Le Tarot de Jean Dodal (Dodali) est un des plus importants de l’histoire des tarots et mérite tout notre attention...
Il faut enfin comprendre que le style du Tarot de Dodal est devenu, et demeure, le style le plus important et fondamental de Tarot dans le monde.
Le Tarot de Dodal deviendra la référence, surtout parce que ce tarot était le plus commun, et le plus diffusé. Surtout à partir de 1713 alors que Jean-Pierre Payen, cartier de Lyon, en diffuse une version à grand tirage.
Après les tarots de Paris (L’Anonyme, le Viéville, et le Noblet), l’apparition du Tarot de Dodal s’avère comme étant une des étape les plus importante dans l’évolution des Tarots.
Très certainement, le Trot de Dodal a eut pour modèle celui de Jean Noblet. (Il faut considérer le Tarot de Noblet pour être le premier "véritable" Tarot dit "de Marseille").
Si les images des 22 arcanes majeurs existaient avant que ne paraisse le Tarot de Noblet, il faut comprendre que le Tarot de Jean Noblet est le tout premier tarot qui proposait des noms pour les lames!
Le Tarot de Dodal aussi a été dessiné dans un style particulier, selon une méthode très particulière, connue seulement des graveurs, sculpteurs et vitriers. Il s’agit d’un langage unique, plus ou moins codé. Le Tarot Dodal se réfère directement au Tarot de Noblet, élaboré par des confrères. C’est pourquoi l’on reconnaît dans leur style une apparentée avec les vitraux des églises et des cathédrales. (Les versions restituées redessinées de ces deux tarots historiques, par Jean-Claude Flornoy font ressortir ce style particulier. La version qu’il propose du Dodal démontre qu’il y a décidément beaucoup d’affinités entre le travail de Dodal et l’art du vitrail).
Le Tarot Dodal pose énigme. Il est à l’entrée du dédale. L’histoire secrète du tarot s’amorce ici...
Tarot de Jean Dodal, Lyon, 1701
Alors que Dodal créé son tarot, il y avait déjà des Tarots qui circulaient à Paris, mais aussi et surtout, dans les régions frontalières entre la France et la Belgique, l’Allemagne et la Suisse. Et en vérité, le tarot semble arriver assez tardivement à Marseille.
À cette époque, il y avait, bien sûr, d'autres jeux qui avaient des similitudes immenses avec le tarot dit "de Marseille". Par exemple, les formes de style "Besançon" (substituant la Papesse et le Pape pour Junon et Jupiter), et d'autres jeux similaires ; des tarots animaliers, des tarots de chasse (populaire en Allemagne, Suisse et l'Italie, par exemple). Il semble que des tarots circulaient à Strasbourg et en Belgique, avant que n’apparaissent des tarots à Paris! (Ces tarots étaient assez semblables à celui de Jacques Viéville dans leur conception).
Mais la première grande révolution, du côté de la fixation des icônes, et des noms des arcanes, de la simplification des images de manière à rendre plus claire la magie des lames, la complète synthèse, et l’application de lois théurgiques, est due au Tarot de Jean Noblet (1650).
Ensuite, quand Jean Dodal créé son tarot en 1701, il ne pouvait se baser que sur le tarot de Jean Noblet. (Pourtant si différent). Alors, c'est plutôt curieux.
Dodal donne plusieurs indices et laisse entendre que son tarot est celui des "vrais initiés", et aussi le plus complet le plus accomplis, le plus respectueux de "la tradition". Pour Dodal, le Tarot est l’invention des confrères, et le confrère qui a inventé le Tarot est indéniablement Jean Noblet, mais son tarot ne semble pas avoir eu directement le Noblet pour modèle. Le tarot de Noblet est artisanal (coins carrés, lames carrées de petites tailles) alors que le tarot de Dodal est prévu pour la vente (lames réglementaire, coins ronds, papier fin, etc...)
Jean Dodal, à la suite de Noblet propose un tout nouveau modèle. Peut-être encore plus simple, expressif et accessible. Son tarot, de plus, sera le plus diffusé, le plus copié et recopié... son tarot a inspiré des centaines d’autres tarots.
Le Tarots dit "de Dodal", diffusé en grand nombre par les cartiers de la famille Payen est vite devenu le tarot le plus commun, le plus en circulation, pratiquement le seul en boutique. On le surnommait indifféremment "tarault des bourgs" ou "taraux des villages". (On voit apparaître le terme "tarault" dans les livres, et archives des villes dès le début du 18ème siècle).
Les tarots de Noblet et Dodal sont les modèles de base, les ancêtres de tous les tarots de Marseille, et en tant qu’ancêtres d’origines, il serait plutôt indécent de douter de leur parfaite conception ou de mettre en cause leur conformité.
Pour ce qui est des images, des symboliques, et des archétypes, pour ce qui est aussi du format des cartes, le tarot de Dodal est particulièrement achevée. Mais, est-il un modèle absolument original, créé par Dodal ou un tarot inspiré d'un autre tarot?
2 de Deniers, Tarot de Jean Dodali, Lyon, 1701
Il est indéniable que le Tarot de Jean Dodal (Dodali), créé à Dijon en 1701, est le premier TAROT DE MARSEILLE. Mais surtout, le premier jeu de carte dit "tarault" en circulation. C’est nécessairement à cause de sa grande diffusion par les cartiers de la famille Payen que ce jeu du tarot est devenu populaire en France (surtout dans la région frontalière et la Bourgogne). À cette époque les tarots de Besançon commençaient à circuler aussi.
C’est aussi pour la raison de sa popularité que d’autres éditeurs ou cartiers se sont intéressé à en produire leurs versions. Et on remarquera qu’à côté du modèle plus commun de "Dodal/Payen", la plupart des cartiers du 18ème siècle chercheront à produire des "tarots de luxe", un peu plus chers, mais réservée à une autre clientèle plus aisée.
C’était l’époque faste de Louis XIV, et le tarot se répandant dans toutes les couches sociales, il allait de soi que soient produit des tarots plus chics, ou plus attrayants. De plus, c’est le début de la mode des "taraults", et dès la création du Dodal à partir de 1701, il se produira des tarots de luxe en France, en Allemagne, en Suisse, en Autriche et en Italie. C’est là la période de l’élaboration du Tarot de Marseille...
Le tarot dit "de Marseille" s’est élaboré à partir du Dodal de 1701, et se poursuivra jusqu’en 1760, avec le tarot de Conver, qu’on a longtemps considéré à tord pour être le tarot de référence.
Conver a surtout établie de nouvelles normes, afin de rendre son tarot le plus commercialisable possible...
Dodal et/ou Payen avaient aussi procédé de la même manière avec les mêmes intentions, en cherchant à rendre le tarot accessible, simple, attrayant... Le langage qu’utilisent l’imagerie des "taraults" de Noblet et Dodal est celui qui est compris de tous et chacun.
Les historiens des tarots, pour la plupart, préfèrent alimenter la confusion et inventer toutes sortes de classements, plutôt que de se rendre à l’évidence... Le terme "Tarot de Marseille" est erroné. Ils n’osent pas dire non plus très clairement que le Tarot de Jean Dodal créé à Dijon est le "premier Tarot", tout genre confondu et qu’il fut le modèle de base pour tous les autres... tarots de Marseille y compris..
Le terme "Tarot de Marseille" ne veut pas dire grand-chose pour celui qui cherche la vérité au sujet des tarots.
Je suppose que je devrais peut-être expliquer ce que veut dire la dénomination de "Tarot de Marseille". (D’autant plus que celui-ci, comme tant d'autres, ne sont pas originaires de Marseille). Le terme semble avoir été attribué à ce "jeu de cartes" (déjà appelée"tarault" ou "taraux"), beaucoup plus tard, par Paul Marteau, qui au début du 20e siècle présentait le modèle de son tarot comme étant un "Tarot de Marseille". (et pourtant son tarot était basée sur celui de Lequart qui était de Paris!)
Quant à Conver, il a copié son tarot. Il est très loin d’être l’inventeur du Tarot de Marseille. Et au détriment de ce que bien des tarologues affirment, Conver n’était certainement pas un "initié", dans le sens où on peut l’entendre... C'est-à-dire dans le sens que l’entendaient jadis de vrais artisans-confrères initiés comme le furent Jean Noblet ou Jean Dodal !!!
Il y a eut trop d’éloges de faites au sujet du Tarot de Conver, et pas assez encore au sujet des tarots de Noblet et Dodal.
Noblet et Dodal étaient de véritables initiés. Ils ont mis au point les premiers taraults "conventionnels", mais étaient de véritables confrères initiés. Ils ont innové et instauré une nouvelle relation avec les cartes à jouer. On leur doit l’invention des Tarots, dans le sens où nous voulons l’entendre. (eh oui !).
Les confrères initiés connaissaient bien les symboliques des anciens tarots, ceux là qui précédaient le Noblet, comme les tarots belges et celui de Viéville, mais pour eux, celui de Noblet est le premier Tarot "de la révélation"...
Oui... vous avez bien lu...
Le Tarot de Noblet révèle les noms des arcanes et leurs secrets cachés.
Ensuite le Tarot de Dodal modernise et rend encore plus accessible cette nouvelle forme du tarot.
Mais si vous cherchez à savoir qui a "inventé" le Tarot de Marseille, l’initié (en connaissance de cause) ne peu que rire...
Le tarot de Marseille de Conver est le résultat d’une histoire douteuse, qui ne mène nulle part... Sinon, qui mène à admettre que le premier tarot, la seule référence, le plus parfait le plus conforme, le seul qui mérite l’attention est celui de Pierre Madenié réalisé à Dijon en 1709.
Le tarot de Conver a été créé en cherchant à "retrouver" une sorte d’authenticité et de conformité. Conver s’est inspiré du tarot de François Chosson (1736) et sans doute de celui de François Tourcaty (1745). Il connaissait aussi nécessairement (comme la plupart des Français) le "tarot des bourgs", c’est à dire le modèle Dodal/Payen.
L’intention de Conver était de créé un tarot attrayant pour sa clientèle. La version de son tarot était assez semblable à la plupart des tarots circulant à Marseille qui avait tous pour référence celui de François Chosson.
Cela dit, le premier Tarot conforme aux tarots dits "de Marseille" fut celui créé par Pierre Madenié (1709), qui était un "fin taraults", donc un tarot de luxe. Inutile de chercher ailleurs.
Alors alors.... Mais quel tarot a pu être le modèle pour Pierre Madenié, si ce n’est le fameux Dodal ?! (ou un tarot mystérieux qui aurait été le modèle pour Dodal?).
Avant le tarot de Madenié, il n’y a aucun autre exemple semblable à son tarot ! Il est évident que Madenié a accompli le plus raffiné des travail! Son intention n’était pas de fausser le modèle Dodal ou de le travestir mais plutôt de l’amener à sa forme la plus achevée. Expression des visages réalistes, équilibre des formes et des couleurs, conception des lames. C’est le perfectionnement ultime du tarot de Dodal, (ce tarot aux origines mystérieuses).
D’abord... Dodal a-t-il vraiment existé? Qui était ce Jean Dodal, cartier de Lyon?
Des tarologues ayant fait des recherches à travers archives, dossiers et registres affirment qu’effectivement un dénommé Jean Dodal aurait été actif à Lyon entre 1701 et 1715.
Mais la version connue du Dodal fut diffusé par la maison d’édition de Jean-Pierre Payen. Et un tarot tout à fait semblable est publié par Payen à partir de 1713 dans la même ville de Lyon.
Payen a-t-il racheté les moules de Dodal? Payen et Dodal était-il en relation?
Pourquoi sur le Tarot de Dodal est-il inscrit : "Fait pour l’Étranger"? (fabriqués pour l'exportation). Pourquoi les tarots publié par Payen, qui sont les mêmes, ne portent-ils pas cette inscriptions? (la réponse est si évidente que les chercheurs passent à côté de la réponse sans rien voir).
Sur le Tarot de Dodal, cette annotation "Fait pour L'Etrange" apparaît sur plusieurs arcanes mineurs : les deux coupes (FPE), sur le Valet de bâton, ainsi que sur les lames de tous les chevaliers. Cette annotation apparaît encore sur deux arcanes majeurs : LA FORCE XI et LE MONDE XXI... Est-ce un choix de lame du au hasard, à la disponibilité sur la carte, ou encore délibérément choisies de façon significative?
Voici une nouvelle interprétation :
FPE = Fabrique Payen Éditeur
Valet de Baston = Confrère Graveur (cf : les « bures » représentées par les bâtons)
Cavaliers = Chevaliers = Confrères Initiés qui transportent, exportent, importent et font circuler les idées et les choses...
La Force + Le Monde = en résumé : Conquérir le Monde
Il y avait trois «classes» d'artisans au XIIIe siècle :
- celle des apprentis, (les PAGES) = Valets
- celle des confrères, (les CAVALIERS) = Chevaliers
-celle des initié(e)s, (les REINES et les ROIS) = Maîtres
L’Apprenti utilise son "véritable nom" et/ou "un sobriquet"
Le Confrère utilise un nom de "confrère", un "pseudonyme"
Le Maître utilise un nom d’"initié", ou un surnom "héraldique"
Jadis, symboliquement on représentait l’apprenti par un "page"
Les "Chevaliers" représentaient des "Confrères" et vice et versa. Et le terme "Cavalier" se rapportait au langage codé des initiés. Cavalier se rapportant aux mots : "cheval", "chevalerie", "cavalier" (dans le sens "amant"), "cavaler" (dans le sens de voyager), "cabale", etc...
Si Jean Dodal utilise un "sobriquet" et qu’il y a une indication sur le Valet de Bâtons, c’est peut-être pour signifier qu’il est seulement un apprenti et qu’alors, il a été appelé à créer ce jeu.
Si les indications se retrouvent aussi sur les "cavaliers", peut-être cela signifie-t-il que Dodal a créé son jeu pour des amis "confrères", voulant exporter le jeu.
Enfin, si cette théorie a du sens, elle n’est qu’une supposition cherchant à faire entendre à quel point certains détails pourraient tout à coup nous amené à comprendre l’histoire du tarot tout autrement.
Beaucoup de confrères croient fermement d’ailleurs qu’il ne s’agit pas de spéculations gratuites, mais de faits, et de véritables coutumes chez les artisans-confrères.
Quand à Jean Payen, celui qui a diffusé le Tarot de Dodal en France à partir de Lyon. Il a toujours signé son nom sur l’arcane de la Lune. L’arcane des "initiés".
Après avoir terminé un apprentissage dans une des nombreuses professions l’option était souvent de continuer à travailler pour le même maître...
Mais ici, Dodal ne peut pas avoir apprit auprès de Payen. Au contraire, il semble que Payen soit son diffuseur à partir de 1713. Et à partir de là, disparition de Dodal...
Jean Dodal serait-il partit, lui aussi, à l’étranger ?
En ce cas il aurait laissé sa place à Jean Payen à Lyon pour partir faire carrière ailleurs... C’est une possibilité puisqu’il n’y a plus de trace de ce Jean Dodal à Lyon après 1715 et non plus avant 1701.
Il semble que Jean Dodal ait existé le temps requis. Peut-être Dodal est-il un nom spécialement conçu lui aussi "pour l’étrange" (l’étranger).
Dans les arts de la construction, que ce soit charpentier ou un maçon, il y a toujours eu des "réseaux" et des "fraternités" des "compagnons" de métier, parfois maçonnique, mais touchant vraiment plusieurs domaines, et dans toutes les sphères.
Les artisans Noblet, Dodal ou Payen étaient nécessairement des "compagnons".
Les tarots qu’ils ont créés réclament que l’on ait été initié à certains "savoir-faire" précis.
Il ne faut pas s’étonner d’apprendre que ces artisans voulaient commercialiser leurs cartes "avantageusement". Pourquoi ne pas le faire à bon compte? (Les artisans mettaient tous leurs savoir-faire afin de satisfaire une clientèle précise et tirer bon profit, en ne se plaçant pas contre les lois en vigueur). Les plus "organisés" des "compagnons" artisans parvenaient à avoir des maisons d’imprimerie et d’édition très organisées, au point de pouvoir répondre à toutes sorte de demandes. (Ne dira-t-on pas plus tard des "compagnies").
Si l’univers des confréries est connue aujourd’hui par le biais de l’intérêt que le public voue à la Franc-maçonnerie, dans le monde des "cartiers", imprimeurs et éditeurs, cependant, il n'y pas de recherches encore vraiment sérieuses qui ont été faite.
Des informations très importantes se trouvent là, mais c’est un milieu encore plus secret et fermé que celui des francs-maçons!
Les imprimeurs et éditeurs on souvent été mêlés à des opérations de propagande, à la diffusion de fausses informations... Consentant ou non ils ont été amenés à le faire. Alors, ce milieu clos a des choses à cachés au sujet de l’influence qu’ils ont pu avoir au cours de l’histoire ; qu’il s’agisse des tarots, des livres, des journaux, etc...
Avant la naissance de la Fraternité Rose-Croix, plusieurs confréries et fraternités héritières d’enseignements et de "savoir-faire" existaient sous d’autres noms... Certains de leurs membres auraient d’ailleurs fondé la Fraternité Rose-Croix et d’autres ont souvent trouvé refuge chez les Francs-maçons ou d’autres fraternités.
Selon Amberlain dans « Le Martinisme » (1946), "au cours de la Renaissance, se réunissaient les apprentis, les compagnons et les maîtres des guildes qui comprenaient des bibliothécaires, des libraires, des graveurs, des papetiers, relieurs, des illustrateurs, des imprimeurs, les fabricants de cartes et les éditeurs".
Plus intéressant encore, il parle ici d'association, qui s'étendaient, dit-on, de Paris à Venise, à Toulouse, et qui avait son centre à Lyon !
En outre, pour en revenir au Tarot Dodal/Payen... Il s’agissait donc d’un tarot prévu pour la vente à l’étranger. Un tarot qui est une "création nouvelle" à ce point ne peut pas apparaître comme ça de nulle part! S’il en existait une version "exportable" en 1701, il devait y en avoir une autre version quelque part. Du moins, un modèle de base.
Or ne vous étonnez pas d’apprendre que le Tarot de Dodal est un tarot redessiné à partir d’une planche trouver dans un manuscrit ! Dodal a peut-être mis au point cette nouvelle version, mais apparemment il ne s’est pas seulement basé sur le Noblet.
DES ÉLÉMENTS INSOLITES
ÉLÉMENT INSOLITE : LE TAROT DE ROLICHON
On trouve dans les archives de la ville de Lyon des références faites à un Nicolas Rolichon qui aurait été imprimeur et cartier à Lyon fin XVIe début XVIIe.
On a trouvé des jeux de sa maison d’édition datant d’aussi loin que 1636. Nicolas Rolichon aurait d’abord publié des cartes du style Dauphiné/Piedmont, puis aurait créé vers 1685, un "tarault", basée sur le Noblet et naibbe espagnols.
Nous n’avons aucun exemplaire du présumé Tarot de Rolichon, cartier de Lyon mais il existe des reproductions de son tarot dans certains ouvrages dont l’Encyclopédie de Larousse de 1919 qui en présente une reproduction en noir et blanc.
Son graphisme le classe parmi les tarots de type I et en particulier, de ceux de Jean Dodal et de Jean-Pierre Payen avec lesquels il partage de fortes similitudes. Fait intéressant, il leur est toutefois antérieur puisque ces deux là datent du début du XVIIIe siècle alors que celui-ci date de la fin du XVIIe !
Il nous rapporte également un échange entre Jean-Marie Lhôte et Thierry Depaulis : l'original semble introuvable, et la source du Larousse est inconnue (photographie, autre reproduction du dessin seul, moules ?) ; les deux chercheurs ne retiennent pas le Nicolas Rolichon daté d'environ 1600 comme créateur de ce jeu, ni celui de 1635 ; ces dates leur paraissant trop exagérément prématurées, et estiment ce tarot pour dater plutôt de la fin du XVIIe.
Charly Alverda a trouvé d’autres reproductions du tarot de Rolichon, la plupart de moins bonne qualité que celles du Larousse, mais on y retrouve la date de 1685 confirmée. Ce qui fait néanmoins de ce tarot un exemple fort précoce de Tarots de Lyon au motif dit "de Marseille".
Le tarologue Robert Mealing a aussi à son tour relevé d'intéressantes correspondances entre les images des tarots de Nicolas Rolichon et les tarots de Jean Dodal, et s'interrogea sur les datations de l'un et de l'autre, soulignant quelques détails qui lui font supposer que les Tarots de Dodal pourraient être antérieurs (ou issus d'un modèle antérieur) aux Tarots de Nicolas Rolichon. Les chercheurs ne sont pas encore au bout de leurs peines!
Huck Meyer comme Charly Alverda a relevé aussi nombreuses occurrences avec le nom de Rolichon associé à ce style de cartes dit de "Dodal". Éric Moulins affirment que Jean Dodal était nul autre que Jean Rolichon! L’Historien Luc d’Aubusson confirme qu’un dénommé Rolichon, cartier à Lyon autour de 1680 publiait des taraults, avant que n’exista les éditeurs cartiers Jean Dodal ou Jean Payen. Plus encore, il affirme que les membres de la famille Rolichon furent les tout premiers cartiers en Bourgogne et les premiers aussi à Lyon.
À y regarder de près, il est fort possible que Jean Dodal ait réalisé son tarot "fait pour l’étanger" à partir d’un tarot créé par un des cartiers de la famille Rolichon.
L’Artisan Igor Barzilai tente présentement de reconstitué le tarot de Rolichon, son travail est admirable... (Il propose aussi un magnifique Conver et un Tarot de Blain- une création originale de ce cartier de grand talent). Igor Barzilai s’avère être un artisan d’une grande sensibilité artistique.
Passez voir son site ici :
Cela dit...
Il apparaît que, plus on étudie de près le Tarot de Dodal, plus on s’enfonce dans l’énigme, plus on pénètre dans le labyrinthe de ce dédale.
Et toutes les théories les plus fantaisistes ont été dites au sujet de ce tarot... Mais : et pour cause !
Ce Tarot qu’on dit d’un imposteur! Sinon d’un sacré coquin ! Et toutes ces incongruités, toutes ces embrouillaminis...
Cet énigmatique Jean Dodal qu’on dit d’Avignon !
ÉLÉMENT INSOLITE : DODAL À AVIGNON?
Ce qui est certains c’est que les tarologues et historiens improvisés du tarot, aiment laisser supposer que Dodal venait d’Avignon, ce qui est faux. Ils laissent entendre aussi que Jean Payen venait d’Avignon, ce qui est aussi faux. C’est le petit fils de Jean-Pierre Payen qui s’installera à Avignon plus tard en 1746.
Mais depuis sa création par Jean Dodal en 1701, le modèle de ce jeu sera le modèle que publieront tous les cartiers de la famille Payen (grand-père, père, oncles, fils, petits-fils...), et il sera aussi repris par plusieurs autres cartiers, ne lui apportant que de légères modifications (comme le feront Joseph Chafard, ou François Carajat...).
Le modèle Dodal/Payen, a été produit à Avignon seulement à partir de 1746, alors c’est inutile de chercher les origines du Dodal de ce côté-là... Et encore plus aberrant de vouloir y trouver les "origines du tarot" !
Aussi, en ce qui concerne les origines des tarots, je propose de regarder plutôt du côté de Strasbourg que du côté d’Avignon. Sinon, tout a débuté en Italie. Ce qui s’est passé à Avignon au sujet des tarots est une autre histoire qui relève de la légende.
Les historiens des tarots oublient trop souvent qu’après les tarots dessinés à la main par des artistes - pour satisfaire les goûts ludiques de quelques bourgeois - il y a eu les "tarot des cartiers", c'est-à-dire les "tarots des confrères imprimeurs-graveurs". À partir de l’invention de l’imprimerie, le tarot est devenu une affaire d’éditeurs et d’imprimeurs...
Les Tarots sont apparu en premier en Belgique, en Allemagne, en Hollande, et à Strasbourg, Paris ou Lyon, parce que ce fut les premières villes disposant d’imprimeries!
Les historiens des tarots cherchent le plus souvent à mystifier la vérité, en attribuant l’invention du tarot de Marseille là où il y a des légendes, des fables, et presque toujours ils se basent sur des "suppositions".
L’histoire des tarots est bien connue des imprimeurs-éditeurs informés. Tout commence avec l’imprimerie et la conception des « moules » de bois requis pour fabriquer des cartes.
De fait, pour eux le tarot de Jean Dodal est le plus important de tous !
Cela parce qu’il est la somme de tous les savoirs des cartiers de l’époque. Il marque de grands changements dans l’histoire de l’imprimerie.
Non seulement le tarot fut une inspiration pour les créateurs qui suivront, mais aussi pour les graveurs, pour les imprimeurs, et tous les confrères des métiers en rapport avec le domaine de l’édition.
Pour pouvoir réaliser un tarot comme celui de Jean Dodal, il fallait assurément être un artisan de talent mais aussi "un initié".
Par contre, voilà ce qui déçoit ; c’est d’apprendre que les cartiers, imprimeurs, se souciaient surtout de vendre des jeux de cartes, non pas d’initier le peuple à la divination!!! (S’il vous plait! Soyons réalistes... C’était comme ça, c’est toujours comme ça).
À l’époque les tarots étaient publiés pour les besoins des joueurs ! N’en déplaise aux mystificateurs, qui veulent absolument voir le tarot de Dodal pour être un instrument de divination. Il n’y a rien de plus faux. Le Tarot de Dodal/Payen a été conçu pour le jeu, pour une grande diffusion et pour être populaire auprès de tous... Non pas pour être un instrument de mancie ou de magie.
La divination à partir d’icones ou d’images ou de symboles, existait bien avant les tarots... Cette habitude ne pouvait faire autrement que d’être transposée aux jeux de cartes, taraults, tarock, naibbes, et tous les autres! C’est une habitude, disons très "greco-gallo-romaine", si je puis me permettre de m’exprimer ainsi...
Les tarologues pour la plupart confondent, "histoire de la divination" et "histoire des tarots". L’histoire de la divination est du domaine de la théurgie et est pratiqué depuis la nuit des temps...
Les tarots, c’est une toute autre histoire, qui concerne, les arts et les artisans-confrères. À partir de début du 17ème siècle, l’histoire des tarots est intimement liée à l’histoire de l’imprimerie, des graveurs, cartiers et éditeurs.
L’idée pour les imprimeurs n’est pas de faire la promotion de la divination et de la magie! Leur idée est de parfaire les moules et les techniques d’impression!!!
Ils sont au courant de la provenance des images du tarot, même des superstitions à leur égard et cherchent à en respecté le symbolisme, et la forme... Mais d’un côté, ils doivent chercher à plaire aux clients, et de l’autre ils cherchent à parfaire leurs techniques. Les artisans cherchent surtout à parfaire leur art. Les éditeurs cherchent à se faire une plus large clientèle.
Donc les éditeurs ont du respect pour la tradition des tarots, mais dans la mesure du possible.
Le Tarot de Dodal est l’exemple du tarot parfait pour les graveurs-imprimeurs-cartiers-éditeurs de l’époque. Les moules permettaient d’imprimer des tarots en très grandes quantité et les images avaient été ramenées à leur plus simple expression.
Les éditeurs de cette époque savaient que Jean Dodal était : un nom fictif!!!! Mais ça ne posait pas problème pour eux (tout au contraire).
Ils avaient l’habitude de ne pas dire précisément qui avait créé leur tarot et les artisans confrères utilisaient plutôt des sobriquets.
Ici vous êtes prévenu : chercher les origines du Tarot de Jean Dodal c’est ni plus ni moins se retrouver au beau milieu d’un dédale sans issue!! Donc, ses origines floues sont délibérément voulues de la part de son éditeur.
Il y a un terme que les historiens des tarots n’ont jamais défini (ou évite d’avoir à définir) c’est le terme "cartier".
Qu’est-ce que ce "nom" qui figure fièrement sur une des lames des tarots (souvent le 2 de Deniers) ? Le nom du graveur? De l’imprimeur? Du concepteur? De l’éditeur?
Qu’est-ce qu’un cartier? Qui était Jean Dodal?
Dodal a-t-il conçu son tarot? A-t-il sculpté les moules de bois? Était-il imprimeurs? Était-il éditeurs?
Une note chez J. Payen dit : « pour l’imprimeur inscrire : J.Payen, pour l’origine des moules ne donner aucun nom, inscrire le nom d’un graveur-artisan pour garder l’énigme en secret ».
Dodal serait donc un nom fictif! Et si la publication de ce tarot peut être attribuée à la famille Payen, il est plus difficile d’en déterminer la réelle origine. Car apparemment, Payen a imprimé et diffusé le jeu, mais il ne l’a pas conçu et a fait faire ses moules par un artisan quelques part... cet anonyme Dodal?
Ce qui est certains, les tarots de Dodal et Payen sont trop semblables pour ne pas être "le même".
Cela laisse entendre que les moules d’origines ont été créés et sculptés de la même main, ou du moins dans le même atelier.
Pour autant que je sache, Jean-Claude Flornoy a été le premier à mettre les choses au clair, et à indiquer les erreurs qui persistent et se multiplient au sujet de ce tarot. Il a mis le doigt dessus, comme ont dit, et il ne pouvait être plus juste quand il laissait entendre que Dodal et Payen pourrait être "la même personne".
Robert Mealing, un autre spécialiste des tarots, a étudié cette question très sérieusement et a fait des recherches très minutieuses au sujet du Tarot de Dodal. Il en est arrivé à la conclusion que le nom de Jean Dodal était probablement un nom de code pour Jean Payen, or il s’agit de la même personne.
Éric Moulins, un autre grand spécialiste du tarot fait remarquer que sur l’arcane de LA LUNE de tarot de Jean Dodal, les initiales de Jean Payen sont inscrites. Cette trouvaille devrait enfin vous convaincre qu’il y a un lien incontestable entre ces deux individus.
Il ne fait aucun doute à mon esprit que Jean Payen est le créateur du tarot Dodal, spécialement conçu pour le marché d'exportation. Il y a fort à parier qu’il décida de le publier sous le nom d’un énigmatique "Dodal".
ÉLÉMENT INSOLITE : LA PANCES
Une des différences les plus étonnante entre le tarot de Dodal et celui de Payen est le nom de l’Arcane de "LA PAPESSE" remplacé par le terme inusité "LA PANCES".
Le Tarot de Dodal semble être le seul ayant utilisé ce terme pour cette lame.
Sur les tarots publiés par la famille Payen tous les tarots ont pour 2ème arcane une lame nommée "La Papesse". Je le rappelle, le premier tarot ayant été munis de noms fut celui de Jean Noblet.
Les tarots lyonnais de la famille Roblichon affichaient aussi le nom "La Papesse".
Pour ce terme incongru LA PANCES, le Tarot de Dodal s’avère unique. Pourquoi Dodal a-t-il rebaptisé "La Papesse" avec ce curieux nom.
À vrai dire, cela reste encore un mystère. Il y a quelques années, il y a eu des chercheurs qui ont suggéré que cela est du à la mauvaise réputation de cette carte qui posait un problème d’éthique à cette époque. Un personnage comme La Papesse n’est pas vraiment "catholique". Si en France ou en Italie le terme "Papesse" était connu et reconnu pour être une satyre, il est évident que cette appellation aurait pu poser problème en dehors des frontières, et les cartes de Dodal était prévues pour l’exportation, peut-être dans des pays où un personnage comme La Papesse serait malvenue.
Enfin, cette PANCES reste une énigme... Pourquoi ce nom?
Pour un français, "pances" se prononce comme les mots "pensées", ou "pansée" (dans le sens de guérir), ou encore "panse", dans le sens d’un estomac (ventre).
Symboliquement, Dodal voulait peut-être se référé à l’"utérus"... certainement, il voulait éviter d’utiliser le terme "Papesse" pour la version de ce tarot, spécialement destinée, peut-être, pour l’Italie du Nord, où les lames de tarot n’avaient encore été munies de noms jusqu’alors, et aussi où l’autorité religieuse aurait mal vue la venue d’un jeu mettant en vedette un Papesse.
Cette théorie est plausible. Ce qui est certains c’est qu’il a du s’agir, d’abord et avant tout, de raisons commerciales.
ÉLÉMENT INSOLITE : « LE ROI INVERSÉ ET LE « 4»
Ici c’est l’indice suprême... Le chercheur avisé y trouvera son compte...
Le Noblet propose un EMPEREUR qui regarde vers le futur. Le Dodal propose un EMPEREUR qui regarde vers le passé. Et de plus L’ EMPEREUR du Dodal comporte d’un énigmatique "chiffre 4", ajouté directement sur l’image de la carte, en plus du chiffre romain.
Comme disent les anglais : "listen carefully here..."
Il n’y a qu’un seul tarot avant celui de Dodal qui comporte aussi de ce fameux chiffre "4", et c’est celui de Jean Roblichon!!!
ÉLÉMENT INSOLITE : « LES CAVALIERS »
Revenons brièvement aux « cavaliers » pour une autre brève enquête et finir cet article en beauté...
Ce terme a évidemment une connotation avec le mot "chevalier".
Mais aussi tout simplement "cavalier", et suggère que les images soient regardées avec ce dernier sens à l'esprit.
Le cavalier symbolise et illustre le voyageur infatigable, celui qui a vu au loin, qui rapporte des nouvelles, celui aussi qui part à l’aventure, à la découverte de d’autres pays, de d’autres peuples, d’autres idées, d’autres cultures, d’autres religions... le cavalier, c’est celui qui part, qui reviens ; celui qui est mobile, et qui peut transporter des choses avec lui...
Le Cavalier de Deniers : C’est le routier, le commerçant, le négociant, l’exportateur-importateur de denrées, le banquier le prêteur, l’actionnaire, le représentant, le concessionnaire, le détaillant, l’acheteur, le vendeur, le revendeur...
Le Cavalier de Bâtons : Celui qui diffuse et récolte des connaissances, des savoirs-faire, celui qui chemine sur la voie des apprentissages, le pèlerin, l’artisan, le baladin, l’artiste, l’enseignant, l’inventeur, le messager, le courrier, le coursier, le commissionnaire, le prospecteur, l’investigateur, le l’explorateur, le chercheur, le découvreur...
Le Cavalier de Coupes : Celui qui répand l’amour, la sagesse, et proclame sa foi, celui dévoué à Dieu, à la queste du Graal et qui aspire à une humanité où tous les peuples puissent enfin trouver la paix et vivre en harmonie avec les autres, avec leur environnement et avec eux-mêmes... Il prescrit une vie spirituelle, et cherche à nourrir sa vie spirituelle. Il préconise la générosité, la compassion. Il apprend à donner et à recevoir de manière à ce que cela favorise l’équité, la paix et l’harmonie.
Le Cavalier d’Épées : Celui qui protège, celui qui prend la protection du Juste, qui défend la veuve et l’orphelin. Celui qui, par son courage, sa détermination et sa foi inspire l’héroïsme et la Justice. Le cavalier part au combat pour que la Vérité puisse vaincre sur le mensonge. Si l’Épée est souvent associé à une balance c’est qu’elle représente une arme à deux tranchants. Elle force à choisir un camp. Avec une épée on peu faire le mal ou le bien. On peu s’en servir pour se défendre mais aussi pour tuer ignoblement... Celui qui possède une épée doit peser les pour et les contre, il doit savoir pourquoi il se sert de cette épée, qu’elles idées il défend, qu’elle raisons il se donne. L’Épée donne « le pouvoir de trancher ». (ne dit on pas des "lames" de tarots?).
Entre certaine mains, l’épée est légère pour d’autre elle est un fardeau à porter.
Du reste, le symbole de l’Épée représente aussi l’exploit, la "conquête".
En somme, donc, ici on remarque que les 4 cavaliers sont des sortes de voyageurs qui apportent ou rapportent. Ils recueillent des idées, ou en diffusent.
Grace au "cheval", ils peuvent aborder des contrées lointaines, aborder d’autres cultures, connaitre d’autres idées, faire connaitre leurs idées, ramener des idées...
Le cavalier a l’avantage du "cheval". Un moyen de transport qui lui donne avantage sur les individus "à pied". Cela était très important pour l’époque ! Imaginez un peu à quel point cela pouvait être avantageux de pouvoir se déplacer à cheval ! Et qu’elle vues un "cavalier" pouvait avoir au sujet du monde et des contrées lointaines qui l’entouraient, par rapport à tous ceux qui pour la plupart ne connaîtraient de leur vie, que leur proche voisinage.
L’avantage des "cavaliers" c’est le cheval. C’est le symbole par excellence du "import-export", et du "libre-échange". Il y a tellement de connotation ici avec la chevalerie, l’ère des croisades et les templiers, que je vais m’arrêter ici, et vous laisser méditer à tout ça.
Mais vous êtes sur ce blog pour avoir des secrets, et vous ne serez jamais contenté, alors je vous en fais encore un dernier.
Dodal a indiqué "Fait pour l’Etrange" également sur les arcanes majeurs de LA FORCE et du MONDE. C’est deux arcanes sont fortement associés au monde des voyageurs, cavaliers et chevaliers... pour partir à la découverte du monde il faut de la volonté, du courage, de l’hardiesse (La Force) ; et il faut oser dompter la bête, dompter nos forces...
Quant à l’arcane LE MONDE, ce ne peut être plus éloquent! Le tarot de Dodal prévoyait "conquérir le monde" ! ni plus ni moins!
Ces choix de lames : les 4 cavaliers + La Force + Le Monde, ne semblent pas hasardeux. Il y a ici un indice comme quoi Dodal a délibérément choisi ces arcanes et l’énigme est certainement résolue par le Valet. Car, si le mystère persiste au sujet de l’identité ou des incongruités concernant Jean Dodal ; tous ces éléments renforcent l’idée que Dodal était un artisan-confrère-initié, un petit fin-finaud, plutôt...coquin...
Secret : Le Valet de Bâtons indique la sortie de ce Dédale...
(je n’en dirai pas plus, sinon, bien heureux celui qui comprendra, car, dès lors, il comprendra pourquoi "le secret" existe).
Comme dit l’auteur Félix Picard : « Rien n’est secret, mais il y a un sceaux qui protège les vérités contre les sots ».
LES ÉDITIONS DU TAROTS JEAN DODAL
Il y a eu de nombreuses éditions et versions du tarot dit "de Jean Dodal"
- Jean Dodal : 1701, Lyon
- Jean-Pierre Payen : 1713, Lyon
- Jean Payen : 1718, Lyon
- Jean-Pierre Payen : 1731, Lyon
- J. Payen : 1736, Lyon
- Jean-François Payen : 1743 Avignon
- Joseph Chafard : Marseille 1746
- Jean Payen : 1746, Avignon
- Antoine Chafard : Marseille 1749
- Antoine Bourlion : 1757, Marseille
- Claude-François Carajat : 1786, Marseille
- François Carajat : 1801, Marseille
Éditions et rééditions Modernes du Tarot de Dodal
VERSION : FAC SIMILÉ DES ÉDITIONS DUSSERRE
Tarot de Dodal (1701) – facsimilé des Éditions Dussere
Cette version est la plus authentique du tarot de Dodal. Il s’agit, ni plus ni moins, d’une copie conforme de l’original. Malgré le vieillissement et les quelques salissures et bavures, ce tarot a gardé toute son expressivité. Ses couleurs sont encore vives. Pour celui qui cherche l’authenticité, voilà le Dodal qu’il vous faut.
VERSION CARTA MUNDI – US GAME SYSTEM
Une version du Tarot de Marseille, redessiné à partir du Tarot de Jean Dodal fut réalisé par Carta Mundi. Non seulement redessiné, mais modernisé et ramené à des coloris pratiquement correspondants à ceux du tarot de Conver de Paul Marteau! Les couleurs sont franches et les détails en sont accentués.
Par ailleurs, on s’étonnera qu’un tarot de facture anonyme soit parvenu à un si bon résultat. Un tarot de Marseille mais basé sur le Dodal. Fallait y penser ! Ce tarot à bas-prix est un des plus réussi sur le marché! Il montre même des ressemblances avec ce que réalisera plus tard Jean-Claude Flornoy dans son projet de redessiné le Dodal. Pour Flornoy par contre il s’agit d’une queste d’authenticité, tandis qu’ici, on nous propose le tarot le plus commun possible, avec des images simplifiées, et des couleurs qui ne correspondent pas nécessairement avec l’original. Mais il s’agit tout de même d’un tarot très intéressant pour les pratiquants de taromancie, ou les joueurs de tarot. Il est simple, clair, efficace et curieusement, très opératif.
VERSION : CHAUDRON MAGIQUE
AUTHENTIQUE TAROT DE MARSEILLE
L'Authentique Tarot de Marseille du Chaudron Magique : Jeu édité en 2011 aux éditions du Chaudron Magique. Ils ont la prétention d’appeler ce tarot "L’Authentique Tarot de Marseille". Un peu fort. Disons plutôt un réadaptation des images du Tarot de Marseille. Et le mot "authentique" ici est exagéré. Surtout du point de vue de la confection.
Cette version dite "authentique" est en vérité un restauration du Tarot de Marseille basée sur le jeu original de Jean Dodal (Lyon, 1701) ainsi que celui de Nicolas CONVER (Marseille, 1760)... Le style des images est semblable à ce que propose la version de "Carta Mundi".
La particularité de ce jeu est d'être réalisée sur fond noir ce qui fait ressortir les personnages des lames d'une façon exceptionnelle. Mis à part cela, c’est un Tarot agréable à utiliser. Il existe dans sa version en 78 cartes et aussi version 22 Arcanes Majeurs, le jeu est fidèle aux détails mais aussi à la retranscription exacte des noms, numéros et barres verticales en dessous des cartes.
Ce Tarot conçu par les éditions du Chaudron Magique présente les avantages du Tarot de Marseille Camoin, tout en conservant un maximum de couleur de l'ancien Tarot de Marseille, mais surtout il réhabilite les détails qui avaient disparu de l'édition Grimaud. Il s’agit d’une des versions les plus intéressante puisque vous trouverez des détails importants qui ont disparus dans la plupart des version. Entre autre : la présence d’un oeuf sur la carte de la Papesse et de l’Empereur, le nombre de doigts et les deux serpents enroulés au bas de la Tempérance, la prolongation de la rivière sur la carte de L’Étoile, la tête d’un dromadaire et le poisson dans l’eau de l'arcane de La Lune, etc...
Ce jeu à été imprimé en utilisant une ancienne technique d'impression par plaque donne un beau résultat, mais parfois cela peut laisser apparaître des variations de nuances sur le dos parcheminé des cartes. Mis à part ce petit défaut, ce jeu est très beaux et intéressant à utiliser. Aussi, il saura sûrement plaire à certaine personne plus qu'à d'autre (question de goût et d'affinité).
VERSION DITE « DE NOSTRADAMUS », DES ÉDITIONS HÉRON
Voici un tarot particulièrement inusité proposé par l’Éditeur : Héron-Boécha (Bordeaux France 1984), qui présente ce tarot comme étant celui ayant appartenu à Nostradamus ! Sans gêne, l’éditeur prétend que son "Tarot des Centuries" date de 1550 !
Ce Tarot dit "des Centuries", ou Tarot "de Nostradamus" est un rien de moins qu’un pur fantasme!
Il s’agit en vérité d’un tarot redessiné, et recréée à partir d’un tarot de Jean-Payen. Et il s’agit ici, non pas d’une rénovation du jeu, mais plutôt d’une ingénieuse réadaptation... Un peu comme il est question aussi pour le singulier "Dodal de Carabas" (prétendument créé par le Marquis de Carabas).
Ici, en ce qui concerne ce Tarot des Centuries, les éditeurs de ce jeu prétendent que le jeu a été mis au point par Nostradamus lui-même, ce qui est plutôt une fable! (pure invention et délire).
Les noms de certaines lames ont été changés, prétendument afin de leur fournir une accentuation, dans le sens divinatoire... (ex : Le Bateleur est devenu "Branchus". Apparemment, Branchus était un jeune homme de Milet, en Asie Mineure, auquel Apollon avait accordé le don de prophétie).
Enfin, ce tarot de fausse facture moyenâgeuse est décidément très attrayant. Les coloris sont éclatants, et le dessin est bien réalisé. Par contre il y a un petit "hic". Si ce tarot présente des arcanes majeurs particulièrement réussies, et agréable à utiliser ; au niveau des arcanes mineurs, ça se gâte. En vérité, il est difficile de pratiquer la taromancie ou de jouer aux cartes avec ces lames! Les dessins sont trop confus, on en perd nos repères. Les arcanes mineurs de ce jeu sont plutôt ratés. Si vous vous servez des mineurs, je vous déconseille ce tarot.
VERSION JEAN-CLAUDE FLORNOY
Le tarot de Dodal a été superbement redessiné par Jean-Claude Flornoy
Jean-Claude Flornoy a redessiné les plus importants tarots dits "de Marseille", dont le Jean Noblet (1650) et le Jean Dodal (1701).
Il a consacré 20 ans à l'étude des Tarots, et s’interressa plus particulièrement à la tradition française des tarots dits "de Marseille".
En 1996, il a entrepris une restauration des tarots les plus marquants de l’histoire des tarots de Marseille. Son but était de redonner ses lettres de noblesse à cette imagerie traditionnelle, de leur redonner vie, dans toute sa fraîcheur originelle. Il a redessiné ses tarots à partir d'originaux conservés à la Bibliothèque Nationale de Paris.
Si le tarot de Dodal est historique, le tarot redessiné par Jean-Claude Flornoy marque aussi un moment important de l’histoire des tarots.
Celui-ci, publié une première fois en 2002 (édition artisanale) et réédité en 2009 (édition industrielle) a véritablement révolutionné notre manière de voir les tarots et a incité plusieurs tarologues et utilisateurs des tarots à revoir leurs idées au sujet du tarot de Marseille.
Évidemment son tarot a fait l’objet d’autant de critiques que d’éloges. Mais surtout il a été un coup d’envoi pour une nouvelle génération de tarot redessinés et rénovés, le début aussi d’une recherche plus sérieuse au sujet des origines et de la symbolique hermétique subtilement caché dans les tarots.
Pour ma part, je n’ai pratiquement que des éloges à faire pour le fantastique travail réalisé par Jean-Claude Flornoy. Il a non seulement redonné vie aux tarots de Noblet, Viéville et Dodal, mais aussi il a redonné un sens et une valeur à l’approfondissement de la taromancie comme de la tarologie.
Ses tarots redessinés sont parmi les plus parfaits en ce qui concerne l’apprentissage du tarot. Je les recommande fortement.
Pour de plus amples informations au sujet des tarots réalisés par Jean-Claude Flornoy, vous pouvez consulter ces sites :
et
(Prochainement je consacrerai un article complet au sujet des tarots réalisés par Jean-Claude Flornoy).
VERSION "PAYEN DES BOURGS"
"TARAULT DES BOURGS"
Cette version hors-norme du tarot Dodal dit "Payen des bourgs", a été conçu à partir d’un tarot publié à l’origine par J. Payen. Ce tarot montre des similarités avec celui dit "de Nostradamus" en ce sens qu’il semble avoir utilisé le même modèle. Comme pour en ce qui concerne le "Nostradamus", les noms sont encore une fois "plutôt inusités". On y retrouve, entre autre "Le Dilemme", au lieu de "L’Amoureux", et "La Foudre" au lieu de "La Maison-Dieu!. On rapporte ici, que ces noms étaient ceux utilisés le plus couramment par les diseuses de bonne aventure à l’époque du 18ème siècle en Bourgogne, dans le sud de la France jusqu’en Italie.
Ce tarot dit-on était une des versions qui circulait en Bourgogne autours de 1745. Ce qui fait dire qu’il s’agissait d’un tarot de JP Payen. Et à cette époque ce tarot était commun et surnommé "tarault des villages" ou "des bourgs". La reproduction de ce tarot hors-norme, ici proposé par les Éditions de la Clef, est énigmatique, et pique vraiment la curiosité.
Malheureusement, ce tarot qui est produit à petit tirage, par une petite maison d’édition artisanale en Nouvelle-Écosse (au Canada), est plutôt difficile à se procurer. Si je n’en avais reçu une copie en cadeau, je ne croirais pas qu’il existe ! Je ne suis pas parvenu par la suite à joindre son créateur, ni son diffuseur. Je sais par contre qu’il est en circulation dans certaines école de tarot et qu’une maison d’édition songe à le réédité à plus grand tirage. Donc, je vous tiens au courant... Mais pour le moment on parle ici d’une pièce de collection.
Un autre tarot de Dodal redessiné. La version la plus superbe qui soit ! C’est à se demander s’il s’agit bien d’un Dodal. À n’en point douter, sa version est plus belle, plus somptueuse que l’originale ! Les illustrations élevées au rang des beaux-arts. Cette édition intéressera surtout le collectionneur qui cherche à la fois authenticité, grande qualité et luxe. Le dessin est parfait, les coloris sont magnifiés, les techniques d’impression, les papiers, la coupe des lames... tout est fait avec le plus grand savoir-faire.
Par contre, les tarots de Pablo Robledo sont assez dispendieux et difficile à se procurer. Cartier argentin, résident de New-York, plutôt difficile à joindre, mais absolument sympathique et très avenant. Sa manière de faire me plaît beaucoup. Il créé ses tarots en catimini. À petit tirage. Et de plus, il les réserve à une clientèle qu’il favorise, qu’il laisse venir à lui, et qui ne peut être que satisfaite par son travail. Il n’a pas des aspirations seulement mercantiles. Il se souci de la magie des tarots autant que de leur authenticité. Il réalise ses tarots dans le plus grand respect de la tradition mais aussi, les vends d’une manière respectueuse, honnête et personnalisée.
(Prochainement je consacrerai un article complet au sujet des tarots réalisés par Pablo Robledo).
CONCLUSION
Tous les Tarots de Dodal/Payen disponibles sur le marché sont recommandables, pour la plupart. Mais si vous vous servez des arcanes mineurs je vous conseille d’éviter les anciennes versions (fac-similés) et le Tarot de Nostradamus, car leurs illustrations portent trop à confusion. Je conseille plutôt de vous en remettre aux tarots redessinés (Carta Mundi, Flornoy, Robledo...), parce que leurs versions proposent des arcanes mineurs plus lisibles et d’autant plus opératives.
Le "Tarot Dodal", qui date des alentours de 1700 a été conçu par "Jean Dodal", "imagier" à Lyon. Le pseudonyme compagnonnique de "Jean Dodal" (et son allusion à Dédale), utilisé par ce maître imagier, témoigne de son appartenance au courant traditionnel occidental (ésotérisme chrétien, kabbale, astrologie, compagnonnage...).
Ce tarot est à la fois un magnifique instrument divinatoire, un livre d'enseignements cryptés (contenant des enseignements de kabbale, d'astrologie, d'ésotérisme chrétien, d'architecture et de symbolisme, ce qui en fait un véritable fil d'Ariane de la voie spirituelle et initiatique occidentale) et un support de méditation.
C'est de fait, un des seuls tarots incontestablement traditionnels que l'on peut trouver sur le marché. Le Tarot Dodal est (avec le Tarot Noblet) le Tarot que je conseille le plus vivement aux chercheurs d’authenticité.
Du reste, il faut considérer les Tarots dits "de Dodal" pour être parmi les plus "opératoires". La plupart des rééditions et rénovations du Tarot de Dodal, sont des Tarots qui font preuve de magie.