'on sème », ensuite il doit accepter de faire des "devoirs d’apprenti", subséquemment il devra accepter de se voir en face, il apprend à s’évaluer lui-même... Ensuite, notre aspirant initié devra traverser une série d’épreuves desquelles il devra tirer des leçons... Cette première série d’étapes font du BATELEUR un alchimiste duquel il sera lui-même l’athanor et la source des substances.
LE SECRET EST DANS L’OEUF
De la fusion à l'union en passant par le Moi...
La relation est au cœur de nos vies. En premier lieu, notre venue sur terre est le fruit de la relation entre une femme et un homme. Puis, notre survie et notre développement dépend de la capacité de notre entourage à nous aimer et nous protéger. Nourris par ces relations premières, nous partons en quête de rencontres qui nous permettent d’évoluer, de transmettre et de donner vie à notre tour. Et enfin, si notre mort signe la disparition du Moi incarné, elle peut également être vécue comme une reliance profonde avec ceux qui sont dans l’au-delà et avec le Soi.
Le développement relationnel s’inscrit dans un mouvement global qui part de la fusion pour aller vers l’union, c’est à dire de la relation aux autres indifférenciée, vers la relation aux autres consciente. Le passage de la fusion à l’union nécessite, en premier lieu, la construction d’un Moi qui s’extrait de la matrice originelle pour dire JE et s’interroger sur où il se trouve… C’est le premier miracle dont parle Richard Moss : la capacité de l’humanité à se penser et à penser le monde.
Cette étape est essentielle parce qu’on ne peut observer le fleuve dans lequel on se baigne mais elle est également éprouvante parce qu’elle introduit la dualité et donc la séparation.
L’apparition de l’individualité conduit les êtres humains à se percevoir et se vivre comme des êtres séparés les uns des autres mais également coupés de leurs origines et du sens de la vie. L’être humain se retrouve alors en proie avec une sensation de solitude, de perte de sens, de méfiance envers la vie et les autres. Le Moi qui se construit ne veut pas mourir et se transforme en Ego qui défend son bout de gras, se rétracte et se crispe.
Cette crispation entraîne la souffrance : le monde se rétrécit, on s’attache, on a peur de perdre ses acquis ou de ne pas obtenir ce que l’on veut et l’on passe à côté de la vie qui s’incarne à tout instant de façon nouvelle propice à l’émerveillement.
Or, cette construction du Moi n’est pas une finalité mais juste une étape de développement de conscience. L’étape qui suit tout naturellement consiste à se relier aux autres de façon consciente : « Je » n’est pas là pour être le meilleur et s’approprier les biens de la terre aux détriment des autres, « Je » est là pour s’unir aux autres dans une danse où chacun a sa place, dans une symphonie où chaque instrument a son morceau à jouer. Pour qu’émerge cette intelligence collective qui dépasse, transforme et relie les individus séparés, il est nécessaire que chacun ouvre à nouveau ses bras et renonce à vouloir être supérieur, dominer et gagner contre l’autre !
L’union, c’est la relation en conscience. Grâce à la construction d’un Moi séparé et autonome, nous pouvons retourner conscients dans cet espace paradisiaque de la fusion et la transformer en union. Mais c’est aussi ce Moi qui nous freine, car, pour cela, il doit se sacrifier.
Dans cet espace d’union, le Moi n’existe plus comme entité séparée, seule reste la conscience. Si le Moi accepte de se sacrifier, (c’est le fameux lâcher-prise dont on parle tant dans le développement personnel et spirituel…), alors on entre dans un espace extatique où les relations avec les autres humains deviennent fluides et nourrissantes. On devient des « anges gardiens » les uns pour les autres, et l’autre ne peut plus être un ennemi car il fait partie du même puzzle, de la même chorégraphie, de la même symphonie.
Au delà des relations entre nous, il s’agit bien de la relation au Divin ou au Soi, de la relation entre le Moi et le Soi.
Ce lâcher prise et cette réceptivité nous font entrevoir que l’endroit où nous allons est le même que celui d’où nous venons, mais en ayant acquis la connaissance de ce que nous sommes. Dès lors que le Moi voit et reconnaît cette évolution, Le Moi peut mourir puisque la conscience est là. Le silence de la mort dans lequel nous retournons et le même que celui qui précédait notre naissance : le silence de paix, d’infini et d’éternité. Un espace où nous sommes tous reliés au delà du Moi.
NOUS SOMMES TOUS ÉGO...
L'ego est notre fonctionnement habituel dans lequel nous construisons notre propre souffrance. Le comprendre, c'est la clé d'une approche spirituelle...
L'ego est le "moi je", ce sentiment d'exister comme un individu indépendant avec les relations qui dérivent de cette impression.
L'expérience d'ego est de vivre toute perception par rapport à cet objet observateur-sujet.
L'ego a une appétence fondamentale : un désir d'existence et de plaisir, qui se traduit en pulsions de possession, de rejet et d'indifférence. Ce fonctionnement se manifeste ainsi par des attitudes passionnelles d'attraction, de répulsion ou d'indifférence, développées face aux personnes, aux choses, ou aux situations auxquelles l'ego est confronté : "je" veux ce qui est bon, "je" ne veux pas ce qui est mauvais, "je" ne veux pas être exposé à ce qui m'est indifférent.
Ces appétits de l'ego le font s'engager dans toutes sortes de lutte pour obtenir ce qui lui est agréable et éviter ce qui lui est désagréable.
Malheureusement et paradoxalement, au lieu d'aboutir à ses fins, sa lutte lui crée des désagréments, conditionnements et souffrances ! Ce fonctionnement de l'ego est notre conditionnement habituel dans lequel nous construisons notre propre souffrance.
Qu'est-ce que l'ego ?
Fondamentalement, l'ego n'est rien qu'une impression : ce sentiment que l'on a "d'être" et "d'avoir" un ego ne repose sur rien, c'est simplement une illusion. En effet, l'ego n'est pas " quelque chose " qui aurait une existence indépendante et autonome, c'est un processus dynamique qui, dans son fonctionnement, produit le sentiment d'individualité. C'est pourquoi l'ego est dit " vide d'existence propre " : cette impression n'existe que dans la combinaison des facteurs interdépendants qui la constituent.
La conception de l'ego
Les facteurs interdépendants qui constituent l'ego sont nombreux. Au départ, l'ego est une polarité sujet-objet dans laquelle, comme dans toute polarité, les deux pôles subsistent dans la relation qui les pose l'un par rapport à l'autre. Plus précisément, cette polarité qu'est l'ego se structure dans un processus de saisie, d'appréhension des expériences.
En fait, l'esprit est fondamentalement une fonction cognitive dans laquelle vient se greffer la saisie de l'ego. Cette saisie constitutive de la polarité sujet-objet est une conception, une saisie conceptuelle. Ainsi, la conception conçoit le sujet et l'objet. Il est significatif de remarquer que "conception" exprime simultanément l'action de concevoir et celle de donner naissance.
On pourrait dire : "le sujet se conçoit concevant l'objet qu'il conçoit" ! Il y a là matière à quelques paradoxes et méditations…
En tout cas, la conception est un processus qui pose le sujet et l'objet l'un par rapport à l'autre, dans la dualité sujet-objet. Cette saisie génère, au rythme de ses conceptions successives, des instants de conscience dualiste sujet-objet.
Ces instants se succèdent rapidement et font simultanément l'expérience de séries "Evénements sujet" et "d’évènements objet".
La fréquence élevée de ces évènements donne l'impression d'une continuité du sujet et de continuité d'expérience, comme apparaît l'impression de mouvement continue du cinéma lorsque les images de la pellicule défilent suffisamment vite.
C'est ainsi qu'apparaît l'impression de continuité du "moi-sujet" et de "ses expériences". La "continuité-sujet", n'ayant pas notion de la relation qui l'unit à la "continuité de ses expériences", se vit comme indépendante.
L'impression d'ego individuel se développe, acquérant le sentiment d'être autonome et indépendant. Puis, elle s'identifie à une forme avec un nom, se dotant d'un sentiment d'identité. Le nom, ce label qui la désigne, parachève son impression d'exister et finit de réifier l'ego.
Tout ce processus constitue quelques aspects de la nature de la perception de l'ego. Décrit ainsi, cela paraît abstrait et théorique, mais c'est quelque chose qu'on découvre concrètement dans l'expérience de la méditation assise qui a ainsi un pouvoir libérateur des illusions de l'ego.
Non-violence du travail avec l'ego
Une mauvaise compréhension de la nature de l'ego peut nous faire considérer celui-ci comme un "ennemi" à détruire. Ce n'est pas la bonne attitude, d'abord parce qu'il n'y a pas à détruire quelque chose qui n'existe qu'illusoirement, mais simplement à reconnaître son illusion.
De plus, dans un tel combat, qui lutterait contre l'ego si ce n'est "moi, je" donc l'ego lui-même ?
Cela reviendrait à essayer de terrasser son ombre. Plus son tente de nier l'ego ou de le combattre agressivement, plus on renforce son agitation et sa puissance. Il s'agit d'être réaliste : nier l'ego ou refuser d'avoir des passions serait illusoire.
Il ne s'agit donc pas de s'engager dans une lutte. Au lieu de résoudre les difficultés, cela les renforcerait ? Mais de se réconcilier avec soi-même et d'accepter l'ego avec ses passions. Cette acceptation permet ensuite de travailler avec lui, et finalement, de le dépasser par la réalisation de sa nature.
Bien sûr, accepter l'ego et ses émotions ne signifie pas s'y complaire et abonder dans leur sens. La réconciliation avec soi-même, l'acceptation de l'ego, permet de travailler sur celui-ci. Il devient la matière première du travail non violent, non agressif, qu'est la méditation, celle-ci nous permettant de transformer nos attitudes passionnelles et finalement de les dissoudre.
Les cinq constituants de l'ego
Le Bouddha a enseigné la formation de l'ego à partir de ses cinq constituants, "skandha", en sanscrit. Les enseignements du Tarot nous amènent aussi à prendre conscience de ces 5 constituants...
On peut les expliquer comme cinq étapes. Avant la naissance de l'ego, au départ, l'esprit dans l'instant premier est le terrain fondamental de l'énergie pure non dualiste, sans connaisseur ni connu, ouvert et dégagé, sans centre, ni périphérie, comme l'espace.
La naissance de l'illusion est d'abord celle d'une différenciation : l'espace commence à être perçu, à exister comme quelque chose pour une observation qui le perçoit, une distinction naît. C'est le début de la scission sujet-objet, la naissance de la dualité. En fait, cette différenciation initiale peut se constituer par rapport à n'importe quel point de référence dans les domaines des différentes facultés sensorielles : visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile ou mentale. Cette référence première est appelée "forme". C'est le premier stade de l'ego : le skandha de la forme.
Une forme visuelle est n'importe quelle représentation du domaine visuel, par exemple, l'espace indéfini mais distinct, ou un morceau d'espace délimité, un contour, une référence visible quelle qu'elle soit.
Mais à ce niveau initial, c'est une expérience nue, dépouillée de concept et de tout jugement. C'est une vision toute simple et silencieuse. Une forme sonore serait une vibration avant que cette résonance ne soit reconnue, avant même que l'on ait pris par rapport à elle une position qualifiée, et avant qu'elle ait été nommée, identifiée, et qu'elle n'ait pris un sens particulier.
La seconde étape est ce qu'on appelle skandha de la sensation. Il s'agit d'une prise de position par rapport à l'expérience initiale de forme. Celle-ci est maintenant sentie comme positive, négative ou neutre. Il y a ainsi des sensations agréables, désagréables ou indifférentes. La sensation est simplement ce positionnement, cette première impression.
La troisième étape fait intervenir l'identification. C'est-à-dire que la forme qui a été sentie est maintenant reconnue et un nom lui est donné : il y a "nomination" ou conceptualisation. La sensation prend alors un sens. C'est le skandha de la perception.
À la quatrième étape, il y a une réaction devant cet objet identifié, devenu porteur d'un sens qui est suggère une action ou une réaction. Il s'instaure une relation avec cette forme sentie et identifiée. Cette relation est conditionnée par différentes tendances ou "facteurs mentaux" latents qui sont les éléments animant volonté et impulsions. C'est le skandha des formations mentales ou de la motivation.
Il y a ainsi une situation en laquelle une forme a été sentie, nommée, a acquis un sens, par rapport auquel prend place une réaction ou une action.
L'observateur, le témoin de la situation qui s'est ainsi mise en place, s'est développé et structuré dans les quatre premiers skandhas.
Sa fixation sur cette situation comme étant "son" expérience, finit de le solidifier. Il s'approprie complètement l'expérience, il en résulte un état de conscience pleinement constitué. L'ego est, et vit, dans le monde particulier qui s'est ainsi constitué et qui est devenu un état de conscience complètement organisé. C'est la cinquième étape, le skandha de la conscience.
Cette structuration de l'ego par la formation des cinq skandhas : forme, sensation, perception, motivation, et conscience, se répètent d'instant de conscience en instant de conscience.
Chacun de ses instants subsiste très brièvement puis disparaît, suivi par l'apparition d'un autre instant de conscience.
À la fin de chacun de ses instants, il y a une sorte de dissolution ou de mort de l'ego et de ses constituants, et au début de chacun d'eux il y a agrégation, naissance de ceux-ci. Il y a ainsi en permanence agrégation et désagrégation de l'ego ; structuration, déstructuration et restructuration.
Le phénomène se reproduit sans cesse. C'est ainsi que fonctionne l'ego. Et c'est ce processus de naissance et de mort qui constitue chaque instant de notre vie.
INITIATIVE ET MOTIVATION
"La pitié de soi et l’accusation d’autrui, c’est là les deux grands moteurs des névroses."
(Paul Diel)
Qu’est-ce que la motivation? C’est le moteur de l’action. Dans toutes les entreprises humaines, le facteur de réussite, c’est la motivation, qui mobilise la volonté. Mais d’après
Paul Diel, il y a un os ! " L’étude de la motivation démontre l’existence d’une forme de pensée secrète, d’une pensée déformante, gouvernée par l’affectivité.
L'œuvre de Diel, considérable et d'un accès assez difficile, constitue un apport énorme. Si elle n'a pas été intégrée comme elle le mérite, c'est sans doute à cause de la résistance que Diel nous invite à voir en nous. D'après lui, nous sommes malades parce que nous avons des ego enflés.
La motivation, telle que chacun la perçoit, ne serait que la pointe de l'iceberg, la plus grande partie étant du niveau de l'inconscient. Ce que Diel appelle la "motivation obscure" : "Cette pensée déformante se traduit par l'autojustification et la survalorisation vaniteuse, le renflement de l'ego."
Il estime que la névrose "se manifeste lorsque l'autovalorisation vaniteuse" engendre "la pitié de soi et l'accusation d'autrui, alors que l'autojustification s'extériorise en plaintes ou en agressivité devant tous les incidents de la vie, leur conférant ainsi une portée traumatisante."
Toutes les démarches que l'on peut entreprendre, l'écoute, la relaxation, le yoga, etc., ce ne sont jamais que des cataplasmes posés sur des plaies béantes, et aussi longtemps qu'on ne pénètrera pas, par l'autothérapie, dans le labyrinthe des motivations obscures pour débusquer la survalorisation, l'autojustification et l'apitoiement sur soi.
Car lorsqu'on pratique l'écoute, on écoute quoi au juste? Bien souvent, on écoute tout ce que recouvre la survalorisation, l'autojustification et l'apitoiement sur soi. On écoute précisément le discours qui masque les motivations obscures.
Je n'exclus pas, pourtant, l'intérêt que présente la thérapie comme telle, à la condition que le sujet poursuive une démarche rigoureuse et que, à une étape, il voit (au moins relativement) ses motivations obscures qui commandent dans l'ombre son fonctionnement. Comme le suggère Paul Diel, "la science du psychisme devrait être fondée sur l'observation intime, seule capable de déceler les fausses motivations habituellement inavouées".
L'observation intime c'est, comme disait Gurdjieff, le "travail", le fondement de l'autothérapie - en supposant que celle-ci soit possible quand il s'agit de se libérer en particulier de l'autojustification!
C'est là, le problème. "La tendance à la fausse motivation, explique Diel, se trouve plus ou moins développée dans tout homme, à son insu, c'est bien clair. Toutes les activités humaines, toutes les interactions sociales en sont affectées jusqu'à devenir à divers degrés insensées."
S'ouvrir à l'Esprit
Nous avons distingué quatre étapes dans la transformation d'une conscience fondée sur l'ego à une conscience fondée sur le cœur.
1) Être insatisfait de ce qu'une conscience fondée sur l'ego peut offrir, aspirer à « autre chose » : Le début de la fin.
2) Prendre conscience de ses attaches à une conscience fondée sur l'ego, reconnaître et se libérer des émotions et des pensées qui les accompagnent : Le milieu de la fin.
3) Laisser mourir en soi les vieilles énergies fondées sur l'ego, se débarrasser du cocon, devenir son nouveau soi : La fin de la fin.
4) L'éveil d'une conscience fondée sur le cœur, motivée par l'amour et la liberté ; aider les autres à faire la transition.
5) Connexion avec « L’Esprit »
Nous allons maintenant parler de ce cinquième et dernier stade : s'ouvrir à l'Esprit.
Lorsque vous passez à ce stade, vous trouvez en vous un lieu de paix et de tranquillité. Fréquemment, vous prenez contact avec un silence dans votre cœur que vous savez être éternel. Tout ce dont vous faites l'expérience est relatif par rapport à cet Être illimité qui imprègne tout.
Ce lieu de paix et de silence en vous est aussi appelé Esprit.
Selon les traditions ésotériques, il y a une distinction entre l'Esprit, l'âme et le corps.
Le corps est le lieu de résidence physique de l'âme pour un temps limité.
L'âme est l'ancre psychologique, non-physique, de l'expérience. Elle véhicule les expériences de nombreuses vies. Elle se développe avec le temps et croît lentement en un gemme à multiples facettes, chacune d'elles reflétant un type d'expérience différent ainsi que la connaissance qui s'y rapporte.
L'Esprit ne change ni ne grandit avec le temps. Il est en-dehors du temps et de l'espace. L'Esprit en vous est votre part éternelle, intemporelle, qui est Une avec le Dieu qui vous a créés. C'est la conscience divine qui est le fondement de votre expression dans le temps et l'espace. Vous êtes nés d'un royaume de pure conscience et vous avez véhiculé une parcelle de cette conscience à travers toutes vos manifestations sous une forme matérielle.
L'âme participe de la dualité. Elle est affectée et transformée par ses expériences dans la dualité. L'Esprit est en-dehors de la dualité. C'est l'arrière-plan sur lequel tout se développe et évolue. C'est l'Alpha et l'Omega que l'on appelle simplement l'Être ou la Source.
Le silence, extérieur mais surtout intérieur, est la meilleure porte d'accès pour faire l'expérience de cette énergie toujours présente, qui est Vous, dans votre noyau le plus intime. Dans le silence, vous pouvez entrer en contact avec la chose la plus évidente et la plus miraculeuse qui soit : l'Esprit, La Création, la Source, l'Être.
L'âme véhicule des mémoires de nombreuses incarnations. Elle connaît et comprend bien plus de choses que votre personnalité terrestre. L'âme est connectée à des sources de connaissance extra-sensorielles, telles que les personnalités de vos vies passées, des guides et des alliés sur les plans astraux. Malgré cette communion, l'âme peut se trouver dans un état de confusion et ignorer sa vraie nature. Elle peut être traumatisée par des expériences et rester par conséquent dans les ténèbres pendant quelque temps. Elle évolue constamment et acquiert la compréhension de la dualité inhérente à la vie sur la terre.
L'Esprit est l'élément immuable dans ce développement. L'âme peut se trouver dans les ténèbres ou l'illumination. Pas l'Esprit. Il est Être, pure conscience. Il est dans les ténèbres aussi bien que dans la lumière. Il est l'Unité sous-jacente à toute dualité. Lorsque vous parvenez au quatrième stade de la transformation de l'ego au cœur, vous vous connectez à l'Esprit. Vous vous connectez à votre aspect Divin. (les mages ont surnommé ce guide intérieur "l’Étoile Internelle" plus ni moins : "l’Étoile des Mages", cette Étoile que propose de suivre la voie initiatique du Tarot – Cette Étoile représente l’"Esprit", qui est votre connexion avec l’Astral et votre connexion avec votre aspect Divin.
Vous connectez au Divin qui est en vous est comme sortir de la dualité tout en restant complètement présent et enraciné. Dans cet état, votre conscience est emplie d'une extase profonde mais tranquille : un mélange de paix et de joie.
Vous prenez conscience que vous ne dépendez de rien au-dehors de vous. Vous êtes libres. En vérité, vous êtes dans ce monde mais vous n'êtes pas de ce monde.
Vous connecter à l'Esprit qui est en vous n'est pas quelque chose qui arrive une fois pour toutes. C'est un processus lent et graduel, au cours duquel vous vous connectez, déconnectez et reconnectez... Peu à peu, votre attention passe de la dualité à l'unité. Elle se réoriente et trouve qu'en définitive, elle est plus attirée par le silence que par les pensées et les émotions. Par silence, nous entendons être complètement présent et centré, dans un état de vigilance qui ne porte pas de jugements.
Il n'existe pas de méthodes ou de moyens pour y accéder. La clé pour vous connecter à votre Esprit n'est pas de suivre une discipline (méditation, jeûne, etc.), mais de comprendre véritablement que c'est le silence qui vous ramène à la maison, et non les pensées ou les émotions.
Cette compréhension se fait lentement à mesure que vous êtes de plus en plus conscients des mécanismes de vos pensées et de vos émotions. Vous lâchez-prise de vos vieilles habitudes et vous vous ouvrez à la nouvelle réalité d'une conscience qui repose sur le cœur. Votre conscience fondée sur l'ego se retire et meurt lentement.
Voilà ce qu’exprime symboliquement la suite des arcanes 1 à 17 du Tarot, qui relate en vérité le parcours initiatique du BATELEUR suivant l’ÉTOILE des mages, se préparant à l’opération ultime de "la transmutation" relaté par les 4 derniers arcanes... 18- Purification, 19- Unification 20- Transfiguration 21- Apothéose.
LA MORT DE L’ÉGO = LA MORT INITIATIQUE...
Mourir n'est pas quelque chose que vous faites ; vous lui permettez d'arriver. Vous vous abandonnez au processus de la mort. La mort est un autre nom pour le changement, la transformation. Il en est toujours ainsi. La mort est toujours un relâchement de ce qui est ancien et une ouverture à ce qui est neuf. Dans ce processus, il n'y a pas un seul instant où vous « n'êtes pas », c'est-à-dire où vous êtes mort, selon votre définition. La mort telle que vous la définissez est une illusion. C'est seulement la peur de changer qui vous fait craindre la mort.
Vous avez peur non seulement de mourir physiquement, mais aussi de mourir émotionnellement et mentalement au cours de votre vie. Mais sans la mort, les choses deviendraient rigides et statiques. Vous deviendriez captifs de formes anciennes : un corps usé, des schémas de pensée périmés, des réactions émotionnelles restrictives. Asphyxiant, n'est-ce-pas ?
La mort libère. C'est une cascade d'eau pure qui brise pour les ouvrir de vieux portails rouillés et vous propulse dans de nouveaux territoires d'expérience.
Ne craignez pas la mort. Il n'y a pas de mort, seulement du changement.
Le passage d'une conscience fondée sur l'ego à une vie centrée sur le cœur est à de nombreux égards une expérience de mort.
Plus vous vous identifiez à l'Esprit, au Divin qui est en vous, plus vous relâchez des choses dont vous aviez l'habitude de vous soucier ou dans lesquelles vous mettiez beaucoup d'énergie. Vous prenez conscience à des niveaux de plus en plus profonds qu'en vérité, il n'y a rien à faire, excepté être.
Lorsque vous vous identifiez à votre êtreté, au lieu des pensées fugaces et des émotions qui vous traversent, votre vie en est immédiatement affectée. L'Esprit n'est pas quelque chose d'abstrait. C'est une réalité que vous pouvez véritablement faire passer dans votre vie.
Être en contact avec cette source qui est la plus pure qui soit, finira par tout changer dans votre vie. La Source (ou l'Esprit) est par nature créateur Le Créateur, mais selon des voies qui vous sont quasi-incompréhensibles.
L'Esprit est silencieux, éternel et cependant créateur. La réalité du divin ne peut être vraiment saisie par le mental. Elle ne peut qu'être ressentie. Si vous lui permettez d'entrer dans votre vie et que vous la reconnaissez dans les murmures de votre cœur, lentement, tout va trouver sa place.
Quand vous êtes accordé à la réalité de l'Esprit, l'attention silencieuse qui se trouve derrière toutes vos expériences, vous cessez de forcer ou d'imposer votre volonté sur la réalité. Vous permettez aux choses de retomber dans leur état d'être naturel. Vous devenez votre Soi réel, naturel.
Tout cela se passe de manière harmonieuse et pertinente. Vous faites l'expérience que les choses s'arrangent d'une façon qui a son rythme naturel, son cours naturel. Tout ce que vous avez à faire, c'est rester accordé à ce rythme divin et lâcher-prise des peurs et des malentendus qui vous font vouloir intervenir.
Aider les autres selon l'Esprit
Une fois que vous avez fait cette transition de l'ego au cœur, vous êtes plus ou moins en contact permanent avec le courant divin de l'être en vous. Dans cet état d'être, il n'y a pas de besoin ou de désir d'aider les autres, mais cela vous vient naturellement. Vous attirez cela à vous, mais ce n'est pas votre volonté qui agit.
Énergétiquement, vous émettez maintenant certaines vibrations, et c'est leur présence dans votre champ énergétique qui attire les gens vers vous. Ce n'est pas quelque chose que vous faites mais quelque chose que vous êtes. Il y a une vibration disponible dans votre énergie qui peut les aider à entrer en contact avec leur soi divin.
Vous pouvez être pour eux un miroir dans lequel leurs difficultés se résolvent et se transforment en énergie de solution. Ils peuvent percevoir l'énergie de la solution qui repose toujours sur le contact avec le soi divin dans votre être.
Vous avez la capacité de leur enseigner quelque chose, et cet enseignement prend place en étant vous-même. Ce n'est pas en transmettant une connaissance ou en utilisant certaines méthodes, que vous enseignez et guérissez. C'est en vous permettant d'être simplement ce que vous êtes, et en vous exprimant de la façon la plus joyeuse que votre présence devient véritablement salutaire.
C'est en partageant ce que vous êtes avec les autres que vous rendez disponible un espace de guérison pour eux, où ils ont le choix d'entrer ou non. C'est eux qui choisissent.
En tant que guérisseur ou thérapeute, vous avez réellement une seule chose à faire : rester en contact avec votre divinité intérieure, avec cette attention silencieuse qu'est l'Esprit. C'est réellement cette communion qui émeut les gens et les élève à un état de conscience plus libre, s'ils le choisissent. S'ils le font, cela se fera à leur rythme.
Il y a une tonalité très neutre dans cette façon d'être là pour les autres. Cela représente un degré de détachement où vous relâchez votre désir personnel de changer ou de « soigner » les autres. Un tel désir, manifesté par tous les artisans de Lumière à un certain stade, ne provient pas d'une compréhension véritable du chemin intérieur que les gens veulent emprunter pour trouver leur vérité.
La plupart des gens ont besoin d'aller au fond de certaines difficultés avant d'être vraiment prêts à les lâcher. Quand ils agissent ainsi, ils « possèdent » vraiment la solution à leur difficulté et ils en tirent une grande satisfaction.
Peut-être reconnaissez-vous cela dans votre vie et les difficultés dans lesquelles vous vous débattez. S'il vous plaît, soyez conscients de cela et ne vous battez pas pour empêcher les gens de toucher le fond. S'ils sont déterminés à y aller, ils iront en dépit de tout ce que vous ferez ou direz.
C'est mieux de ne pas vous impliquer émotionnellement avec les gens que vous aidez. Une implication émotionnelle entraîne la volonté personnelle de soigner ou de transformer les autres. Ce désir personnel n'aide pas les autres. Il peut même entraver leur processus de guérison.
Lorsque vous voulez que les gens changent, vous n'êtes plus dans un espace d'amour et de permission. Ils le ressentent. Il se peut que vous ayez l'impression de les observer et de lire en eux, mais ils voient aussi clair en vous !
Dans ce quatrième stade de la transition entre l'ego et le cœur, il est question de transcender le plan de l'âme et de s'élever à celui de l'Esprit.
Nous ne voulons pas dire par là que l'âme est « inférieure » à l'Esprit, bien sûr. En fait, vous êtes plus grands et plus englobant que votre âme. L'âme est un véhicule pour l'expérience.
Comme je le disais précédemment, LE BATELEUR est un apprenti alchimiste duquel il sera lui-même l’athanor et la source des substances. L’alchimiste accompli devient un mage alors qu’il parvient à s’identifier à l’Esprit.
En vous identifiant à l'Esprit en vous, à votre soi divin, tout ce que vous avez vécu dans toutes vos vies prend sa place. Vous vous élevez au-dessus des expériences en ne vous identifiant à aucune d'entre elles. Et cela a un effet de guérison sur l'âme.
La Voie de la transmutation prescrite par le Tarot est donc un cheminement initiatique vers la guérison du corps, de l’âme et de l’esprit, ainsi qu’une élévation de soi à un autre niveau... Disons, "à un autre niveau de conscience", qui permet à tout être d’atteindre les plus hauts sommets, voir les confins de l’astral.